Auschwitz

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 février 2025
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Luggage of Auschwitz Victims (by Jorge Láscar, CC BY)
Bagages des victimes d'Auschwitz
Jorge Láscar (CC BY)

Auschwitz était un complexe de camps de concentration, de travail et d'extermination situé dans le sud de la Pologne occupée les allemands et géré par les SS de l'Allemagne nazie de 1940 à 1944. Près de 1,1 million de personnes périrent dans le complexe d'Auschwitz, victimes à la fois du travail forcé, de la malnutrition, des diverses maladies mais aussi dans les chambres à gaz. Les Juifs constituaient la grande majorité de ces victimes.

Le camp d'Auschwitz I était le centre administratif du complexe. Le camp de Birkenau (Auschwitz II) fut créé spécifiquement pour assassiner ceux que les nazis considéraient comme des ennemis, principalement les Juifs de toute l'Europe occupée, dans le cadre de la "solution finale" nazie. Parmi les autres victimes figuraient des prisonniers politiques polonais, des prisonniers de guerre soviétiques, des Roms et des criminels condamnés et bien d'autres encore. Le camp de Monowitz (Auschwitz III) fournissait des travailleurs aux usines allemandes situées à proximité. Aujourd'hui, Auschwitz est un musée et un mémorial à la mémoire de ceux qui y ont souffert et y sont morts.

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Les nazis ont installé leurs camps de la mort dans des endroits reculés des territoires occupés d'Europe de l'Est.

Ennemis de l'État

Le dirigeant de l'Allemagne nazie, Adolf Hitler (1889-1945), avait toujours affirmé que les Juifs étaient des ennemis de l'État et qu'ils étaient responsables du fait que l'Allemagne n'atteignait pas son plein potentiel économique et culturel. Les lois de Nuremberg de 1935 stipulaient que le fait d'avoir au moins trois grand-parents juifs faisait d'une personne un juif aux yeux du régime nazi. Dans un premier temps, les Juifs furent encouragés à émigrer, et ceux qui restèrent étaient confrontés quotidiennement à la discrimination et à la violence des groupes paramilitaires nazis, la SA (Sturmabteilungen) et la SS (Schutzstaffeln). À la suite du pogrom contre les Juifs connu sous le nom de Nuit de Cristal en novembre 1938, les Juifs furent privés de certains droits, comme celui de posséder une entreprise. L'étape suivante consista à rassembler les Juifs et à les enfermer dans des zones spécifiques, les ghettos des grandes villes. Les mêmes mesures furent appliquées aux Juifs des territoires occupés par les nazis après le début de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Puis vint la "solution finale" à ce qu'Hitler appelait le "problème juif", à savoir faire travailler les Juifs à mort dans des camps de travail ou les envoyer directement dans des camps d'extermination, dont Auschwitz est devenu l'un des plus célèbres. Les Juifs n'étaient pas les seuls à y être envoyés, mais aussi d'autres "ennemis" de l'État, tels que les opposants politiques aux nazis, les communistes, les témoins de Jéhovah, les francs-maçons et les personnes souffrant d'un handicap physique, pour ne citer qu'eux.

Aerial View of Auschwitz
Vue aérienne d'Auschwitz
South African Air Force (Public Domain)

Le complexe d'Auschwitz

Les nazis installèrent leurs camps de la mort dans des endroits reculés, et la Pologne occupée fut donc choisie comme l'un des meilleurs endroits pour les construire. Le nom polonais original d'Auschwitz est Oświęcim. Le complexe d'Auschwitz, une ancienne caserne de cavalerie et d'artillerie autrichienne située à environ 53 kilomètres à l'ouest de Cracovie, finit par comprendre trois camps de concentration et 50 camps annexes. Le premier camp, Auschwitz I, fut initialement ouvert en juin 1940 comme camp de concentration pour les prisonniers politiques polonais, qui se comptaient par milliers après l'invasion de la Pologne en 1939. Ce camp compterait au final 28 baraquements d'une capacité de 17 000 personnes. Il y avait un bloc disciplinaire où les prisonniers étaient maintenus à l'isolement, obligés de rester debout pendant des jours, ou enfermés dans les caves et privés de nourriture et d'eau ; il y avait aussi des tortures, comme être suspendu au plafond avec les bras dans le dos. Auschwitz I était également le centre administratif de l'ensemble du complexe.

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Les prisonniers arrivaient souvent de nuit, de sorte que les projecteurs les éblouissaient et rendaient toute résistance moins probable.

Auschwitz II, également connu sous le nom de Birkenau, finit par devenir la partie du complexe où les gens étaient assassinés dans des chambres à gaz. Mis en service en mars 1942, Birkenau était situé à environ 2,5 kilomètres du plus petit Auschwitz I. Birkenau comptait environ 300 baraquements en bois et 50 baraquements en briques et pouvait accueillir environ 100 000 prisonniers. Les quatre complexes de chambres à gaz de Birkenau pouvaient tuer chacun 2 000 personnes à la fois et fonctionnaient 24 heures sur 24. De grands fours et un crématorium permettaient de faire disparaître les cadavres (qui étaient également brûlés dans des fosses à ciel ouvert).

Les Juifs arrivaient en train de toute l'Europe occupée par les Allemands, d'abord de Slovaquie, puis de toute l'Europe occupée. En 1944, plus de 400 000 Juifs arrivèrent de la seule Hongrie. Les Juifs de Pologne furent également envoyés à Auschwitz.

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New Arrivals at Auschwitz
Nouveaux arrivants à Auschwitz
Bernard Walter (Public Domain)

Auschwitz III, situé près de Monowitz, à environ 6 kilomètres d'Auschwitz I, devint le troisième grand camp. Ce camp fut mis en service à partir d'octobre 1942. Outre les installations classiques des camps de concentration nazis, il existait également (à Auschwitz II) des « camps familiaux » où les prisonniers vivaient en famille et pouvaient porter des vêtements civils. L'un de ces camps servait à des fins de propagande et le second était utilisé pour détenir les Roms et les Sintés.

Mort immédiate ou mort différée

Les prisonniers arrivaient à Auschwitz par train, généralement un millier de personnes (mais parfois beaucoup plus) dans chaque train qui était composé de wagons conçus pour transporter des marchandises ou du bétail, et non des personnes.. Le voyage en train pouvait durer plusieurs heures ou plusieurs jours, car les prisonniers venaient de toute l'Europe occupée. Les conditions de voyage étaient épouvantables, avec très peu d'espace pour respirer ni d'eau à boire. On estime qu'un nombre important de prisonniers mouraient avant d'atteindre le camp. Les prisonniers arrivaient souvent de nuit, de sorte que les projecteurs les éblouissaient et rendaient toute résistance moins probable.

Les nouveaux arrivants étaient immédiatement répartis en groupes de vie ou de mort, comme l'explique ici le premier commandant du camp, Rudolf Höss (1901-1947):

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À Auschwitz, deux médecins SS étaient chargés d'examiner les transports de prisonniers qui arrivaient. Ceux-ci étaient conduits par l'un des médecins, qui prenait des décisions immédiates au fur et à mesure de leur passage. Ceux qui étaient aptes à travailler étaient envoyés dans le camp. Les autres étaient immédiatement envoyés dans les camps d'extermination. Les plus jeunes enfants étaient invariablement exterminés car, en raison de leur jeune âge, ils étaient incapables de travailler... À Auschwitz, nous nous efforcions de tromper les victimes en leur faisant croire qu'elles subissaient un processus d'épouillage... Bien entendu, elles se rendaient souvent compte de nos véritables intentions et nous avions parfois des émeutes et des troubles. Très souvent, les femmes cachaient leurs enfants sous des vêtements, mais lorsque nous les trouvions, nous les envoyions à l'extermination. Nous étions tenus de procéder à ces exterminations dans le secret, mais bien sûr, l'odeur nauséabonde qui se dégageait de la combustion continue des corps imprégnait toute la région et toutes les personnes vivant dans les communautés environnantes savaient que des exterminations étaient en cours à Auschwitz.

(Neville, 49)

Baer, Mengele & Höss, 1944
Baer, Mengele et Höss, 1944
Unknown Photographer (Public Domain)

Josef Mengele (1911-1979) est l'un de ces médecins auxquels Höss fait référence à propos de la sélection des nouveaux arrivants. Vêtu d'une blouse blanche et parfois de gants assortis, Mengele décidait qui allait dans les chambres à gaz et qui serait détenu dans le camp de concentration. Mengele retirait également les personnes qu'il voulait pour ses propres expériences pseudo-scientifiques horribles. Même pour les personnes destinées au travail forcé, les premières étapes du processus révélaient ce qui les attendait. Le Dr Lucie Adelsberger, prisonnière d'Auschwitz, décrit le traitement des nouveaux arrivants destinés aux camps de travail:

On s'est déshabillés, on nous a coupé les cheveux - non, en fait, on nous a rasé le crâne jusqu'à ce qu'il ne reste plus grand-chose -, puis on nous a fait prendre des douches et, enfin, on nous a tatoué. C'est là qu'on nous a confisqué le peu de choses qui nous appartenaient; il ne restait plus rien... aucun document écrit qui aurait pu nous identifier, aucune photo, aucun message écrit d'un être cher. Notre passé a été supprimé, effacé... On nous a fait revêtir des vêtements de prisonniers, sans sous-vêtements, seulement une fine chemise... On nous a donné des chaussures en bois avec des lambeaux de châles de prière juifs pour envelopper nos pieds. On nous a ensuite gravé nos numéros sur l'avant-bras gauche et ils ont été cousus sur nos vêtements à l'aide d'un badge triangulaire qui identifiait chaque prisonnier selon un système de couleurs. On était coupés du monde entier, déracinés de notre patrie, arrachés à nos familles, un vulgaire numéro qui n'avait d'importance que pour les comptables.

(Cesarini, 656)

À Auschwitz, les Juifs sélectionnés pour le travail étaient séparés en groupes d'hommes et de femmes. Si un travailleur devenait trop faible ou trop malade pour travailler, il était envoyé dans les chambres à gaz. Le travail consistait à réaliser tout projet jugé utile par la SS ou à travailler dans une usine, car de nombreuses entreprises allemandes s'étaient délocalisées en Pologne pour échapper aux bombardements des Alliés sur l'Allemagne. Selon le United States Holocaust Memorial, le camp d'Auschwitz III "fut établi à Monowice pour fournir des travailleurs forcés aux usines voisines, y compris celles d'I.G. Farben".

Auschwitz Jacket
Veste de tenue de détenu d'Auschwitz
Imperial war Museums (CC BY-NC-SA)

L'espérance de vie d'un ouvrier d'Auschwitz pouvait être limitée à six mois, même si celle-ci était très variable. Pour ne citer qu'un exemple, un train de transport transportant 1 000 personnes arriva à Auschwitz le 24 août 1942. Toutes les femmes, les hommes de plus de 45 ans et les 544 enfants furent immédiatement envoyés dans les chambres à gaz. Seuls 90 hommes et 11 femmes furent sélectionnés parmi les arrivants pour travailler en tant qu'ouvriers. Parmi eux, seuls sept hommes survécurent à leur passage à Auschwitz.

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Conditions de vie dans les camps

Dans les camps de travail, les rations alimentaires n'étaient pas suffisantes pour garantir une survie prolongée. Les prisonniers dormaient sur des couchettes dures, souvent de simples trous dans un mur de briques où quatre prisonniers partageaient un même compartiment. Au début, il n'y avait pas de toilettes dans certaines baraques, celles-ci se trouvant dans un bloc séparé dont l'accès était limité par les gardiens. Les détenus étaient infestés de poux et de puces et les rats rongeaient ceux qui étaient trop faibles pour les chasser. Les vêtements étaient rares, même en hiver, et de nombreux travailleurs étaient dépourvus de chaussures. Dans les pires périodes, des centaines de personnes mouraient chaque jour à Auschwitz de malnutrition, de fatigue et de maladie (il y eut au moins une épidémie de typhus). Les passages à tabac faisaient également des ravages, tout comme les appels où chaque prisonnier devait se tenir debout - parfois pendant des heures - chaque matin et à la fin de chaque journée, quelles que soient les conditions météorologiques.

Seweryna Smaglewska, prisonnière du camp de femmes de Birkenau, décrit les conditions de vie qui y régnaient:

Il n'y avait pas de routes, pas de chemins entre les blocs. Au fond de ces antres sombres, dans des couchettes semblables à des cages à plusieurs étages, la faible lumière d'une bougie allumée ici ou là vacillait sur des silhouettes nues et décharnées, recroquevillées, bleues de froid, penchées sur un tas de chiffons crasseux, tenant leur tête rasée dans leurs mains, ramassant un insecte avec leurs doigts décharnés et l'écrasant sur le rebord de la couchette - voilà à quoi ressemblaient les baraquements en 1942.

(Cesarini, 528)

Auschwitz Bunks Reconstruction
Couchages d'Auschwitz
Bookofblue (CC BY-SA)

Une petite hiérarchie se développa au sein de la communauté carcérale. Certaines personnes essayaient de soudoyer les gardiens ou de dénoncer leurs codétenus afin d'obtenir un avantage matériel, par exemple de meilleures rations. Il était possible de devenir préposé aux prisonniers ou superviseur d'une unité de travail (kapo), mais il fallait alors s'attendre à devoir battre ses codétenus. Certains prisonniers étaient sélectionnés pour travailler comme commis, comme assistants des médecins et de leurs expériences, ou se voyaient confier des tâches telles que la désinfection et le tatouage d'autres prisonniers. Au final, cependant, tous les prisonniers étaient destinés à la même destination finale.

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Les chambres à gaz

Les chambres à gaz d'Auschwitz II furent opérationnelles à partir de mars 1942. Il y aurait en définitive six chambres à gaz. Comme l'a indiqué Höss, les autorités tentaient parfois de faire croire aux prisonniers envoyés dans les chambres à gaz qu'ils allaient simplement être douchés. L'illusion était encouragée par des panneaux sur les chambres indiquant "Bains" ou "Douches", il y avait d'agréables pelouses et des parterres de fleurs autour des chambres. Venant d'un habitat où l'eau était sévèrement limitée, voire coupée pendant des jours, l'idée d'une douche devait être séduisante. Quant aux ouvriers jugés inaptes à poursuivre leur travail, ils ne connaissaient que trop bien la fonction des chambres dans lesquelles ils étaient forcés d'entrer.

Des granulés d'un puissant pesticide appelé Zyklon B produisaient un gaz mortel (cyanure d'hydrogène) lorsqu'ils étaient mélangés à l'air, et ce gaz était utilisé pour tuer les personnes se trouvant à l'intérieur des chambres. Il fallait entre 10 et 15 minutes pour que le gaz fasse effet. Les gardiens savaient que c'était fini parce que les cris avaient cessé. La prise en charge des morts était une tâche des détachements spéciaux de prisonniers connus sous le nom de Sonderkommandos. Dans le cadre de la déshumanisation des victimes, une mesure fut introduite qui interdisait aux employés des Sonderkommandos d'utiliser des mots tel que "corps" ou "cadavre", mais plutôt des termes tels que "silhouette" ou "guenilles". Les cheveux et les éventuelles dents en or ou en métal étaient retirés des cadavres. Les cheveux humains étaient vendus aux usines qui produisaient du feutre. L'or était ensuite fondu en même temps que d'autres objets confisqués aux prisonniers, tels que des lunettes à monture en or, des bagues, des boucles d'oreilles et des montres de poche. Les lingots d'or étaient ensuite déposés sur le compte secret de la SS à la Reichsbank. Les corps étaient emmenés dans la section crématoire du camp où ils étaient brûlés dans des fours en briques. Les os étaient ensuite broyés dans des moulins et "les cendres étaient utilisées comme engrais dans les champs avoisinants, jetées dans les forêts locales ou dans la rivière voisine" (Friedländer, 503).

Women Prisoners at Auschwitz-Birkenau
Prisonnières à Auschwitz-Birkenau
Unknown Photographer (Public Domain)

Les travaux les plus atroces du camp permettaient aux prisonniers d'obtenir de meilleures rations, mais le répit était de courte durée car les prisonniers qui s'occupaient des morts pouvaient également être envoyés dans les chambres à gaz afin de s'assurer qu'aucun témoin ne révèle aux étrangers les horreurs d'Auschwitz. "En 1944, selon certaines sources, plus de 6 000 personnes étaient assassinées chaque jour, et 250 000 Juifs de Hongrie furent exterminés en six semaines" (Deer, 60). Le Mémorial d'Auschwitz-Birkenau avance même le chiffre de 330 000. Le nombre de victimes était si important que les crématoriums ne pouvaient pas suivre le rythme des chambres à gaz et de nombreux corps furent brûlés dans des fosses à ciel ouvert.

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Une mesure de justice

Il existait une sorte de mouvement de résistance clandestin à Auschwitz. Des prisonniers aidaient d'autres prisonniers à s'évader. En octobre 1944, certains prisonniers réussirent même à endommager l'une des chambres à gaz, mais les représailles des SS furent brutales. Environ 80 prisonniers qui s'étaient échappés dans la confusion de cet incident furent capturés et exécutés. Deux cents autres prisonniers, soupçonnés d'avoir participé au sabotage, furent également exécutés.

Les Alliés étaient dans le flou quant à ce qui se passait dans des camps comme Auschwitz. Deux prisonniers polonais étaient parvenus à s'échapper du camp d'Auschwitz I dès 1942, mais leurs récits semblaient trop fantastiques pour être vrais. Lorsque l'objectif réel d'Auschwitz fut enfin établi, les Alliés discutèrent de ce qu'il était possible de faire. La réponse fut pas grand-chose. Certains dirigeants étaient favorables au bombardement du complexe, mais cela aurait évidemment entraîné la mort de milliers de prisonniers.

Holocaust in Europe during World War Two
L'Holocauste en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

La guerre prenant une tournure défavorable pour l'Allemagne, les activités d'Auschwitz furent arrêtées sur ordre du chef de la SS Heinrich Himmler (1900-1945) en novembre 1944. Le camp fut finalement libéré - il y avait encore 7 000 prisonniers - par l'avancée de l'Armée rouge de l'URSS le 27 janvier 1945. À cette époque, les SS avaient déjà commencé à détruire ce qu'ils pouvaient des mécanismes de mort des camps afin de dissimuler leur véritable fonction. Les SS avaient également rapatrié en Allemagne, par train ou à marche forcée, des dizaines de milliers de prisonniers d'Auschwitz. Néanmoins, les témoignages des survivants furent recueillis de manière systématique et les véritables horreurs d'Auschwitz furent enfin révélées. Avec le temps, des preuves vinrent s'ajouter aux nombreux récits des témoins oculaires. Par exemple, en 1980, plusieurs enfants creusaient dans la région et sont tombés sur une bouteille thermos enterrée, à l'intérieur de laquelle se trouvait un manuscrit écrit en grec par un prisonnier d'Auschwitz qui décrivait ce qui s'était passé à cet endroit.

Lors des procès de Nuremberg d'après-guerre (1945-6), Ernst Kaltenbrunner (1903-1946), chef du Bureau principal de sécurité du Reich, qui était responsable de l'administration générale de camps comme Auschwitz, fut reconnu coupable de crimes contre l'humanité et fut pendu en octobre 1946. Höss fut pendu dans le camp qu'il avait commandé par les autorités polonaises en avril 1947. Le procès des médecins (1946-7) permit de traduire en justice 23 médecins, dont plusieurs avaient mené des expériences sur des prisonniers dans les camps. 16 médecins furent reconnus coupables de crimes contre l'humanité et sept furent condamnés à la peine de mort. Mengele échappa à la détection des Alliés et s'enfuit en Amérique du Sud. Adolf Eichmann (1906-1962), responsable du transport des prisonniers vers les camps, échappa lui aussi aux recherches, mais il finit par être jugé en Israël, reconnu coupable de crimes contre l'humanité et pendu en 1962.

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L'URSS a dans un premier temps évalué à 4 millions le nombre de personnes décédées à Auschwitz, mais ce chiffre est considéré comme exagéré par la plupart des historiens. Aujourd'hui, Auschwitz est un site muséal, et le nombre officiel de victimes y est indiqué comme étant de 1,1 million de personnes. Ce chiffre inclut environ 19 000 Roms et au moins 800 000 Juifs, bien que certains historiens de l'Holocauste avancent un chiffre plus élevé, comme David Cesarini, qui privilégie 900 000 (Cesarini, 747), tandis que le Mémorial d'Auschwitz avance le chiffre d'un million. Le nombre exact de personnes ayant souffert à Auschwitz est difficile à déterminer en raison de l'ampleur de l'opération et de la volonté délibérée des SS de la dissimuler. Quoi qu'il en soit, il est extrêmement difficile de se figurer de tels chiffres. Le musée d'Auschwitz répond à cette difficulté en montrant des salles remplies d'objets personnels des victimes. Les énormes piles d'objets aussi banals que des bagages ou des lunettes témoignent en silence mais avec force de l'ampleur de la tragédie qui s'est déroulée en ces lieux.

Nous remercions le Mémorial d'Auschwitz-Birkenau pour son aide à la publication de cet article.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2025, février 13). Auschwitz [Auschwitz]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-23967/auschwitz/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Auschwitz." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 13, 2025. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-23967/auschwitz/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Auschwitz." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 févr. 2025. Web. 22 févr. 2025.

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