Artémis était la déesse grecque de la chasse, de la nature sauvage et de la chasteté. Fille de Zeus et sœur d'Apollon, Artémis était considérée la protectrice des filles et des jeunes femmes notamment pendant l'accouchement. Elle était adorée à travers le monde grec, mais son site culte le plus célèbre était en tant que déesse de la fertilité au Temple d'Artémis à Éphèse, l'une des sept merveilles du monde antique. Pour les Romains, la déesse était connue sous le nom de Diane.
Famille d'Artémis
En mythologie grecque, Artémis est la fille de Zeus et de Léto. Née sur Délos ou Ortygie (près d'Éphèse en Turquie occidentale), elle est la sœur jumelle du dieu Apollon. Quand elle avait trois ans, son père l'assit sur ses genoux et lui demanda quels cadeaux elle aimerait recevoir. Connaissant le pouvoir de son père, la jeune Artémis ne se fit pas prier et telle fut sa réponse (il semblerait qu'elle y avait pensé depuis un certain temps) :
Donne-moi de conserver une virginité éternelle, *petit père*, et une multitude de noms, afin que Phoibos ne cherche pas à rivaliser avec moi ; donne aussi des flèches et un arc – laisse, père, ce n'est pas un carquois ni un grand arc que je demande ; pour moi, les Cyclopes fabriqueront aussitôt des traits, pour moi un arc à la belle courbure ; c'est d'être une porte-torches et de ceindre jusqu'aux genoux une tunique frangée afin de tuer les bêtes sauvages. Donne-moi encore, comme choreutes, soixante Océanides, toutes de neuf ans, toutes encore enfants sans ceinture ; donne-moi aussi, comme servantes, vingt nymphes de l'Amnisos, qui prennent soin de mes sandales de chasse et, quand je ne chasserai plus les lynx ni les cerfs, de mes chiens rapides. Donne-moi toutes les montagnes ; accorde-moi une ville, quelle qu'elle soit, celle que tu voudras ; chose rare, en effet, quand Artémis descend dans une cité; j'habiterai dans les montagnes, je fréquenterai les villes des hommes seulement quand des femmes travaillées par les douleurs aiguës m'appelleront à l'aide ; à celles-ci, les Moires, aussitôt que je fus née, m'ont assigné de porter secours. Car, et en m'enfantant et en me portant, ma mère ne souffrit, mais c'est sans peine qu'elle me fit sortir de son sein.
(De l'hymne de Callimaque à Artémis)
Aptitudes et associations
Dotée de cadeaux tels qu'un arc en argent fait par les Cyclopes et une meute de chiens de chasse de la part de Pan, Artémis était alors considérée comme la déesse de la chasse et de la nature sauvage et la maîtresse des animaux. Pour cette raison, elle est associée aux animaux sauvages (en particulier les jeunes), aux forêts et à la lune. Déesse de la chasteté, de l'accouchement et de la fertilité, Artémis Kourotrophos était la protectrice des jeunes femmes, en particulier des jeunes mariées, qui lui consacraient leurs jouets en tant que symbole de la transition vers l'âge adulte et la prise en charge des responsabilités d'une femme. Enfin, la déesse, résidant dans la nature sauvage, était liée aux frontières et à la transition, tant en termes physiques qu'abstraits. Pour cette raison, peut-être, les temples dédiés à Artémis étaient souvent construits soit en marge des villes, soit à des endroits où le relief changeait comme les marais ou les jonctions de cours d'eau.
Artémis dans la mythologie grecque
Artémis ne joue qu'un rôle mineur dans la guerre de Troie de l'Iliade d'Homère et est décrite le plus souvent comme «la déesse archer» mais aussi à l'occasion comme la «déesse de la chasse bruyante» et «sauvage, maîtresse des créatures sauvages». Soutenant les Troiens, elle guérit notamment Énée après qu'il fut blessé par Diomède. Hésiode dans sa Théogonie la décrit le plus souvent comme «Artémis tireuse de flèches».
Un épisode notable au début de la guerre de Troie qui implique la déesse est le sauvetage d'Iphigénie, fille d'Agamemnon. Le roi avait froissé la déesse en tuant l'un de ses cerfs sacrés. En guise de punition, Artémis avait ralenti la flotte achaéenne et seul le sacrifice d'Iphigénie aurait apaisé la déesse qui aurait alors donné à Troie un vent favorable. Agamemnon offrit dûment sa fille en sacrifice, mais prenant pitié d'elle, au dernier moment, la déesse remplaça la jeune fille par un cerf et fit d'Iphigénie une prêtresse dans son sanctuaire en Tauride.
D'autres récits sur Artémis, cependant, la montrent sous une lumière beaucoup moins charitable. Elle aurait tué le chasseur Orion après qu'il ait tenté de la violer, elle ou l'une de ses disciples. Artémis transforma Callisto, une nymphe qui faisait partie de sa suite, en ours pour avoir couché avec Zeus, qui lui la transforma de nouveau, elle et son fils Arcas, en constellations, la grande et la petite ours (mais pas avant qu'Arcas n'ait fondé la race des Arcadiens). La déesse utilise son arc pour tuer sans pitié les six (ou sept) filles de Niobé après qu'elle se soit vantée que sa capacité de procréer était supérieure à celle de Léto. Le chasseur Actéon, après avoir osé se vanter d'être le plus grand chasseur ou, dans une autre version, avait espionné Artémis alors qu'elle se baignait dans un étang en forêt, fut transformé en cerf par la déesse. Actéon fut ensuite déchiqueté par sa propre meute de 50 chiens de chasse. Enfin, Artémis envoya un énorme sanglier pour ravager Calydon après que la ville eut négligé de faire un sacrifice à la déesse. Un groupe de héros chasseurs qui comprenait Thésée, Jason, les Dioscures, Atalante et Méléagre fut formé pour chasser et sacrifier le sanglier en l'honneur d'Artémis. Après une longue expédition, Atalante et Méléagre réussirent enfin à tuer le sanglier.
Temple d'Artémis à Éphèse
En tant que divinité de la fertilité, Artémis Ephesia était particulièrement vénéré à Éphèse, près de ce que beaucoup croyaient être son lieu de naissance, Ortygie. Ici, son culte comprenait des éléments orientaux (empruntés à des déesses comme Isis, Cybèle et la « Maîtresse des Animaux ») et ses principaux symboles étaient l'abeille, la datte et le cerf. Le célèbre temple d'Artémis de la ville (commencé vers 550 av. J.-C.) était presque deux fois plus grand que le Parthénon d'Athènes quand il fut finalement terminé après un siècle de travail; il était considéré comme l'une des sept merveilles du monde antique. Le temple comptait 127 colonnes, et les blocs d'architraves au-dessus étaient si lourds, pesant environ 24 tonnes chacun, que les Éphésiens affirmaient qu'Artémis en personne avait contribué à sa construction. A l'intérieur du temple se trouvait une statue de culte géante de la déesse en bois de cèdre. Aujourd'hui, tout ce qui reste du temple sont ses fondations et une colonne unique plutôt triste qui a été érigée à partir de restes composites.
Autres lieux de culte
D'autres lieux de culte à Artémis remarquables étaient les sanctuaires de Brauron, Tauris, Magnésie, Perge, et sur l'île de Délos, où la déesse était née dans certaines versions des mythes et où elle assista à la naissance de son frère Apollon. À Brauron, sur la côte est de l'Attique, un temple et une source sacrée furent utilisés du VIIIe au IIIe siècle av. J.-C.; ils accueillaient des rites de passage pour les jeunes filles et les jeunes mariées. Il n'est pas clair quels étaient les rites en question, mais les récipients peints utilisés pour les libations sur le site représentent des jeunes filles qui courent et qui dansent. À Sardes, en Lydie (ouest de la Turquie), il y avait le quatrième plus grand temple grec ionique jamais construit (c. 300 av. J.-C.) dédié à Artémis; il fut rénové par les Romains au IIe siècle av. J.-C. À Sparte et à Athènes (après la bataille de marathon de 490 av. J.-C.), Artémis fut adorée en tant qu'Artémis Agrotera et considérée comme la déesse des batailles, une chèvre lui étant sacrifiée avant tout engagement des Spartiates et 500 autres chaque année par les Athéniens.
Comment Artémis est-elle représentée dans l'art?
Artémis est le plus souvent représentée dans l'art grec antique comme une belle et jeune chasseresse avec un carquois et un arc ou, alternativement, une lance. Elle est souvent accompagnée d'un cerf ou d'un chien de chasse, et parfois elle porte une peau de félin. Les premières représentations soulignent également son rôle de déesse des animaux et la montrent ailée avec un oiseau ou un animal dans chaque main. Par exemple, sur les poignées du célèbre vase François (570-565 av. J.-C.), elle tient une panthère et un cerf dans une représentation et des lions dans une autre. Sur les vases attiques rouge et noir plus récents, elle est aussi souvent représentée tenant une torche.
Une célèbre représentation en marbre de la déesse se trouve sur la frise est du Parthénon où elle est assise entre Apollon et Aphrodite avec Éros (vers 440 av. J.-C.). La déesse tire sa robe pour mieux se couvrir, peut-être en référence à sa réputation de chasteté. Une représentation plus tardive et peut-être plus célèbre est celle d'une chasseresse saisissant de façon impressionnante les bois d'un cerf, pose capturée en marbre par un sculpteur romain copiant un original grec perdu attribué à Léocharès (vers 325 av. J.-C.). Connue sous le nom de Diane de Versailles, elle est maintenant exposée au Musée du Louvre à Paris.
Artémis continua à intéresser les Romains, et on trouve une belle statue en marbre du 2ème siècle après J.-C. de la déesse avec arc tendu et à ses pieds un chien de chasse dans les Musées du Vatican à Rome. La déesse a un croissant de lune sur sa tête, rappelant sa longue association avec ce corps céleste. Enfin, l'association d'Artémis à la fertilité, qui était particulièrement répandue à Éphèse, se voit mieux dans une figurine en marbre de cette ville où la déesse est couverte de ce qui semble être des petits oeufs et des animaux. Datant de 125-175 après J.-C., il est maintenant exposé au musée archéologique de Selcuk, en Turquie.