Le Junkers Ju 87 "Stuka" était un bombardier en piqué biplace utilisé par l'armée de l'air allemande (Luftwaffe) sur différents théâtres de la Seconde Guerre mondiale (1939-45). Le Stuka, avec ses ailes inclinées caractéristiques, excellait lorsqu'il était combiné à des divisions blindées dans le cadre des tactiques allemandes de guerre éclair (blitzkrieg) dans les premières années de la guerre, mais sa vitesse et sa manœuvrabilité inférieures à celles des chasseurs monoplaces signifiaient qu'il était finalement limité à la frappe de cibles statiques où la Luftwaffe jouissait d'une supériorité aérienne.
Conception et développement
En 1934, la société aéronautique allemande Junkers fut chargée par le régime nazi de concevoir un prototype de bombardier en piqué. L'idée était qu'un bombardier en piqué serait capable de larguer des bombes à une altitude plus basse et avec plus de précision que les bombardiers traditionnels à haute altitude, qui larguent leurs charges verticalement. Trois prototypes furent produits et des ajustements furent apportés à la conception afin de s'assurer que les ailes de l'avion puissent résister à la force de la plongée depuis l'altitude. La meilleure version de Junkers, équipée d'un moteur Junkers Jump 210A, s'imposa face à la concurrence des constructeurs Arado, Hamburger et Heinkel. Junkers et Heinkel furent tous deux chargés de produire 10 avions chacun. Plusieurs Ju 87, comme ils étaient désormais classifiés, furent testés dans des conditions de combat réelles pendant la guerre civile espagnole (1936-9), où ils étaient pilotés par la Légion Condor allemande.
Le Junkers Ju 87 avait deux sièges, l'un pour le pilote et l'autre, juste derrière, pour le mitrailleur arrière/opérateur radio. L'avion était surnommé "Stuka", abréviation de Stürzkampfflugzeug, ce qui signifie "bombardier en piqué" en allemand, bien que les Allemands eux-mêmes aient surnommé l'avion "Berta". Le mécanisme de chargement des bombes du Stuka "fait basculer l'arme hors du fuselage et de l'arc de l'hélice avant qu'elle ne soit libérée" (Saunders, 30). Cette caractéristique, combinée à la capacité de l'avion à plonger à un angle de 80 degrés (grâce à un système spécial de freinage en piqué), lui permettait de frapper une cible avec un degré de précision bien plus élevé que les autres types de bombardiers. Atteindre une cible mobile ou de petite taille restait un défi et, étant donné qu'il n'y avait qu'une seconde et demie pour larguer la charge de bombes en fin de plongée, seuls les pilotes de Stuka les plus habiles pouvaient régulièrement atteindre l'objectif de leur entraînement intensif: un cercle d'un rayon de 10 mètres. Néanmoins, le bombardement en piqué "s'avéra quatre fois plus précis que le bombardement horizontal normal à partir de l'altitude" (Dear, 115).
En 1938, la principale usine de production de Stuka était l'usine de la Weser à Berlin-Tempelhof. D'autres améliorations furent apportées au fuselage et aux trains d'atterrissage fixes distinctifs avec leurs couvertures "pantalons". Le Stuka se distinguait également des autres appareils de l'époque par ses ailes de mouette inclinées. Au cours de la production de plusieurs nouveaux modèles, un moteur beaucoup plus puissant fut installé, le plus puissant étant capable d'atteindre la vitesse impressionnante de 410 km/h (255 mph), bien que cela ait été nettement inférieur aux meilleurs chasseurs monoplaces alliés ou de l'Axe de l'époque, qui pouvaient voler à plus de 480 km/h (300 mph). Alors que le régime nazi se préparait à une guerre de conquête en Europe, Junkers dut augmenter la production de Stuka à 60 modèles par mois. Au début de la Seconde Guerre mondiale, qui commença par l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en septembre 1939, la Luftwaffe disposait de 336 Stukas, chiffre qui passa rapidement à 557. Ces avions étaient répartis en neuf Luftwaffe Stukagruppen. L'avion était également utilisé par l'armée de l'air italienne et par les forces aériennes d'autres alliés de l'Axe tels que la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie et la Roumanie.
Caractéristiques et armement
Les Stukas avaient une envergure d'un peu plus de 13,8 mètres (45 pieds) et une longueur d'environ 11,3 mètres (37 pieds). Le moteur à piston Jumo 211J-1 à 12 cylindres en V inversé conférait au Stuka une puissance maximale de 1 400 ch (1044 kW) et une vitesse maximale de 410 km/h (255 mph) à 3 840 mètres (12 600 ft). Le plafond maximal de l'avion était de 7 290 mètres (23 915 pieds) et son rayon d'action maximal de 1 535 kilomètres (954 mi), bien que 800 kilomètres (500 mi) aient été plus courants. Un modèle spécialisé dans la lutte contre les navires, équipé de réservoirs supplémentaires, pouvait voler encore plus loin. Les réservoirs supplémentaires étaient placés dans les ailes extérieures et dans un réservoir sous le fuselage, ce qui donnait, au total, 600 litres de carburant supplémentaires par rapport à un Stuka standard. Le Junkers Ju 87 fut produit tout au long de la guerre, les Stukas ultérieurs étant dotés d'un meilleur blindage.
Les Stukas étaient armés de deux mitrailleuses MG 17 de 7,92 mm (0,31 in), une dans chaque aile, et, pour le mitrailleur du cockpit faisant face à l'arrière, de deux mitrailleuses MG 81Z de même calibre montées sur flexible. Certains modèles plus récents étaient armés d'un seul canon antichar ou d'un canon de 37 mm dans chaque aile. L'avion pouvait transporter une charge maximale de 1 800 kg de bombes, sous la forme d'une seule bombe ou de plusieurs combinaisons de bombes plus légères. Une combinaison standard consistait à transporter une ou deux bombes perforantes de 50 kg sous chaque aile et une seule bombe de 250 kg sous le fuselage. Les Stukas pouvaient être équipés de skis si nécessaire et de filtres à moteur pour la guerre dans le désert.
Opérations
Les Stukas jouèrent un rôle important dans les tactiques de guerre éclair employées par l'Allemagne contre la Pologne, la Norvège, les Pays-Bas et la France au cours de la première année de la Seconde Guerre mondiale. Les Stukas larguaient des bombes avec précision, agissant comme une sorte d'artillerie lourde. Utilisés en tandem avec des chars d'assaut rapides dont ils facilitaient l'avancée, les bombardiers en piqué semaient le chaos dans les défenses ennemies, mais surtout dans l'artillerie, les canons antiaériens, les lignes de communication et les réseaux de transport sur les lignes de front et derrière celles-ci. L'avion émettait un sifflement strident caractéristique lorsqu'il plongeait, grâce à un ajout délibéré à sa conception qui faisait passer l'air par de petites ouvertures, ce qui ajoutait au facteur de terreur d'être attaqué par des bombes depuis une faible hauteur. Charles de Gaulle, colonel commandant la 4e division blindée française en 1940, notait: "Tout l'après-midi, les Stukas, descendant du ciel en piqué et revenant sans cesse, attaquaient nos chars et nos camions. Nous n'avions rien pour répliquer" (Gilbert, 124).
La tactique offensive typique consistait en une ligne unique de Stukas attaquant de front une cible plus petite ou en un trio attaquant des cibles plus importantes en formation horizontale. Le pilote du Stuka devait soigneusement tenir compte de la direction du vent, mais une fois en piqué à grande vitesse, qui atteignait souvent 450 km/h, l'avion s'avérait presque invulnérable aux attaques d'un chasseur qui le poursuivait, comme l'a noté le capitaine d'aviation Frank Carey: "En piqué, ils étaient très difficiles à toucher parce que, dans un chasseur, la vitesse augmentait si rapidement que l'on passait à côté à fond. Mais il ne pouvait pas plonger indéfiniment! (Saunders, 49).
Les Stukas volaient vers leurs cibles en grandes formations, parfois de 100 avions. En se dirigeant vers la zone cible, ils adoptaient une formation en échelons pour maximiser les capacités défensives des artilleurs de l'arrière. L'escorte de chasseurs, lorsqu'elle était fournie, était généralement divisée en deux: un groupe défendant l'espace au-dessus des Stukas devant attaquer l'ennemi et le second groupe positionné beaucoup plus bas dans le ciel, à l'endroit où les Stukas allaient sortir de leur piqué.
Les Stukas jouèrent un rôle dans la bataille d'Angleterre (juillet-octobre 1940) et furent souvent utilisés pour attaquer des installations statiques telles que des tours de radar et des aérodromes, ainsi que des navires marchands dans la Manche. Cependant, la vulnérabilité de l'avion face à des chasseurs plus rapides et beaucoup plus maniables comme le Hawker Hurricane et le Supermarine Spitfire fit que le Stuka finit par être retiré de la bataille ou n'était utilisé que lorsqu'il pouvait être escorté par des chasseurs comme le Messerschmitt Bf 109. Comme l'ordonna Hermann Göring, chef de la Luftwaffe: "Tant que la force de chasse ennemie n'a pas été brisée, les unités de Stuka ne doivent être utilisées que lorsque les circonstances sont particulièrement favorables" (Dildy, 66). La Royal Air Force ne fut jamais brisée. Au cours de la bataille d'Angleterre, 67 Stukas furent perdus, soit 21,5 % de la force initiale de Stuka (Dildy, 63). Le poids du Stuka et son train d'atterrissage fixe s'avérèrent être des obstacles insurmontables, et l'avion fut remplacé par le bombardier moyen Junkers Ju 88 en tant que bombardier en piqué de choix pour la Luftwaffe.
Les Stukas furent déployés par la Luftwaffe pour aider les divisions blindées du général Erwin Rommel (1891-1944) lors de la guerre du désert en Afrique du Nord. Sur ce théâtre, la supériorité aérienne des deux camps restait fragmentaire, et les faiblesses du Stuka par rapport aux avions de chasse étaient donc moins importantes. Les Stukas attaquaient les routes et les dépôts de ravitaillement, ainsi que les défenses fixes, comme lors de la bataille de Bir Hakeim en mai-juin 1942. Une force française libre défendait cet avant-poste des défenses alliées de la ligne Gazala, qui protégeait l'accès au port vital de Tobrouk. Susan Travers, la seule femme de la Légion étrangère française à défendre Bir Hakeim, décrivit les multiples attaques de Stuka comme "une invasion de sauterelles argentées planant au-dessus de nous" (Holland, 105). Les Stukas aidèrent Rommel à prendre Bir Hakeim et à remporter la bataille plus étendue de Gazala, une victoire qui finit par conduire à la prise de Tobrouk par les puissances de l'Axe.
Les Stukas furent déployés en Méditerranée et sur le front russe pendant la guerre. En méditerranée, les Stukas pouvaient être utilisés pour larguer une seule torpille, tandis que sur le front de l'Est, un modèle de Stuka spécialement adapté fut même utilisé pour abattre des planeurs. En 1943, l'évolution des chasseurs soviétiques rendit les Stukas aussi vulnérables qu'ils l'avaient été sur le front occidental.
Au total, environ 5 700 Stukas furent construits au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le Stuka ne retrouva jamais la réputation redoutable qu'il avait acquise au cours de la première année de la guerre, mais il se révéla néanmoins un moyen précis de larguer des bombes, ce qui, à maintes reprises, fit plus que contrebalancer ses défauts évidents de vitesse et de manœuvrabilité médiocres.
