Le cuivre dans l'Antiquité

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Caroline Martin
publié le 04 octobre 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, allemand, portugais, espagnol
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Persian Copper Stag Pendant (by The British Museum, Copyright)
Cerf en pendentif en cuivre de Perse
The British Museum (Copyright)

Le cuivre a probablement été le premier métal utilisé par les cultures antiques, et les plus anciens objets fabriqués avec ce métal remontent à la période néolithique. Ce métal brillant, brun rougeâtre, était utilisé entre autres, pour la fabrication de bijoux, d'outils, de sculptures, de cloches, de récipients, de lampes, d'amulettes et de masques mortuaires. L'importance de ce métal dans le développement humain fut telle qu'il donna son nom à l'âge du cuivre, aujourd'hui mieux connu sous le nom de Chalcolithique. Le cuivre était nécessaire pour fabriquer du laiton et, bien sûr, du bronze, le métal qui donna son nom à la période qui suivit l'âge du cuivre, ainsi que de nombreux autres alliages. De la Phénicie à la Méso-Amérique, le cuivre était un emblème de l'élite avant de devenir plus largement disponible. Forme d'échange pratique dans le commerce entre les cultures, les objets symboliques en cuivre furent finalement remplacés par des lingots plus maniables qui, à leur tour, évoluèrent vers des pièces encore plus pratiques. L'or et l'argent étaient peut-être assez courants pour les riches et les puissants, mais s'il y avait un métal pur que les gens ordinaires du monde antique pouvaient se procurer, c'était bien le cuivre.

Disponibilité et extraction

Le cuivre se trouvait facilement à l'état métallique dans de nombreuses régions du monde antique, bien qu'en quantités relativement faibles. Ce métal brillant, rouge, orange ou brun fut utilisé pour la première fois dans les Balkans, au Moyen-Orient et au Proche-Orient entre 8000 et 3000 av. JC. L'Égypte et l'Europe suivirent ensuite le mouvement et commencèrent à fabriquer leurs propres objets en cuivre. Souple et malléable, c'était un matériau idéal pour fabriquer des objets de luxe décoratifs.

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LES MINES LÉGENDAIRES DE CUIVRE DU ROI SALOMON CONTRIBUèrent À BÂTIR LA FORTUNE D'ISRAËL.

Lorsque les métallurgistes réalisèrent qu'il pouvait être fondu dans des fours à charbon de bois, l'exploitation des minerais riches en cuivre se généralisa à partir du deuxième millénaire av. JC. De tels minerais étaient présents en quantités importantes sur des sites de la Méditerranée antique: Chypre (dont le nom même pourrait dériver du métal), l'Attique, les Cyclades (notamment Kythnos) et le Levant, en particulier. Les mines légendaires de cuivre du roi Salomon contribuèrent à bâtir la fortune d'Israël, même si elles purent appartenir aux Edomites. D'autres gisements de cuivre, moins importants, furent exploités en Angleterre, au Pays de Galles, en France, en Italie (notamment à l'île d'Elbe, en Sardaigne et dans certaines régions d'Étrurie), en Espagne et en Mauritanie.

À l'autre bout du monde, les cultures mésoaméricaines (vers 650-1200 ap. JC) furent approvisionnées en cuivre en abondance par les mines à ciel ouvert de l'ouest de Guerrero et d'Oaxaca sur la côte ouest du Mexique et de Veracruz sur la côte est. Le Japon était une source abondante de ce métal et, à partir de l'an 1000 ap. JC environ, il en exporta des quantités importantes vers la Chine voisine qui, après l'avoir converti en monnaie, en renvoya des tonnes pour que les Japonais puissent l'utiliser comme leur propre monnaie. De même, la Corée était riche en cuivre et le royaume de Goryeo, en particulier, l'exportait vers la Chine, même s'il frappait ses propres pièces de monnaie en cuivre. La Chine possédait bien ses propres mines de cuivre le long de la rive sud du fleuve Yangtze, mais elles ne suffisaient peut-être pas à couvrir les énormes besoins du pays.

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Imdugud Copper Frieze from the Ninhursag Temple
Frise en cuivre d'Imdugud provenant du temple de Ninhursag
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Le plus ancien site de fusion connu se trouve en Serbie et date de 5000 av. JC environ. Les premiers fours ne pouvaient créer qu'une scorie riche en cuivre qui devait être traitée dans un creuset en argile, mais avec le développement des fours à charbon de bois et l'utilisation de soufflets, il était possible d'atteindre 1200 degrés Celsius et d'obtenir un produit beaucoup plus raffiné. Le cuivre fond à 1084 degrés Celsius, et il pouvait donc être réduit à l'état fondu de cuivre pur où il s'accumulait à la base du fourneau. Les lingots étaient fabriqués en versant le métal dans des moules en pierre ou en argile. Avec d'autres développements technologiques, notamment par les Romains, les minerais de sulfure de cuivre plus difficiles à utiliser ont pu être exploités. En effet, les Romains devinrent si habiles à extraire le cuivre à grande échelle que l'une de leurs opérations minières en Jordanie laisse encore des traces intolérables de cuivre dans les animaux et le blé de la région.

Utilisations

Le cuivre, avec son éclat brillant rouge-orangé lorsqu'il est poli, était utilisé par de nombreuses cultures anciennes comme matériau pour la fabrication de bijoux et d'objets d'art tels que de petites figurines. Le métal était également utilisé pour fabriquer des outils remarquablement similaires dans toutes les cultures, des Étrusques en Italie à la civilisation Moche en Amérique du Sud, notamment des haches, des herminettes, des ciseaux, des alênes, des pinces et des aiguilles. Le cuivre bruni était un matériau de choix pour la vaisselle et les plats de service des élites de la société. Le métal était utilisé pour fabriquer des parties d'instruments de musique, des instruments chirurgicaux et comme matériau d'incrustation décoratif. En Europe, les objets de prestige en cuivre indiquaient plus particulièrement le rang de l'élite et prenaient la forme de couronnes, de têtes de massues et des étendards.

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Etruscan Inscription Plaque
Plaque d'inscription étrusque
The British Museum (Copyright)

Un célèbre trésor d'objets de prestige en cuivre provient de la grotte de Nahal Mishmar, en Israël, où plus de 200 objets de ce type furent soigneusement enveloppés dans des nattes de roseau et enterrés à l'époque chalcolithique, peut-être au 5e millénaire av. JC. La couleur bleu égyptien que les peintres de fresques minoens aimaient tant utiliser était fabriquée à partir de composés de cuivre. Le cuivre pouvait également ajouter du rouge, du vert et du bleu au verre antique. Les Carthaginois fabriquaient des rasoirs symboliques en cuivre pour les enterrer avec leurs morts. Battu en fines feuilles, le cuivre était une surface d'écriture utile, dont la plus célèbre est peut-être celle des trois rouleaux de cuivre trouvés dans les grottes de Qumran, en Israël, où furent également découverts les manuscrits de la mer Morte.

Dans l'ancienne Méso-Amérique, les cloches pouvaient avoir pour fonction d'indiquer le rang d'élite d'une personne, même si la majorité d'entre elles furent trouvées dans un contexte funéraire. Les Aztèques étaient friands de cuivre et exigeaient un tribut des peuplades conquises, qui prenait souvent la forme de haches en cuivre. Trop fines pour avoir un quelconque usage fonctionnel, ces haches ont pu servir de monnaie primitive. Dans l'ancienne Amérique du Sud, les blocs de construction du site de Tiahuanaco (Tiwanaku), près du lac Titicaca, étaient maintenus en place par des pinces en cuivre. Les Incas, quant à eux, utilisaient le cuivre à des fins beaucoup plus pratiques, en équipant leurs massues de guerre de pointes de cuivre vicieuses. Les guerriers incas portaient des plaques de métal, probablement comme symboles de leur rang plutôt que comme armure proprement dite, et les plus basses étaient en cuivre, les plus hautes en or.

Le cuivre était rendu encore plus utile en le mélangeant à d'autres matériaux pour obtenir un alliage plus solide et donc plus résistant à la corrosion. Le bronze était ainsi obtenu en unissant le cuivre à de l'arsenic, de l'antimoine ou de l'étain, tandis que le laiton, un matériau plus facile à couler, était composé de cuivre et de zinc. L'ajout de plomb au cuivre permettait également d'obtenir un meilleur matériau de coulée. Les Romains utilisaient également le cuivre pour produire des alliages plus utiles. Dans de nombreux cas, le cuivre et le bronze furent remplacés par le fer, qui était plus facilement disponible et comblait le vide laissé par les pénuries d'étain. Les Mésoaméricains étaient tout aussi habiles à produire des alliages, notamment cuivre-argent, cuivre-or, cuivre-arsenic et cuivre-étain. Plus au sud, dans l'ancienne Colombie, l'alliage d'or et de cuivre, appelé tumbaga, était particulièrement apprécié des métallurgistes.

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Copper 'Oxhide' Ingot, Uluburun Shipwreck
Lingot de cuivre « Ox-hide », épave d'Uluburun
Martin Bahman (CC BY-SA)

Échange et monnaie

Matériau utile et prisé, le cuivre devint une marchandise d'échange sous forme de lingots plats. Des lingots de cuivre furent trouvés sur de nombreux sites de l'âge du bronze, tels que Aghia Triada (600 kg sous le bâtiment du palais) et Zakros en Crète, ainsi que dans l'épave du navire Uluburun qui, datant de 1330-1300 av. JC, en transportait 348 correspondant à un poids d'environ 10 tonnes. Beaucoup de ces lingots ont une petite poignée à chaque coin qui est familière à beaucoup d'autres lingots de l'âge du bronze égéen. Un moule pour de tels lingots, parfois appelés « Ox-hide » (cuir de bœuf), a été découvert à Ras ibn Hani, le port de l'ancienne cité, Ougarit en Syrie. Les autres formes courantes des lingots de cuivre antiques sont des petits pains circulaires, des anneaux, des haches perforées et des poignards.

L'analyse chimique des lingots de cuivre en Grèce et en Sardaigne montre que le cuivre local était utilisé pour fabriquer des marchandises, tandis que le cuivre de Chypre restait sous forme de lingots stockés, ce qui suggère qu'il y avait deux niveaux d'utilisation: l'un pour un usage pratique et l'autre comme produit de stockage ou comme cadeau d'échange entre les élites. En effet, c'est probablement la demande de métaux qui créa les premiers liens commerciaux méditerranéens entre les cultures. Des documents tels que les lettres d'Amarna montrent que le cuivre (provenant probablement de Chypre) était échangé entre l'Égypte et l'Assyrie, Babylone et l'Empire hittite au 14e siècle av. JC. Le cuivre n'était donc pas seulement apprécié comme matériau, il était également utilisé comme monnaie.

Roman Copper As
As romaine en cuivre
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Les Phéniciens transportèrent le cuivre autour de la Méditerranée et certains centres métallurgiques virent le jour où il était travaillé, stocké et transmis. L'un de ces centres était Bahreïn, qui transmettait le cuivre de Mésopotamie à la culture Harappéenne de la vallée de l'Indus en Inde et au Pakistan. Le Mexique occidental des périodes épiclassique et postclassique devint un centre réputé pour la production de cloches en cuivre qui étaient commercialisées en Amérique centrale. La civilisation Lambayeque du nord du Pérou, comme les Aztèques, produisait également des haches en cuivre utilisées comme monnaie d'échange et des lingots en forme de I majuscule qui furent retrouvés soigneusement empilés dans des bâtiments à Batán Grande.

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Le cuivre était utilisé comme monnaie par les Grecs, les Romains et les Chinois, entre autres. L'argent s'est ensuite largement imposé comme le métal de prédilection des pièces de monnaie, mais le cuivre est resté en place pour les pièces de faible valeur, comme l'as et le nummus romains, et il était toujours pratique de le mélanger à l'or et à l'argent pour fabriquer des pièces de plus grande valeur lorsque les cordons de la bourse du gouvernement devaient être un peu resserrés.

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Bibliographie

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Traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, octobre 04). Le cuivre dans l'Antiquité [Copper in Antiquity]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-28/le-cuivre-dans-lantiquite/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Le cuivre dans l'Antiquité." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. modifié le octobre 04, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-28/le-cuivre-dans-lantiquite/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Le cuivre dans l'Antiquité." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 04 oct. 2017. Web. 20 nov. 2024.

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