Traité de Versailles

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 septembre 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien
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Signing the Treaty of Versailles, 1919 (by William Orpen, Public Domain)
Signature du traité de Versailles, 1919
William Orpen (Public Domain)

Le traité de Versailles, signé en juin 1919, était un accord entre les vainqueurs de la Première Guerre mondiale (1914-18) qui redécoupait une partie de l'Europe et imposait à l'Allemagne, l'un des perdants du conflit, des réparations, des limitations en matière d'armement ainsi que la responsabilité totale de la guerre.

Bien que conçu pour garantir une paix durable, le renversement des points les plus durs du traité devint l'un des objectifs des chanceliers allemands successifs, puis du dirigeant nazi Adolf Hitler (1889-1945), tout au long des années 1930. En effet, le ressentiment à l'égard du traité fut l'une des raisons de la montée du national-socialisme et, en fin de compte, l'une des causes de la Seconde Guerre mondiale (1939-45).

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Objectifs du traité

La Première Guerre mondiale avait opposé les puissances centrales d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie (et leurs alliés) à la Triple-Entente de Grande-Bretagne, de France et de Russie (et leurs alliés, dont l'Italie et les États-Unis). L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie avaient perdu la guerre et un armistice avait été signé le 11 novembre 1918. Les vainqueurs, en particulier la Grande-Bretagne et la France, cherchèrent alors à imposer des conditions de paix telles que l'Allemagne, en particulier, ne serait plus jamais en mesure de menacer la paix en Europe. Les horreurs de la Première Guerre mondiale, qui avait fait 7 millions de morts et 21 millions de blessés graves, ne devaient plus jamais se reproduire. Les coûts matériels avaient également été considérables. Selon l'historien F. McDonough, "le coût total de la guerre a été estimé à 260 000 millions de livres sterling" (43).

L'Allemagne ne fut invitée qu'aux dernières étapes de la Conférence de paix de Paris.

Les vainqueurs voulaient d'abord que l'Allemagne reconnaisse officiellement qu'elle avait déclenché la guerre. Ensuite, ils voulaient être directement dédommagés par l'Allemagne pour une partie des coûts matériels du conflit, en obtenant de lourdes réparations et en redistribuant une partie du territoire allemand et toutes ses colonies. L'industrie allemande était restée intacte pendant la guerre et les vainqueurs se méfiaient de sa capacité à se reconstruire. Pour s'assurer que les forces armées allemandes ne puissent plus faire la guerre à l'avenir, de sévères limitations furent imposées aux capacités militaires du pays. Les vainqueurs ne voulaient pas détruire complètement l'Allemagne car elle pouvait rester un marché précieux pour leurs exportations. Cependant, la plupart des historiens reconnaissent que les Alliés sont peut-être allés trop loin dans leurs exigences et qu'ils finirent par pousser l'Allemagne vers la destination même qu'ils espéraient éviter, une nouvelle guerre mondiale. Les autres États perdants de la Première Guerre mondiale: l'Autriche, la Hongrie, la Bulgarie et la Turquie feraient l'objet de traités distincts, tout aussi controversés.

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Newspaper Front Page Declaring the Signing of the Treaty of Versailles
Première page d'un journal annonçant la signature du traité de Versailles
Kallen2021 (CC BY-SA)

La conférence de paix de Paris

Le traité de Versailles fut signé dans la galerie des glaces du château de Versailles, à l'extérieur de Paris, le 28 juin 1919. Des représentants de la France, de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de l'Italie, ainsi que de 28 autres nations, s'étaient réunis à la Conférence de paix de Paris, qui s'était tenue à partir du 12 janvier 1919. Les délégués avaient mis plus de cinq mois à définir leurs conditions et à décider de ce à quoi la nouvelle Europe devrait ressembler, maintenant que plusieurs dynasties royales avaient été balayées et que leurs empires avaient été laissés en lambeaux. Les débats avaient été dominés par le "Conseil des quatre": le Premier ministre britannique David Lloyd George (1863-1945), le Premier ministre français Georges Clémenceau (1841-1929), le président américain Woodrow Wilson (1856-1924) et le Premier ministre italien Vittorio Orlando (1860-1952). Il existe une sorte de mythe selon lequel Clémenceau aurait été le principal responsable des éléments les plus durs du traité, mais, en fait, il était parfaitement conscient qu'un règlement trop sévère irait à l'encontre des intérêts de la France et créerait un ressentiment durable. Il remarqua: "il faut tout faire pour être juste envers les Allemands" (McDonough, 54). Bien entendu, l'interprétation française et allemande de ce qui était juste n'était pas tout à fait la même.

De nombreux Allemands considéraient la "clause de culpabilité", comme on l'appelait désormais, et les conditions de la paix en général, comme extrêmement déshonorantes.

L'URSS, alors considérée comme un État révolutionnaire rebelle qui avait illégalement déposé son dirigeant, le tsar Nicolas II, lors de la révolution de 1917, et qui s'était prématurément retiré de la guerre, n'avait pas été invitée à Paris. L'Allemagne ne fut invitée qu'aux dernières étapes de la conférence et seulement pour lire les termes de sa capitulation et signer le traité. Les délégués allemands n'avaient disposé que de trois semaines pour discuter entre eux et suggérer des changements mineurs, puis d'une semaine pour signer le projet final. Avec une armée alliée occupant la Rhénanie et un blocus naval en place, la dure réalité pour l'Allemagne était qu'une reprise de la guerre était la seule alternative à la signature du traité.

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Les principaux points du traité de Versailles sont les suivants :

  • l'Allemagne doit accepter l'entière responsabilité de la Première Guerre mondiale
  • L'Allemagne doit payer des réparations à la France, à la Grande-Bretagne et à la Belgique.
  • La France se voit restituer les régions de l'Alsace et de la Lorraine.
  • La région de la Sarre, riche en charbon, est soustraite au contrôle de l'Allemagne.
  • La Pologne reçoit la région industrielle de Haute-Silésie et un corridor vers la mer Baltique.
  • Dantzig (Gdańsk) est soustraite au contrôle de l'Allemagne.
  • L'Allemagne perd toutes ses colonies
  • La Rhénanie est démilitarisée.
  • L'armée allemande est limitée à 100 000 hommes.
  • L'Allemagne ne peut pas construire de chars, d'avions, de sous-marins ou de cuirassés.
  • Un nouvel organisme international de coopération doit être créé, la Société des Nations.

The Treaty of Versailles, 1919
Le traité de Versailles, 1919
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

La clause de culpabilité

L'article 231 du traité de Versailles stipule que l'Allemagne et son alliée l'Autriche-Hongrie ont non seulement déclenché un conflit mondial de manière délibérée et préméditée, mais qu'elles ont aussi délibérément résisté à tous les efforts déployés par les Alliés pour l'éviter. De nombreux Allemands considéraient cette "clause de culpabilité", comme on l'a appelée, et les conditions de la paix en général, comme extrêmement déshonorantes. En effet, le gouvernement allemand se donna beaucoup de mal pendant l'entre-deux-guerres pour persuader les autres nations qu'il n'était pas coupable, en publiant près de 16 000 documents officiels. Dans une certaine mesure, ces efforts furent couronnés de succès puisque, dans les années 1930, un consensus général se dégagea sur le fait que la Première Guerre mondiale avait été la responsabilité collective de toutes les parties impliquées. Au moment de la signature du traité de Versailles, la clause de culpabilité constituait toutefois une justification majeure de la deuxième étape: les réparations.

Les réparations

La France et la Belgique étaient particulièrement désireuses de récupérer une partie des énormes coûts de la guerre: les dommages causés aux biens, aux infrastructures telles que les routes et les lignes de chemin de fer, à l'agriculture, aux machines, à la navigation, ainsi que les dettes accumulées lors de l'achat d'armes. Parmi les vainqueurs, seuls les États-Unis n'étaient pas endettés après le conflit. La production industrielle en Europe était inférieure de 30 % à celle d'avant la guerre, le commerce mondial stagnait et l'inflation était dangereusement élevée. Une injection massive et régulière de liquidités, payée par l'Allemagne, donnerait un coup de fouet bienvenu aux économies des vainqueurs. L'état d'esprit des citoyens ordinaires, et certainement de la presse populaire, dans les pays vainqueurs était de faire payer lourdement à l'Allemagne le prix du chaos. Un journal britannique titrait ainsi: "Pressez le citron allemand jusqu'à ce que les pépins grincent" (McDonough, 47). La première mesure consistait à saisir tous les actifs financiers et les devises de l'Allemagne détenus à l'étranger. La question qui se posait alors était de savoir jusqu'à quel point il fallait presser le citron dans les années à venir en termes de paiements réguliers de réparations.

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En réalité, l'Allemagne pouvait rester un marché d'exportation important pour les vainqueurs si elle n'était pas écrasée économiquement. (Il est intéressant de noter que parmi la délégation britannique à Paris se trouvait l'économiste John Maynard Keynes, 1883-1946, qui préconisait des réparations clémentes). En outre, les Britanniques avaient subi beaucoup moins de dommages matériels que la France pendant la guerre et s'intéressaient surtout à la réduction de la puissance militaire de l'Allemagne, de sorte que l'imposition de lourdes réparations n'était pas une priorité.

Europe after The Treaty of Versailles
L'Europe après le traité de Versailles
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Le traité de Versailles établit le principe des réparations allemandes, mais pas les détails. Le manque de précision concernant les réparations donna lieu à d'âpres négociations par la suite et à plusieurs défauts de paiement. Ce n'est qu'en 1921 qu'un comité des réparations fixa la somme à 6 600 millions de livres sterling. Les paiements devaient être effectués chaque année pendant les six décennies suivantes, d'abord sous la forme d'un important acompte en or, puis, si l'argent n'était pas disponible, sous la forme de biens utiles tels que le charbon, le bétail, le bois et les navires. L'Allemagne paya souvent moins que ce qu'elle était censée payer. En 1929, les réparations de l'Allemagne furent officiellement réduites à la suite de la négociation de nouveaux prêts américains. En 1932, les réparations furent complètement annulées. Le problème des réparations mit en évidence la faiblesse générale du traité de Versailles: la plupart de ses points dépendaient en fait de la volonté de l'Allemagne d'y adhérer. La tâche pratique consistant à faire respecter les termes du traité s'avéra au-delà des capacités des vainqueurs.

Redécoupage des frontières de l'Allemagne

Le traité retira des régions frontalières de l'Allemagne des tranches très convoitées. La France récupéra l'Alsace et la Lorraine (elle avait perdu ces régions germanophones en 1871 après sa défaite lors de la guerre franco-prussienne), tandis que la Belgique et le Danemark obtinrent également quelques nouvelles terres, respectivement les cantons de l'Est (Eupen-Malmedy) et le Schleswig septentrional. La région de la Sarre, riche en charbon, fut confiée à la Société des Nations pour qu'elle en assure la gestion, un plébiscite étant promis à une date ultérieure non précisée (lorsqu'il finit par avoir lieu en 1935, 90 % des électeurs votèrent pour le retour à l'Allemagne). Dans une autre tentative de séparer les peuples germaniques, l'Allemagne se vit interdire de s'unir à l'Autriche. La Pologne obtint la région industrialisée de Haute-Silésie (pratique pour réduire la probabilité d'un réarmement allemand, pensaient les vainqueurs) et un "corridor polonais" vers la mer Baltique. Ce corridor était à majorité polonaise, mais le résultat malheureux de cette bande de terre vers la mer est qu'elle coupa entièrement la Prusse-Orientale du reste de l'Allemagne. Dantzig, dont la population était à 90 % allemande, devint une ville libre autonome contrôlée par la Société des Nations, mais dont la politique étrangère et les dispositions douanières étaient régies par la Pologne. De tous les remaniements géographiques opérés par les vainqueurs, le corridor et Dantzig furent probablement ceux qui suscitèrent le plus de ressentiment.

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Plus loin, l'Allemagne perdit toutes ses colonies d'avant-guerre, désormais régies par la Société des Nations en tant que "territoires sous mandat", bien qu'en réalité, elles aient été reprises par les différents États vainqueurs. Les colonies africaines de l'Allemagne, comme le Togo, le Tanganyika, le Cameroun et le Sud-Ouest africain allemand, passèrent en pratique sous domination britannique, française, belge ou sud-africaine. Shandong (alors appelé Shantung), le port du nord-est de la Chine, avait été sous domination allemande mais fut donné au Japon, ce qui provoqua un ressentiment durable de la part du gouvernement chinois, qui le voulait aussi. Une poignée d'îles du Pacifique furent distribuées au Japon, à la Nouvelle-Zélande et à l'Australie. Au total, ces territoires perdus représentaient une part non négligeable du territoire allemand d'avant-guerre, soit environ 13 %. Dans ces territoires perdus se trouvait environ 10 % de la population allemande d'avant-guerre.

Africa after The Treaty of Versailles, c.1920
L'Afrique après le traité de Versailles, vers 1920
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Contrôle de l'armement

Afin de créer une zone tampon sûre entre la France et l'Allemagne, la Rhénanie fut démilitarisée, c'est-à-dire que les fortifications et les troupes y étaient interdites. La Grande-Bretagne tint particulièrement à ce que les forces armées allemandes soient aussi réduites que possible, afin de limiter la menace qui pesait sur l'Empire britannique. Le traité de Versailles imposa une limite de 100 000 hommes à l'armée allemande, tandis que la marine ne pouvait compter plus de 36 navires et fut également limitée en personnel. La conscription n'était pas autorisée. L'Allemagne ne pouvait pas posséder de chars, d'artillerie lourde, d'avions, de cuirassés ou de sous-marins. N'ayant droit qu'au strict minimum pour protéger ses frontières, l'armée allemande était désormais comparable à celle de la Grèce, c'est-à-dire qu'elle ne représentait aucune menace pour la Grande-Bretagne, la France ou toute autre grande puissance.

La Société des Nations

L'idée d'un organisme international qui pourrait en quelque sorte garantir que les futurs conflits territoriaux et autres entre les pays ne débouchent pas sur une guerre totale fut promue en particulier par Woodrow Wilson. En 1918, le président américain avait proposé 14 points pour un monde nouveau. Le président avait identifié certaines causes de la guerre qu'il ne voulait plus voir se reproduire: une diplomatie intéressée et secrète, la répression des groupes minoritaires au sein des empires et des grands États, et des régimes autocratiques ignorant les souhaits de leur propre peuple. Une nouvelle organisation internationale était nécessaire pour éradiquer ces trois maladies de la diplomatie mondiale et défendre la démocratie, l'autodétermination et l'ouverture (bien que l'accent mis sur l'autodétermination ne s'appliquerait manifestement pas aux perdants de la Première Guerre mondiale). Cette nouvelle lueur d'espoir devait s'appeler la Société des Nations.

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Malheureusement, les chances que la Société ait un réel pouvoir contre les nations fautives furent sérieusement réduites lorsque, pour des raisons de politique intérieure isolationniste, les États-Unis, le pays le plus puissant du monde, décida de ne pas en devenir membre. La question de savoir qui était membre et qui ne l'était pas devint un élément déterminant de la Ligue. L'Allemagne n'y adhéra qu'en 1926 et la quitta à nouveau en 1933. Comme par hasard, l'URSS décida d'y adhérer l'année suivante. L'Italie et le Japon, qui poursuivaient tous deux une politique étrangère agressive et impérialiste, mirent la SDN au défi d'agir dans l'entre-deux-guerres, mais aucune action ne fut entreprise, du moins d'importance. L'absence de réaction de la Ligue face à l'agression internationale fut dûment notée par Hitler.

League of Nations Cartoon
Caricature de la Société des Nations
Leonard Raven-Hill (Public Domain)

La Ligue réalisa quelques progrès dans la promotion du bien-être et établit l'utilité d'une chambre de discussion pour les questions internationales non militaires de toutes sortes. Elle fut donc, malgré ses difficultés, un précurseur des Nations unies d'aujourd'hui.

Impact et évaluation

Le traité de Versailles laissa un déséquilibre des pouvoirs en Europe. Contrairement à tant de traités conclus après tant d'autres guerres, l'Allemagne, en tant que pays perdant, était restée "géographiquement et économiquement largement intacte et a préservé son unité politique et sa force potentielle en tant que grande nation" (Shirer, 58). Le traité, ainsi que d'autres traités similaires, créa neuf nouveaux pays en Europe de l'Est, ce qui était un gage d'instabilité car tous ces pays contestaient leurs frontières et nombre d'entre eux abritaient d'importantes minorités qui revendiquaient leur appartenance à un autre pays. L'Allemagne, l'Italie et l'URSS, redevenues puissantes, considéraient ces nouveaux États avec une envie impérialiste. L'Italie fut largement ignorée lors de la conférence de Paris, bien qu'elle ait terminé dans le camp des vainqueurs. Les ambitions italiennes de contrôler le port de Fiume furent anéanties à Versailles, ce qui provoqua un ressentiment durable (la délégation italienne quitta la conférence à cause de cette question). Fiume devint un point d'honneur national que le dirigeant fasciste Benito Mussolini (1883-1945) utiliserait pour renforcer son emprise sur le pouvoir en 1922.

En Allemagne, le ressentiment fut immédiat et durable. Les citoyens, et pas seulement ceux de l'extrême droite, protestèrent dans les rues. Le traité était largement qualifié de "paix dictée" dans la presse et les signataires du traité furent immédiatement qualifiés de "criminels de 1919", y compris les représentants allemands. Le nouveau président allemand Friedrich Ebert (1871-1925) qualifia les termes du traité d'"irréalisables et insupportables" (McDonough, 2012, 7). Ce ressentiment fut alimenté par le mythe selon lequel le peuple allemand avait été déçu pendant la Première Guerre mondiale par le haut commandement de son armée qui l'avait "poignardé dans le dos", sans quoi il aurait pu gagner la guerre, pensaient de nombreuses personnes. En outre, le traité ne correspondait pas à l'idée que l'on s'était faite de Woodrow Wilson et de son ouverture à l'autodétermination. Par conséquent, les termes du traité de Versailles furent un véritable choc pour de nombreux Allemands ordinaires.

Adulation of Hitler, Bad Godesberg
Adulation envers Hitler, Bad Godesberg
Bundesarchiv, Bild 183-H12704 (CC BY-SA)

Les maux du nouvel État allemand, la République de Weimar (1918-1933), furent constamment imputés au traité, un boulet autour du cou de l'Allemagne qui entravait toute chance de croissance et de prospérité. Plusieurs chanceliers allemands tentèrent d'atténuer les termes du traité. Adolf Hitler ne cessa d'attiser les sentiments nationalistes en utilisant le traité. Dans son livre Mein Kampf, publié en 1925, Hitler fit de l'abolition du traité de Versailles le point numéro un de sa liste d'objectifs de politique étrangère lorsqu'il réaliserait son rêve de devenir dirigeant de l'Allemagne. Dans ses discours et ses interviews à la presse étrangère, Hitler qualifia le traité d'"instrument de répression sans limites" (McDonough, 65) et de "pénitencier de Versailles" (Range, 195). L'humiliation peu glorieuse du traité de Versailles fut l'une des nombreuses raisons pour lesquelles les nazis gagnèrent en popularité et purent prendre légitimement le pouvoir en Allemagne à partir de 1933. Hitler répudia formellement le traité en mars 1935, bien qu'il ait déjà enfreint les règles de limitation des forces armées et des armements depuis un certain temps. Hitler était alors particulièrement désireux de récupérer les territoires allemands perdus et entama donc un cycle d'accaparement des terres jusqu'à l'invasion de la Pologne qui conduisit à la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939.

Le recul est une chose merveilleuse, mais un délégué britannique qui avait assisté à la conférence de paix de Paris, écrivant en 1939, n'était pas le seul à reconnaître que les termes du traité de Versailles avaient été, en fin de compte, hautement contre-productifs:

L'historien, avec toutes les justifications possibles, arrivera à la conclusion que nous étions des hommes très stupides. Je pense que nous l'étions... les traités imposés n'étaient ni justes ni sages... Nous avions accepté pour les autres un système que, dans la pratique, nous refuserions d'appliquer à nous-mêmes..

(McDonough)

La Grande Dépression de 1929 et les problèmes économiques et sociaux dramatiques qui en découlèrent ne furent guère favorables, car ils mirent à rude épreuve les institutions politiques traditionnelles partout dans le monde. À la lumière de ces événements, les faiblesses du traité de Versailles, qui autrement n'auraient peut-être pas été aussi graves, commencèrent à fracturer l'Europe une fois de plus. Certains historiens ont également souligné que, plus que le traité lui-même, c'est le manque d'unité entre les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et leur refus manifeste d'en appliquer les termes qui provoquèrent les crises internationales des années 1930. D'une manière ou d'une autre, le traité de Versailles contribua certainement de manière significative, mais pas uniquement, au chaos et aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

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Questions & Réponses

Comment le traité de Versailles a-t-il conduit à la Seconde Guerre mondiale?

Le traité de Versailles conduisit à la Seconde Guerre mondiale parce qu'il avait traité durement l'Allemagne après sa défaite lors de la Première Guerre mondiale. Adolf Hitler utilisa à plusieurs reprises la clause de culpabilité du traité et l'obligation de céder des territoires allemands, de limiter les armements et de payer des réparations pour gagner le soutien du parti socialiste nationaliste et comme excuse pour envahir plusieurs pays.

Qui étaient les quatre grands du traité de Versailles?

Les "quatre grands" qui participèrent aux discussions sur le traité de Versailles étaient le Premier ministre britannique David Lloyd George (1863-1945), le Premier ministre français Georges Clémenceau (1841-1929), le président américain Woodrow Wilson (1856-1924) et le Premier ministre italien Vittorio Orlando (1860-1952).

Pourquoi le traité de Versailles a-t-il échoué?

Le traité de Versailles échoua parce que ses conditions étaient trop sévères à l'égard de l'Allemagne, ce qui provoqua un ressentiment populaire durable, les territoires qu'il retira à l'Allemagne étaient souvent à majorité allemande et le paiement des réparations et la limitation des armements dépendaient de la volonté de l'Allemagne de s'y conformer.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2024, septembre 23). Traité de Versailles [Treaty of Versailles]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22828/traite-de-versailles/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Traité de Versailles." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 23, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22828/traite-de-versailles/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Traité de Versailles." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 sept. 2024. Web. 01 oct. 2024.

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