Benedict Arnold

Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 juin 2024
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Benedict Arnold, 1776 (by Thomas Hart, Public Domain)
Benedict Arnold, 1776
Thomas Hart (Public Domain)

Benedict Arnold (1741-1801) était un général de l'armée continentale pendant la guerre d'Indépendance des États-Unis (1775-1783). Il était considéré comme l'un des meilleurs officiers militaires patriotes pendant les premières années du conflit, mais il fit défection aux Britanniques en 1780 après avoir été régulièrement exclu de toute possibilité de promotion. Aujourd'hui, l'expression "Benedict Arnold" reste un terme familier pour désigner un "traître" aux États-Unis.

Jeunesse et famille

Le futur général de la guerre d'Indépendance était issu d'une famille remarquable de Nouvelle-Angleterre. Son arrière-grand-père, le premier Benedict Arnold, avait été gouverneur colonial du Rhode Island pendant 15 ans. Pendant son mandat, la Nouvelle-Angleterre avait été ravagée par la terrible guerre du roi Philip (1675-1678), et le gouverneur Arnold avait passé ses dernières années à aider le Rhode Island à se relever. En 1730, le petit-fils et homonyme du gouverneur, le troisième Benedict Arnold, émigra à Norwich, dans le Connecticut, pour tenter de faire fortune; il devint rapidement un marchand prospère et un capitaine de navire couronné de succès. En 1733, le capitaine Arnold épousa Hannah Waterman King, veuve, avec laquelle il aurait six enfants. Seuls deux de ces enfants atteindraient l'âge adulte: un fils, le quatrième Benedict, et une fille, Hannah (née en 1742).

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Benedict Arnold (le futur général) vit le jour le 14 janvier 1741 à Norwich. Grâce au succès des affaires de son père, l'enfance de Benedict Arnold fut confortable. Robuste et athlétique, le jeune Arnold passa son temps libre à faire du patin à glace sur les lacs gelés du Connecticut et à entraîner les garçons du coin dans des acrobaties malicieuses, comme sauter par-dessus des chariots chargés qui descendaient la rue principale ou mettre le feu à un baril de goudron au sommet de la colline de la ville. Parallèlement à ces épisodes d'insouciance, Arnold montrait des dispositions pour l'écriture. À l'âge de dix ans, sa mère l'inscrivit dans une école privée de Canterbury, dans l'espoir qu'il poursuive ses études au Yale College.

Arnold impressionna ses camarades miliciens par son excellente adresse au tir et sa capacité à marcher pendant des heures sans se fatiguer.

Il n'en serait rien. Au début des années 1750, la fortune du capitaine Arnold commença à décliner; il avait trop étendu son entreprise et se trouvait maintenant confronté à des dettes stupéfiantes. Le capitaine Arnold sombra dans l'alcoolisme et finit par perdre complètement son entreprise. N'étant plus en mesure de payer l'éducation de leur fils, les Arnold retirèrent le jeune Benedict de l'école privée et le mirent en apprentissage chez le cousin de sa mère, un apothicaire nommé Dr Lathrop. Arnold se révéla un apprenti consciencieux, mais aspirait néanmoins à l'aventure. Le déclenchement de la guerre de la Conquête (1754-1763) lui en donna l'occasion et, en 1757, il obtint l'autorisation du Dr Lathrop de rejoindre la milice de Norwich pour aider à défendre le fort William Henry contre les attaques des Français et des Autochtones. La milice de Norwich avait à peine commencé sa marche qu'elle apprit que le fort était déjà tombé; leur mission étant désormais inutile, la milice se dissolut et rentra chez elle.

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Toujours assoiffé d'aventure, Arnold s'enfuit l'année suivante pour rejoindre une milice new-yorkaise stationnée près d'Albany. Prometteur, il impressionna ses compagnons de milice par son excellente adresse au tir et sa capacité à marcher pendant des heures sans se fatiguer. Mais avant qu'il ne puisse passer à l'action, Arnold apprit que sa mère était gravement malade; il déserta pour retourner à Norwich et se trouvait à ses côtés lorsqu'elle mourut le 15 août 1758. La mort de sa femme ne fit que plonger davantage encore le capitaine Arnold dans l'alcoolisme. Il fut arrêté en 1761 pour ivresse publique et mourut l'année suivante. Arnold se retrouva avec les frais d'enterrement de ses deux parents.

Marchand et Fils de la liberté

En 1762, Arnold atteignit la majorité et se vit prêter 500 livres sterling par le Dr Lathrop pour se lancer dans les affaires. Il s'installa à New Haven, dans le Connecticut, où il devint libraire et pharmacien. Arnold connut un succès fulgurant et, en 1763, il avait gagné suffisamment d'argent pour acheter un sloop de 40 tonnes, le Fortune. Il assouvit son besoin d'aventure en naviguant sur le Fortune vers le Canada et les Antilles, échangeant du bois et du bétail contre diverses marchandises; sa sœur Hannah gérait le magasin de West Haven pendant qu'il était en mer. Mais malgré son succès, Arnold était tout aussi téméraire que dans sa jeunesse. Alors qu'il était ancré au Honduras, Arnold se battit en duel avec un capitaine britannique qui l'avait insulté. Au cours du premier round, le capitaine rata son coup, tandis que le coup d'Arnold effleura le bras du capitaine. Arnold avertit alors froidement le capitaine que s'il ratait son deuxième coup, "je vous tuerai" (Randall, 45). Le capitaine s'excusa en vitesse.

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Comme nombre de ses collègues marchands coloniaux, Arnold était impliqué dans la contrebande de mélasse en provenance des Antilles. Cette marchandise étant vitale pour l'économie des colonies de la Nouvelle-Angleterre, sa contrebande était considérée comme un crime sans victime et les fonctionnaires fermaient souvent les yeux en échange d'un pot-de-vin. Mais en 1764, le Parlement britannique adopteale Sugar Act, qui réprimait sévèrement la contrebande coloniale et affecta négativement les affaires de nombreux marchands. En 1766, l'un des anciens marins d'Arnold se brouilla avec lui à la suite d'un différend sur un paiement et menaça d'informer les autorités britanniques de ses activités de contrebande. En représailles, Arnold et une bande d'hommes de New Haven accostèrent le marin, le battirent et lui donnèrent 40 coups de fouet dans le dos. Arnold fut arrêté mais, comme les tribunaux de Nouvelle-Angleterre prenaient généralement le parti des contrebandiers contre les autorités britanniques, il ne fut condamné qu'à une amende de 50 shillings, une peine légère.

Stamp Act Riots in Boston, August 1765
Émeutes du Stamp Act à Boston, août 1765
John Cassell (Public Domain)

En 1765, le Parlement adopta le Stamp Act, qui taxait les colons sur tous les documents papier, y compris les contrats juridiques, les journaux et les calendriers. Cette mesure scandalisa de nombreux Américains qui estimaient que l'imposition sans représentation était anticonstitutionnelle. Arnold, lui aussi, était indigné; à ce stade, il avait accumulé une dette d'environ 16 000 livres sterling et il craignait que les nouvelles taxes parlementaires ne nuisent encore plus à ses finances. Il rejoignit la section du Connecticut des Fils de la Liberté, une organisation informelle d'agitateurs politiques qui s'opposaient aux taxes du Parlement et avaient souvent recours à des émeutes. Arnold participa probablement à l'une de ces émeutes en septembre 1765, au cours de laquelle les Fils de la Liberté encerclèrent la maison de James Ingersoll, distributeur local de timbres, à New Haven, menaçant de la démolir s'il ne démissionnait pas; Ingersoll céda et promit à la foule qu'il n'exercerait plus ses fonctions. Arnold continua à s'impliquer dans les Fils de la Liberté, participant aux actes de violence du groupe, qui consistaient notamment à couvrir les loyalistes de goudron et de plumes.

Le 22 février 1767, Arnold épousa Margaret Mansfield, âgée de 22 ans, fille du shérif de New Haven. C'était une belle jeune femme, quoique douloureusement timide, et les lettres d'Arnold suggèrent qu'il l'aurait épousée par amour plutôt que par souci d'argent. Le couple aurait trois fils: Benedict (né en 1768), Richard (né en 1769) et Henry (né en 1772). Cependant, le mariage ne tarda pas à se refroidir: les nombreuses dettes d'Arnold et ses longues absences en mer plongèrent Margaret dans la déprime. Arnold espérait raviver leur relation, en écrivant souvent des lettres affectueuses à Margaret depuis la mer, et en impliquant son père dans ses affaires. La sœur d'Arnold, qui vivait avec le couple et gérait les affaires de la maison, n'arrangeait sans doute pas les choses.

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Général patriote

Arnold était en mer en juin 1770, lorsqu'il apprit la nouvelle du massacre de Boston. Il exprima son indignation dans une lettre:

Mon Dieu ! Les Américains sont-ils tous endormis et abandonnent-ils docilement leurs glorieuses libertés, ou sont-ils tous devenus philosophes au point de ne pas se venger de ces mécréants? Je crains que ce ne soit la seconde hypothèse et que nous nous retrouvions bientôt aussi pauvres et aussi opprimés que l'a jamais été un philosophe païen.

(Randall, 68)

Arnold découvrira bientôt que ses compatriotes américains étaient loin d'être endormis. En 1774, après l'adoption par le Parlement des lois intolérables, les milices de toute la Nouvelle-Angleterre commencèrent à se préparer à la guerre. Arnold fut élu capitaine de la milice de New Haven en mars 1775 et passa plus d'un mois à l'entraîner. Après les premiers coups de feu de la guerre lors des batailles de Lexington et de Concord (19 avril 1775), Arnold dirigea avec enthousiasme sa milice pour rejoindre l'armée continentale naissante à son quartier général de Cambridge, dans le Massachusetts. Apprenant que les forces patriotes manquaient d'armes et de munitions, Arnold leur proposa de s'emparer des munitions du fort Ticonderoga, sur le lac Champlain, et se porta volontaire pour diriger lui-même l'expédition. Le Congrès provincial du Massachusetts accepta son offre et lui accorda le grade de colonel.

Benedict Arnold
Benedict Arnold
Henry Bryan Hall (Public Domain)

Arnold se rendit à Castleton, dans l'État de New York, où il rejoignit Ethan Allen et les Green Mountain Boys, qui étaient déjà en route pour mener à bien la prise du Fort Ticonderoga. Après un bref conflit de leadership, Arnold et Allen acceptèrent de partager le commandement. Le 10 mai 1775, ils surprirent la garnison du fort en train de dormir et s'emparèrent du fort Ticonderoga sans verser une seule goutte de sang. Une fois Allen et les Green Mountain Boys rentrés chez eux, Arnold s'attendait à recevoir le commandement de Ticonderoga et des forts environnants; il fut donc consterné lorsque le colonel Benjamin Hinman arriva pour prendre le commandement en juin, Arnold étant relégué au rang de second de Hinman. Arnold se sentit lésé et décida de démissionner plutôt que de servir sous les ordres de Hinman, qui, selon lui, ne méritait pas le commandement. Sur le chemin du retour à Cambridge, il apprit la tragique nouvelle de la mort de sa femme Margaret.

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Arnold était toujours déterminé à se faire un nom. De retour à Cambridge, il convainquit le nouveau commandant en chef de l'armée continentale, George Washington, de l'autoriser à mener une expédition secondaire dans les régions sauvages du Maine pour soutenir le général Richard Montgomery, qui dirigeait l'invasion américaine du Québec. De nouveau nommé colonel, Arnold se vit confier le commandement de 1 100 hommes et débarqua à l'embouchure de la rivière Kennebec en septembre 1775. L'expédition entreprit alors une pénible randonnée de 350 miles (563 km) à travers les régions sauvages du Maine, y compris la remontée de la rivière Dead dans des bateaux qui prenaient l'eau. La plupart des vivres étaient avariés et, un mois après le début de l'expédition, environ 450 hommes avaient déserté et 55 autres étaient morts. Arnold poursuivit sa route avec les hommes qui lui restaient et, le 9 novembre, ils atteignirent enfin la ville de Québec. Après avoir rejoint l'armée principale du général Montgomery, ils prirent d'assaut la ville le 31 décembre, dans une tempête de neige. Les Patriotes furent vaincus, Montgomery fut tué et Arnold fut blessé à la jambe gauche.

Arnold's Column Is Shattered at the Battle of Quebec
La colonne d'Arnold est détruite lors de la bataille de Québec
Charles William Jefferys (Public Domain)

Arnold fut promu général de brigade pour son rôle dans la bataille de Québec. Il prit le commandement des restes de l'armée et maintint un siège en demi-teinte de la ville jusqu'en avril 1776, date à laquelle il fut relevé par le général David Wooster. Arnold fut alors nommé gouverneur militaire de Montréal, qui avait été capturée par Montgomery l'année précédente, et supervisa l'évacuation des troupes américaines de la ville alors que les renforts britanniques se rapprochèrent. Conscient qu'il devait défendre les jeunes États-Unis contre une contre-invasion britannique, Arnold dirigea la construction d'une flotte sur le lac Champlain. Lorsque l'attaque britannique se produisit enfin, la flotte d'Arnold était prête à lui résister lors de la bataille de l'île de Valcour (11 octobre 1776). Bien que les Patriotes aient été une nouvelle fois vaincus, les actions d'Arnold empêchèrent l'invasion britannique de New York jusqu'à l'année suivante.

Un héros de guerre aigri

Arnold se sentit probablement insulté par le refus du Congrès de le promouvoir malgré l'héroïsme militaire qu'il s'attribuait.

Au cours de l'hiver 1776, Arnold fut chargé de superviser la défense du Rhode Island. Alors qu'il remplissait cette fonction, il apprit en février 1777 que le Congrès n'avait pas retenu sa candidature pour une promotion au grade de général de division, au profit de cinq officiers considérés comme moins gradés que lui. Furieux, Arnold menaça de démissionner, mais Washington le persuada de ne pas le faire. Il resta à New Haven, où il "bouda dans sa tente comme un Achille rustique" (cité par Boatner, 27), lorsqu'il fut informé de l'imminence d'un raid britannique sur Danbury, dans le Connecticut, en avril 1777. Arnold se lança dans l'action, menant la milice patriote contre les Britanniques lors de la bataille de Ridgefield (27 avril), où il fut à nouveau blessé à la jambe. Pour cette action, il fut finalement promu général de division, bien qu'il n'ait pas été reconnu supérieur aux cinq officiers qui lui étaient passés devant.

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Cet été-là, Arnold fut affecté au département nord de l'armée continentale, afin de l'aider à se défendre contre une expédition britannique qui se dirigeait vers le sud depuis le Canada. En août 1777, il fut envoyé pour soulager le siège de Fort Stanwix, ce qu'il accomplit par la ruse: grâce à un messager autochtone, il parvint à convaincre le commandant britannique, le colonel Saint-Léger, que sa force était plus importante qu'elle ne l'était réellement, ce qui effraya Saint-Léger qui abandonna le siège et se retira au Canada. Arnold joua ensuite un rôle essentiel dans les deux batailles de Saratoga (19 septembre et 7 octobre 1777). Entre les deux batailles, Arnold et son supérieur, le général Horatio Gates, se disputèrent vivement après que Gates eut négligé d'informer le Congrès du rôle joué par Arnold dans la première bataille. Arnold resta néanmoins dans le camp américain et participa à la deuxième bataille de Saratoga; alors qu'il menait un assaut acharné contre les redoutes britanniques, il fut à nouveau blessé à la jambe gauche.

General Arnold is Wounded at Saratoga
Le général Arnold est blessé à Saratoga
Alonzo Chappel (Public Domain)

En 1778, alors qu'Arnold se remettait de sa blessure, il fut nommé gouverneur militaire de Philadelphie; c'est à ce poste qu'il décida finalement de trahir son pays. Philadelphie venait d'être occupée par les Britanniques et abritait encore des familles aux sympathies loyalistes. Au début de l'année 1779, Arnold épousa la fille d'une de ces familles, la belle Peggy Shippen, âgée de 19 ans, qui était elle-même loyaliste et avait plusieurs contacts dans l'armée britannique. En outre, Arnold utilisa sa position de gouverneur militaire pour tirer profit de la vente de fournitures de guerre, ce qui lui valut l'inimitié de plusieurs politiciens de Philadelphie; l'un d'entre eux fit l'observation prophétique que "l'argent est le dieu [d'Arnold] et que pour en obtenir suffisamment, il sacrifierait son pays" (Boatner, p. 27). En 1779, les politiciens traduisirent Arnold en cour martiale pour avoir profité de la guerre. Bien qu'Arnold ait été acquitté de tous les chefs d'accusation, à l'exception de deux d'entre eux, il se sentit terriblement amer d'avoir été traduit en cour martiale.

Peggy Shippen and Her Daughter
Peggy Shippen et sa fille
Daniel Gardner (Public Domain)

La trahison d'Arnold

Au début du mois de mai 1779, Arnold proposa ses services à Sir Henry Clinton, commandant en chef de l'armée britannique, et entama rapidement des correspondances régulières et codées avec l'assistant de Clinton, le major John André. Bien que les raisons précises de son geste soient encore sujettes à spéculation, il s'était probablement senti insulté par le refus constant du Congrès de le promouvoir malgré l'héroïsme militaire qu'il s'attribuait; ses querelles constantes avec d'autres généraux patriotes et sa cour martiale n'avaient fait que l'aliéner davantage des États-Unis. De plus, sa dette perpétuelle le mettait dans l'impossibilité d'obtenir de l'argent, ce que le Congrès, presque en faillite, semblait peu enclin à lui fournir. Enfin, si Arnold avait songé à faire défection avant de rencontrer Peggy Shippen, son mariage avec elle le poussa probablement à franchir le pas.

Arnold correspondit avec le major André pendant 16 mois, lui suggérant divers moyens d'aider la cause britannique. Puis, le 3 août 1780, Arnold fut nommé commandant de West Point, une place forted'une grande valeur stratégique qui contrôlait la vallée de l'Hudson à New York. Arnold proposa de céder West Point aux Britanniques en échange de 20 000 livres sterling. Les Britanniques acceptèrent et Arnold entreprit d'affaiblir systématiquement les fortifications de West Point tout en transférant ses biens personnels à Londres. Le 21 septembre, Arnold et André se rencontrèrent en personne pour discuter des détails de leur complot; deux jours plus tard, André fut capturé alors qu'il regagnait les lignes britanniques, et la conspiration fut dévoilée. Arnold s'enfuit à bord d'un navire britannique, abandonnant André à la pendaison des Patriotes. Une fois en sécurité dans la ville de New York occupée par les Britanniques, Arnold rédigea un essai intitulé To the Inhabitants of America (Aux habitants de l'Amérique ), dans lequel il tenta de justifier ses actes.

Capture of Major André
Capture du major André
John Paulding, David Williams, and Issac Vanwart (Public Domain)

L'abandon d'André par Arnold lui valut le mépris des officiers britanniques; Clinton, en particulier, n'aimait pas Arnold et se méfiait de lui, mais le nomma néanmoins général de brigade dans l'armée britannique. En décembre 1780, Arnold conduisit une petite armée de 1 600 soldats britanniques en Virginie. Il s'empara de la capitale de la Virginie, Richmond, et mena des raids dans la campagne environnante, pillant et brûlant les villes américaines. Washington envoya à sa poursuite une armée dirigée par le marquis de Lafayette, qui reçut l'ordre de pendre Arnold comme traître s'il le capturait. Mais en mai 1781, Arnold fut relevé de son commandement. Peu après, une armée franco-américaine remporta le siège de Yorktown, garantissant ainsi l'indépendance des États-Unis. Arnold avait parié sur le mauvais camp.

Dernières années

En décembre 1781, Arnold s'installa à Londres avec sa famille. Il obtint une audience avec le roi George III de Grande-Bretagne, qui souhaitait consulter Arnold sur les affaires américaines, mais ce fut là l'étendue des services qu'il rendit à la Grande-Bretagne après la guerre. Arnold était détesté des deux côtés de l'Atlantique; si la cause du dédain des Américains à son égard est évidente, du côté britannique, il était considéré comme un mercenaire sans principes qui avait trahi ses compatriotes pour de l'argent et qui avait lâchement abandonné le major André. Arnold postula à plusieurs emplois au sein du gouvernement et de la Compagnie britannique des Indes orientales, mais il fut rejeté à chaque fois. Il se lança dans plusieurs affaires, spéculant sur des terres au Canada et relançant son commerce dans les Antilles, mais ne parvint pas à se défaire de sa réputation sulfureuse. En 1792, il se battit en duel sans effusion de sang contre le comte de Lauderdale, qui avait sali sa réputation devant la Chambre des lords.

Political Cartoon Depicting Benedict Arnold and Jefferson Davis in Hell
Caricature politique représentant Benedict Arnold et Jefferson Davis en enfer
Oscar Henry Harpel (Public Domain)

Débilitée par la goutte, la santé d'Arnold déclina tout au long des années 1790 jusqu'à ce qu'on ne lui diagnostique une hydropisie au début de l'année 1801. Il mourut à Londres le 14 juin 1801 à l'âge de 60 ans; selon la légende, il mourut dans son uniforme militaire américain, en prononçant ses derniers mots: "Laissez-moi mourir dans ce vieil uniforme dans lequel j'ai mené mes batailles. Que Dieu me pardonne d'en avoir revêtu un autre" (Shattuck). Aujourd'hui, Benedict Arnold reste l'un des plus tristement célèbres renégats de l'histoire américaine, dont le nom même est devenu synonyme de "traître".

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Questions & Réponses

Qui était Benedict Arnold?

Benedict Arnold était un général patriote pendant la Révolution américaine. Dans les premières années du conflit, il était considéré comme un héros de guerre américain, mais il perdit ses illusions sur les États-Unis et fit défection à la Grande-Bretagne en 1780. Aujourd'hui, le nom "Benedict Arnold" est synonyme de "traître" aux États-Unis.

Pourquoi Benedict Arnold a-t-il trahi les États-Unis?

Benedict Arnold a probablement trahi les États-Unis pour diverses raisons: 1) il se sentait sous-estimé par ses compatriotes, ayant été constamment écarté des promotions; 2) il voulait de l'argent; 3) il croyait que la Grande-Bretagne allait gagner la guerre; 4) il était marié à Peggy Shippen, une Américaine ayant des sympathies loyalistes.

Combien d'argent Benedict Arnold a-t-il reçu pour avoir trahi les États-Unis?

Benedict Arnold s'était vu promettre 20 000 livres sterling par les Britanniques en échange de la remise de West Point. Mais comme le complot finit par échouer, Arnold ne reçut que 6 315 livres sterling ainsi qu'une pension annuelle de 360 livres sterling.

Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2024, juin 13). Benedict Arnold [Benedict Arnold]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22570/benedict-arnold/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Benedict Arnold." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 13, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22570/benedict-arnold/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Benedict Arnold." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 juin 2024. Web. 03 déc. 2024.

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