Les Pawnees (ou Pawnis) sont une nation amérindienne de la culture des Indiens des Plaines originaire de la région de l'actuel Nebraska. Avant la colonisation européenne des Amériques, ils comptaient parmi les tribus indiennes des Plaines les plus puissantes, avec plus de 60 000 membres, dont le nombre fut ramené entre 4 000 et 8 000 en 1859. Aujourd'hui, ils vivent principalement dans l'Oklahoma.
On ne sait pas exactement quand ce peuple commença à habiter ses terres ancestrales du Nebraska et d'une partie du Kansas, mais il s'agissait au départ d'une société de chasseurs-cueilleurs se déplaçant entre les régions de l'Oklahoma, du Kansas et du Nebraska. Selon le peuple lui-même, leur premier ancêtre était une femme née de l'union de l'Étoile du matin et de l'Étoile du soir au début des temps, et ils avaient toujours vécu sur les terres où les Espagnols les rencontrèrent pour la première fois au XVIe siècle et les Français au XVIIe.
En raison notamment de leurs croyances cosmologiques et de leurs rituels religieux, y compris les sacrifices humains, les Pawnees étaient considérés avec méfiance par de nombreuses autres nations indiennes des Plaines, en particulier les Sioux et les Cheyennes qui, avec leurs alliés, leur faisaient régulièrement la guerre. Après avoir maîtrisé le cheval et reçu l'armement européen, les Pawnees représentèrent un défi de taille pour les autres nations et purent étendre leurs territoires de chasse.
La combinaison de maladies d'origine européenne telles que la variole et la rougeole - contre lesquelles ils n'étaient pas immunisés et qui semblent avoir été transmises par les Sioux - et les attaques des Sioux et de leurs alliés, ainsi que les raids des Apaches, réduisirent considérablement la population qui demanda l'aide du gouvernement américain au 19e siècle. Les éclaireurs et les guerriers Pawnees servirent régulièrement avec l'armée américaine contre d'autres nations des Plaines et étaient très appréciés par l'armée américaine pour leurs compétences et leur loyauté.
Après avoir perdu la bataille de Massacre Canyon contre les Sioux en 1873, les Pawnees, déjà moins nombreux, acceptèrent d'être déplacés vers le Territoire indien, dans l'Oklahoma actuel, en 1875. En 1900, il restait moins de 1 000 Pawnees, mais ce nombre a augmenté au cours des 100 dernières années, tout comme leur autonomie politique, sociale et économique.
Nom, langue et nation
Le nom Pawnee viendrait du mot sioux signifiant "corne" et fait référence à la pratique des guerriers Pawnee qui graissaient leurs cheveux de façon à ce qu'ils se dressent en courbe comme une corne. Les Pawnees se désignaient eux-mêmes sous le nom de Chaticksas si Chatichs, "les hommes des hommes". Leur habitat traditionnel se situait le long des rivières Loup, Platte et Républicaine du Nebraska, et les quatre bandes qui formaient ce que l'on a appelé la Confédération Pawnee parlaient la langue Caddo et étaient en outre unifiées par des croyances religieuses, tout en conservant leur autonomie tribale. Les quatre bandes, une au nord et trois au sud, étaient:
- Skidi - la bande du nord avec la plus grande population, connue sous le nom de "peuple des loups"
- Kitkehahki - qui vivait au bord de la rivière Républicaine et était connue sous le nom de Pawnee Républicain
- Chawi (Tsawi, Chaui) - connu sous le nom de Grand Pawnee
- Piltahawiraata/Pitahaureat - connu sous le nom de Downstream Pawnee.
On ne sait pas exactement quand les Pawnees formèrent leur fédération, mais ils étaient déjà bien établis dans des villages du Kansas et du Nebraska lorsque l'expédition de Coronado les rencontra en 1541. La description que Coronado donne du type de villages qu'il rencontra correspond à celle des communautés Pawnees décrites plus tard par l'universitaire Adele Nozedar:
La tribu s'installait près des rivières et d'autres sources d'eau, dans des huttes ovales au toit de chaume, faites de terre et comprenant quatre poteaux placés selon les quatre directions de la boussole. Un trou dans le toit servait de cheminée. Ces huttes étaient grandes et pouvaient abriter jusqu'à cinquante personnes. (360)
L'uniformité des villages, ainsi que l'existence d'une autorité centrale capable de résister à Coronado, suggèrent que les Pawnees constituaient à cette époque une nation tribale développée. Les preuves archéologiques de la région suggèrent en outre que c'était le cas bien avant la rencontre avec Coronado, datant d'environ 1250. On ignore toutefois quel type de structure gouvernementale et sociétale les Pawnees possédaient à cette époque.
Gouvernement et vie quotidienne
Lorsque les Français entrèrent en contact avec les Pawnees au XVIIe siècle, leur gouvernement était une confédération souple de bandes de villages autonomes qui s'autogouvernaient. Le chef Pawnee jouait davantage le rôle de modérateur et de conseiller que celui d'autorité politique. La bande des Skidi fonctionnait séparément des trois bandes du sud, mais avait la même structure sociale. Les villages étaient composés de ménages qui se considéraient comme une famille élargie et le chef était le chef de famille.
Chaque ménage avait deux chefs masculins, l'un supervisant la zone nord et l'autre la zone sud. Les membres du foyer répondaient au chef de leur région et ce dernier répondait au chef. Les décisions concernant l'ensemble de la communauté étaient prises par un conseil composé du chef et des chefs de famille. Les femmes ne participaient à ces conseils que dans la mesure où la question débattue relevait de leur domaine, comme le commerce ou l'agriculture. Les hommes décidaient, entre autres, de l'opportunité de faire la guerre, des plaintes pénales et de l'observation des rituels religieux.
La cohésion de la tribu était maintenue par la croyance que tous les habitants du village étaient membres de la même famille et descendaient du même fondateur sacré, comme l'a noté l'universitaire Michael G. Johnson:
Avant que les influences euro-américaines ne modifient radicalement la culture pawnee, chaque village avait son propre mythe d'origine. Le fondateur du village avait été créé par une étoile ou un groupe d'étoiles qui lui avait également fourni un paquet sacré (un ensemble d'objets tels que des pierres, des plumes, des épis de maïs, des peaux d'animaux, etc. Le paquet était une source de pouvoir pour la bonne fortune et une aide pour l'obtention de nourriture. Avec le temps, le paquet et l'héritage paternel étaient transmis au fils, qui était donc un descendant du fondateur et le nouveau chef du village. Comme tous les habitants du village étaient considérés comme les descendants du fondateur, ils avaient une origine commune et une source de pouvoir commune. (157-158)
Le conte Pawnee La création du paquet sacré est une histoire des origines qui raconte comment le peuple reçut pour la première fois le paquet, qui était distinct du "sac médicinal" individuel que les membres de la communauté portaient sur eux, mais qui influença son développement. Ces sacs étaient considérés comme une source de pouvoir personnel, en particulier pour les "hommes-médecine" et les "femmes-médecine", les chamans et les autorités religieuses du village.
Les femmes et les hommes avaient les mêmes droits, mais des sphères de responsabilité différentes. Les femmes construisaient les huttes, s'occupaient des cultures et de la maison, élevaient les enfants et faisaient du commerce avec d'autres villages et bandes. Les femmes plus âgées s'occupaient principalement de l'éducation et de l'instruction des enfants, mais après l'âge de 7 ou 8 ans, les garçons étaient initiés à la chasse et à la guerre par leur père ou leur oncle, tandis que les filles restaient sous la tutelle des femmes plus âgées. Les jeunes femmes célibataires apprenaient leurs responsabilités auprès de leurs mères, tantes et grand-mères, tandis que les jeunes hommes devenaient chasseurs ou guerriers en fonction de leurs talents naturels.
La vie quotidienne dans un village tournait autour de la plantation et de la récolte des cultures, de la réparation et de l'entretien des maisons, de la chasse au gibier, de la pêche et de la détente sous forme de contes, de danses, de chants et de jeux. Un jeu populaire était le chunkey qui se jouait en équipe avec un disque ou un anneau de pierre roulant et des bâtons (javelots). Les points étaient marqués par le joueur qui lançait son bâton pour qu'il atterrisse le plus près possible de la pierre une fois qu'elle s'arrêtait. Le chunkey figure dans la légende populaire Pawnee, The Girl Who Was the Ring (La fille qui était l'anneau), dans laquelle une jeune fille est transformée par des bisons en anneau de chunkey.
Les histoires étaient racontées pour divertir tout en transmettant des valeurs culturelles et religieuses, en expliquant le monde et en mettant en garde contre les menaces naturelles et surnaturelles. Dans le conte pawnee La Femme Esprit, par exemple, le public est mis en garde contre le fait de s'accrocher au chagrin à la suite d'une perte et contre le danger d'interagir avec les fantômes. Les rituels religieux étaient observés régulièrement mais changeaient de date ou parfois de saison en fonction des signes reçus du ciel et interprétés par le ou les chamans du village.
Les groupes de chasseurs quittaient généralement le village le matin et, selon la saison et le gibier disponible, pouvaient partir pour une journée, pour une semaine ou plus. Le cerf, l'élan, la panthère et le petit gibier étaient chassés et piégés et, occasionnellement, le bison dans les années antérieures à la rencontre des Pawnees avec le cheval.
Après l'introduction du cheval dans la culture Pawnee, les gens chassaient régulièrement le bison et ces animaux leur fournissaient une abondance de ressources au-delà d'une simple source de nourriture. Le maïs, la courge et les haricots constituaient la base du régime alimentaire des Pawnees, complété par le bison et d'autres gibiers. Le maïs était tellement apprécié qu'il faisait partie du paquet sacré et était qualifié de "saint", compris comme un don de l'être suprême Ti-ra'wa ("Père au-dessus") qui fournissait également au peuple tous les autres dons de la vie.
Religion et rituel
Les spécialistes modernes définissent la religion des Pawnees comme de l'animisme, c'est-à-dire la croyance en la nature sacrée de toutes les choses, animées ou inanimées, car toutes les choses sont dotées d'une âme par le Père qui est au-dessus d'elles. Comme le note Johnson, chaque village avait son propre récit des origines et ses propres "écritures" orales sous la forme de récits sur l'Être suprême, le monde naturel, les grands héros du passé et les dieux qui manifestaient leur pouvoir par des événements naturels tels que les tremblements de terre, les inondations, le changement des saisons, la nuit et le jour, les météores et l'altération des étoiles dans le ciel nocturne. La forme de base de l'histoire des origines tourne autour de l'Étoile du matin, un dieu de la guerre masculin et le premier créé par Ti-ra'wa, qui poursuit l'Étoile du soir, une divinité féminine associée à l'agriculture.
L'Étoile du matin, après avoir surmonté une série de défis et d'obstacles, s'accouple avec l'Étoile du soir, qui n'est pas consentante, et donne naissance au premier humain, une femme, qui donnerait ensuite naissance à toute l'humanité. La société pawnee étant matrilinéaire, c'est le premier-né de sexe féminin qui a la priorité dans toutes les versions de l'histoire, même si son fils en est le personnage central.
Leurs villages, ainsi que les loges individuelles, étaient construits en fonction des points cardinaux et de l'alignement des étoiles au cours d'une saison donnée. Chaque village disposait d'un observatoire orienté d'est en ouest, tenu par les autorités religieuses de la communauté. En fonction de leurs observations, on plannifiait la plantation et la récolte des cultures, on déclarait la guerre ou la paix, on annonçait la chasse au bison et les rituels étaient observés.
Les Pawnee, contrairement aux autres tribus indiennes des plaines, ne pratiquaient pas la danse du soleil mais observaient le rituel de l'éveil du printemps, qui avait le même but: revitaliser la terre après l'hiver et remercier les cieux pour leurs dons.
Un rituel important et controversé pratiqué par les Skidi Pawnee était la cérémonie de l'étoile du matin, au cours de laquelle une jeune fille enlevée à une autre tribu était sacrifiée pour assurer la fertilité de la terre, la santé et le bien-être de la communauté, et la continuité de la vie au cours de l'année à venir. La cérémonie visait à reconstituer l'histoire de la création, à savoir l'accouplement de l'Étoile du matin avec l'Étoile du soir qui, dans ce rituel, donne son sang à la terre en tant qu'agent fertilisant et régénérateur. Nozedar donne la forme du rite:
Le [sacrifice] était généralement une jeune fille appartenant à une autre tribu, capturée pendant l'hiver et soignée pendant les mois précédant le printemps. Le matin prévu, la jeune fille était attachée à un échafaudage décoré de peaux d'animaux sacrés et tuée d'une flèche au moment où l'étoile du matin apparaissait pour la première fois à l'horizon. On lui ouvrait ensuite la poitrine avant de lui tirer plusieurs fois dessus pour accélérer sa mort, après quoi son corps était transporté vers l'est et placé face contre terre, le sang s'imprégnant dans le sol. (361)
Le sacrifice de la jeune fille, à l'image de la soumission à contrecœur de l'Étoile du soir à l'Étoile du matin, était censé non seulement garantir la fertilité de la terre et de la communauté, mais aussi assurer au peuple la victoire dans la guerre.
Le cheval, la guerre et le canyon des massacres
Au début du XVIIIe siècle, les Pawnee acquirent le cheval et les armes européennes auprès des marchands français, ce qui eut une influence considérable sur leur culture à bien des égards. La chasse au bison devint un événement rituel saisonnier et, comme toutes les parties de l'animal tué étaient utilisées, ils disposaient de plus de ressources pour fabriquer des objets quotidiens tels que des mocassins, des cordes d'arc, des vêtements, des outils, des jouets pour les enfants, des bijoux, des ornements rituels et des habitations. Les Pawnees adoptèrent le tipi comme habitat temporaire pour la chasse, alors qu'ils avaient toujours vécu dans des huttes permanentes, et le bison devint une source de nourriture importante.
La guerre des Pawnees changea également de manière significative après l'acquisition et la maîtrise du cheval, car le peuple pouvait désormais aligner une cavalerie pour défendre ses villages ou en attaquer d'autres. Les Apaches, qui avaient auparavant le dessus dans la guerre et pouvaient attaquer les villages pawnees et emmener femmes et enfants comme esclaves à volonté, se retrouvèrent victimes des raids et des massacres des Pawnees. Les Cheyennes et les Sioux connurent également un changement de pouvoir, car les Pawnees étaient en mesure d'aligner une force d'archers montés.
Dès 1800 environ, les Pawnee reconnurent l'expansion vers l'ouest des Euro-Américains et s'allièrent à l'armée américaine dans l'espoir de vaincre les Sioux et leurs alliés ou, du moins, de se défendre plus efficacement contre les raids. Les Pawnees jouèrent le rôle d'éclaireurs et de pisteurs pour l'armée contre d'autres nations tribales et bénéficièrent de cette relation en étant considérés comme des "Indiens amis" par l'armée et les colons blancs. Contrairement à de nombreuses autres nations, les Pawnees ne contractèrent pas les maladies européennes auprès des Euro-Américains, mais auprès des nations voisines, très probablement les Cheyennes, les Sioux ou les deux. L'épidémie qui en résulta anéantit la majorité de la population en 1859 et la réduisit à 8 000 personnes au maximum et, plus probablement, à moins de 4 000.
En 1833, incapables de lutter contre les raids des Sioux, les Pawnees cédèrent leurs terres ancestrales du Nebraska et du Kansas aux États-Unis, à condition qu'ils puissent continuer à chasser le bison en saison. Le 5 août 1873, un groupe de chasseurs Pawnees d'environ 350 personnes tomba dans une embuscade tendue par plus de 1 000 guerriers Sioux et leurs alliés; ils subirent de lourdes pertes. Leur population s'étant encore réduite et ne pouvant plus se défendre correctement contre leurs ennemis, les Pawnees acceptèrent de s'installer dans le Territoire indien de l'Oklahoma moderne. Le voyage fut difficile et entraîna la perte d'un grand nombre de personnes.
Conclusion
La majorité de la nation Pawnee s'installa dans le nouveau territoire en 1875, mais elle le trouva inhospitalier et ne put cultiver ses produits de base, à savoir le maïs, les haricots et les courges. En 1880, les colons blancs et les agents du gouvernement américain avaient massacré les bisons en masse afin de priver les Indiens des Plaines de leur principale ressource, de sorte que, même si les Pawnees avaient encore pu monter des groupes de chasseurs, il ne restait plus beaucoup de bisons à chasser. Avec peu de ressources et menacés de famine, les Pawnees se retrouvèrent avec des options très limitées dans leur nouvelle région.
De nombreux hommes Pawnees s'enrôlèrent ou se réenrôlèrent dans l'armée américaine pour participer à la grande guerre Sioux (alias guerre des Black Hills) de 1876, mais dans l'ensemble, le peuple luttait pour survivre. Leur forme de gouvernement et leur structure sociale ayant été démantelées, et leur culture et leur langue remises en question, les Pawnees étaient en terrain périlleux lorsque, en 1889, un chaman Païute nommé Wovoka commença à prêcher sa vision de la danse des fantômes comme étant la voie à suivre pour rendre les terres aux peuples indigènes et faire renaître leur culture.
Le gouvernement américain et ses agents indiens perçurent la Danse des fantômes comme une menace sérieuse pour la paix et la réprimèrent, notamment par le massacre de Wounded Knee à Pine Ridge en décembre 1890, mais les Pawnees, qui étaient encore considérés comme des "Indiens amis", furent autorisés à poursuivre le rituel. Le rituel de la danse des fantômes contribua à préserver la culture, les traditions et la langue des Pawnees.
En 1900, il restait moins de 1 000 Pawnees en vie dans la réserve de l'Oklahoma et, selon Nozedar et d'autres, le recensement américain de cette année-là n'en donnait que 633 (Nozedar, 361). Les Pawnees refusèrent cependant de baisser les bras et défièrent les efforts visant à les éradiquer, rétablissant leurs droits dans les années 1930 et luttant pour la reconnaissance de leurs revendications d'actions injustes de la part du gouvernement américain jusque dans les années 1960. Depuis les années 1970, les Pawnees continuent à prospérer et organisent chaque été le Pawnee Homecoming Powwow (également connu sous le nom de Pawnee Indian Veterans Homecoming and Powwow), accueillant des membres de nombreuses nations différentes pour célébrer leur héritage respectif.