Le maréchal Bernard Montgomery (1887-1976) était l'un des principaux commandants britanniques de la Seconde Guerre mondiale (1939-45). Il battit notamment Erwin Rommel (1891-1944) lors de la deuxième bataille d'El Alamein, en Afrique du Nord, en novembre 1942. Connu pour sa rigueur prudente et son uniforme excentrique, le héros national participa également à l'invasion de l'Italie, au débarquement de Normandie et à la course vers le Rhin.
Jeunesse
Bernard Law Montgomery vit le jour le 17 novembre 1887 à Kennington, Londres. Le père de Bernard, Henry, était un ecclésiastique protestant irlandais et son grand-père avait été doyen de Canterbury. La mère de Bernard, Maud, était la fille de l'écrivain Dean Farrar. Avec huit frères et sœurs, Bernard avait tout le loisir d'échapper à la surveillance de ses parents et de faire des bêtises. Il se souvenait que sa mère lui répétait souvent: «Va voir ce que fait Bernard et dis-lui d'arrêter» (Mémoires, 17). Le père de Bernard ayant été nommé évêque de Tasmanie, la famille s'y installa en 1889; Bernard ne retournerait en Angleterre qu'en 1901. Diplômé de l'académie militaire de Sandhurst en 1908, Bernard rejoignit le Royal Warwickshire Regiment au sein duquel il servit en Inde, notamment pendant plusieurs années sur la frontière volatile du Nord-Ouest. Il servit son pays en Europe pendant la Première Guerre mondiale (1914-18), reçut l'Ordre du service distingué lors de la première bataille d'Ypres, mais souffrit d'une blessure qui l'obligea à rentrer chez lui dans un hôpital en Angleterre. Montgomery atteignit le grade de major de brigade et, pendant le reste du conflit, il servit les chefs d'état-major, loin de la folie des tranchées.
L'entre-deux-guerres
Après la Première Guerre mondiale, Montgomery étudia à Camberley, l'école d'état-major de l'armée britannique, où il travailla comme instructeur à partir de 1926. Montgomery était lui-même un passionné d'histoire militaire. On lui demanda de réécrire le manuel officiel d'entraînement de l'infanterie. En 1927, il épousa, assez tardivement, à l'âge de 39 ans, Betty Carver. Betty était une veuve de guerre. En 1928, le seul enfant du couple, David, vit le jour. Le mariage dura une dizaine d'années et s'acheva tragiquement lorsque Betty mourut d'une infection causée par une piqûre d'insecte. Par la suite, Montgomery se consacra entièrement à la vie militaire et gravit régulièrement les échelons de l'armée. En 1938, alors que la guerre menaçait l'Europe, le major-général Montgomery servit en Palestine où il aida à réprimer un soulèvement arabe. De retour en Angleterre, Montgomery fut nommé commandant de la 3e division à la fin du mois d'août 1939. Quelques jours plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclatait.
Montgomery commandait le 2e corps d'armée, qui faisait partie du corps expéditionnaire britannique (BEF) destiné à renforcer la défense de la Belgique et de la France contre les attaques de l'Allemagne nazie. Bien que le BEF ait été contraint de battre en retraite et de s'échapper avec ce qu'il pouvait lors de l'évacuation de Dunkerque en mai-juin 1940, Montgomery avait au moins gravi un échelon supplémentaire en devenant lieutenant-général. De retour en Angleterre, à la tête de la 3e division, Montgomery rencontra pour la première fois le premier ministre britannique, Winston Churchill (1874-1965), qui ne fut pas particulièrement impressionné par ce commandant excentrique. Montgomery se vanta auprès de Churchill de ne pas boire ni fumer et d'être en pleine forme, ce à quoi Churchill répondit qu'il buvait et fumait, mais qu'il était à 200% de sa forme (Churchill vivrait jusqu'à 90 ans, un exploit que Montgomery n'a pas réussi). Pendant les deux années qui suivirent, le général ne fut pas très actif, car il assuma divers commandements à l'intérieur du pays. La grande chance de Montgomery se présenterait, entre autres, dans le désert d'Afrique du Nord.
Caractère et excentricités
L'historien J. Holland résume comme suit les caractéristiques physiques de Montgomery:
Du haut de son mètre soixante-dix, il n'était pas imposant physiquement, avait des cheveux clairsemés, une tête de fouine et une voix plutôt stridente incapable de prononcer correctement ses "R"... Mais si l'apparence de Monty n'était pas imposante, il avait des yeux perçants, aussi vifs que ceux d'un faucon - des yeux qui fixaient celui à qui il parlait sans jamais sembler cligner des paupières.
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Montgomery était un adepte de la routine, se couchant souvent tôt, à 21 heures, tous les soirs, quelle que soit l'offensive bouleversante sur le point d'être lancée le lendemain matin. Pendant ses courtes soirées, il se détendait en lisant dans sa caravane de commandement, où il gardait un canari de compagnie. Ce militariste parfois piquant n'était pas dépourvu de sens de l'humour; il possédait deux chiens, un épagneul King Charles et un Jack Russel, qu'il avait baptisés Rommel et Hitler.
En tant que général, les critiques d'hier et d'aujourd'hui considèrent Montgomery comme plutôt lourd, trop méticuleux dans sa planification et trop prudent dans ses avancées. Ses manières brusques et son arrogance furent souvent soulignées par ses collègues officiers, en particulier ceux de l'armée américaine. Churchill décrivit un jour Montgomery comme "indomptable dans la retraite, invincible dans l'avance, insupportable dans la victoire" (Boatner III, 373). Montgomery, ou "Monty", comme on l'appelait affectueusement, était incontestablement populaire auprès des simples soldats, principalement parce qu'il communiquait bien avec eux dans un langage familier (l'une de ses expressions favorites était la métaphore du cricket "we'll hit them for six" (on va les frapper pour un six)), et qu'il rayonnait de confiance, tant en lui-même qu'en leur capacité à vaincre l'ennemi. Sous la direction de Montgomery, les troupes ordinaires se sentaient impliquées dans les batailles à venir, comme l'explique le lieutenant-colonel Belchem:
Il [Montgomery] a introduit une philosophie entièrement nouvelle, à savoir qu'avant de s'engager dans une nouvelle opération offensive majeure, tout le monde, y compris les infirmières de l'hôpital, devait connaître dans les grandes lignes les intentions du commandant pour la bataille à venir, afin que chacun puisse sentir qu'il avait un rôle à jouer dans la réalisation de cet objectif.
(Holmes, 274)
Outre les discours et les visites personnelles au plus grand nombre d'entre eux, l'uniforme était une autre méthode que Montgomery utilisait délibérément pour mieux communiquer avec ses hommes. Il était souvent décontracté et portait des pantalons et un pull en laine dépourvu de tout insigne de grade. Par temps plus frais, il portait une ample gabardine. L'étrange accoutrement du général conduisit un officier de l'état-major américain à faire remarquer qu'il ressemblait "à un peintre bohémien mal habillé" (Caddick-Adams, 335).
Montgomery portait le plus souvent un béret noir, comme le personnel du Royal Tank Regiment (RTR), mais il portait parfois un chapeau néo-zélandais lorsqu'il s'adressait aux troupes de ce pays et un chapeau australien (orné des insignes de chaque unité à laquelle il s'adressait) lorsqu'il s'adressait aux Australiens. Le béret restait le vêtement le plus porté, choisi pour que le général soit immédiatement reconnaissable et se distingue des autres commandants. Montgomery portait sur le devant de son béret non pas un mais deux insignes: l'insigne de général et l'insigne de la RTR. La presse raffolait de la garde-robe choisie par Monty, et le général apparut, coiffé de son béret si caractéristique, sur les couvertures de magazines de guerre tels que Life et Time. Les Alliés s'étaient enfin trouvé un héros culte capable de rivaliser avec Rommel.
L'Afrique du Nord et El Alamein
L'Afrique du Nord était importante car son contrôle signifiait également le contrôle des voies maritimes méditerranéennes vitales et du canal de Suez. Churchill souhaitait également combattre l'ennemi, et le seul endroit où il pouvait le faire, puisque l'Empire britannique était seul, était en dehors de l'Europe. La guerre du désert (de juin 1940 à janvier 1943) fut une succession de victoires et de défaites plus ou moins égales entre les forces alliées et celles de l'Axe. Le vent commença à tourner en faveur des Alliés, car la supériorité de leurs approvisionnements leur donna un avantage en hommes et en matériel. Le coup de grâce fut donné à El Alamein, une minuscule halte ferroviaire située dans le désert, à 95 km à l'ouest d'Alexandrie. C'est le moment où Monty entra dans l'histoire.
Les Alliés décidèrent de maintenir une ligne défensive allant d'El Alamein au nord à la dépression de Qattara au sud. La ligne faisait 65 km de long, mais les sables mous et les marais salants de la Qattarra, qui ne pouvaient être traversés par des véhicules lourds, empêchèrent le commandant de l'Axe, Erwin Rommel, de déborder les troupes alliées, comme il l'avait fait si souvent auparavant. Rommel attaqua les positions d'El Alamein le 1er juillet. Cette première bataille d'El Alamein se termina le 27 juillet par une sorte de match nul. Les troupes britanniques et de l'Empire, aidées par la Western Desert Air Force alliée, résistèrent, mais l'armée de Rommel était toujours intacte et constituait une véritable menace. Cependant, Rommel souffrait de graves problèmes d'approvisionnement car le dirigeant nazi Adolf Hitler (1889-1945) se concentrait sur le front de l'Est, et les approvisionnements envoyés en Afrique du Nord étaient souvent coulés lors des attaques aériennes et navales des Alliés.
Montgomery prit le commandement de la huitième armée britannique en Afrique du Nord en août 1942. Le poste avait en fait été confié au général William Gott, mais celui-ci perdit la vie lorsque son avion fut abattu, et c'est ainsi que Montgomery eut enfin sa chance de connaître la gloire. C'était le bon moment pour prendre le commandement, ce que Montgomery lui-même nota dans ses mémoires: "J'avais pris le commandement d'une machine vraiment magnifique"(Mémoires, 107). Des renforts et de nouveaux armements renforcèrent les armées alliées. Des chars américains supérieurs comme le Sherman, de meilleures pièces d'artillerie et un soutien aérien grandement amélioré contriubèrent tous aux plans de Montgomery. Le fait que l'ennemi étirait ses lignes de ravitaillement jusqu'à leur limite constitua une aide supplémentaire.
Montgomery, très attaché à l'exercice physique, à l'entraînement, aux répétitions et à la discipline, remplaça tous les sceptiques et les dissidents parmi ses officiers, ce qui expliquait, selon lui, le faible moral de la 8e armée avant qu'il n'en prenne le commandement. Montgomery donnait ses ordres en personne chaque fois que cela était possible, généralement le matin et le soir. D'un calme implacable, il revitalisa ses troupes et les prépara à sortir de leurs défenses à El Alamein. Montgomery faisait souvent le tour de son armée dans une vieille voiture (Humber) ou un char d'assaut avec son nom inscrit sur le côté et le drapeau de son général flottant sur l'antenne, distribuant des cigarettes à tous ceux qui en voulaient, c'est-à-dire à tout le monde.
La Huitième Armée, réorganisée en divisions multiarmes, remporta la bataille d'Alam el Halfa (30 août au 7 septembre 1942), en grande partie grâce à une excellente coordination entre les forces aériennes et terrestres et aux limites de Rommel en matière de carburant et de munitions. Montgomery était cependant déterminé à remporter une victoire plus large et planifia donc une autre offensive, qui serait connue sous le nom de deuxième bataille d'El Alamein.
Les renseignements alliés révélèrent les plans d'attaque imminente de Rommel sur la ligne d'El Alamein, et Montgomery passa donc à l'action en premier. Les défenses de l'Axe comprenaient de vastes champs de mines connus sous le nom de "jardins du diable", qui allaient sérieusement entraver l'avancée des Alliés et les mouvements de suivi après la bataille. L'armée alliée était composée de troupes britanniques et de l'Empire britannique, ainsi que de troupes françaises et grecques libres. Montgomery commença cette bataille par un barrage d'artillerie massif le 23 octobre. Les divisions d'infanterie progressèrent ensuite, ouvrant des chemins à travers les mines pour permettre aux divisions blindées d'arriver derrière. Des frappes aériennes furent effectuées pour soutenir en permanence les troupes au sol. Les pertes furent lourdes, car Montgomery utilisa sa supériorité numérique pour épuiser l'ennemi, en faisant tourner ses hommes et en envoyant des divisions fraîches. Dès les premiers jours de novembre, Rommel battit en retraite. La bataille fut gagnée, les alliés capturèrent 30 000 prisonniers de l'Axe et le port de Tobrouk revint entre leurs mains.
Montgomery fut critiqué par la suite pour ne pas avoir écrasé complètement l'ennemi à cet endroit, mais la poursuite après la bataille avait été entravée par les champs de mines, le mauvais temps et la détermination de Montgomery à ce qu'il ne s'agisse pas d'une nouvelle poussée temporaire vers l'ouest, mais d'une fermeture définitive et écrasante des armées de l'Axe. Montgomery fut promu général et nommé chevalier, et les Britanniques firent grand cas de leur nouveau héros et de cette victoire capitale.
Pendant ce temps, Rommel se retira en Tunisie pour remobiliser ses troupes, mais ses ambitions en Afrique s'étaient déjà évanouies. Dans le cadre de l'opération Torch de novembre 1942, quelques jours seulement après El Alamein, trois nouvelles armées alliées débarquèrent en Afrique du Nord en novembre 1942 et se dirigèrent vers l'est. Montgomery, quant à lui, poursuivit sa route vers l'ouest et s'empara de Tripoli en janvier 1943. Rommel jouit d'une dernière chance lors de la bataille du col de Kasserine en février 1943. La Huitième Armée de Montgomery (qu'il appelait toujours "la sienne") remporta ensuite la bataille de Médenine (alias Opération Capri, 6 mars 1943). La victoire en Afrique du Nord fut obtenue par la capitulation des armées de l'Axe en mai 1943. Un nouveau front de guerre s'ouvrit alors: L'Italie.
La campagne d'Italie
Montgomery continua de commander la 8e armée pendant l'invasion de la Sicile, qui débuta le 10 juillet 1943, une campagne à laquelle Montgomery contribua également de manière significative en termes de planification. Montgomery s'empara méthodiquement de la partie orientale de l'île, mais il fut devancé par le général américain George Patton (1885-1945), qui commandait la 7e armée américaine, même si, en réalité, Montgomery dut faire face à une résistance ennemie plus forte. L'armée de l'Axe put se retirer de la Sicile pour poursuivre le combat sur d'autres fronts, et de nouveaux retards dans la remontée de l'Italie continentale empêchèrent Montgomery de prêter main forte, comme prévu, lors de l'attaque américaine sur Salerne. En conséquence, "le héros militaire britannique devint de plus en plus détesté par les généraux américains" (Boatner III, 374).
La Normandie
Lors du débarquement de juin 1944 en Normandie, Montgomery était responsable de toutes les forces terrestres, soit 39 divisions. Une fois de plus, il fit d'importantes suggestions au cours de la phase de planification, faisant preuve de "ses meilleures qualités". Son énergie et son sens de l'organisation, sa capacité à saisir l'essentiel d'un problème et son insistance sur la simplicité ont tous contribué à son succès" (Dear, 592). Le général Omar Bradley (1893-1981) considérait la contribution de Montgomery à la phase de planification comme "inestimable... rien n'a été laissé au hasard ou à l'improvisation dans le commandement" (Caddick-Adams, 328). Montgomery répéta également les tournées qui avaient stimulé ses hommes en Afrique: "J'étais déterminé à m'adresser à tous les officiers jusqu'au niveau du lieutenant-colonel... J'ai visité chaque corps d'armée et chaque division, et j'ai parlé à des audiences de 500 à 600 officiers à la fois... Cela a pris huit jours en tout et a été une tournée épuisante"(Mémoires, 239).
Le 1er septembre 1944, après le succès du jour J, Montgomery fut promu maréchal de camp. Ce qu'il fallait faire après les premiers débarquements devint problématique. Montgomery se fourvoya en essayant de prendre Caen avant toute chose et se trouva ensuite en désaccord avec le commandant suprême des forces alliées, Dwight D. Eisenhower (1890-1969), sur la manière de poursuivre la campagne. Eisenhower souhaitait le maintien d'un large front, tandis que Montgomery était favorable à une poussée étroite vers les Pays-Bas. C'est le point de vue d'Eisenhower qui l'emporta.
L'opération Market-Garden
Montgomery rêvait d'une fin rapide de la guerre et obtint l'approbation d'un largage massif de troupes parachutées derrière les lignes allemandes. C'était l'opération Market-Garden. L'objectif était de déborder l'ennemi, de prendre les ponts sur le Rhin autour d'Arnhem et de couper la retraite allemande. L'opération, menée entre le 17 et le 25 septembre 1944, fut un échec et se solda par de lourdes pertes. Montgomery reconnut que l'opération aurait pu être mieux planifiée, mais il insista sur le fait que le mauvais temps, la présence inattendue de deux divisions de panzers, la capture précoce par l'ennemi des plans de l'opération et le manque de soutien de ses supérieurs étaient les principales raisons de l'échec. Cette escapade porta certainement un sacré coup à sa réputation.
Le général redora son blason en jouant un rôle dans la riposte allemande lors de la bataille des Ardennes en décembre, mais il exagéra à nouveau dans l'autosatisfaction en laissant entendre à ses collègues américains, lors d'une conférence de presse, que lui seul leur avait sauvé la mise. Montgomery fut finalement contraint d'écrire des excuses à Eisenhower pour rétablir les relations entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Après avoir rencontré Montgomery pour la première fois en Afrique en 1943, Eisenhower avait noté qu'il était "incontestablement capable, mais très vaniteux" (Holland, 651). Montgomery termina au moins la guerre en beauté, en libérant les Pays-Bas et le Danemark, en supervisant la capitulation allemande dans le nord-ouest et, à partir de mai 1945, en commandant l'armée britannique d'occupation.
Carrière après la guerre
En janvier 1946, Montgomery fut nommé pair à vie, avec le titre de vicomte Montgomery of Alamein. Plus tard dans l'année, il fut fait chevalier de l'Ordre de la Jarretière, ce qui venait s'ajouter à un palmarès déjà bien rempli. Montgomery fut chef de l'état-major général impérial de 1946 à 1948, puis occupa divers postes militaires de haut niveau alors que la guerre froide remodelait les forces armées de l'Occident, prêtes à faire face à une nouvelle menace. Montgomery prit sa retraite en septembre 1958 et s'installa à Isington Mill, à Alton, dans le Hampshire. Il partagea sa maison avec son fils et, devint en quelque sorte reclus, se consacra à la rédaction d'un livre de mémoires loin d'être impartial, qui contient de nombreux documents intéressants tels que la correspondance reproduite entre les principaux acteurs de la Seconde Guerre mondiale. Bien qu'il soit devenu un best-seller, le point de vue unilatéral du livre ne ferait que lui faire perdre d'autres amis.
Plus tard, Montgomery fut hanté, comme il l'avait été à l'époque, par les morts de la guerre dont il avait été responsable. Comme il l'écrit dans les derniers jours de sa maladie, "je dois aller rencontrer Dieu - et lui expliquer tous les hommes que j'ai tués à Alamein" (Caddick-Adams, 468). Le maréchal, malgré toute son arrogance en public, restait en privé très soucieux de ceux qui avaient servi sous ses ordres pendant la guerre. La mère d'un soldat, s'exprimant 15 ans après la fin de la guerre, confia que Montgomery était "un homme merveilleux. Mon fils était l'un de ses soldats. Lorsqu'il a été tué, j'ai écrit au général à son sujet et il m'a répondu. Aujourd'hui, il m'envoie une lettre à chaque Noël. Mon fils aurait été très fier de savoir cela" (Caddick-Adams, 464).
Bernard Montgomery décéda le 25 mars 1976. Le maréchal, qui était toujours un héros national britannique, comme en témoignèrent les dizaines de milliers de personnes présentes pour témoigner leur respect, reçut des funérailles nationales dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor. Sa tombe se trouve dans le petit cimetière de campagne de Binstead, non loin de sa dernière demeure.