Érechthéion

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 03 décembre 2012
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Erechtheion (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Érechthéion
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

L'Érechthéion est un ancien temple grec construit sur l'acropole d'Athènes entre 421 et 406 avant notre ère, à l'âge d'or de la ville, afin d'abriter l'ancienne statue en bois d'Athéna et de glorifier la grande ville au sommet de sa puissance et de son influence. L'Érechthéion a souffert d'une histoire troublée faite d'abus et de négligence, mais avec sa position proéminente au-dessus de la ville et son porche de six cariatides, il reste l'un des bâtiments les plus distinctifs de l'antiquité.

Nom et fonction

Le projet de remplacement des bâtiments endommagés de l'acropole à la suite de l'attaque de la ville par les Perses en 480 avant notre ère fut lancé en 447 avant notre ère, à l'instigation de Périclès, sous la supervision de Phidias, et financé par les excédents du trésor de guerre de la Ligue de Délos. Les résultats comprenaient le Parthénon et les nouvelles Propylées sur l'Acropole à proprement parler, ainsi qu'un Odéon et le temple d'Héphaistos. La dernière pièce à compléter le magnifique complexe de temples sur l'acropole était l'Érechthéion, dont la construction avait commencé en 421 avant notre ère, pendant la paix dite de Nicias. Cependant, le projet fut interrompu par la reprise des hostilités entre Athènes et Sparte (l'expédition de Sicile), et le temple ne fut finalement achevé qu'en 406 avant notre ère, sous la supervision de l'architecte Philoclès.

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Les véritables vedettes de l'Érechthéion sont sans conteste les cariatides du porche sud.

L'Érechthéion, nommé d'après le demi-dieu Érechthée, roi mythique d'Athènes, fut conçu comme une structure appropriée pour abriter l'ancienne statue en bois d'Athéna qui avait conservé sa signification religieuse malgré l'arrivée de la gigantesque statue chryséléphantine à l'intérieur du Parthénon voisin. L'édifice avait également d'autres fonctions, notamment celle de sanctuaire pour d'autres cultes plus anciens: à Érechthée, à son frère Boutès - le laboureur, à Pandrosos, au premier roi athénien mythique CécropS - mi-homme, mi-serpent, et aux dieux Héphaistos et Poséidon.

Comme tous les autres nouveaux édifices de l'acropole, l'Érechthéion fut construit en marbre pentélique qui provenait du mont Pentélique voisin et était réputé pour son aspect blanc pur et son grain fin. Il contient également des traces de fer qui, avec le temps, se sont oxydées, donnant au marbre une douce couleur miel, une qualité particulièrement évidente au lever et au coucher du soleil.

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Erechtheion Floor Plan
Plan de l'Érechthéion
visit-ancient-greece.com (used with permission) (Copyright)

Plan et disposition

Il est difficile de reconstituer avec précision le plan d'origine de l'édifice en raison des modifications qui y furent apportées au fil des siècles. Quoi qu'il en soit, la nature asymétrique de l'édifice présente également un assemblage architectural plutôt confus qui contraste fortement avec la symétrie précise de son voisin, le Parthénon. La situation n'est pas facilitée par la pente très irrégulière du rocher de fondation ; en effet, le sol de l'édifice est plus bas de trois mètres à l'extrémité nord qu'à l'extrémité est. Toutefois, certains éléments font l'objet d'un consensus entre les spécialistes. La cella mesure environ 22,22 m x 11,16 m et est divisée en quatre chambres, dont la plus orientale et la plus grande abritait le diiepetes, la statue en bois d'olivier d'Athéna Polias (de la cité-État), vêtue de la robe spécialement tissée qui était portée lors de la procession panathénaïque qui se tenait dans la ville tous les quatre ans. Devant la statue se trouvait une lampe en or conçue par Callimaque, avec une cheminée en bronze en forme de palmier et une mèche en amiante qui brûlait en permanence. Le serpent sacré (oikouros ophis), que l'on croyait être une incarnation d'Érechthée, vivait dans l'une des chambres occidentales et jouait le rôle de gardien de la ville. Bien entretenu, il était régulièrement nourri de gâteaux au miel.

Les autres salles de l'édifice abritaient divers objets religieux et historiques tels qu'une statue en bois d'Hermès, une chaise que l'on dit avoir été fabriquée par le grand architecte Dédale - celui du Labyrinthe de Minos - et diverses reliques des guerres perses. Sur la façade orientale, six colonnes ioniques (6,58 m de haut, base et chapiteau compris) présentent l'entrée principale (4,88 m x 2,42 m). Sur le côté nord se trouve le porche sacré à Poséidon Érechtheus (une version locale du dieu) et le site de la frappe du trident qui puisa dans la source salée du dieu. Il y avait également un autel et une enceinte sacrés pour Zeus Hypatos, car on croyait que c'était l'endroit où Zeus avait foudroyé Érechthée (pour se venger d'avoir tué le fils de Poséidon, Eumolpos), d'où la présence d'une ouverture dans le plafond. Autour de l'enceinte se trouvent six autres colonnes ioniques (7,63 m de haut) qui, comme les colonnes du Parthénon, présentent la caractéristique de l'entase, c'est-à-dire des bases plus épaisses qui se rétrécissent à mesure que la colonne s'élève, ce qui donne l'impression que les colonnes sont parfaitement droites. Le porche des Caryatides (ou Cariatides) se trouve sur le côté sud.

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Erechtheion with Original Paintwork Reconstruction
Reconstruction de l'Érechthéion avec la peinture d'origine
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Décoration architecturale

L'ensemble du bâtiment était à l'origine entouré d'une frise ionique de 63 cm de haut, mais celle-ci fut tellement endommagée qu'il fut impossible de déterminer ne serait-ce que le thème général de la pièce. Ce que l'on sait, c'est qu'elle était sculptée dans du marbre de Paros et fixée sur un fond bleu foncé (ou gris) de marbre d'Éleusis. Des toits à fronton en bois et en tuiles protégeaient la cella et le porche nord, tandis que le porche sud à caryatides avait un toit plat. Au sud-ouest de l'édifice se trouvait l'olivier sacré, cadeau d'Athéna, qui devint ainsi la divinité protectrice de la ville.

Les véritables vedettes de l'Érechthéion sont sans aucun doute les Caryatides ou korai, nom que leurs donnaient les Grecs de l'Antiquité. Les figures finement sculptées ne sont pas uniques à l'édifice, car on en trouve d'autres exemples dans l'architecture de la période archaïque, en particulier dans les édifices du Trésor de sites sacrés tels que Delphes et Olympie. Leurs vêtements doriques moulants (péplos et himation) et leurs cheveux tressés de manière complexe sont rendus dans les moindres détails. Leur posture audacieuse et la fermeté de leur jambe droite donnent l'impression qu'elles supportent sans effort le poids de l'entablement et du toit du porche. De manière assez intelligente, la jambe droite crée également des plis dans leurs vêtements, remarquablement semblables aux cannelures d'une colonne ionique ordinaire. À l'origine, les personnages soulevaient légèrement leur robe d'une main et tenaient de l'autre des vases à libations peu profonds (phialai). Il se peut que les libations versées par les caryatides reproduisent la pratique consistant à verser des libations dans le sol en guise d'offrande aux morts. Les caryatides qui se trouvent aujourd'hui sur l'acropole sont des copies exactes; cinq des originaux se trouvent au musée de l'Acropole d'Athènes et un autre au British Museum, à Londres.

Erechtheion Roof Detail
Détail du toit de l'Érechthéion
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Histoire ultérieure

Comme beaucoup d'édifices classiques, l'Érechthéion connut une histoire mouvementée. Endommagé par un incendie une dizaine d'années seulement après son achèvement, il fut réparé en 395 avant notre ère. Au VIe siècle de notre ère, il fut converti en église chrétienne, les Francs en firent un petit palais et, vers 1460, l'Érechthéion subit l'indignité d'être utilisé comme harem pour le plaisir du gouverneur turc. En 1801, Lord Elgin obtint des autorités turques l'autorisation d'enlever toutes les sculptures qui l'intéressaient, et parmi son butin se trouvaient l'une des caryatides et l'une des colonnes orientales. Cependant, en 1833, des fouilles systématiques commencèrent sur l'acropole et, de 1836 à 1842, l'Érechthéion fut partiellement reconstruit. D'autres fouilles et restaurations furent effectuées en 1885 et tout au long de la fin du XXe siècle.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2012, décembre 03). Érechthéion [Erechtheion]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-420/erechtheion/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Érechthéion." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 03, 2012. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-420/erechtheion/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Érechthéion." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 déc. 2012. Web. 21 nov. 2024.

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