Séleucos Ier Nicator (c. 358-281 av. J.-C., r. de 305 à 281 av. J.-C.) était l'un des généraux d'Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) qui faisait partie du groupe des Diadoques ("successeurs") qui se partagèrent le vaste empire macédonien après la mort d'Alexandre le Grand en 323 avant J.-C. (les autres étant Cassandre, Ptolémée et Antigone le Borgne). Bien qu'il n'ait reçu sa part de l'empire du roi déchu que plusieurs années plus tard, Séleucos Ier Nicator (qui signifie "non conquis" ou "vainqueur") était l'un des successeurs les plus compétents de l'empire d'Alexandre. Séleucos et ses descendants établirent ce qui devint l'empire séleucide (312-63 av. J.-C.), qui dura près de 250 ans.
Jeunesse de Séleucos
Tout comme les autres successeurs d'Alexandre, Séleucos était le fils d'un noble macédonien, l'un des généraux du roi Philippe II. Si l'on sait peu de choses sur sa famille, les historiens parlent d'un rêve de sa mère dans lequel il aurait été engendré non pas par Antiochos, mais par le dieu grec Apollon. Dans ce rêve, elle reçut un anneau unique portant le symbole d'une ancre. Selon la légende, Séleucos serait né avec le même symbole d'ancre sous la forme d'un tatouage sur la cuisse. Cette naissance étrange l'amena plus tard à revendiquer une royauté divine; cependant, certains pensent que toute cette histoire n'était qu'une invention et qu'il souhaitait simplement imiter Alexandre, qui revendiquait lui aussi cette divinité. Bien que sa relation avec Alexandre ne soit pas entièrement connue (il aurait pu ou non être un compagnon proche), Séleucos suivit le jeune roi macédonien dans sa quête de conquête de l'Empire perse et vainquit Darius III (r. de 336 à 330 av. J.-C.) dans un certain nombre d'engagements, pour finalement conquérir l'Empire perse achéménide en 330 avant notre ère.
La seule certitude concernant le rôle de Séleucos Ier dans la campagne perse est qu'il était l'un des commandants des hypaspistes - les boucliers d'argent. Cette garde élue servait de tampon entre la cavalerie et l'infanterie - une sorte de police d'élite. Chaque membre des hypaspistes était soigneusement choisi sur une base individuelle, non seulement pour sa position sociale (il y avait des hypaspistes réguliers et des hypaspistes royaux), mais aussi pour sa force physique et sa bravoure. Les hypaspistes étaient connus pour leur grande mobilité et étaient souvent utilisés pour des missions spéciales en terrain accidenté ou dans des situations nécessitant un combat au corps à corps.
Les sources anciennes mentionnent peu la présence de Séleucos jusqu'à la bataille de l'Hydaspe (326 av. J.-C.) contre le roi Poros d'Inde. Avant la bataille, alors qu'Alexandre et ses forces traversaient la rivière Hydaspe et se préparaient à affronter le roi indien et ses éléphants, Alexandre modifia son alignement défensif habituel. Il plaça ses archers (plus de 1 000) devant la cavalerie de ses compagnons, ce qui servait d'écran contre les éléphants; ils étaient suivis par l'infanterie, le reste de la cavalerie et enfin par Séleucos et ses hypaspistes. Le déploiement d'Alexandre était judicieux; il voulait éviter de placer sa cavalerie directement contre les éléphants. Heureusement pour Alexandre et ses hommes, les éléphants se révélèrent inefficaces et firent plus de mal aux Indiens qu'aux Macédoniens.
En traversant l'Asie pour combattre les Perses depuis la bataille du Granique (334 av. J.-C.) jusqu'à la bataille d'Issos (333 av. J.-C.) et la bataille de Gaugamèles (331 av. J.-C.), Alexandre avait espéré unir les deux mondes et répandre la culture hellénistique. L'Hydaspe, cependant, s'avéra être le dernier conflit majeur d'Alexandre; il ne voulait et ne pouvait pas aller plus loin. Après avoir vaincu le roi Poros en Inde, ses hommes refusèrent d'aller plus loin. Malgré ses projets, Alexandre fut contraint de retourner à Babylone. Là, il dut faire face à des rébellions, non seulement de la part des provinces perses, mais aussi de beaucoup de ses propres hommes. Ceux-ci n'appréciaient pas la présence de Perses dans l'armée et le fait d'être obligés de prendre des épouses perses. (Seul Séleucos conserva sa femme perse, Apama). Alexandre mourut en 323 avant notre ère, avant que nombre de ces problèmes n'aient pu être résolus.
Mort d'Alexandre
Bien que le nom de Séleucos n'apparaisse pas parmi ceux qui choisirent de se rebeller contre Alexandre, il est mentionné juste avant la mort d'Alexandre. Une question se posa à ses généraux: que faire du corps du roi déchu s'il meurt? L'historien Plutarque, dans sa Vie d'Alexandre , ne mentionne Séleucos qu'une seule fois lorsqu'il écrit: "C'est aussi ce jour-là que Python et Séleucos furent envoyés au sanctuaire de Sarapis pour demander s'ils devaient y amener Alexandre, mais le dieu leur dit de le laisser là où il était. Il mourut le vingt-huit en fin d'après-midi".
Alexandre mort, l'avenir de l'empire était en ruine. Qui allait gouverner? Les historiens divergent sur ce qui se passa en ce jour fatidique. Si la plupart suggèrent qu'Alexandre était silencieux ou incapable de parler, d'autres affirment qu'il n'avait nommé personne en particulier, se contentant de dire que son successeur devait être le meilleur. L'un de ses généraux, Perdiccas, aurait conseillé aux autres de retarder la décision jusqu'à la naissance de l'enfant d'Alexandre (le futur Alexandre IV) par sa femme, Roxane. Ptolémée, choisissant de ne pas attendre, mena le combat pour que l'empire soit divisé entre les généraux survivants. Perdiccas perdit la bataille et l'empire fut divisé - les guerres de Diadoques ou guerres des successeurs avaient commencé. Les alliances qui se formèrent après la division étaient pour le moins ténues, et la guerre allait durer encore 50 ans.
Guerres des Diadoques
La raison pour laquelle Ptolémée souhaitait diviser l'empire était égoïste, car il avait atteint un objectif de longue date et acquis l'Égypte. Bien qu'il se soit révélé un "pharaon" compétent, l'une de ses premières actions fut d'enlever le corps d'Alexandre et de l'emmener en Égypte. Perdiccas, qui se considérait comme le véritable successeur d'Alexandre, avait prévu d'envoyer le corps du roi en Macédoine, où un tombeau était en cours de construction; cependant, Ptolémée vola le corps à son arrivée à Damas. Cette action conduisit à une guerre immédiate et prolongée entre Perdiccas et Ptolémée. Bien qu'il ait servi en tant qu'officier sous Perdiccas et se soit d'abord rangé de son côté, Séleucos se retourna contre lui et s'aligna sur Ptolémée. Certains historiens pensent même qu'il aurait participé à l'assassinat de Perdiccas. En récompense de son aide, Séleucos est nommé gouverneur de Babylone par Antipater.
En raison de la jalousie et de l'ambition des autres successeurs, Séleucos ne fut pas en mesure de maintenir les frontières de sa province, et lorsque Antigone le Borgne envahit Babylone, Séleucos s'enfuit en Égypte en 316 avant notre ère, cherchant aide et refuge auprès de Ptolémée. En 312 avant notre ère, avec l'aide de Ptolémée, de Cassandre et de Lysimaque, Séleucos réussit à vaincre Antigone lors de la bataille de Gaza et à regagner le territoire qu'il avait perdu.
L'empire de Séleucos
Au cours des années suivantes, il participa à la défaite et à la mort d'Antigone lors de la bataille d'Ipsos en 301 avant notre ère, étendant ainsi son empire à la Syrie. Plus tard, il captura le fils d'Antigone, Démétrios, et le retint prisonnier jusqu'à la mort de Démétrios en 285 avant notre ère. De même, Séleucos se révéla être un général et un stratège compétent; il étendit son territoire en Asie Mineure et en Inde, fit la paix et sécurisa sa frontière sud avec le souverain indien Chandraguta.
Il fit construire les villes d'Antioche (sa nouvelle capitale) et de Séleucie, situées sur le Tigre. Lors de la bataille de Couroupédion, il vainquit et tua Lysimaque, jetant son dévolu sur la Macédoine; cependant, il ne réussit jamais à la conquérir, il mourut lors de sa tentative, tué par le fils de son ancien allié, Ptolémée, qui voulait lui aussi s'approprier la Macédoine. La mémoire de Séleucos perdurerait longtemps après lui, car sa famille établit un empire qui vivrait pour les générations à venir.