Claude Brousson

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Définition

Stephen M Davis
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 29 mars 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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First Page of Brousson's Letters (by Bibliothèque nationale de France, Public Domain)
Première page des lettres de Brousson
Bibliothèque nationale de France (Public Domain)

Claude Brousson (1647-1698) était un écrivain prolifique et un prédicateur célèbre après la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, lorsque le protestantisme fut interdit en France. Il s'exila à Lausanne et en Hollande, puis revint en France pour prêcher et organiser des rassemblements nocturnes illégaux. Après des années de ministère clandestin, Brousson fut arrêté et exécuté à Montpellier le 4 novembre 1698.

Contexte historique

La Réforme protestante du XVIe siècle ouvrit en Europe une période de troubles qui allait déstabiliser les nations et bouleverser le monopole religieux de l'Église catholique romaine. En France, la Réforme connut un grand succès dans les provinces pauvres et éloignées du Languedoc et du Dauphiné et conduisit à une révolution religieuse et sociale. Les protestants considéraient la liberté religieuse comme un droit divin et cherchaient à rester de fidèles sujets du roi et fidèles à Dieu selon leur compréhension des Écritures. Ce droit fut contesté par l'opposition catholique et royale, ce qui conduisit aux guerres de religion françaises (1562-1598). Les guerres prirent pris fin lorsque le protestant Henri de Navarre se convertit au catholicisme et fut couronné Henri IV de France (r. de 1589 à 1610). Sous Henri IV et l'Édit de Nantes, les protestants se virent accorder une liberté limitée de pratiquer leur religion en 1598. L'édit fut appliqué sous le règne d'Henri IV, parfois avec beaucoup de difficultés, jusqu'à son assassinat le 14 mai 1610. Le droit des protestants d'adorer Dieu selon leur conscience fut sapé au XVIIe siècle, d'abord par le fils d'Henri, Louis XIII (r. de 1610 à 1643), puis par le petit-fils d'Henri, Louis XIV (r. de 1643 à 1715).

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Brousson entretint le mythe selon lequel les mesures répressives en Languedoc, dans le sud de la France, avaient été prises sans l'accord de Louis XIV.

Les protestants devaient la reconnaissance de leurs droits plus à des décrets souverains qu'à une véritable tolérance ou à un pluralisme religieux. Louis XIV avait initialement pensé que le strict respect des édits antérieurs et le refus d'accorder des droits supplémentaires constituaient le moyen le plus efficace de réduire le nombre de protestants dans son royaume. Il finit par céder aux pressions du clergé catholique et obtint la Révocation de l'Édit de Nantes le 18 octobre 1685, également connue sous le nom d'Édit de Fontainebleau. Les sujets du roi étaient obligés d'adopter la religion du roi et, avec le règne de Louis XIV et la révocation de l'édit de Nantes, les protestants perdirent les droits acquis sous Henri IV. À la suite de cette révocation, on estime que les trois quarts des protestants renoncèrent à leur foi. Ceux qui vivaient dans le sud de la France pratiquaient leur culte illégalement, certains dans des maisons, d'autres dans des lieux secrets.En juillet 1686, de nouvelles sanctions furent décidées: la peine de mort contre les pasteurs qui revenaient d'exil, les galères du roi pour les hommes qui leur prêtaient assistance, et l'exécution ou l'emprisonnement pour quiconque était pris dans une assemblée illégale.

Jeunesse et ministère

Claude Brousson vit le jour en 1647 à Nîmes de parents protestants, Jean Brousson et Jeanne de Paradez. Il était le deuxième fils des neuf enfants du couple, dont la plupart moururent en bas âge. Ses premières études au Collège de Nîmes furent suivies par des études à l'Académie protestante de Nîmes où il étudia le latin, la rhétorique, la philosophie et les sciences humaines. Il obtint une maîtrise en philosophie en 1664 et un doctorat en droit en 1666. En 1678, il épousa Marie de Combelles de Béziers, s'établit à Toulouse en tant qu'avocat au Parlement de Toulouse et exerça la fonction d'ancien dans l'église réformée locale. Pendant de nombreuses années, il défendit les pauvres et les églises réformées devant les tribunaux et manqua de perdre son emploi en raison de son dévouement à la foi réformée.

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Avant la révocation de l'édit de Nantes, Brousson s'en tenait au mythe selon lequel les mesures répressives prises dans le Languedoc, dans le sud de la France, l'avaient été sans le consentement de Louis XIV. Constatant que les recours juridiques ne parvenaient pas à faire cesser la répression religieuse, Brousson s'efforça d'attirer l'attention du roi sur le sort des protestants. En 1683, il organisa un rassemblement pacifique de protestants et rencontra secrètement 28 députés des églises du Languedoc. Il fut décidé que dans les lieux où le culte réformé était interdit, les protestants se rassembleraient publiquement à une date fixée. Pour éviter un massacre, Brousson conseilla aux participants de venir sans armes. Il était conscient des dangers et considérait que c'était la solution la moins dangereuse. L'entreprise échoua pour plusieurs raisons, principalement en raison des dissensions entre l'élite de la ville quelque peu réticente et les gens de la campagne bien plus déterminés.

Edict of Fontainebleau
Édit de Fontainebleau
Unknown Artist (Public Domain)

Plusieurs régions refusèrent de participer à la manifestation publique; les églises du Haut et du Bas-Languedoc et les consistoires de Castres et de Nîmes s'opposèrent à toute résistance, même pacifique. Malgré cette opposition, les villes et villages du Dauphiné, du Vivarais et des Cévennes saisirent l'occasion de se rassembler dans leurs temples délabrés. Quelques jours plus tard, les représentants des églises s'assemblèrent pour déclarer à la fois leur loyauté envers le roi et leur intention de défendre la liberté de conscience accordée par l'édit de Nantes. Des violences éclatèrent en août lorsque des catholiques tentèrent d'empêcher par la force la pratique du culte réformé en public. En réponse, les protestants tentèrent de recruter des milliers d'hommes pour une résistance armée. Les autorités envoyèrent des soldats, ce qui conduisit à un affrontement entre les troupes royales et les protestants. 50 hommes furent pendus et deux pasteurs furent condamnés à la roue. De nombreux pasteurs se réfugièrent en Suisse où Brousson trouva également refuge. De là, il se rendit en Hollande et publia une défense de son projet raté, en utilisant de nombreuses références bibliques pour relier les souffrances des protestants à celles de l'ancien Israël.

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Après la révocation, les protestants n'avaient plus le choix qu'entre la soumission, l'exil, la clandestinité ou la résistance. Ceux qui refusaient de se soumettre étaient confrontés à de sévères mesures de répression: confiscation des biens, enlèvement d'enfants, hébergement forcé des soldats dans leurs maisons, mort pour ceux qui étaient pris dans des assemblées illégales, prison ou galères royales pour ceux qui cherchaient à fuir le royaume. Malgré les menaces, des milliers de personnes s'enfuirent pour trouver refuge en terre protestante.

Retour d'exil

En exil, Brousson étudia l'Apocalypse du Nouveau Testament et y trouva la source de ses tonitruants avertissements et appels à la repentance pour les protestants qui s'étaient à nouveau tournés vers l'Église catholique et il envoya des milliers de pamphlets-sermons en Languedoc. Malgré le danger qui l'attendait, il retourna dans les Cévennes en 1689. François Vivent (1664-1692), qui avait été ordonné pendant son exil et était devenu pasteur de l'Église du désert, fit lui aussi retour. L'Église du désert renvoyait à l'errance du peuple d'Israël dans le désert après sa sortie d'Égypte et en est venue désigner la période où la religion réformée était proscrite en France. Lorsque Brousson et Vivent arrivèrent dans les Cévennes, ils convoquèrent une assemblée et organisèrent une journée de jeûne et de repentance. Étonnés par le zèle des gens, ils étaient persuadés qu'en prenant les armes, ils pourraient accélerer la délivrance de la véritable Église.

Après la mort de Vivent, Brousson resta le seul dirigeant de l'Église du Désert.

Brousson et Vivent traitèrent également ce que l'on a appelé une "épidémie prophétique". En l'absence de pasteurs, les prophètes et les prophétesses avaient proliféré dans le Dauphiné, le Vivarais et les Cévennes. Au début, ces guides autoproclamés prêchaient la Bible, exhortaient les gens à la repentance et leur promettaient la liberté. Au fil du temps, le message s'était transformé en résistance armée. Tous les protestants ne soutenaient pas Brousson, Vivent et l'Église du désert. L'église était principalement composée des classes inférieures de la société - artisans, éleveurs de moutons et de chèvres, et agriculteurs. La noblesse protestante était pratiquement absente. La plupart des pasteurs en exil désapprouvaient les rassemblements publics et recommandaient le culte familial et la patience.

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Vivent consacra Brousson au ministère pastoral avant de partir pour le Bas-Languedoc et laisser Brousson seul dans les Cévennes. Il erra de lieu en lieu, parcourut de grandes distances et tint des assemblées. Par son origine sociale et sa formation professionnelle, Brousson était de loin le plus instruit et le plus qualifié pour mener à bien le rétablissement des structures en ruine de l'Église réformée. Il rédigea les sermons des autres en mettant l'accent sur l'apocalypse. L'image du désert, lieu d'épreuves et de souffrances, occupait une place prépondérante dans ses messages. Brousson avait également l'intention de rejoindre la coalition de Guillaume III d'Angleterre (1650-1702) dans l'espoir de fomenter une insurrection. Lui et Vivent étaient en contact régulier avec des amis en Suisse et des chefs de gouvernement en Angleterre et en Hollande pour demander une intervention étrangère. Leur tête fut mise à prix par l'intendant du roi. Vivent fut tué dans une grotte en se défendant en février 1692, et ses quatre compagnons furent capturés et pendus.

Après la mort de Vivent, Brousson resta le seul chef de l'Église du désert. Au fil du temps, cependant, il passa de la résistance armée à la résistance spirituelle. Lorsque l'armée du duc de Schomberg pénétra en Dauphiné au cours de l'été 1692, Brousson empêcha les Cévenols de participer à un soulèvement, et l'armée du duc rentra chez elle. Brousson écrivit des lettres au roi et au gouverneur de la province. Poursuivi par les troupes du roi, il se réfugia à nouveau en Hollande. De nombreux prédicateurs furent capturés, mais la résistance et les assemblées illégales se multiplièrent.

Assembly in the Desert
Assemblée dans le désert
Jeanne Lombard (Public Domain)

Arrestation et mort

Alors que Brousson se trouvait en Hollande, le traité de Rijswijk de 1697 mit fin à la guerre de Louis XIV contre une alliance entre l'Angleterre, la Hollande et l'Autriche. Des rumeurs circulaient selon lesquelles le roi de France était prêt à faire preuve de clémence à l'égard des protestants et à leur permettre de se réunir pour le culte dans leurs maisons, d'enterrer leurs morts dans des cimetières publics, de faire bénir leurs mariages et de permettre à ses sujets de pratiquer la religion de leur choix. En réalité, le roi n'avait consenti à aucune de ces mesures. Brousson retourna en Languedoc en 1698 où le logement forcé des troupes du roi (dragonnades) avait repris chez les protestants.

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Dans les Cévennes, les soldats allaient de maison en maison à la recherche d'armes et de livres hérétiques. Les personnes trouvées en leur possession étaient condamnées à des amendes ou aux galères du roi. Les gens étaient escortés de force à la messe par des soldats et condamnés à des amendes pour avoir refusé d'envoyer leurs enfants au catéchisme. Brousson finit par comprendre que c'était le roi en personne qui était responsable de la persécution et pas seulement les gouverneurs de province. Fort de cette conviction, il écrivit à nouveau au roi une série de pétitions et les envoya dans d'autres provinces et pays pour influencer l'opinion publique. L'intendant régional du roi distribua le portrait de Brousson dans tout le Languedoc. Il fut reconnu, arrêté et emprisonné, puis escorté à Montpellier pour y être jugé. Brousson reconnut les faits qui lui étaient reprochés, à savoir qu'il avait prêché dans toute la province, qu'il avait fait des communions et qu'il avait baptisé des enfants. Il fut condamné à la roue et fut étranglé pour l'empêcher de parler. Selon un contemporain, Brousson se serait rendu à son exécution comme s'il allait à une fête.

Il y aurait d'autres arrestations et exécutions. Il ne resta presque plus rien de lÉglise du désert. Les derniers prédicateurs fuirent le royaume en 1699 et les protestants se retrouvèrent à nouveau sans berger. A leur place surgiraient des prophètes et le retour de la violence avec la guerre des Cévennes (ou guerre des Camisards) en 1702.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Stephen M Davis
Docteur Stephen M. Davis est doyen de Grace Church à Philadelphie. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont "Rise of French Laïcité" et "The French Huguenots and Wars of Religion".

Citer cette ressource

Style APA

Davis, S. M. (2024, mars 29). Claude Brousson [Claude Brousson]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22769/claude-brousson/

Style Chicago

Davis, Stephen M. "Claude Brousson." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 29, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22769/claude-brousson/.

Style MLA

Davis, Stephen M. "Claude Brousson." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 29 mars 2024. Web. 26 déc. 2024.

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