Opération Chastise

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 mars 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Breached Möhne Dam (by Jerry Fray, CC BY-NC-SA)
Brèche dans le barrage de la Möhne
Jerry Fray (CC BY-NC-SA)

L'opération Chastise, le raid "Dambusters" (Briseurs de barrage), fut une attaque menée par un escadron d'Avro Lancaster de la RAF contre les barrages du bassin de la Ruhr, en Allemagne, en mai 1943. Dirigés par le chef d'escadron Guy Gibson, les bombardiers ouvrirent des brèches dans deux barrages, provoquant d'énormes inondations dans les vallées en contrebas, perturbant les objectifs industriels et tuant au moins 1 300 civils.

Bien que les usines, les mines de charbon et les ponts endommagés aient été rapidement réparés, la mission démontra la valeur des bombardements de précision effectués par des équipages spécialement entraînés, détourna les ressources allemandes vers la défense aérienne et revigora la position de la Grande-Bretagne parmi ses alliés.

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Objectifs de l'opération

Le bassin de la Ruhr, dans l'ouest de l'Allemagne, était truffé d'importantes industries lourdes. Ces usines, dont beaucoup étaient essentielles à l'industrie de l'acier et de l'armement, dépendaient de l'eau et de l'énergie hydroélectrique fournies par une série d'immenses barrages. Si les bombardiers de la Royal Air Force (RAF) parvenaient à faire une brèche dans les barrages, les inondations qui en résulteraient mettraient les usines hors service. En une seule mission, il serait possible d'obtenir le même résultat destructeur qu'il aurait fallu à 3 000 bombardiers pour bombarder directement les usines pendant deux semaines. Cette région était si vitale pour l'effort de guerre allemand que les planificateurs de la RAF l'avait déjà considérée une cible de choix avant que la guerre n'éclate en 1939. L'opération Chastise allait faire de ces projets une réalité. Les objectifs secondaires de l'opération étaient de porter un coup au moral des civils allemands et de montrer à l'opinion publique britannique et aux alliés de la Grande-Bretagne, la Russie et les États-Unis, que des mesures étaient prises pour livrer bataille sur le sol allemand.

La destruction des barrages nécessitait un tout nouveau type de bombe.

Cinq réservoirs étaient visés, mais trois étaient prioritaires: Möhne, Edersee et le barrage de la Sorpe. Un deuxième groupe, dépendant du succès contre le premier groupe, était constitué par les barrages du Lister, d'Ennepe et de Diemelsee. La RAF savait que Möhne possédait des défenses aériennes, et il était probable que les autres en avaient aussi. Les barrages de la Möhne et d'Edersee étaient en béton et, conçus pour résister à la pression massive de l'eau, des structures immensément solides mais des cibles relativement minces vues du ciel. Le Möhne, la cible principale puisqu'une brèche inonderait directement les usines situées en contrebas (ce qui n'était pas le cas de l'Edersee), était le plus long barrage d'Europe avec une hauteur de 36,6 m, une épaisseur de 7,6 m au sommet et une épaisseur de 34,1 m à la base. Le réservoir de Möhne contenait 140 millions de tonnes d'eau (l'Edersee en contenait 200 millions). Ces barrages étaient protégés par deux rangées de filets anti-torpilles. L'Edersee, beaucoup plus à l'est, était le deuxième choix parce qu'il était en béton, bien qu'il n'y ait pas eu de cibles militaires dans la vallée en contrebas. Le barrage de la Sorpe était stratégiquement plus important que celui d'Edersee, mais comme il était constitué en grande partie de terre compactée, l'effet des bombardements aurait été être moindre. La destruction de ces barrages et d'autres nécessiterait un tout nouveau type de bombe.

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Bouncing Bomb Trials
Essais de bombes rebondissantes
Official film maker / IWM staff photographers (Public Domain)

La bombe rebondissante

Cette nouvelle bombe fut inventée par le Dr Barnes Wallis (1887-1979), qui avait auparavant travaillé comme concepteur d'avions; l'une de ses créations était le bombardier Vickers Wellington, une autre le dirigeable R100. Wallis était fermement convaincu que "ce sont les ingénieurs de ce pays qui vont gagner cette guerre" (Dildy, 13).

La bombe requise devait atteindre le mur du barrage mais exploser sous la surface pour avoir une puissance destructrice suffisante. Wallis passa plusieurs années et d'innombrables heures à réaliser des maquettes. Sa solution fut Upkeep, qui pesait 4 200 kg et qui est mieux décrite comme une mine ou une charge de profondeur puisque Wallis l'avait conçue pour exploser à 90,1 m sous la surface. Upkeep, contenant plus de 2 720 kg d'explosif sous-marin Torpex, avait la forme d'un tonneau (60 in / 1,52 m de long) et devait être largué en rotation (en sens inverse) depuis le bombardier. Le baril devait alors heurter la surface du réservoir et rebondir jusqu'à ce qu'il n'atteigne le barrage. La bombe s'enfonçait alors et n'explosait qu'à une certaine profondeur grâce à un pistolet hydrostatique déclenchant les explosifs. En cas de défaillance du mécanisme hydrostatique, la bombe était programmée pour exploser de toute façon 90 secondes après son largage.

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Pour que la bombe rebondisse correctement, elle devait être larguée à une hauteur précise de 18,3 m de la surface du réservoir et l'avion devait voler à une vitesse d'environ 386 km/h. Des tests effectués avec de vrais avions avaient montré que si la bombe était larguée d'une trop grande hauteur, elle se briserait simplement à l'impact, mais que si elle était larguée trop bas, elle n'atteindrait pas le barrage ou rebondirait de manière inoffensive sur le mur du barrage. La bombe devant rebondir précisément trois fois pour réduire sa vitesse, elle devait également tomber à une distance précise des barrages: trop près, elle heurterait le mur et ricocherait, trop loin, elle n'atteindrait pas le barrage, dévierait vers la gauche ou rebondirait par-dessus le barrage. La bombe devait également s'enfoncer sous l'eau au centre du mur du barrage et être larguée lorsque l'avion était parfaitement horizontal. La maîtrise de tous ces facteurs, de nuit et sous le feu de l'ennemi, nécessiterait beaucoup d'entraînement de la part d'équipages experimentés.

Lancaster Bomber in Flight
Bombardier Avro Lancaster en vol
Cpl Phil Major ABIPP (Open Government License)

Le Lancaster

Au printemps 1943, le bombardier Lancaster était devenu la nouvelle star de la RAF. Il était plus grand, capable de voler plus loin et avec une charge de bombes plus lourde que tous ses prédécesseurs. Le bombardier quadrimoteur mesurait 21,18 m de long et 31,09 m d'envergure. Sa vitesse maximale était de 462 km/h et son rayon d'action de 4 072 km. Les Lancaster sélectionnés pour l'opération Chastise avaient déjà été utilisés afin de s'assurer qu'ils ne présentaient aucun défaut de fabrication.

Les membres de l'Escadron 617 étaient tous triés sur le volet.

Les Lancaster furent adaptés à leur mission sur plusieurs points importants. Les trappes à bombes avaient été retirées pour permettre à une unité de suspension spéciale de placer une seule bombe Upkeep. Le socle était équipé d'un moteur électrique pour faire tourner la bombe à la vitesse nécessaire de 500 rotations par minute. La tourelle dorsale et ses mitrailleuses furent retirées, ne laissant que les canons de nez et de queue pour la défense. Le mitrailleur dorsal prit place dans le nez de l'appareil (tâche habituellement accomplie par le bombardier). Les toutes dernières radios VHF furent installées afin que le chef d'escadron puisse mieux communiquer avec son escadron et le diriger. Le navigateur avait une vue restreinte lorsqu'il volait à basse altitude, et le bombardier devait donc lui venir en aide pour mener à bien l'opération Chastise. En conséquence, le dôme de nez en plexiglas de ce dernier fut agrandi. Les pilotes disposaient de marques sur leur pare-brise pour les aider à aligner la cible. Le viseur de bombardement habituel fut remplacé par un simple appareil portatif en bois en forme de lettre Y. Connu sous le nom de viseur de bombardement Dann, il devait être aligné avec les tours situées à chaque extrémité des barrages, et il indiquait au bombardier quand lâcher à la bonne distance du barrage, c'est-à-dire entre 365-411m (400 et 450 yards).

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Pour aider les équipages à savoir s'ils se trouvaient à la bonne hauteur pour larguer leurs bombes, et en plus d'un altimètre spécialement adapté pour le pilote, les Lancaster étaient équipés de deux lampes Aldis fixées au train d'atterrissage et inclinées de manière à créer une quasi-fusion des faisceaux à 18m (60 pieds) sous l'avion, juste un peu à tribord pour que le navigateur puisse voir les faisceaux former un huit à la surface du lac de retenue. Le problème évident de ce dispositif lumineux, connu sous le nom de "calibrateur d'altimètre à projecteur", était que, bien que les ampoules aient été masquées, cela rendait le Lancaster plus visible aux yeux de l'ennemi.

Guy Gibson, VC
Guy Gibson, VC
RAF Photographer (Public Domain)

Escadron 617

Un escadron spécial fut officiellement formé le 17 mars pour Chastise, l'escadron n° 617 basé à la RAF Scampton dans le Lincolnshire. Le Wing Commander Guy Gibson (1918-1944) était à la tête des 22 équipages très expérimentés. Gibson n'avait que 25 ans mais avait déjà effectué plus de 100 missions et avait reçu le Distinguished Service Order (DOS) et la Distinguished Flying Cross (DFC). Comme d'habitude, chaque Lancaster avait un équipage de sept hommes: le pilote, le mécanicien de bord, le navigateur, le radiotélégraphiste, le bombardier, le mitrailleur intermédiaire (déplacé sur le nez, comme indiqué) et le mitrailleur arrière. L'escadron 617 - aviateurs, personnel au sol et personnel de soutien - était composé d'hommes triés sur le volet, les meilleurs et les plus expérimentés disponibles. Les équipages de vol étaient tous des volontaires. L'escadron comprenait non seulement des pilotes britanniques, mais aussi 29 Canadiens, 12 Australiens, deux Néo-Zélandais et un Américain.

Les équipages s'entraînèrent à partir du 31 mars 1943. Ils s'entraînèrent à la navigation à basse altitude, au vol à basse altitude au-dessus de l'eau et au largage d'Upkeep sur la plage de Reculver, sur la côte du Kent, ainsi qu'au-dessus des lacs et de la campagne dans divers autres endroits de Grande-Bretagne. Pour garder la mission top secrète, le ministère de l'Air mena une campagne de désinformation selon laquelle ces avions devaient être utilisés pour larguer des mines en mer. L'équipage d'un Lancaster étant jugé de niveau insuffisant, l'escadron fut réduit à 19 équipages. La bombe était encore à l'essai, de même que les équipages, lorsqu'il fut décidé de se passer de l'enveloppe en bois d'Upkeep. C'est à ce moment-là que la vitesse, la direction et la hauteur de largage furent calculées avec précision. En mai, les équipages larguèrent des bombes réelles dans la mer, et une dernière "répétition générale" fut organisée le 14 mai. Les hommes étaient fin prêts et ne demandaient qu'à partir.

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La mission

L'escadron décolla à 21 h 10 le 16 mai 1943. La lune était belle et les réservoirs étaient à leur plus haut niveau. Les 19 Lancaster s'approchèrent de la Ruhr en trois vagues. La première vague de neuf avions, dirigée par Gibson, se dirigea vers le barrage de la Möhne (nom de code Target X) et l'Edersee (Target Y). Ils attaquèrent tous X avant de se diriger vers Y. La deuxième vague de cinq avions se dirigea vers le Sorpe (cible Z). La troisième vague, composée des cinq Lancaster restants, devait servir de réserve aux deux autres vagues et, si elle n'était pas sollicitée, elle attaquerait un groupe secondaire de barrages.

Lancaster with Bouncing Bomb
Lancaster avec bombe rebondissante
Unknown RAF Photographer (Public Domain)

Barrage de la Möhne

La première vague perdit un avion en route après qu'il eut heurté un pylône électrique. Les huit avions restants se rassemblèrent et s'alignèrent pour le bombardement du barrage de la Möhne. Gibson remarqua:

Dans cette lumière, il paraissait trapu, lourd et invincible; il paraissait gris et solide au clair de lune, comme s'il faisait partie de la campagne elle-même et qu'il était tout aussi inébranlable. Une structure semblable à un cuirassé déversait des tirs d'artillerie sur toute sa longueur.

(Spick, 55)

Gibson entra en premier sous le feu de six unités de DCA (Défense antiaérienne allemande), le mitrailleur avant du Lancaster ripostant. La bombe fut larguée, rebondit comme prévu et toucha le barrage, mais sans effet. Gibson nota: "Les artilleurs nous avaient vus arriver. Ils pouvaient nous voir arriver avec nos projecteurs allumés à plus de trois kilomètres de distance" (Spick, 59). Le second Lancaster fut touché et s'écrasa, sa bombe rebondit sur le barrage et détruisit la station de pompage. Un artilleur allemand, le caporal Karl Schütte, décrit sa vision du Lancaster en approche: "Il venait vers nous en rugissant au clair de lune, tel un monstre, comme s'il voulait nous percuter sur la tour" (Dildy, 44). Pour le troisième passage, Gibson revint et vola légèrement en avant afin d'absorber une partie des tirs dirigés sur les Lancaster porteurs de bombes. Le plan ne fonctionna pas et un troisième Lancaster fut touché. La troisième bombe explosa bel et bien, mais elle avait dévié vers l'extrémité ouest du barrage encore intact. Gibson et le troisième Lancaster décrivirent des cercles pour soutenir la quatrième attaque. La quatrième fois fut la bonne: la bombe rebondit et explosa contre le mur du barrage. Dans un premier temps, le barrage sembla tenir, mais il commença à s'effondrer au moment où la bombe du cinquième Lancaster frappa également le barrage de plein fouet. Un raz-de-marée d'eau s'engouffra dans la brèche de 76 mètres dans le mur du barrage et s'écoula dans la vallée en contrebas. Tandis que deux Lancaster rentrèrent à la base, Gibson conduisit les autres vers l'Edersee.

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L'Edersee

Heureusement pour les bombardiers, les Allemands n'avaient pas établi de défenses antiaériennes sur l'Edersee, estimant peut-être que les montagnes environnantes constituaient une protection suffisante contre les attaques aériennes. Le commandement allemand avait raison puisque deux Lancaster effectuèrent cinq tentatives en tout et pour tout, sans pouvoir larguer leur charge à la hauteur, à la vitesse et dans la direction requises. Lors du sixième essai sur le barrage, la bombe rebondissante explosa contre le mur de béton, mais les dégâts furent minimes. Lors du septième essai, la bombe rebondit sur le barrage et risqua d'endommager le Lancaster qui venait de la larguer - cet avion s'écrasa sur le chemin du retour, peut-être à cause des dommages subis. Alors qu'il ne restait plus qu'une seule bombe, le premier essai du dernier Lancaster fut annulé, mais le second fut couronné de succès; le barrage fut rompu et un autre terrible raz-de-marée fut créé.

Lancaster Bomber Propaganda Poster
Poster de propagande avec un Avro Lancaster
Office of War Information. (Public Domain)

Barrage de la Sorpe

Sur les cinq avions destinés au barrage de la Sorpe, l'un vola trop bas au-dessus de la mer et perdit sa bombe, un autre s'écrasa après avoir heurté un pylône électrique, et un troisième fut obligé de faire demi-tour pour rentrer chez lui après avoir subi des dégâts de tirs sur la radio. Un quatrième Lancaster fut abattu en Allemagne. Le dernier avion restant poursuivit sa route et effectua pas moins de neuf essais sur le barrage de la Sorpe. La bombe fut larguée lors du dixième passage, mais n'endommagea pas vraiment le mur du barrage, à l'exception de la partie située au-dessus de l'eau.

La troisième vague de réserve, composée de cinq Lancaster, avait déjà perdu deux de ses membres à cause de la défense antiaérienne allemande, et l'un d'entre eux avait dû rentrer à la base à cause d'une panne mécanique. Un Lancaster se dirigeant vers la Sorpe largua sa bombe et toucha le barrage, mais sans effet. Le Bomber Command savait depuis longtemps que l'Upkeep ne fonctionnerait probablement pas contre le mur de terre, et cela s'avéra exact. Le dernier Lancaster du troisième groupe se dirigea vers le barrage d'Ennepe. Dans le paysage confus provoqué par l'inondation des deux barrages rompus, le Lancaster se trompa de cible et bombarda le barrage de Bever, mais sans causer de dommage (Dildy, 62). Cette erreur fut gardée secrète par le ministère de l'Air. Tous les avions étaient maintenant sur le retour, mais avec les canons de défense et les chasseurs ennemis à l'affût, tout le monde n'arriverait pas à destination.

Bilan

Les barrages de l'Edersee et de la Möhne avaient été détruits; la barrage de la Sorpe et de l'Ennerpe avaient été endommagés. La mission fut considérée comme un succès et les "Dambusters" reçurent 34 médailles. La presse britannique, abondamment pourvue de photographies des ravages prises par des vols de reconnaissance, fit de cette histoire une grande victoire dans la lutte contre l'Allemagne. Le prix à payer fut élevé. Huit des 19 Lancaster ne rentrèrent pas à la base, 53 hommes furent tués et trois d'entre eux, abattus, furent faits prisonniers de guerre (Morris, 170).

De retour en Allemagne, le raz-de-marée provoqué par la rupture du barrage de la Möhne se propagea dans la vallée sur 80 km, inondant plus de 125 usines, détruisant plus de 1 000 habitations, détruisant deux centrales hydroélectriques et en endommageant sept autres, inondant plusieurs mines de charbon et balayant près de 50 ponts. Plus de 1 300 civils périrent dans les inondations; beaucoup d'entre eux s'étaient réfugiés dans des caves en raison des alertes aériennes. Parmi les victimes, on compta près de 500 femmes ukrainiennes, des ouvrières conscrites. Des milliers de têtes de bétail se noyèrent et de vastes étendues de terre furent rendues impropres à l'agriculture pour le reste de la guerre. Cette catastrophe est connue sous le nom de " Möhnekatastrophe". La rupture du barrage de l'Edersee mit hors service quatre centrales électriques, détruisit 14 ponts et tua 47 personnes.

Destroyed Möhne Dam
Barrage de la Möhne détruit
Bundesarchiv, Bild 101I-637-4192-20 / Schalber (CC BY-SA)

Collectivement, il s'agissait de la perte la plus importante en vies humaines causée par un seul raid de la RAF jusqu'à ce moment de la guerre. La perte en eau eut des répercussions sur le fonctionnement des usines, des mines de charbon et sur les capacités de lutte contre les incendies dans d'autres régions. En outre, l'État allemand fut désormais obligé de consacrer beaucoup de ressources à la protection des barrages par des défenses aériennes. En bref, il est "absurde de supposer que l'Allemagne aurait pu subir une telle dévastation sans que son effort de guerre n'en pâtisse de manière significative" (Hastings, 286).

Pour les Britanniques, le fait que les dommages causés par les Dambusters aient été en grande partie réparés en quelques mois seulement fut certainement une déception. Il est important de noter que de nombreuses usines d'armement furent épargnées et que la production continua d'augmenter à long terme. Inexplicablement, le Bomber Command ne poursuivit pas ses raids pendant les travaux de réparation des barrages, une cible relativement facile pour les bombes incendiaires standard.

Il y eut des succès moins tangibles, mais tout aussi importants, au cours de cette mission. Les Britanniques purent démontrer leurs prouesses en matière de planification et d'exécution d'opérations en temps de guerre, ce qui n'avait pas été le cas jusqu'à présent. Churchill vit ses relations avec des partenaires essentiels comme les États-Unis, le Canada et la Russie renforcées. L'opération fut exploitée pour sa valeur de propagande, Gibson étant envoyé en tournée de conférences en Amérique du Nord.

Parmi les autres succès de Chastise, citons la confirmation des avantages des bombardements de précision à basse altitude sur des cibles spécifiques, effectués par des équipages hautement qualifiés et triés sur le volet, ce que le Bomber Command poursuivrait avec succès pendant le reste de la guerre, parallèlement à sa tactique plus indiscriminée de bombardement de zone sur de vastes étendues à l'aide d'un grand nombre de bombardiers. L'utilisation de la VHF (Très haute fréquence) fut également une grande avancée et permit à toutes les missions d'avoir un bombardier principal, le "Master Bomber", qui pouvait communiquer des informations vitales aux bombardiers qui le suivaient. L'escadron 617, dirigé par le chef d'escadron George Holden, fut utilisé dans d'autres missions pour viser des cibles stratégiques spécifiques tout au long de la guerre et termina le conflit en étant l'escadron de bombardiers lourds le plus précis de tous.

Pour l'opération Chastise, Gibson reçut la Croix de Victoria. Wallis fut fait chevalier en 1968. Les deux hommes devinrent des héros nationaux. Plus récemment, l'opération Chastise fut réévaluée en raison de son impact sur les civils, notamment parce que le bombardement délibéré de cibles telles que des barrages, avec des conséquences fatales évidentes pour les civils, est aujourd'hui considéré comme un crime de guerre dans les protocoles de la Convention de Genève.

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Questions & Réponses

Combien de personnes sont mortes dans l'opération Chastise?

53 hommes des équipages de bombardiers Lancaster sont morts au cours de l'opération Chastise. Les inondations provoquées par la rupture des barrages ont tué au moins 1 300 civils.

Quel était l'objectif de l'opération Chastise?

L'objectif de l'opération Chastise était de détruire les barrages de la Ruhr afin que les inondations détruisent à leur tour les usines d'armement allemandes. D'autres objectifs étaient de porter atteinte au moral des civils allemands et d'améliorer le moral des Britanniques et la position de la Grande-Bretagne auprès de ses alliés.

Quel a été le succès du raid Dambusters?

Le raid des Dambusters ne fut que partiellement couronné de succès, puisque deux des trois barrages furent sérieusement endommagés et l'effort de guerre allemand fut perturbé. L'Allemagne répara les dégâts en quelques mois.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2024, mars 13). Opération Chastise [Operation Chastise]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22756/operation-chastise/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Opération Chastise." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 13, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22756/operation-chastise/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Opération Chastise." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 mars 2024. Web. 22 déc. 2024.

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