Louis Ier de Bourbon (1530-1569) était un descendant de Louis IX de France (r. de 1226 à 1270) et le fondateur de la maison de Condé. Le prince de Condé prouva sa valeur en tant que chef militaire huguenot pendant les trois premières guerres de religion françaises et mourut à la bataille de Jarnac en 1569.
Contexte historique
La Réforme protestante bouleversa le statu quo religieux du début des années 1500 en Europe lorsque des multitudes adhérèrent aux enseignements de Martin Luther (1483-1546) et de Jean Calvin (1509-1564). Le protestantisme progressa en France parmi la noblesse et les roturiers au cours des premières décennies du XVIe siècle et se heurta à l'opposition de l'Église catholique. Au milieu du XVIe siècle, les protestants qui suivaient les enseignements de Calvin étaient connus sous le nom de huguenots ou de calvinistes. Marguerite de Navarre (1492-1549) protégea les chefs protestants et soutint leurs efforts de réforme de l'Église catholique. Elle était la sœur du roi François Ier (r. de 1515 à 1547), la mère de la reine Jeanne d'Albret (1528-1572), chef des huguenots, et la grand-mère d'Henri de Navarre (1553-1610), qui se convertit au catholicisme en 1593 pour devenir Henri IV, le premier roi des Bourbons. La contestation par les protestants du statu quo de l'Église catholique en France finit par déboucher sur une lutte sanglante entre protestants et catholiques pendant les guerres de religion françaises (1562-1598).
Les maisons royales de France étaient souvent en concurrence et concluaient des alliances au gré des opportunités politiques. Les intrigues politiques, les assassinats et les exécutions n'étaient jamais loin des questions religieuses. La maison de Guise, émanation mineure des ducs de Lorraine, était l'ennemi juré le plus acharné des protestants. Les Bourbons étaient des princes de sang royal, mais éloignés du trône et d'une richesse modeste. Ils étaient également considérés avec suspicion depuis que Charles III de Bourbon avait comploté avec Henri VIII d'Angleterre (r. de 1509 à 1547) et Charles Quint, empereur romain germanique (r. de 1519 à 1556) pour prendre les armes contre le roi François Ier. Les positions au sein de la haute noblesse étaient clairement établies avec la toute-puissance des Guise d'un côté et les Bourbons de l'autre.
Jeunesse
Louis de Bourbon, prince de sang royal, était le plus jeune fils de Charles IV, duc de Vendôme, et de Françoise d'Alençon. Il grandit sous la tutelle de Marguerite de Navarre et fut initié à la foi réformée par sa première épouse, Éléonore de Roye (1535-1564), avec laquelle il eut huit enfants. Après la mort d'Éléonore en 1564, il épousa Françoise d'Orléans-Longueville, avec laquelle il eut trois fils.
Au service d'Henri II de France (r. de 1547 à 1559), Condé se distingua en tant que remarquable commandant militaire. Avec François, duc de Guise (1519-1563), il reprit Calais aux Anglais en 1558, après 200 ans d'occupation. En 1562, Condé devint l'un des plus grands chefs protestants de France.
La conjuration d'Amboise
À la mort du roi Henri II en 1559, Catherine de Médicis (1519-1589) devint régente du jeune roi François II de France (r. de 1559 à 1560). Sous l'influence des Guise, par le biais de son bref mariage avec leur nièce Marie, reine d'Écosse (1542-1587), François II signa en septembre 1559 un décret visant à détruire les maisons où les protestants se réunissaient pour le culte. Les protestants des grandes villes furent arrêtés et leurs biens furent confisqués. Les nobles qui se présentèrent à la cour pour récupérer les terres perdues furent éconduits par le cardinal de Lorraine, frère de François de Guise. En conséquence, les nobles protestants complotèrent pour soustraire le jeune roi à l'influence des Guise.
Après que la conjuration d'Amboise eut été démasquée et que plus de 1500 conspirateurs eurent été exécutés, Condé fut convoqué devant le roi pour se défendre contre les accusations de trahison. Il existait des indices de collusion entre les conspirateurs et les princes de sang royal, mais aucune preuve solide ne permit de les inculper. Condé s'indigna que l'on puisse le soupçonner et proposa un duel à ses accusateurs. Il fut néanmoins contraint de quitter la cour et les Guise restèrent maîtres du terrain. Après l'échec de la conjuration, de nombreux catholiques considérèrent les huguenots comme des ennemis séditieux du royaume qu'il fallait éliminer, tandis que de nombreux protestants considérèrent les conjurés exécutés comme des martyrs et cherchèrent à se venger.
Les guerres de religion
Lorsque les États généraux, composés du clergé, de la noblesse et des roturiers, furent convoqués à Orléans en décembre 1560, les Guise prirent le contrôle de la ville avec des milliers de soldats. Les princes royaux tombèrent dans un piège et furent insultés dans les rues par les soldats. Condé fut arrêté, emprisonné et condamné à mort. Le prince refusa de répondre aux questions du chancelier Michel de L'Hospital et exigea d'être jugé par ses pairs. L'Hospital intervint pour retarder l'exécution de la sentence de mort contre Condé. Le jeune François II étant malade, Catherine hésita à tuer Condé, ce qui la mettrait à la merci des Guise. À la mort de François en décembre 1560, Catherine devint reine régente et Charles IX (r. de 1560 à 1574), âgé de dix ans, devint roi. La vie de Condé fut épargnée et Catherine fut désormais en mesure de manœuvrer entre les Bourbons et les Guise. Elle soutint la Réforme en autorisant l'amiral Gaspard de Coligny (1519-1572) et d'autres nobles à tenir des réunions de prière dans leurs appartements de Fontainebleau.
L'édit de janvier 1562, sous Catherine, autorisa le culte réformé dans des lieux limités. Dans les provinces dominées par les protestants, les catholiques ne comprirent pas l'attitude du pouvoir royal à l'égard d'une autre religion. Désormais objets de persécutions, les catholiques attendaient avec impatience le retour des Guise et répondirent à la violence par la violence, et des protestants furent exécutés pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir de Catherine de Médicis. François de Guise fut l'instigateur du massacre des huguenots lors du culte à Vassy en mars 1562, qui marqua le début de la première guerre de religion. Condé prit le contrôle d'Orléans avec un détachement de cavaliers, et d'autres villes se rallièrent à lui. Les protestants détenaient la vallée de la Loire, le Dauphiné, la vallée du Rhône, les grandes villes de Normandie, la Guyenne et la moitié du Languedoc. Les églises catholiques furent pillées, les prêtres furent attaqués et les cloches des églises furent fondues pour en faire des boulets de canon. Le frère aîné de Condé, Antoine de Bourbon (1518-1562), commandant des troupes du roi, expulsa tous les protestants de Paris. La haine à son égard était telle que les tombeaux de sa famille furent profanés et les dépouilles dispersées.
Les officiers de Condé retournèrent dans leurs provinces et il se sentit abandonné à Orléans. En désespoir de cause, il demanda l'aide de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre (r. de 1558 à 1603). Par le traité d'Hampton en septembre 1562, Élisabeth promit son soutien en argent et en hommes en échange du Havre comme gage et de la restitution de Calais après la victoire. François de Guise et Antoine de Bourbon furent tous deux blessés lors de la prise de Rouen. Antoine succomba à ses blessures et Condé devint le premier prince de sang royal et le principal rival de Catherine. Condé se prépara à marcher sur Paris mais rencontra une résistance au sud de Dreux de la part des troupes royales renforcées par des troupes allemandes et suisses recrutées par Catherine. L'armée huguenote s'engagea dans une bataille sanglante et fut sévèrement battue par le connétable de Montmorency et François de Guise. Condé fut blessé et fait prisonnier, et son armée en déroute s'enfuit. À la place d'Antoine de Bourbon, François fut nommé lieutenant général du royaume, mais il fut assassiné quelques semaines plus tard lors du siège d'Orléans.
L'édit d'Amboise du 19 mars 1563 mit fin aux hostilités. Les protestants obtinrent la liberté de culte dans une ville par district mais ne furent pas autorisés à construire de nouveaux temples, et le culte protestant à Paris fut interdit. Les nobles furent autorisés à pratiquer leur culte chez eux, mais uniquement avec leur famille et leurs sujets. L'amiral Coligny reprocha à Condé son rôle dans un édit qui favorisait les nobles, et Catherine sortit triomphante en confinant finalement la Réforme dans des limites tolérables. Les principaux chefs de la rébellion étaient morts, âgés ou discrédités, mais les armées protestantes contrôlant la moitié du royaume, la lutte étaient loin d'être terminée.
Catherine persuada Condé et Coligny de rompre avec la reine Élisabeth Ire et, avec l'aide de Condé, protestants et catholiques s'unirent derrière Catherine pour reprendre Le Havre aux Anglais en juillet 1563. Condé profita de la vie à la cour jusqu'à ce qu'il ne se retire après avoir été publiquement insulté par le jeune duc d'Anjou, le futur Henri III de France, qui revendiquait le commandement de l'armée. Coligny fut sollicité pour mener un complot visant à enlever le jeune roi Charles IX, et lorsque le complot fut découvert, le roi fut emmené à Paris sous la protection de mercenaires suisses.
Condé et Coligny cherchèrent à négocier avec la cour et présentèrent leurs griefs. Ils demandèrent en vain le renvoi des mercenaires suisses, l'éviction des Guise du pouvoir et l'autorisation du culte protestant. Des escarmouches éclatèrent entre les forces royales et les troupes de Condé. Bien que les troupes italiennes et suisses aient renforcé l'armée royale, Catherine craignait qu'elles ne fassent pas le poids face aux troupes protestantes qui comptaient désormais 30 000 hommes. Elle négocia une trêve avec Condé à Longjumeau en mars 1568 pour mettre fin à la deuxième guerre de religion. Le traité de Longjumeau ne dura que six mois et ne fit que rétablir l'édit d'Amboise. Charles IX accepta de payer les mercenaires suisses à condition qu'ils se retirent immédiatement du royaume pour éviter de nouveaux pillages. Le roi, humilié par son retour forcé à Paris, rêvait de se venger de ses antagonistes huguenots. Une nouvelle guerre se profilait à l'horizon.
Décès
Condé et Coligny, surveillés jour et nuit par les agents de la reine, s'échappèrent de Paris en août 1568 et, en septembre, ils arrivèrent à La Rochelle, bastion protestant de la Réforme française. Ils y trouvèrent Jeanne d'Albret avec son fils adolescent, Henri de Navarre, et des troupes de Gascogne. Ils furent rejoints par des troupes bretonnes et plus de 20 000 recrues du sud de la France. La troisième guerre de religion éclata en septembre 1568 et, en mars 1569, les deux armées s'affrontèrent sur les rives de la Charente à la bataille de Jarnac. Condé, attaqué par les mercenaires et les troupes royales, se cassa la jambe en tombant de cheval. Il se rendit et fut abattu d'une balle dans la tête par un officier du duc d'Anjou qui fit défiler le corps de Condé sur un âne.
Coligny s'échappa à La Rochelle, où Jeanne d'Albret présenta deux nouveaux chefs huguenots, son fils Henri et son neveu Henri, le fils adolescent de Condé. L'armée huguenote avait deux nouveaux princes royaux à sa tête. La rivalité pour le trône entre les Guise et les Bourbons dura des décennies et s'intensifia lorsque la dynastie des Valois prit fin avec l'assassinat d'Henri III de France (r. de 1574 à 1589).