James Armistead Lafayette

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Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 février 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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James Armistead Lafayette (by Unknown engraver, after John B. Martin, Public Domain)
James Armistead Lafayette
Unknown engraver, after John B. Martin (Public Domain)

James Armistead Lafayette (c. 1748-1832) était un patriote afro-américain qui servit l'armée continentale en tant qu'espion pendant la guerre d'Indépendance américaine (1775-1783). Pendant le siège de Yorktown, il s'infiltra dans le camp britannique pour apporter des renseignements cruciaux aux Américains. Après la guerre, il fut libéré de l'esclavage avec l'aide du marquis de Lafayette, dont il adopta le nom.

Jeunesse

James Armistead Lafayette naquit en esclavage vers 1748 dans le comté de New Kent, en Virginie (certaines sources donnent l'année de naissance 1760). Il vit le jour sur la propriété du colonel John Armistead, dont il devint l'esclave; bien que les écrivains et historiens ultérieurs le désignent sous le nom de James "Armistead", il n'adopta jamais le nom de famille de son maître de son vivant et était simplement appelé "James". James fut élevé aux côtés du fils du colonel Armistead, William, dans l'intention qu'il devienne un jour le serviteur personnel de William. À cette fin, James reçut une éducation de base et apprit à lire et à écrire, des compétences inhabituelles pour les personnes asservies dans l'Amérique coloniale, mais dont James avait besoin pour être un serviteur efficace. Lorsque William Armistead atteignit l'âge adulte, le colonel lui donna James comme serviteur, William hériterait du reste des esclaves et des terres de son père à la mort du colonel en 1779.

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Des dizaines de milliers d'Afro-Américains durent décider si les Patriotes ou les Tories (Loyalistes) leur offraient une meilleure chance de liberté.

James serait probablement resté un serviteur jusqu'à la fin de sa vie, tombant dans l'oubli historique, comme la plupart des 450 000 autres personnes asservies vivant dans les treize colonies à l'époque. Cependant, en 1779, l'année même de la mort du colonel Armistead, un événement allait changer à jamais le cours de la vie de James: la guerre d'indépendance américaine éclata dans le Sud. Les États-Unis d'Amérique avaient déclaré leur indépendance, les batailles décisives de Saratoga s'étaient déroulées dans l'État de New York, l'armée continentale s'était réorganisée à Valley Forge et le Royaume de France était entré en guerre aux côtés des Américains. Mais jusqu'à présent, la plupart des combats s'étaient déroulés dans le nord, en particulier à New York, dans le New Jersey, dans le Massachusetts et en Pennsylvanie; les Britanniques s'étaient efforcés de s'emparer des principales villes américaines, comme Philadelphie et New York City, tout en isolant la Nouvelle-Angleterre, considérée comme le cœur de la rébellion américaine.

Mais après l'échec de plusieurs campagnes dans le Nord, les Britanniques se tournèrent vers les États du Sud, censés regorger de loyalistes qui attendaient avec impatience le retour de l'autorité royale. Les Britanniques mirent en œuvre leur stratégie méridionale en s'emparant de Savannah (Géorgie) en décembre 1778 et en assiégeant Charleston (Caroline du Sud) au début de l'année 1780. Avec l'arrivée des tuniques rouges sur leurs côtes, les colons du Sud furent contraints de choisir leur loyauté, y compris les dizaines de milliers d'Afro-Américains, comme James, qui durent décider si c'était les Patriotes ou les Tories (Loyalistes) qui offraient les meilleures chances de liberté.

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Loyalistes noirs et patriotes noirs

En novembre 1775, quelques mois seulement après le début de la guerre, le gouverneur royaliste de Virginie, Lord Dunmore, publia une proclamation dans laquelle il promettait la liberté à tout esclave qui prendrait les armes contre les Patriotes. Des milliers d'hommes noirs de tout le sud se rendirent à Norfolk, en Virginie, pour répondre à l'appel de Dunmore et se battre pour les Britanniques; nombre de ces anciens esclaves furent organisés en une unité militaire loyaliste entièrement noire, appelée l'Ethiopian Regiment (régiment éthiopien) de Lord Dunmore. Le régiment semblait séduisant, offrant la liberté, l'aventure et une chance d'héroïsme à des hommes qui avaient passé toute leur vie à effectuer des travaux forcés au profit de leurs propriétaires blancs. Pour souligner ce point, les uniformes du régiment portaient même l'inscription "Liberté pour les esclaves". Cependant, avant que le régiment ne puisse participer à des batailles majeures, un grand nombre de ses troupes furent mises hors d'état de nuire ou tuées par une épidémie de variole qui ravagea l'unité au cours de l'hiver 1775-76. Bien que le régiment ait été dissous à l'été 1776, de nombreux loyalistes noirs continuèrent à participer à l'effort de guerre britannique, espérant toujours gagner leurs libertés. Le meilleur exemple en est peut-être la Black Brigade, une milice loyaliste dirigée par un ancien esclave nommé colonel Tye, qui ravagea la campagne du comté de Monmouth (New Jersey) contrôlée par les Patriotes en 1780.

Smock Similar to the Uniforms of Dunmore's Ethiopian Regiment
Chemise semblable à celle des uniformes de l'Ethiopian regiment de Dunmore
Chitt66 (CC BY)

Bien que de nombreux Afro-Américains se soient battus pour la cause loyaliste, beaucoup d'autres se battirent pour les tout jeunes États-Unis. En fait, l'une des premières victimes de la révolution américaine fut un métis afro-amérindien nommé Crispus Attucks, qui fut l'une des victimes du massacre de Boston (5 mars 1770) et fut ensuite salué en tant que martyr de la cause de la liberté américaine. Cinq ans plus tard, un esclave nommé Prince Estabrook fut l'un des 77 miliciens patriotes à tenir tête à plus de 700 soldats britanniques sur Lexington Green. Estabrook fut blessé lors du combat qui s'ensuivit, connu sous le nom de batailles de Lexington et Concord (19 avril 1775), mais se rétablit à temps pour garder le quartier général de l'armée continentale pendant le siège de Boston. Un autre milicien asservi, Salem Poor, se distinguerait lors de la bataille de Bunker Hill (17 juin 1775). Alors que la plupart des autres miliciens américains avaient déjà fui la redoute de Breed's Hill, Poor était resté sur place pour aider à évacuer les blessés. Lorsque les Britanniques prirent d'assaut la redoute américaine, Poor tira le coup de feu qui aurait tué le lieutenant-colonel James Abercrombie, un officier britannique menant la charge.

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Lorsque la guerre d'Indépendance éclata en Virginie, des milliers de Noirs servirent avec courage et distinction dans les deux camps, tous convaincus que leur camp était leur meilleure chance d'obtenir la liberté. En 1781, James n'avait pas encore choisi son camp; il n'avait pas répondu à l'appel lancé par Lord Dunmore pour recruter des loyalistes noirs, ni n'était parti combattre dans l'armée continentale, qui avait commencé à recruter officiellement des soldats noirs en 1778, offrant aux hommes réduits en esclavage la liberté en échange de leur service militaire. Au lieu de cela, James était resté le serviteur personnel de William Armistead, qui était lui-même un ardent patriote virginien. Lorsqu'il apprit que le général français Gilbert du Motier, marquis de Lafayette, cherchait spécifiquement à recruter des Afro-Américains pour aider la cause patriote, James demanda à son maître l'autorisation de servir. William Armistead accepta à condition que James reste son esclave à la fin de son service.

Espion au service des Patriotes

À ce stade de la guerre, le général Lafayette dirigeait un détachement de troupes américaines à la poursuite d'une armée britannique dirigée par Benedict Arnold, qui avait été général américain avant de retourner sa veste et de passer aux mains des Britanniques. Lafayette avait reçu l'ordre de George Washington de capturer Arnold et de le pendre en tant que traître. Pour ce faire, Lafayette espérait recueillir des renseignements sur les intentions et les effectifs d'Arnold. Le meilleur moyen était d'utiliser des Afro-Américains comme espions, des soi-disants esclaves en fuite cherchant à rejoindre les Britanniques pour assurer leur liberté, encore garantie par la Proclamation Dunmore.

James devint un agent double, faisant des allers-retours entre les camps américain et britannique.

C'est à ce titre que James fut utilisé lorsqu'il rejoignit Lafayette au début de l'année 1781. Se faisant passer pour un esclave en fuite, James se rendit au camp d'Arnold à Portsmouth, en Virginie, où il s'engagea à servir les Britanniques. Connaissant bien le territoire, James gagna la confiance d'Arnold en guidant les troupes britanniques à travers les terres environnantes. Arnold, pensant de la même manière que Lafayette, décida également d'utiliser James comme espion et le renvoya dans le camp américain pour y recueillir des renseignements. C'est ainsi que James devint un "agent double", faisant des allers-retours entre le camp américain et le camp britannique. Il recueillit des renseignements dans le camp britannique pour les rapporter à Lafayette, tout en fournissant de fausses informations aux officiers d'Arnold. C'était un jeu dangereux; comme James était un espion et non un soldat enrôlé, il n'était pas protégé par les règles de la guerre qui régissaient le sort des soldats capturés lors d'une bataille. Comme le célèbre Nathan Hale avant lui, James risquait d'être pendu si les Britanniques découvraient qu'il travaillait secrètement pour les Américains. Grâce aux renseignements qu'il leur fournit, Washington et Lafayette purent empêcher que 10 000 renforts britanniques ne rejoignent la principale armée britannique en Virginie, dirigée par Lord Charles Cornwallis.

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Après qu'Arnold eut quitté la Virginie et fut remonté vers le nord, James resta sur place et servit de "messager" pour Lord Cornwallis. À ce titre, il était en mesure d'entendre les conversations entre les officiers britanniques et de lire les lettres que lui confiait l'état-major de Cornwallis. Comme il était esclave, peu de gens s'attendaient à ce que James sache lire et écrire, ce qui contribua grandement à son efficacité en tant qu'espion. Il continua à fournir à l'armée continentale des renseignements provenant du quartier général de Cornwallis pendant le siège de Yorktown (du 28 septembre au 19 octobre 1781), son travail d'espionnage contribuant à la victoire finale des Américains pendant le siège. La reddition de l'armée de Lord Cornwallis à Yorktown marqua la fin du dernier engagement majeur de la guerre d'Indépendance; deux ans plus tard, le traité de Paris fut signé, mettant officiellement fin à la guerre. Les dernières troupes britanniques évacuèrent les États-Unis en novembre 1783, emmenant avec elles des milliers de réfugiés loyalistes noirs.

American War of Independence, 1775 - 1783
Guerre d'Indépendance des États-Unis, 1775-1783
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Émancipation

Après la guerre, le Congrès américain libéra les esclaves qui avaient servi dans l'armée continentale. Cette mesure ne s'appliqua pas à James, qui avait servi d'espion et n'avait jamais été enrôlé comme soldat. Au lieu de cela, James retourna chez son ancien maître, William Armistead, pour reprendre ses fonctions de serviteur asservi. Cela ne l'empêcha pas de demander sa liberté à l'Assemblée de Virginie, arguant qu'il avait rendu aux États-Unis autant de services - et avait risqué sa vie tout autant - que des hommes comme Prince Estabrook et Salem Poor, qui s'étaient battus sur les champs de bataille de la Révolution et avaient gagné leur liberté. Mais comme il n'avait pas été soldat, la première demande de James fut rejetée.

En 1784, Lafayette apprit que James était toujours en esclavage; se souvenant des services rendus par James à la cause américaine, le marquis accepta de rencontrer James à Richmond, en Virginie. Lafayette lui remit un témoignage écrit dans lequel il louait les services rendus par James à la nouvelle république. Le marquis attesta que James avait rendu:

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un service essentiel pendant que j'avais l'honneur de commander dans cet État [de Virginie]. Les renseignements qu'il a obtenus du camp de l'ennemi ont été recueillis avec diligence et transmis très fidèlement. Il s'est parfaitement acquitté de certaines commissions importantes que je lui ai confiées et me semble avoir droit à toutes les récompenses que sa situation peut admettre (Unger, 200).

Armé du témoignage de Lafayette, James demanda à nouveau sa liberté au gouvernement de Virginie. Cette fois, il fut aidé par son maître, William Armistead, qui avait obtenu un siège à la Chambre des délégués de Virginie en 1786. Les deux chambres de la législature de Virginie votèrent en faveur de la pétition de James, qui fut signée par le gouverneur de Virginie le 9 janvier 1787; James fut finalement libéré, Armistead recevant une compensation financière pour la perte de son esclave. Après avoir obtenu sa liberté, James adopta le nom de famille "Lafayette" pour témoigner de sa gratitude envers le général français.

Vie ultérieure

Après avoir recouvré la liberté, James Lafayette s'installa à 15 km au sud du comté de New Kent, où il acheta un terrain de 16 ha et commença à exploiter une ferme. Il se maria et éleva une famille nombreuse, bien qu'il n'ait reçu la pension militaire qui lui était due par le Congrès qu'en 1819, 27 ans après la fin de la guerre. Après de nombreuses années de pétition auprès du Congrès pour obtenir l'argent qui lui était dû, il finit par recevoir une pension annuelle de 40 dollars, ainsi que 60 dollars d'arriérés de salaire.

The Marquis de Lafayette with James Armistead Lafayette
Le Marquis de Lafayette avec James Armistead Lafayette
Jean-Baptiste Le Paon (Public Domain)

En 1824, près de 50 ans après le début de la guerre d'indépendance, le président James Monroe invita le marquis de Lafayette, alors âgé, à visiter les États-Unis. Le marquis, qui n'était pas venu en Amérique depuis des décennies, accepta avec joie, visitant chacun des 24 États où il fut acclamé par des foules d'Américains en liesse qui espéraient apercevoir l'un des derniers héros survivants de la Révolution. Lors d'une visite à Yorktown, en Virginie, le marquis entendit quelqu'un crier son nom. En regardant dans la foule, le marquis aperçut le visage familier de James Lafayette, qu'il reconnut immédiatement. Le marquis de Lafayette sauta alors de son cheval, se précipita dans la foule et embrassa l'ancien espion sous les applaudissements des Virginiens rassemblés.

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James Armistead Lafayette mourut en 1830 ou 1832, à l'âge de 80 ans environ. Sa longue vie fut extraordinaire: né dans l'esclavage, il avait risqué sa vie en espionnant pour les Américains, contribuant ainsi à la victoire finale des Américains à Yorktown. Il s'était ensuite engagé dans un autre type de combat, juridique celui-là, au cours duquel, avec l'aide du marquis de Lafayette, il avait gagné sa liberté. James Lafayette est un personnage souvent méconnu qui mérite d'être cité parmi les figures marquantes de la guerre d'Indépendance.

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Questions & Réponses

Qui était James Armistead Lafayette?

James Armistead Lafayette était un Afro-Américain réduit en esclavage qui servit d'espion pour les Patriotes pendant la Révolution américaine. Son travail d'espionnage d'importance cruciale contribua à la victoire des Patriotes lors du siège de Yorktown.

Quelle était la relation entre James Armistead Lafayette et le marquis de Lafayette?

James Armistead Lafayette travailla comme espion pour le marquis de Lafayette, fournissant au général français des renseignements sur les camps britanniques. En 1784, après la Révolution, le marquis aida James à se libérer de l'esclavage, ce qui l'amena à adopter le nom de famille "Lafayette" en signe de gratitude.

Pourquoi James Armistead Lafayette ne fut-il pas libéré de l'esclavage après la Révolution?

Alors que les soldats noirs asservis de la Révolution américaine avaient été immédiatement libérés après la guerre, James Armistead Lafayette ne le fut pas, parce qu'il avait servi comme espion plutôt que comme soldat enrôlé. Il dut se battre pour obtenir sa liberté, ce qu'il fit en 1787 avec l'aide du marquis de Lafayette.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2024, février 09). James Armistead Lafayette [James Armistead Lafayette]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22646/james-armistead-lafayette/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "James Armistead Lafayette." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 09, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22646/james-armistead-lafayette/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "James Armistead Lafayette." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 févr. 2024. Web. 21 déc. 2024.

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