Accords de Munich

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 04 novembre 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Chamberlain after the Munich Agreement (by Imperial War Museums, CC BY-NC-SA)
Chamberlain après les accords de Munich
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Les accords de Munich, signés le 30 septembre 1938 lors de la conférence de Munich à laquelle participaient les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Italie et de l'Allemagne, cédèrent le territoire des Sudètes (Tchécoslovaquie) à l'Allemagne dans l'espoir que cet acte d'apaisement empêcherait une guerre mondiale et mettrait fin à l'expansion territoriale poursuivie par le dirigeant de l'Allemagne nazie, Adolf Hitler (1889-1945).

La Grande Allemagne

Pour comprendre pourquoi les dirigeants mondiaux ont agi comme ils l'ont fait à Munich, il est nécessaire de remonter à 1935 et de suivre les traces de l'appropriation des terres par Hitler. Depuis son accession au pouvoir en 1933, Hitler avait promis au peuple allemand de reprendre les territoires que le pays avait perdus après la Première Guerre mondiale (1914-18) et l'humiliant traité de Versailles (1919). En outre, Hitler voulait un Lebensraum ("espace de vie") pour le peuple allemand, c'est-à-dire de nouvelles terres où il pourrait prospérer. La politique étrangère agressive d'Hitler donna lieu à une série de "récupérations" territoriales. Tout d'abord, l'Allemagne reprit la région de la Sarre, riche en charbon, à la frontière occidentale de l'Allemagne, une région qui était gouvernée par la Société des Nations (l'ancêtre des Nations unies actuelles) depuis la fin de la Première Guerre mondiale. En mars 1935, les électeurs de la Sarre décidèrent à une écrasante majorité de rejoindre l'Allemagne. Hitler, encouragé par l'absence de réaction internationale face à l'invasion de la Mandchourie chinoise par le Japon en 1931 et à l'invasion de l'Abyssinie (Éthiopie) par l'Italie en 1935, occupa ensuite la Rhénanie, une région située entre l'Allemagne et la France qui, selon le traité de Versailles, devait rester démilitarisée. Les troupes allemandes entrèrent en Rhénanie en mars 1936.

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Hitler répudia officiellement le traité de Versailles et se lança dans un programme de réarmement. En 1936, il conclut des alliances avec l'Italie et le Japon: l'Axe Rome-Berlin et le Pacte anti-Komintern. En 1938, Hitler se tourna vers l'Autriche voisine, son pays natal. L'Anschluss ("fusion") avec l'Autriche permettrait d'intégrer 6,7 millions de germanophones supplémentaires dans ce qu'Hitler appelait sa "Grande Allemagne". L'Autriche disposait d'importantes ressources naturelles et de réserves de devises étrangères. La possession de l'Autriche offrirait également à Hitler une excellente plate-forme stratégique pour poursuivre son expansion. Hitler mobilisa son armée, qui franchit la frontière le 12 mars. Hitler disposait de trois atouts majeurs: le soutien de la moitié de la population autrichienne, l'incapacité de l'armée autrichienne à opposer une résistance efficace et la promesse du dictateur fasciste italien Benito Mussolini (1883-1945) de ne pas intervenir. Le gouvernement autrichien capitula, les messages radio incitèrent la population à ne pas résister et l'Autriche devint une province du Troisième Reich.

Hitler pensait qu'il était peu probable que la Grande-Bretagne ou la France entrent en guerre.

La Grande-Bretagne et la France, qui menaient désormais une politique d'apaisement à l'égard d'Hitler dans l'espoir qu'il se contenterait de ses acquis, ne pensaient pas que cette expansion puisse justifier une guerre mondiale. Après tout, les terres conquises jusqu'à présent abritaient essentiellement des germanophones et la majorité (comme l'a montré un plébiscite en Autriche) était assez satisfaite de cette évolution. Le problème, c'est qu'Hitler n'était pas satisfait. Le dictateur se tourna alors vers la Tchécoslovaquie, en particulier la région des Sudètes, bien qu'en mai 1938, Hitler ait déclaré à ses généraux qu'il avait bel et bien l'intention d'occuper l'ensemble de la Tchécoslovaquie.

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Europe on the Eve of WWII, 1939
L'Europe à la veille de la Seconde Guerre mondiale, 1939
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Les Sudètes

La Tchécoslovaquie était une république démocratique où les Allemands n'étaient qu'une minorité, une situation totalement différente de toutes les acquisitions précédentes d'Hitler. Hitler utilisa à nouveau le bluff et l'esbroufe, mais cette fois, il dut recourir à la diplomatie pour obtenir ce qu'il voulait plutôt qu'au franchissement d'une frontière par des soldats. Le risque était d'autant plus grand que la Tchécoslovaquie disposait d'excellentes défenses fixes à ses frontières, d'une industrie lourde moderne et d'une armée bien équipée d'un million d'hommes.

Avec le recul, maintenant que nous savons qu'Hitler poursuivit ses conquêtes à l'Est et à l'Ouest, la déclaration du dictateur selon laquelle la Tchécoslovaquie était un porte-avions ennemi en Europe centrale revêt une importance particulière. Hitler profita sans aucun doute des erreurs diplomatiques de ses futurs ennemis, mais s'il avait bel et bien l'intention de dominer l'Europe, il était évident qu'il fallait d'abord s'occuper de la Tchécoslovaquie. Les Sudètes, désormais entourées sur trois côtés par le territoire allemand et dont la population était majoritairement germanophone - environ 3 millions de personnes - constituaient une tranche parfaite pour un premier coup de dent.

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Hitler pensait que la Grande-Bretagne ou la France ne voudraient pas, voire ne pourraient pas, entrer en guerre en 1938. L'URSS et la France avaient signé en 1935 un traité promettant de protéger la Tchécoslovaquie contre toute agression extérieure, mais l'URSS n'était tenue d'agir que si la France se mobilisait en premier. Hitler estimait qu'il était peu probable que la France agisse en premier, et certainement pas sans la Grande-Bretagne. L'attitude du gouvernement britannique était donc la clé de ce que nous appelons aujourd'hui la crise tchécoslovaque.

Czechoslovak Fortifications
Fortifications tchécoslovaques
1089hruskapetr (CC BY)

La Tchécoslovaquie avait été créée après la Première Guerre mondiale, à partir de régions ayant fait partie de l'Empire austro-hongrois. Le gouvernement était dirigé par le président Edvard Beneš (1884-1948), qui gouvernait une population cosmopolite composée de 10 millions de Tchèques, 3 millions de Slovaques, 3 millions de germanophones, 700 000 Hongrois, 500 000 Ukrainiens et 60 000 Polonais. Le gouvernement de la Tchécoslovaquie était dominé par les Tchèques, ce qui suscitait le mécontentement des autres groupes qui estimaient que leurs intérêts n'étaient pas correctement représentés. Hitler exploita ces griefs en finançant des partis tels que le parti nazi allemand des Sudètes (SdP), dirigé par Konrad Henlein (1898-1945), et en les incitant à semer le trouble. Pour les Allemands et la presse étrangère, Hitler faisait des discours sur la répression subie par les Allemands des Sudètes, ce qui était totalement faux. Parallèlement, le ministre allemand de la propagande, Joseph Goebbels (1897-1945), orchestra une campagne soutenue de désinformation sur le même thème.

Chamberlain rencontre Hitler

En 1938, Hitler ordonna à ses généraux de préparer un plan d'invasion, dont le nom de code était Fall Grün ("cas vert"). Les troupes furent déplacées vers la frontière sud. La date de début de l'opération Fall Grün fut fixée secrètement au 30 septembre. Hitler semblait avoir l'intention d'envahir le pays, mais le dictateur ne faisait-il que pousser à une résolution diplomatique de la crise en sa faveur? Par ailleurs, les principaux généraux allemands étaient mécontents d'Hitler. L'armée allemande n'était pas prête pour une guerre. Elle pouvait faire face à l'armée tchécoslovaque, bien que les deux camps soient à égalité, mais elle serait certainement submergée si la France déplaçait également son armée à l'ouest. Comme le déclara le député britannique Robert Boothby:

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Tous les généraux allemands étaient convaincus que si la guerre éclatait en Tchécoslovaquie en septembre 1938, ils auraient été vaincus en trois semaines environ... Ils avaient l'intention d'arrêter Hitler et de proclamer un gouvernement militaire.

(Holmes, 71)

Si Hitler pouvait obtenir la Tchécoslovaquie par la seule voie diplomatique, sa position à l'intérieur du pays serait inattaquable. Neville Chamberlain (1869-1940), le Premier ministre britannique, pensait certainement que la diplomatie pouvait éviter une guerre. Chamberlain rendit visite à Hitler en Bavière le 15 septembre pour tenter de le dissuader d'entreprendre une action agressive contre la Tchécoslovaquie. Hitler proposa de donner les Sudètes à l'Allemagne si un plébiscite indiquait que la population approuvait une telle mesure. Chamberlain donna son accord de principe et obtint d'Hitler la promesse qu'aucune action militaire ne serait entreprise tant que le Parlement britannique ne se serait pas réuni sur la question et que la France n'aurait pas été consultée. Hitler accepta volontiers, ce qui lui laissa le temps d'organiser l'opération Fall Grün.

Chamberlain & Hitler at Berchtesgaden
Chamberlain et Hitler à Berchtesgaden
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

Les gouvernements britannique et français acceptèrent la demande d'Hitler, mais le gouvernement tchécoslovaque la rejeta au motif qu'elle entraînerait, tôt ou tard, la soumission de l'ensemble du pays à Hitler. La Grande-Bretagne et la France lancèrent alors un ultimatum au gouvernement tchécoslovaque: s'il ne cédait pas les Sudètes, aucun des deux pays n'aiderait ce qui resterait de la Tchécoslovaquie à l'avenir. Comme le dit succinctement Beneš, "nous avons été lâchement trahis" (Shirer, 391).

Le 28 septembre, la guerre semblait inévitable.

Chamberlain, désireux d'annoncer la bonne nouvelle, rencontra Hitler le 22 septembre. Hitler, sentant que Chamberlain était prêt à éviter une guerre à tout prix, augmenta ses exigences : La Tchécoslovaquie devait également céder des territoires à la Pologne et à la Hongrie, et tous les Tchèques devaient quitter les Sudètes (en n'emportant qu'un minimum de leurs biens). Chamberlain accepta le principe de ces nouvelles exigences, mais le Parlement britannique les rejeta par la suite, tout comme le gouvernement français. Entre-temps, Beneš avait mobilisé l'armée tchécoslovaque. Le 26 septembre, Hitler prononça à Berlin un discours attaquant le gouvernement tchécoslovaque. Le 27 septembre, la Grande-Bretagne mobilisa sa marine. La guerre semblait inévitable et Chamberlain déclara, lors d'une émission radiophonique de la BBC à 20 h 30:

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Comme il est horrible, fantastique, incroyable que nous devions essayer des masques à gaz ici à cause d'une querelle dans un pays lointain entre des gens dont nous ne savons rien.

(McDonough, 77).

La conférence de Munich

L'Europe fut sauvée du spectre de la guerre à la toute dernière minute. Tard dans la nuit, Hitler et Chamberlain échangèrent des télégrammes. Hitler proposa que l'Allemagne absorbe les Sudètes mais garantisse l'indépendance du reste de la Tchécoslovaquie. Un télégramme fut envoyé à Mussolini, qui souhaitait retarder la guerre en raison du piètre niveau de réarmement de l'Italie, l'exhortant à persuader Hitler d'organiser une conférence à Munich afin que les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie puissent avoir une dernière chance de résoudre la crise par la diplomatie. Hitler accepta la proposition de Mussolini. La conférence de Munich se tint dans le bâtiment Führerbau à Munich les 29 et 30 septembre 1938. Les États-Unis, qui poursuivaient une politique isolationniste, n'y participèrent pas, et ni l'URSS ni la Tchécoslovaquie n'y furent invitées. L'URSS était considérée, après sa purge massive de l'Armée rouge, comme trop faible militairement pour être d'une quelconque utilité dans l'affaire, et Chamberlain ne faisait pas confiance à son dirigeant, Joseph Staline (1878-1953). La position du gouvernement tchécoslovaque était déjà connue.

Chamberlain, Daladier, Hitler, & Mussolini, Munich 1938
Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini, Munich 1938
Bundesarchiv, Bild 183-R69173 (CC BY-SA)

L'accord d'apaisement

La politique d'apaisement était maintenant mise à l'épreuve. Depuis 1935, les dirigeants du monde entier espéraient que la dernière offensive d'Hitler serait la dernière. Éviter une guerre mondiale était la priorité absolue, mais pas à n'importe quel prix. Malheureusement pour la Tchécoslovaquie, les Sudètes étaient considérées comme suffisamment bon marché pour être cédées. Une minorité de personnes, notamment Winston Churchill (1874-1965), futur premier ministre britannique, s'opposa fermement à l'apaisement. Même ceux qui pensaient que l'apaisement avait peu de chances de réussir espéraient au moins qu'il permettrait aux pays de gagner un temps précieux pour pouvoir se réarmer. L'opinion publique en Grande-Bretagne et en France n'était pas seulement opposée à l'idée de la guerre, mais aussi à celle du réarmement. Dans ce contexte, les accords de Munich furent donc un soulagement pour tout le monde, peut-être même pour Hitler dont l'économie et les forces armées n'étaient pas encore tout à fait prêtes pour la guerre.

Chamberlain était convaincu de la paix et de pouvoir faire confiance à la parole d'Hitler. Comme l'a noté John Colville, secrétaire privé adjoint du Premier ministre:

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Chamberlain était profondément attaché à l'idée de paix, pour lui la guerre était l'horreur ultime, il avait vu ses contemporains mourir dans les Flandres en 1914-18 et il estimait que le travail de sa vie était d'empêcher la répétition des effroyables massacres de la Première Guerre mondiale.

(Holmes, 65)

La politique d'apaisement de Chamberlain était soutenue par la majorité du peuple britannique. Comme le note Rab Butler, sous-secrétaire d'État britannique aux affaires étrangères :

...si vous voulez que les choses soient claires, la véritable raison pour laquelle nous ne nous sommes pas soulevés en 1938 était la saturation absolue du pays par la propagande pacifiste...la défense n'avait pas été relancée, le public était pacifiste et le Commonwealth était divisé, ce qui n'était pas le cas en 1939, et l'opinion américaine n'était pas avec nous à l'époque de Munich.

(Holmes, 67)

The Rise of Nazi Germany, 1919 - 1939
Essor de l'Allemagne nazie, 1919-1939
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Le représentant de la France à Munich était le Premier ministre Edouard Daladier (1884-1970). Daladier, comme Chamberlain, avait vécu personnellement les horreurs de la Première Guerre mondiale. Daladier avait les mains liées car la France n'était absolument pas préparée à la guerre. Mussolini, qui représentait l'Italie, se trouvait exactement dans la même situation: il pensait que ses forces armées ne seraient prêtes pour un conflit qu'en 1943. Mussolini se contenta de jouer le rôle de médiateur neutre à Munich. Hitler, comme nous l'avons vu, avait également des problèmes avec la préparation et la loyauté de ses forces armées. Hitler rencontra Mussolini dans son train pour Munich le matin de la conférence, et le dirigeant italien reconnut avec Hitler que, quelle que soit la décision prise ce jour-là, "le temps viendra où nous devrons nous battre côte à côte contre la France et l'Angleterre" (Shirer, 414). Il est significatif que Daladier et Chamberlain n'aient pas procédé à une telle consultation avant la conférence. Tous deux avaient déjà convaincu leur conscience qu'ils pouvaient légalement céder les Sudètes parce que la région n'avait jamais été soumise à un plébiscite d'autodétermination, comme le promettait le traité de Versailles. Pour l'heure, les quatre dirigeants présents à Munich n'étaient donc que trop heureux de repousser la guerre, et ce à n'importe quel prix. Ironiquement, le seul État prêt à entrer en guerre était la Tchécoslovaquie, qui, elle, était absente.

Lors de la conférence de Munich, chaque dirigeant prit la parole à tour de rôle dans une atmosphère plutôt informelle et hospitalière, selon l'interprète, le Dr Schmidt. La réunion dura plusieurs heures, Mussolini proposant ce que Hitler lui avait dit de proposer plus tôt dans la journée. En bref, Hitler obtint exactement ce qu'il voulait. Les accords de Munich furent signés par toutes les parties (Allemagne, France, Italie et Grande-Bretagne) à 1 heure du matin le 30 septembre.

Points de l'accord de Munich

Les accords de Munich stipulent que:

  • L'Allemagne absorbera les Sudètes d'ici le 10 octobre.
  • Les nouvelles frontières élargies de l'Allemagne seront reconnues par une commission internationale.
  • Les Tchèques doivent quitter les Sudètes avant le 10 octobre et la région ne doit pas être dépouillée de ses ressources.
  • Le reste de la Tchécoslovaquie reçoit des garanties d'indépendance et des plébiscites seront organisés (ils n'ont jamais eu lieu).
  • L'Allemagne et l'Italie reconnaissent les nouvelles frontières et promettent de garantir le reste de la Tchécoslovaquie contre tout acte d'agression futur (ce qui ne s'est jamais produit non plus).

German Troops Enter the Sudetenland
Les troupes allemandes entrent dans les Sudètes
Imperial War Museums (CC BY-NC-SA)

L'atmosphère qui suivit la conférence était presque joviale. Daladier raconta des anecdotes de guerre et Chamberlain des histoires de pêche au dirigeant nazi, mais "Hitler était plein de mépris pour eux deux et les appela plus tard "petits vers"" (Stone, 110). Deux diplomates tchécoslovaques furent invités à Munich uniquement pour entendre ce que les grandes puissances avaient décidé de faire de leur pays. Le peuple tchécoslovaque se sentit totalement trahi. Pour couronner le tout, Hitler signa volontiers un document préparé par Chamberlain, qui promettait que la Grande-Bretagne et l'Allemagne n'entreraient jamais en guerre l'une contre l'autre.

Les conséquences de Munich

De retour chez lui, Chamberlain déclara fièrement au peuple britannique qu'il avait obtenu "la paix dans l'honneur" et "la paix à notre époque" (Shirer, 420). Roosevelt envoya un télégramme disant "Bien joué!" (McDonough, 78). Chamberlain fut même nominé pour le prix Nobel de la paix. Peut-être à juste titre compte tenu des événements futurs, il ne remporta pas le Nobel; le prix de 1938 fut remis à une organisation d'aide aux réfugiés fondée par l'explorateur polaire norvégien Fridtjof Nansen (1861-1930). Daladier fut également accueilli dans son pays par des foules soulagées et enjouées. Hitler reçut un défilé de réjouissance à Berlin. Selon Albert Speer, futur ministre allemand de l'armement, les partisans d'Hitler étaient "désormais totalement convaincus de l'invincibilité de leur chef" (169). Comme le nota plus sobrement Goebbels, "nous étions tous suspendus à un fil au-dessus d'un gouffre sans fond, maintenant nous avons à nouveau le sol sous nos pieds... tout le monde était ravi de maintenir la paix" (Gellately, 280). Même le diariste juif Victor Klemperer fut obligé d'admettre, dans son article du 5 octobre, qu'Hitler avait réussi un tour de force stratégique: "Munich est l'Austerlitz d'Hitler" (270), en référence à la grande victoire tactique de Napoléon Bonaparte (1769-1821) à la bataille d'Austerlitz en 1805.

Le 5 octobre 1938, les Sudètes furent rattachés à l'Allemagne et Henlein en devint le Gauleiter (gouverneur régional). Au cours de la deuxième semaine d'octobre, la Pologne s'empara de la partie orientale de la région de Teschen (Český Těšín pour les Tchèques, Ciesyn pour les Polonais). Le 14 mars 1939, la Slovaquie se déclara indépendante - un acte encouragé par Hitler pour briser la Tchécoslovaquie - mais devint un État client de l'Allemagne sous la direction de Jozef Tiso (1887-1947). Le 15 mars, sous prétexte qu'ils étaient "invités à rétablir l'ordre" (McDonough, 80), les soldats allemands entrèrent dans ce qui restait de la Tchécoslovaquie (essentiellement la Bohême et la Moravie). La Hongrie s'empara des parties méridionales de la Ruthénie et d'une tranche méridionale de la Slovaquie - ces deux régions comptaient une population hongroise importante ou majoritaire. Munich n'avait pas "sauvé" mais avait détruit la Tchécoslovaquie.

Hitler at the Gates of Prague Castle
Hitler aux portes du château de Prague
Bundesarchiv, Bild 183-2004-1202-505 (CC BY-SA)

Loin à l'est, il était clair pour Staline que les puissances occidentales se moquaient de l'expansion de l'Allemagne, à condition qu'elle se fasse dans sa direction, vers l'est. Comme le nota un diplomate soviétique, l'absence de l'URSS à Munich permit de ne pas mettre "notre pied sur une planche pourrie" (Taylor, 237). Staline dut chercher ailleurs des alliés dans la guerre qui s'annonçait. L'Allemagne et l'URSS signèrent une alliance militaire, le pacte Molotov-Ribbentrop (pacte germano-soviétique) en août 1939.

En mars 1939, l'Allemagne s'empara du territoire de Memel en Lituanie. En avril, Mussolini occupa l'Albanie. La Grande-Bretagne et la France promirent alors de garantir les frontières de la Pologne. Les gouvernements occidentaux avaient enfin compris que les fascistes étaient déterminés à s'étendre à tout prix. Hitler ignora la diplomatie et envahit la Pologne le 1er septembre. Une fois de plus, l'Europe, et bientôt le monde, était en guerre.

Avec le recul, on peut donc dire que les accords de Munich furent une erreur, une occasion manquée de rembarrer Hitler avant que l'Allemagne ne devienne encore plus forte. Comme le dit Boothby de manière succincte,"Munich a été l'un des plus grands désastres de l'histoire britannique et française" (Holmes, 70). Mais il est important de noter, comme le fait l'historien A. J. P. Taylor, que "lorsque la politique de Munich échoua, tous déclarèrent qu'ils s'attendaient à ce qu'elle échoue... En fait, personne n'avait été aussi clairvoyant qu'il le prétendirent plus tard" (232-3). Cette tromperie fut la véritable réussite d'Hitler à Munich, mais il s'agissait d'une fausse victoire, qui n'aboutirait qu'à la destruction presque totale de l'Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).

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Questions & Réponses

En quoi consistaient les accords de Munich?

Les accords de Munich de septembre 1938 cédèrent les Sudètes tchèques à l'Allemagne nazie. La Grande-Bretagne, la France, l'Italie et l'Allemagne signèrent cet accord pour éviter une guerre.

Quelles furent les conséquences des accords de Munich?

Les conséquences de l'accord de Munich furent les suivantes: les Sudètes tchèques furent cédées à l'Allemagne, les Tchèques durent quitter la région, Staline fut poussé à conclure une alliance avec l'Allemagne et Hitler fut encouragé par cet acte d'apaisement à s'emparer du reste de la Tchécoslovaquie et à attaquer la Pologne, déclenchant ainsi la Seconde Guerre mondiale.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2024, novembre 04). Accords de Munich [Munich Agreement]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22821/accords-de-munich/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Accords de Munich." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 04, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22821/accords-de-munich/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Accords de Munich." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 04 nov. 2024. Web. 21 déc. 2024.

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