Léon l'Africain

Définition

Sikeena Karmali Ahmed
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 18 septembre 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais
X
Portrait of a Humanist: Leo Africanus (by Sebastiano del Piombo, Public Domain)
Portrait d'un Humaniste: Léon l'Africain
Sebastiano del Piombo (Public Domain)

Léon l'Africain (al-Hassan ibn Muhammad ibn Ahmad al-Wazzan al-Fasi al-Granati, 1485-1554) était un diplomate, un marchand, un voyageur et un érudit qui se rendit de Tombouctou au fleuve Niger et écrivit Description de l'Afrique (La Descrittione dell'Africa, 1526). Capturé par des pirates méditerranéens, il les impressionna tellement par son érudition et ses compétences linguistiques qu'ils l'offrirent comme esclave au pape Léon X (1498 -1526).

Léon l'Africain vit le jour dans une famille de clercs et de comptables à la cour de la dynastie nasride (1238-1492) de Grenade, durant les derniers jours de leur règne sur l'émirat de Grenade. Hassan fut baptisé Joannes Leo Africanus, connu en italien sous le nom de Giovanni Leone Africano. Il suivit une formation d'érudit islamique et devint diplomate, voyageant à travers l'Afrique de l'Ouest, du Caire et d'Assouan jusqu'au Hejaz et à la Syrie. C'est au cours de son voyage de retour d'Égypte qu'il fut enlevé par des pirates chrétiens méditerranéens et devint l'esclave du pape du Vatican, Léon X (né Giovanni de' Medici). Le pape Léon X offrit à Hassan sa liberté à condition qu'il se convertisse au christianisme.

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L'érudition de Léon l'Africain et ses traductions de l'arabe inspirèrent les premières idées modernes sur l'Afrique et le monde islamique. Son ouvrage Descrittione dell'Africa devint un modèle pour les explorateurs européens qui cherchaient à monopoliser le commerce et les ressources du sous-continent africain. Certains historiens pensent que l'Othello de William Shakespeare (1564-1616) aurait été inspiré de Léon l'Africain. La Descrittione dell'Africa fut largement lue en Europe. Ce livre devint une ressource importante et un guide sur l'Afrique, jusqu'à la colonisation européenne au cours du 19e siècle.

Le jeune Léon l'Africain travailla à l'hôpital de Fès en tant que notaire, ce qui lui permit de payer ses frais d'université.

Hassan al-Wazzan

Le père de Hassan al-Wazzan, Ahmad al-Wazzan, était un ecclésiastique à la cour d'Abu Abdallah Muhammad XII (c. 1460-1533), connu en Europe sous le nom de Boabdil. Les aïeux de Hassan travaillaient comme assistants du muhtasib de la cour de Grenade, un magistrat qui supervisait le commerce et les comptes des marchands, tout en veillant à la moralité et à la bienséance dans la sphère publique. Hassan grandit aux côtés de son père et de son grand-père sous l'influence de la cour nasride. Enfant, il parlait l'arabe à la maison et l'espagnol dans la rue.

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Leo Africanus as Shakespeare's Othello
Léon l'Africain en tant qu'Othello de Shakespeare
Théodore Chassériau (Public Domain)

En 1492, après une guerre de dix ans, Boabdil céda Grenade aux monarques catholiques espagnols Isabelle Ire de Castille (1451-1504) et Ferdinand II, roi d'Aragon (1452-1516), marquant ainsi la fin de 700 ans de domination musulmane. La famille de Hassan quitta peut-être Grenade avant 1492, ou y resta peut-être jusqu'à la Reconquista. Hassan était un jeune enfant lorsque sa famille, comme de nombreux migrants andalous, fuit les persécutions des nouveaux monarques chrétiens, traversant la Méditerranée pour s'installer à Fès. Par chance, la famille de Hassan avait de bonnes relations grâce à son oncle, déjà installé à Fès, qui était diplomate auprès des souverains wattasides, au service du sultan Muhammad al-Shaykh (1490-1557). En conséquence, ils obtinrent une maison dans un quartier important de Fès. Son père acheta des terres au nord des montagnes du Rif et loua un château au-dessus de Fès. D'autres familles d'émigrants originaires de Grenade connurent cependant de grandes difficultés à Fès et s'en plaignirent publiquement.

Premières années à Fès

L'éducation de Hassan commença dans une école de quartier où les garçons apprenaient à lire et à écrire l'arabe et à mémoriser le Coran. Après avoir récité le Coran de mémoire, il entra à la madrasa de Fès. Il étudia également à la madrasa Bu `Inaniya et à la célèbre université d'al-Qarawiyyin, l'une des plus anciennes universités du monde, fondée par une femme savante islamique nommée Fatima al-Fihri (née vers 800) entre 857 et 859. Ses cours portaient sur la grammaire et la rhétorique arabes, en particulier la poésie, la doctrine religieuse et la jurisprudence islamique (fiqh). Alors qu'il était étudiant, Hassan travaillait également à l'hôpital de Fès en tant que notaire pendant quelques années, ce qui lui permit de payer ses frais universitaires.

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Dans sa jeunesse, Hassan se rendait dans les montagnes du Rif et dans les propriétés familiales situées à l'extérieur de Fès. Il accompagnait également son père lors de processions dans les montagnes du Moyen Atlas. À l'âge de 12 ans, il se rendit à Safi, le long de la côte atlantique. Dans ses écrits, Al-Wazzan relate également des voyages effectués durant sa jeunesse bien plus loin, jusqu'en Arménie, en Babylonie, en Asie centrale et en Perse.

Qarawiyyin University
Université Al Quaraouiyine
Abdel Hassouni (CC BY-SA)

Après avoir terminé ses études, il accompagna son oncle dans un voyage diplomatique à Gao et à Tombouctou en Afrique de l'Ouest, probablement pour nouer des liens avec les riches et puissants souverains de l'empire Songhaï (c. 1460 - c. 1591). Après le succès de cette mission avec son oncle, Hassan entreprit ses propres missions diplomatiques, représentant le sultan de Fès ainsi que d'autres monarques locaux. Il parcourut l'Afrique subsaharienne, l'Égypte et l'Afrique du Nord, le Portugal et la Turquie ottomane, perfectionnant ses compétences en matière de stratégie militaire, de diplomatie politique et de négociations fiscales, tout en devenant un véritable érudit. Au cours de l'été 1518, Hassan s'embarqua au Caire pour retourner à Fès, mais des pirates veillèrent à ce qu'il échoue à Rome.

Joannes Leo de Medici (Léon l'Africain)

En 1518, des pirates chrétiens offrirent au pape Léon X un diplomate et érudit maure comme esclave. Hassan al-Wazzan fut offert à l'Église catholique pour commémorer les attaques lucratives contre les navires musulmans traversant la Méditerranée, à une époque où les Turcs ottomans menaçaient l'Europe.

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Combinant des genres clés de la littérature islamique, Description de l'Afrique est à la fois un récit de voyage, une géographie et des mémoires.

Les érudits musulmans voyageaient beaucoup, emportant avec eux livres, papiers et stylos afin de pouvoir étudier et écrire au cours de leurs voyages, qu'ils soient à cheval, dans une caravane ou sur un bateau. Le genre littéraire musulman de la rihla était un précurseur médiéval du récit de voyage moderne. Ainsi, "tard dans la nuit, sur un bateau remontant le Nil vers Qina, al-Wazzan était dans sa cabine, "étudiant à la lumière de la bougie" longtemps après que tout le monde se soit endormi" lorsqu'il fut capturé par les pirates. (Zemon-Davies, p.54)

En octobre 1518, Rome bruissait de rumeurs concernant le diplomate musulman capturé par les pirates italiens et l'arrivée de Hassan à Rome était très attendue. Il fut emprisonné dans l'ancienne forteresse vaticane du Château Saint-Ange. Outre ses cachots, le château disposait également de quartiers luxueux, de bibliothèques et de collections où le pape et ses conseillers passaient les chauds mois d'été. En 1519, alors qu'il était encore prisonnier, Hassan signa son nom sur un manuscrit de la bibliothèque du Vatican qu'il avait été autorisé à emprunter. Au lieu d'être confiné dans les cachots du Sammaraco où étaient détenus les ennemis du pape, il avait donc clairement obtenu la liberté et le privilège de se déplacer dans le château et d'utiliser la bibliothèque.

Castel Sant'Angelo, Rome
Château Saint-Ange, Rome
0x010C (CC BY-SA)

Hassan pratiqua peut-être son latin et son italien en parcourant la bibliothèque du Vatican et les conseillers du pape examinèrent les livres et les documents qu'il transportait. Lors de son audience avec le pape Léon X, peut-être impressionné par les capacités intellectuelles de Hassan, ses manières de cour et sa connaissance approfondie de l'islam et du monde musulman - ou peut-être simplement pour sauver ce qui aurait été pour lui une âme païenne, le pape Léon X offrit à Hassan la liberté et une carrière d'érudit en Italie s'il se convertissait d'abord au christianisme.

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Hassan al-Wazzan était un politicien et un diplomate astucieux. L'hostilité du pape Léon à l'égard du monde islamique lui était probablement bien connue. Il comprenait la menace aiguë que représentait l'Empire ottoman. Il comprit donc rapidement, comme beaucoup d'autres avant et après lui, que la conversion était le meilleur moyen d'action. Le pape Léon X chargea deux de ses évêques de confiance de catéchiser Hassan et de l'éduquer à la liturgie catholique: Paride Grassi, évêque de Pesaro et maître de cérémonie du Vatican, et l'ancien précepteur du pape, Giovanni Battista Bonciani, évêque de Caserte. Hassan étudia également en arabe des manuscrits chrétiens de la bibliothèque du Vatican. Il impressionna ses éducateurs européens en tant qu'érudit accompli et polymathe. L'évêque Grassi écrirait dans son journal que Hassan était:

Vraiment érudit, ... car dans sa langue, on dit qu'il est le plus expert en philosophie et en médecine, ce sur quoi de nombreux philosophes et médecins sont venus se disputer avec lui. Et à la louange de tous, il a corrigé des manuscrits en langue arabe qui, en de nombreux endroits, étaient faussement, sottement et mal interprétés.

(Grassi, Diarium, vol 2, 309v)

Au cours de la fête de l'Épiphanie, le 6 janvier 1520, Hassan fut baptisé Joannes Leo de Medici, c'est-à-dire le fils adoptif du pape Léon X. Cependant, les historiens se souviendraient de lui sous le nom de Léon l'Africain.

Trois personnalités des bureaux du Vatican devinrent les parrains de Léon l'Africain, supervisant son développement spirituel et intellectuel. Le pape Léon X mit également en place pour lui une fonction mutuellement bénéfique, lui permettant de percevoir un revenu en échange de son expertise de la langue arabe, de la doctrine islamique et de la jurisprudence, ainsi que de sa connaissance des machinations politiques des puissantes entités islamiques opérant dans la région méditerranéenne. Il vivait dans le Campo Marzio à Rome, à l'église Saint-Augustin, où l'un de ses parrains, le cardinal Egidio (Giles) da Viterbo, était à la tête du couvent. Bien qu'Egidio ait été critique à l'égard de la foi islamique, comme ses compagnons de la Renaissance, il était désireux de connaître la pensée intellectuelle des Arabes.

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Œuvres principales

Les œuvres de Léon l'Africain qui ont survécu en latin sont les suivantes:

  • 1. De Arte Metrica Liber
  • 2. Les épîtres de saint Paul en arabe
  • 3. Al-Quran en arabe et en latin, traduit et annoté par Joannes Gabriel de Turuel, corrigé et annoté par al-Hassan al-Wazzan
  • 4. Dictionnaire arabe-hébreu-latin
  • 5. De Viris quibusdam Illustribus apud Arabes
  • 6. De Viris quibusdam Illustribus apud Hebraeos
  • 7. Libro de la Cosmographics [sic] et Geographica de Africa (publié sous le titre Descrittione dell'Africa par Giovanni Battista Ramusio)

La Descrittione dell'Africa cite plusieurs autres ouvrages de Léon l'Africain qui n'ont pas survécu:

  • 8. La brevita de le croniche mucamettani
  • 9. Operino in la fede et lege di Mucametto secundo la Religion di Malichi
  • 10. Le Vite di li Philosophi arabi

Western Sahara, Catalan Atlas
Sahara occidental, Atlas catalan
Gallica Digital Library (Public Domain)

1. De Arte Metrica Liber

Le secrétaire pontifical Angelo Colloci présidait à Rome une confrérie de la Renaissance qui prônait l'humanisme et, par conséquent, un vif intérêt pour l'érudition arabe. Léon l'Africain, issu d'une famille de peseurs, nourrit l'appétit de Colloci pour la connaissance des nombres arabes - à la fois pour le calcul des poids et des distances et comme symboles dans la numérologie et les sciences occultes. Léon l'Africain rassembla ces connaissances dans l'un de ses premiers textes latins, sur les arts de la métrique arabe. Le manuscrit qui nous est parvenu fut copié en 1527 par un scribe italien.

2. Les épîtres de saint Paul en arabe

Après la mort du pape Léon X en décembre 1521, Léon l'Africain travailla avec d'autres personnalités importantes de l'Italie de la Renaissance. L'un d'eux était Alberto Pio, prince de Carpi et diplomate représentant divers monarques européens auprès du pape. Pio s'intéressait à Aristote et aux connaissances des Grecs anciens, dont une grande partie était parvenue en Europe par le biais de traductions et de commentaires arabes. Il collectionnait des manuscrits et des objets en arabe, en hébreu et en syriaque. Vers 1521, il commanda à Léon l'Africain une transcription des épîtres arabes de l'apôtre Paul. Léon traduisit également et résuma d'importants ouvrages d'érudition arabe provenant de la collection du prince.

3. Le Coran en arabe et en latin

En 1525, Léon l'Africain vivait dans la résidence du cardinal Egidio (Gilles Antonini, O.E.S.A) à Viterbe en tant que son tuteur arabe. En 1518, Egidio avait commandé une traduction latine et une transcription arabe du Coran à Joannes Gabriel de Teruel. Joannes Gabriel était un érudit musulman aragonais de Teruel qui avait probablement été contraint de se convertir au christianisme en 1502, après la Reconquista espagnole. Léon, qui excellait en arabe lorsqu'il étudiait à Fès, clarifia les points obscurs et les erreurs de traduction dans le texte de Joannes Gabriel. Ses corrections et annotations furent consignées dans un manuscrit révisé en 1525.

4. Dictionnaire arabe-hébreu-latin

Léon l'Africain voyagea en dehors des environs de Rome avec le cardinal Egidio, d'abord à Viterbo dans la campagne juste à l'extérieur de la ville, puis à Bologne où se réunissaient des néo-platoniciens et des adeptes de la Kabbale. En 1523, il rencontra à Bologne le médecin et traducteur juif Jacob Mantino. Mantino l'invita à collaborer à la rédaction d'un dictionnaire arabe-hébreu-latin. Léon l'Africain s'enthousiasma pour ce projet, y voyant peut-être un lien avec la tradition séculaire de la lexicographie arabe. Il contribua à la rédaction de 5 500 entrées, tandis que Mantino produisit 170 entrées hébraïques et 230 entrées latines. Plus tard, 238 entrées latines furent ajoutées. Léon l'Africain signa le dictionnaire de son nom arabe et de son nom latin. Le dictionnaire fut publié pour la première fois en 1664 par Johann Heinrich Hottinger.

5. De Viris quibusdam Illustribus apud Arabes
6. De Viris quibusdam Illustribus apud Hebraeos

Ces deux livres, "De Viris quibusdam Illustribus apud Arabes" avec une section supplémentaire intitulée "De Viris quibusdam Illustribus apud Hebraeos" sont des copies faites par un scribe italien en 1527 du manuscrit de Léon l'Africain écrit quelque temps auparavant, peut-être vers 1523-1525. Elles s'inspirent grosso modo de la tradition littéraire arabe des tabaqat, un recueil de biographies organisées thématiquement et chronologiquement par rang et par classe, avec des détails sur la généalogie, la naissance, la mort, le mariage, les enfants et les contributions importantes à l'érudition ou à d'autres domaines. Léon l'Africain adopta ce genre pour son public européen, écrivant de mémoire et modifiant l'organisation des détails comme il l'entendait.

The History and Description of Africa by Leo Africanus
Description de l'Afrique de Léon L'Africain
Clare Britt (Public Domain)

7. Libro de la Cosmographics [sic] et Geographica de Africa

Cet ouvrage, publié sous le titre Descrittione dell'Africa (Description de l'Afrique) par Giovanni Battista Ramusio, est de loin le plus important de Léon l'Africain. Combinant des genres clés de l'érudition littéraire islamique, il s'agit en partie d'un récit de voyage et de géographie, ainsi que de mémoires; on y trouve des débats et des apartés sur la théologie, le mysticisme et la jurisprudence, parsemés d'anecdotes intéressantes et de citations tirées d'un vaste lexique de la poésie arabe. L'ouvrage est divisé en neuf sections, commençant par une introduction générale qui aborde le climat, la culture, l'économie, la géographie, la politique ou la gouvernance et l'organisation sociale. Les sept chapitres suivants couvrent les déserts, les chaînes de montagnes, les villes et les villages d'une région spécifique de l'Afrique; les personnes qui y vivent - leurs habitats, leurs coutumes et leurs moyens de subsistance. En termes modernes, Léon l'Africain aurait pu être un politologue. Comme l'illustre l'extrait ci-dessous, il avait une compréhension aiguë de la confluence des liens politiques, économiques et communautaires pour maintenir la cohésion sociale:

En outre, ceux qui possèdent les déserts limitrophes des royaumes de Trémizène et de Tunis peuvent tous, à l'égard du reste, être appelés nobles et gentilshommes. Car leurs gouverneurs, recevant chaque année de grands revenus du roi de Tunis, les répartissent ensuite entre leurs peuples, afin d'éviter toute discorde: c'est ainsi que toute dissension est écartée, et que la paix est maintenue ferme et inviolable entre eux. (Pory/Leone, p.158)

La dernière section traite des animaux et des oiseaux, des minéraux, des plantes, des rivières et des cours d'eau. Il est intéressant de noter qu'elle ne contient pas de cartes. Il s'agit là d'une omission flagrante, car les carnets de voyage et les livres de géographie musulmans sont connus pour leurs prouesses cartographiques. Le fait que Léon l'Africain ait écrit son œuvre la plus complexe et la plus ambitieuse en latin est un accomplissement admirable, mais on peut se demander si l'ouvrage n'aurait pas eu une saveur différente s'il l'avait écrit dans sa langue maternelle, l'arabe.

La bibliothèque du Vatican possède un manuscrit du Libro de la Cosmographics [sic] et Geographica de Africa écrit par Giovanni Leone Africano en 1527. Cependant, le livre qui a survécu, a été lu et traduit dans le monde entier est l'édition publiée par Giovanni Battista Ramusio sous le titre Descrittione dell'Africa. Plusieurs éditions ultérieures de la Descrittione dell'Africa furent publiées à Venise au cours des décennies suivantes. Des traductions européennes virent le jour en latin et en français (1556), puis en anglais (1600) et en allemand (1805). Le livre a joué un rôle formateur dans la création de l'idée de l'Afrique dans l'imaginaire européen.

Retour en Tunisie

En 1526, alors qu'il rédigeait la Descrittione, Léon l'Africain envisagea de retourner au Maghreb (Afrique du Nord) pour préparer son prochain ouvrage. En 1527, Rome était en proie à une grande agitation. Les armées ottomanes avaient mis à sac la Hongrie et encerclaient l'Europe. Pendant ce temps, les tensions entre les monarques chrétiens européens s'intensifiaient. Les troupes militaires allemandes et espagnoles saccagèrent les villes de la côte italienne et, le 6 mai 1527, elles atteignirent Rome. Il n'existe aucune preuve historique concrète d'un voyage de retour; cependant, la plupart des historiens s'accordent à dire que Léon l'Africain dut s'enfuir en Afrique du Nord pendant cette période. En 1532, le cardinal Egidio dirigea l'orientaliste Johann Widmanstadt, qui souhaitait apprendre l'arabe, vers Léon l'Africain à Tunis. Il est intéressant de noter que Léon l'Africain s'installa à Tunis et non à Fès. Aucune autre publication n'est attribuée à Léon l'Africain après 1526. Son héritage réside dans l'érudition qu'il produisit en latin, alors qu'il vivait en Italie. Les historiens supposent que Léon l'Africain/Al-Hassan al-Wazzan serait mort à Tunis vers 1554.

Parmi les nombreux récits intéressants de la vie de Léon l'Africain, le roman de fiction historique d'Amin Maalouf, Léon l'Africain (1986), écrit comme des mémoires, est bien documenté et fascinant.

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Questions & Réponses

Quel livre important Léon l'Africain a-t-il écrit?

L'ouvrage le plus important de Léon l'Africain est "Description de l'Afrique" (La Descrittione dell'Africa), publié en 1526.

Quelle était la religion de Léon l'Africain?

Léon l'Africain (1485-1554) était un musulman qui se convertit au christianisme lorsqu'il était en captivité à Rome.

Pour quelle raison Léon l'Africain est-il le connu?

Léon l'Africain (1485-1554) est surtout connu comme diplomate, marchand, voyageur, érudit et écrivain de voyage.

Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Sikeena Karmali Ahmed
Sikeena Karmali Ahmed is a novelist, poet and playwright as well as a human rights advocate, historian and cultural critic. Sikeena is currently a doctoral research student in the history of intellectual thought at The Warburg Institute in London.

Citer cette ressource

Style APA

Ahmed, S. K. (2024, septembre 18). Léon l'Africain [Leo Africanus]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-23522/leon-lafricain/

Style Chicago

Ahmed, Sikeena Karmali. "Léon l'Africain." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 18, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-23522/leon-lafricain/.

Style MLA

Ahmed, Sikeena Karmali. "Léon l'Africain." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 18 sept. 2024. Web. 19 sept. 2024.

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