Michel de L'Hospital

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Définition

Stephen M Davis
par , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié sur 23 février 2024
Disponible dans d'autres langues: Anglais
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Portrait of Chancellor Michel de L’Hospital (by Unknown Artist, Public Domain)
Portrait du Chancelier Michel de L'Hospital
Unknown Artist (Public Domain)

Michel de L'Hospital (également connu sous le nom de L'Hôpital, c. 1505-1573) était un homme d'État français qui servit sous les règnes de quatre rois - François Ier, Henri II, François II et Charles IX - en tant que conseiller du Parlement (1537), chancelier de la duchesse de Berry (1550), premier président de la Chambre des comptes (1555) et chancelier de France (1560-1568).

À une époque où "un roi, une loi, une foi" était l'opinion quasi unanime des Français, L'Hospital avança le concept de la séparation de l'État et de l'Église pour libérer la France de conflits religieux incessants. Il considérait la liberté de conscience comme la première condition de la paix sociale et œuvra inlassablement pour la paix entre les différentes confessions.

Jeunesse

Michel de L'Hospital vit le jour en 1505 ou 1506 dans la petite ville d'Aigueperse en Auvergne. Son père Jean, attaché au service de Charles de Bourbon, connétable de France, envoya son fils à Toulouse pour ses études. Il ne passa que deux ans à Toulouse, mais l'atmosphère de violence qui caractérisait la Réforme protestante en France influença ce qui devint l'engagement de toute une vie contre toutes les formes d'intolérance.

François Ier voyait en L'Hospital le fils d'un homme qui s'était allié au traître Charles de Bourbon.

À cette époque, la destinée de Jean, le père de Michel, fut bouleversée par les difficultées de Charles III, duc de Bourbon (1490-1527), considéré comme un rival par le roi de France François Ier (r. de 1515 à 1547). Bourbon fut accusé d'avoir conclu une alliance de trahison avec Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique (1500-1558). Jean fut considéré comme le complice de Bourbon, ce qui entraîna la confiscation de ses biens et l'arrestation de Michel à Toulouse. Libéré, il partit en Italie rejoindre son père à Milan. Jean perdit tout à la mort de son protecteur lorsque Charles de Bourbon fut tué lors du siège de Rome en 1527. Michel et son père se rendirent à Rome où le cardinal de Grammont persuada les deux hommes de rentrer en France. Le père de Michel ne parvint pas à récupérer ses terres et partit pour la Lorraine, où il mourut. En 1537, Michel épousa Marie Morin, la fille d'un haut fonctionnaire de la cour, le lieutenant-criminel du Châtelet, avec qui il eut trois filles, et devint conseiller au Parlement en guise de dot.

Carrière politique

François Olivier (1487-1560), chancelier de France, reconnut les qualités de L'Hospital et lui confia des affaires d'importance. En 1542, 1546 et 1547, il fut envoyé pour présider des sessions judiciaires spéciales dans les villes de Riom et de Tours. Son travail au Parlement donna à L'Hospital une idée de l'état moral de la France et suscita en lui le désir de travailler à la réforme en éliminant les abus. Il ne réussit pas à faire avancer sa carrière alors qu'il aurait pu avoir davantage d'influence et provoquer des changements dans les institutions sociales, religieuses et politiques. Ses amis influents à la cour ne parvinrent pas à convaincre François Ier de le nommer, car il voyait en L'Hospital le fils d'un homme qui s'était allié au traître Charles de Bourbon.

Le 31 mars 1547, le roi François Ier mourut et laissa la couronne à son fils Henri II (r. de 1547 à 1559) qui nomma L'Hospital ambassadeur au concile de Trente. Cette mission lui permit d'évaluer les questions ecclésiastiques et les relations entre l'Église et l'État. Les nouvelles idées religieuses de la Réforme protestante s'étaient répandues dans toute l'Europe et, malgré les anathèmes et les persécutions de l'Église catholique, il existait un espoir de rétablissement de l'unité religieuse. Le pape avait promis un concile en 1535 et le retarda autant que possible. Il nomma deux de ses petits-enfants adolescents cardinaux pour s'assurer que le concile lui serait redevable. L'Hospital s'étonna du faible nombre de prélats présents et fut déçu lorsque les hauts dignitaires de l'Église, consultés par les souverains sur la meilleure façon de parvenir à l'harmonie religieuse, servirent les ambitions et les intérêts personnels de leurs nations.

Council of Trent
Concile de Trente
Elia Naurizio  (Public Domain)

Après son retour en France, L'Hospital fut nommé chancelier du duché de Berry, région gouvernée par Marguerite de Navarre (1492-1549), sœur de François Ier et partisane de la Réforme. L'Hospital considérait que les années où il avait administré le duché avaient été parmi les plus heureuses années de sa vie. Bien qu'il ait conservé son titre de conseiller au Parlement, il était le plus souvent dispensé de participer aux affaires contentieuses. C'est là que s'affermit son désir de voir se développer l'ordre social et le respect des convictions personnelles.

Au fur et à mesure que son influence grandit, L'Hospital se vit confier par la Cour de France d'importantes affaires d'État. Après le traité du Cateau-Cambrésis qui mit fin aux guerres d'Italie en avril 1559, il accompagna Marguerite de Valois, duchesse de Berry, fille de François Ier, pour signer le contrat de mariage avec le duc Emanuele Filiberto, neveu de Charles Quint. La nomination de L'Hospital au poste de chancelier de France fut motivée par les violences et les exécutions qui avaient suivi l'échec de la conjuration d'Amboise visant à enlever le roi François II (r. de 1559 à 1560) en mars 1560. Cette conspiration était l'œuvre de huguenots et d'autres mécontents qui cherchaient à soustraire le roi à l'influence de la maison de Guise qui avait mobilisé la persécution contre les protestants. Les conspirateurs cherchaient à obtenir la liberté de culte et la convocation des États généraux pour établir la paix dans le royaume.

L'Hospital devint chancelier de France le 6 mai 1560 et le resta jusqu'au 27 septembre 1568.

Le complot démasqué, le duc de Guise réussit à consolider son pouvoir et fut nommé lieutenant-général du royaume. Sous l'autorité du duc, le chef de la conjuration fut tué et ses co-conspirateurs pourchassés et massacrés sans procès. La reine mère, Catherine de Médicis (1519-1589), choquée par la sauvagerie des représailles, comprit que l'unité du royaume était menacée. Elle souhaitait la présence d'un modéré au sein du gouvernement afin de favoriser la réconciliation et suggéra au roi de nommer L'Hospital. Celui-ci devint chancelier de France le 6 mai 1560 et resta à ce poste jusqu'au 27 septembre 1568. Dès sa nomination, il soutint la reine mère dans ses efforts pour contrebalancer le pouvoir des Guise.

Le colloque de Poissy en 1561, sous la direction du chancelier L'Hospital, offrit aux catholiques et aux réformés la dernière chance de parvenir à la tolérance religieuse et à l'unité nationale en France. Le chancelier avait déjà affirmé aux États généraux de 1560 qu'il souhaitait reléguer les termes "huguenots", "papistes" et "luthériens" dans le passé et ne conserver que le nom de "chrétien". Dans son discours, il affirme que la conscience ne peut être contrainte et qu'une foi contrainte n'est plus une foi. Cependant, lors du colloque, les deux religions s'avérèrent impossibles à réconcilier.

Statue of Michel de L'Hospital
Statue de Michel de L'Hospital
DimiTalen (Public Domain)

L'Hospital, assisté de Théodore de Bèze (1519-1605), prépara l'édit de janvier 1562 sous Catherine de Médicis, qui autorisa pour la première fois le culte réformé sous certaines conditions. L'opposition à l'édit conduisit à la persécution des protestants en plusieurs endroits. Le massacre de huguenots à Toulouse en mai et la destruction d'églises à Vendôme et à Meaux aggravèrent les tensions religieuses. Le chancelier, craignant pour sa vie, prétexta une maladie et resta éloigné de la cour, ce qui incita le roi à envoyer des gardes suisses pour le protéger des catholiques parisiens. Bien qu'il ait régulièrement assisté à la messe, les ennemis de L'Hospital l'accusèrent de masquer ses véritables convictions. Le nonce apostolique et l'ambassadeur d'Espagne firent pression sur la cour pour qu'elle le remplace par quelqu'un de plus clairement de leur côté, et L'Hospital écrit au pape pour affirmer sa foi catholique et son désir de réforme.

L'Hospital, le poète

Au cours de la première moitié du XVIe siècle, les humanistes chrétiens réfléchissaient à la manière dont la poésie religieuse pouvait véhiculer au mieux leurs valeurs évangéliques. Les poètes de la Renaissance recherchaient une plus grande simplicité dans la traduction de la foi chrétienne placée au centre de l'existence humaine. L'Hospital réimagina la poésie à la lumière d'engagements évangéliques modérés, à partir d'une vie et d'une vision profondément marquées par la foi chrétienne. Ses écrits comprennent le droit et la littérature, la politique et la poésie, révélant ses engagements, ses espoirs et ses échecs et devenant un moyen stratégique de diffuser ses convictions dans divers cercles sociaux.

Son chef-d'œuvre, Carmina, fut écrit de 1543 à 1573 et exprime les contradictions de son époque dans la lutte pour la réconciliation religieuse et la justice. On y trouve des réflexions sur lui-même, sur la société, sur l'existence humaine et sur le destin de l'humanité. Les épîtres de Carmina retracent sa fortune politique en tant que figure d'autorité éthique et morale, avec des réflexions politiques, morales et littéraires. D'autres poèmes développent une réflexion éthique, une méditation sur les dangers de l'amour de soi et de l'ignorance, une réflexion sur le luxe et la cupidité, et des exhortations à la vie chrétienne et à la modération.

Michel de L'Hospital
Michel de L'Hospital
Municipal Library of Trento (Public Domain)

En tant que chancelier de France sous Charles IX (r. de 1560 à 1574), L'Hospital chercha à neutraliser et à réconcilier l'hostilité entre catholiques et protestants en affirmant la nécessité de la tolérance religieuse. Ses tentatives de réconciliation nationale finirent par échouer et il démissionna de son poste. La complexité de sa pensée conduisit les historiens à le décrire comme un crypto-protestant, un libre penseur ou un rationaliste chrétien. C'est peut-être le biographe du XVIIIe siècle Louis-Jean Levesque de Pouilly qui résume le mieux la vie du chancelier et poète Michel de L'Hospital:

[L'Hospital était l'une des personnes les plus estimées que la France ait produites, pour qui le bien public était toujours l'objet de ses ambitions. L'Hospital voulait rendre ses concitoyens plus heureux en les rendant plus raisonnables. (1)

Questions et réponses

Qui était Michel de L'Hospital ?

Michel de L'Hospital (également connu sous le nom de L'Hôpital, vers 1505-1573) fut chancelier de France de 1560 à 1568. Il prôna la liberté religieuse et la séparation de l'État et de l'Église.

Michel de L'Hospital était-il protestant ?

Non, Michel de L'Hospital ne s'est jamais converti au protestantisme, mais il a toujours cherché à concilier l'hostilité entre catholiques et protestants et a insisté sur l'importance de la tolérance religieuse.

Bibliographie

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À propos du traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

A propos de l'auteur

Stephen M Davis
Docteur Stephen M. Davis est doyen de Grace Church à Philadelphie. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont "Rise of French Laïcité" et "The French Huguenots and Wars of Religion".

Citer ce travail

Style APA

Davis, S. M. (2024, février 23). Michel de L'Hospital [Michel de L'Hospital]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Récupéré de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22685/michel-de-lhospital/

Le style Chicago

Davis, Stephen M. "Michel de L'Hospital." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. Dernière modification février 23, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22685/michel-de-lhospital/.

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Davis, Stephen M. "Michel de L'Hospital." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 févr. 2024. Web. 21 déc. 2024.

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