Samos

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 28 avril 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais
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Column of the Heraion, Samos (by Kramer96, CC BY)
Colonne de l'Héraion, Samos
Kramer96 (CC BY)

Samos est une île grecque située dans l'est de la mer Égée, juste au large de la côte de la Turquie actuelle. Elle connut un essor particulier au VIe siècle avant notre ère et était célèbre dans l'Antiquité pour sa marine, son vin et son important sanctuaire dédié à Héra. Samos était un membre actif de la Ligue de Délos et le célèbre philosophe et mathématicien Pythagore y vit le jour, tout comme le célèbre astronome Aristarque. Ayant accueilli Jules César et Marc Antoine au 1er siècle avant notre ère, l'île tomba ensuite dans l'oubli pendant la période impériale romaine. Samos est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Peuplement

Samos fut occupée pour la première fois au néolithique, et une présence à la fin de l'âge du bronze est attestée par des vestiges mycéniens. Les Cariens suivirent au 10e siècle avant notre ère. Les Grecs eux-mêmes rapportèrent qu'à l'époque archaïque, des colons étaient arrivés d'Ionie. Selon Thucydide, ces colons étaient eux-mêmes originaires de l'Attique. Une ville fut fondée dans le sud-est de l'île, Samos bénéficiant de pentes montagneuses arables et de plaines fertiles. Le vin et l'huile d'olive étaient exportés et transportés dans des amphores caractéristiques de l'île. La prospérité de l'île est également attestée par l'architecture monumentale en pierre construite à partir du VIIIe siècle avant notre ère. Le célèbre sanctuaire d'Héra (Héraion), construit en l'honneur de la patronne de l'île sous le règne du tyran Æcès, était situé à 8 km de la ville principale.

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À partir du VIIe siècle avant notre ère, Samos entretint une flotte de guerre avec l'aide de son allié Corinthe. Les navires étaient construits avec le bois de ses épaisses forêts. Cette marine, l'une des plus importantes de Grèce, serait finalement composée des fameuses trières, navires de guerre à trois rangs de rameurs et à la proue desquels se trouve un bélier de bronze. La prospérité de l'île s'accompagna d'une vague générale de colonisation grecque. Samos établit des colonies en Cilicie, dans la Propontique et dans la mer Noire. En Afrique du Nord, l'île cofonda également Cyrène et construisit un temple à Naucratis.

Sous le règne de Polycrate, Samos s'épanouit tout particulièrement et exerçait un contrôle sur cette partie de la mer Égée et les Cyclades avec 100 navires de guerre.

Polycrate le tyran

Sous le règne du fils d'Æcès, Polycrate (c. 535-522 av. J.-C.), Samos était particulièrement florissante, contrôlant cette partie de la mer Égée et des Cyclades grâce à ses 100 navires de guerre et à l'aide de son allié égyptien Ahmôsis II. La ville acquit également une réputation de centre culturel, attirant des poètes tels qu'Anacréon et Ibycos, et accueillit le célèbre architecte Théodore. À cette époque, Samos bénéficia de l'agrandissement du temple d'Héra (le plus grand jamais construit selon Hérodote), d'un môle portuaire de 365 m de long et de fortifications. Mais un tyran restait toujours un tyran (même au sens grec du terme), et le célèbre philosophe et mathématicien Pythagore se sentit obligé de quitter Samos. En 522 avant notre ère, alors que la Perse s'intéressait de plus en plus à la région, l'île fut reprise par le satrape perse Orontès et Polycrate fut crucifié. La situation ne s'améliora guère pendant la révolte ionienne, lorsque ces États tentèrent de se libérer de la domination perse. Samos fut vaincue à la bataille de Ladé en 494 avant notre ère et, selon Hérodote, une grande partie de l'élite de l'île s'enfuit en Sicile.

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Ligue de Délos

En 478 avant notre ère, Samos devint membre de la Ligue de Délos. Comme la Ligue se transformait progressivement en empire athénien et que ses membres étaient contraints de payer un tribut, certains cherchèrent à la quitter, et Samos fut l'une de ces cités-États mécontentes dans les années 440 avant notre ère. Cependant, Athènes, alors dirigée par Périclès, assiégea l'île vers 440 avant notre ère et força Samos à rester, en lui soutirant une amende importante. Dès lors, une élite pro-athénienne dirigea le gouvernement de Samos et l'île devint l'un des membres les plus importants de la Ligue, soutenant Athènes tout au long de la guerre du Péloponnèse. Alcibiade, par exemple, établit une base à Samos en 407 avant notre ère. Les habitants de Samos reçurent même le privilège de la citoyenneté athénienne en 405 avant notre ère et il y eut un bref système de démocratie. Lorsque Sparte gagna la guerre, la cité revendiqua le contrôle de Samos en instaurant un régime de dix oligarques pro-spartiates mis en place par Lysandre. En 366 avant notre ère, Athènes récupéra l'île et exila une grande partie de la population.

Ancient Naval Battle
Bataille navale antique
The Creative Assembly (Copyright)

Périodes hellénistique et romaine

En 322 avant notre ère, à la fin de la guerre lamienne entre la Macédoine et une coalition grecque menée par Athènes, l'île devint indépendante. Attirant l'attention de plusieurs souverains pendant les guerres de succession, Samos passa finalement sous le contrôle des Ptolémées d'Égypte à partir de 281 avant notre ère. Il s'ensuivit une période de reconstruction de la ville et de l'Héraion. Comme souvent, la stabilité politique s'accompagna d'un essor culturel, et le célèbre astronome Aristarque élabora ses influentes théories. À partir de 246 avant notre ère, une flotte ptolémaïque utilisa Samos comme base permanente. En 205 avant notre ère, Philippe V de Macédoine s'empara de l'île, la perdit à nouveau et la repriten 201 avant notre ère, avant qu'elle ne revienne aux Ptolémées. À partir de 197 avant notre ère, Samos fut placée sous la juridiction de Rhodes.

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Après avoir soutenu les Romains dans leurs guerres contre Antiochos, l'île obtint son indépendance en 188 avant notre ère. En 129 avant notre ère, l'île faisait partie de la province romaine d'Asie. Un siècle de prospérité s'acheva en 39 avant notre ère, lorsque Marc-Antoine mit l'île à sac; César et lui utilisèrent l'île comme base pendant les guerres civiles qui mirent fin à la République romaine. L'empereur Auguste rendit à Samos sa liberté, mais l'indépendance ne dura qu'un siècle, jusqu'au règne de Vespasien. Même si les Romains apportèrent des avantages tels que des bains publics et des basiliques, Samos était désormais une ville provinciale en retrait. Sous le règne de Dioclétien, elle faisait partie du groupe provincial insularum des îles de la mer Égée et, à l'époque byzantine, elle fut placée sous la juridiction des Cyclades.

L'Héraion

Le culte d'Héra à Samos remonte à l'époque mycénienne, lorsqu'un autel de pierre fut érigé en l'honneur de la déesse. Héra était la patronne de Samos et, dans la mythologie grecque, elle y était née, fille de Cronos et de Rhéa. Le site devint plus grandiose au cours des siècles suivants, jusqu'à ce que le premier temple important ne soit construit dans le complexe sacré connu sous le nom d'Héraion. Ce temple fut l'un des premiers à utiliser la pierre en Grèce. Au VIIe siècle avant notre ère, d'autres ajouts furent effectués et un mur de bois entourait le site. En 570-560 avant notre ère, un tout nouveau temple en calcaire, beaucoup plus grand que son prédécesseur, fut construit par deux architectes renommés, Rhoèce et Théodore. Mesurant 52,5 x 100 mètres et doté de colonnes de 18 mètres de haut, il avait un entablement en bois et un toit en tuiles. Malheureusement, quelques années seulement après son achèvement, le temple fut détruit par un tremblement de terre.

Heraion, Samos
Héraion de Samos
Ondra (CC BY-NC-SA)

Un nouveau temple fut construit sous le règne de Polycrate (mais peut-être jamais entièrement achevé), légèrement plus grand que le précédent, mesurant 55 x 108 mètres. Il comportait des colonnes de 20 mètres de haut sur les quatre côtés, soit 155 au total. Le temple fut construit en pierre calcaire mais, cette fois, les colonnes étaient sculptées en marbre. Une seule colonne se dresse encore aujourd'hui sur le site. Le lieu du rituel était un autel rectangulaire massif placé à l'extérieur du temple et mesurant 36,5 x 16,5 mètres. L'autel en calcaire était entouré d'un mur d'une hauteur de 7 mètres qui portait des reliefs représentant des animaux et des sphinx. À l'époque romaine, l'autel fut remplacé par une version en marbre et, au IIe siècle de notre ère, un petit temple fut ajouté au site (7,4 x 12 mètres), dédié à une divinité inconnue. Au IIIe siècle de notre ère, un autre temple fut ajouté et la voie sacrée, qui menait à la ville proprement dite, fut pavée. Peu à peu, avec le déclin du culte d'Héra, le site fut envahi par des maisons privées et des villas. L'Héraion fut détruit par un tremblement de terre en 262 de notre ère et peu après, il fut mis à sac par des tribus germaniques. Il connut une brève renaissance au Ve siècle de notre ère, avec la construction d'une basilique à trois nefs qui recyclait les matériaux des bâtiments antérieurs.

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Vestiges archéologiques

Samos présente plusieurs autres caractéristiques architecturales dignes d'intérêt. Le premier est le tunnel de 1 km de long construit par Eupalinos de Mégare au VIe siècle avant notre ère, qui servait d'aqueduc et acheminait l'eau jusqu'à la ville. Le môle construit par Polycrate subsiste, de même que certaines parties des fortifications construites à la même époque. Des zones de la ville ont été fouillées, révélant des routes pavées, des systèmes de drainage, de grandes villas avec des sols en mosaïque, des magasins et des habitations ordinaires. Une grande statue de kouros (jeune homme nu) datant du milieu du VIe siècle avant notre ère a également été retrouvée sur le site, ainsi que plusieurs autres grandes statues votives. Elles sont actuellement conservées dans le musée archéologique du site.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, avril 28). Samos [Samos]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-401/samos/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Samos." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 28, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-401/samos/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Samos." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 28 avril 2016. Web. 21 déc. 2024.

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