Valérien régna en tant qu'empereur de l'Empire romain de 253 de notre ère jusqu'à sa capture en 260. En 253, un commandant militaire romain âgé et ancien sénateur expérimenté fut proclamé empereur par ses troupes, ce qui était très courant à l'époque. En tant qu'empereur, Publius Lucinius Valerianus - communément appelé Valérien - lutta contre des incursions répétées en provenance du nord et de l'est, ne mettant que rarement les pieds à Rome. Il finit cependant par trouver une mort malheureuse aux mains d'un roi ennemi, devenant ainsi le seul empereur à mourir en captivité.
Un empire instable
Le dernier demi-siècle avait été difficile pour Rome, car l'Empire avait été gouverné par une série d'empereurs peu compétents et, pendant les décennies à venir, il en serait de même. En l'espace de 50 ans, de 235 à 285 de notre ère, au moins 20 empereurs se succédèrent, la plupart d'entre eux étant morts au combat ou assassinés. La plupart des historiens considèrent que l'année 180 de notre ère marqua la fin de la Pax Romana ou paix romaine. Pendant les deux siècles suivants, jusqu'à ce qu'il se finisse par se rendre aux invasions "barbares", l'Empire d'Occident fut en proie à des difficultés sociales, politiques et économiques.
Jeunesse
Issu d'une vieille famille romaine, le futur empereur Valérien naquit en 195 de notre ère (lieu inconnu) sous le règne de Septime Sévère (193 à 211 de notre ère) et, comme beaucoup d'autres avant lui, il gravit les échelons avant de s'asseoir sur le trône de Rome. Il avait été consul sous Sévère Alexandre (222-235 de notre ère) et, en 238 de notre ère, il soutint la rébellion des deux Gordien contre Gaius Julius Verus Maximinus et son père Maxminus Thrax (alias Maximin Ier le Thrace, 235-238 de notre ère). Cependant, son chemin vers le pouvoir ne serait pas facile. De 249 à 253, l'Empire connut quatre hommes sur le trône impérial. Valérien finirait par endosser la robe en 253 et la porterait jusqu'à sa mort malheureuse en 260 de notre ère.
Prédécesseurs immédiats
Le premier des quatre empereurs était un descendant d'une ancienne famille sénatoriale. Caius Messius Quintus Decius (alias Dèce, 249 - 251 de notre ère) était un ancien sénateur et gouverneur de l'Hispanie citérieure et de la Haute Moésie. Comme beaucoup d'autres avant lui (et beaucoup d'autres après), Dèce avait été déclaré empereur par ses troupes dévouées après la mort de Marcus Julius Verus Philippus, connu par les historiens sous le nom de Philippe l'Arabe (244 - 249 de notre ère). Philippe avait obtenu le titre d'"Arabe" parce qu'il était le fils d'un chef arabe. Pour tenter de rétablir l'ordre, Philippe avait envoyé Dèce comme nouveau gouverneur de la Moésie et de la Pannonie. Après avoir vaincu les Goths, toujours envahissants, et rétabli la stabilité, les hommes de Dèce le proclamèrent empereur et, avec des légions supplémentaires à sa disposition et l'encouragement de ses troupes, en septembre 249 de notre ère, Dèce se mit en marche vers Rome. Les armées de Philippe et de Dèce se rencontrèrent à Vérone, où Philippe fut vaincu et tué. Philippe était supposé être en mauvaise santé à l'époque et considéré par beaucoup comme un commandant faible. Peu après, son jeune fils et héritier fut tué au camp prétorien de Rome.
Malheureusement pour Dèce, qui se battait aux côtés de Trébonien Galle contre les Goths, lui et son fils Herennius allaient connaître le même sort que son prédécesseur, c'est-à-dire être tués au combat. Mais cette fois, c'est un ennemi étranger qui les tua, et non leurs propres soldats. Sa mort, cependant, ne fut peut-être pas aussi simple qu'il n'y paraît. Certains prétendent que la disparition de l'empereur fut due à la trahison de son lieutenant et futur successeur Trébonien Galle (251 - 253 av. J.-C.).
Outre une excellente carrière militaire, le nouvel empereur Galle avait été sénateur et gouverneur de Haute-Moésie. Bien que certains pensent qu'il aurait dû venger immédiatement la mort de Dèce, l'une des premières actions de Galle en tant qu'empereur fut non seulement de poursuivre la persécution des chrétiens (Philippe avait été plus tolérant), mais aussi de conclure un traité de paix défavorable avec les Goths - Rome paierait un tribut tandis que les Goths garderaient le butin ainsi que les prisonniers de guerre. Galle pensait que ces conditions plus que favorables empêcheraient les Goths d'envahir à nouveau le territoire romain, mais il se trompait. Un autre geste futile consista à adopter le fils cadet de Dèce, Caius Valens Hostilianus Messius Quintus. Malheureusement, le jeune héritier présomptif mourrait de la peste qui ravagea l'empire et l'armée.
Le court règne de Galle fut, selon les termes d'un historien, "une période de désastres continus" avec l'apparition de la peste ainsi qu'une menace sans réponse du souverain perse Chapour Ier et son invasion de l'Arménie. Pour des raisons inconnues, jusqu'à Valérien, Chapour avait été largement ignoré par Rome - bien qu'il ait mené une politique agressive à l'égard des territoires romains pendant plus d'une décennie - et avait fini par dévaster la Cappadoce et la Syrie tout en s'emparant de plus de trente-trois villes, dont Antioche.
Ascension au pouvoir
Alors que Galle se contentait de s'établir à Rome, au nord du Danube, Émilien, ancien sénateur, consul et gouverneur de Basse-Moésie, s'occupait des Goths en maraude - le commandant goth Kniva réclamait une augmentation du tribut. Après avoir été déclaré empereur par ses hommes au cours de l'été 253 de notre ère - Émilien avait promis à ses hommes d'importantes primes en cas de victoire sur les Goths - il se dirigea vers le sud de l'Italie. Le Sénat romain le déclara immédiatement ennemi public. Dèce et son fils Volusien envoyèrent un message à Valérien pour qu'il rassemble des troupes et les aide à lutter contre l'approche d'Émilien. Malheureusement, Valérien fut retardé et n'arriva pas à temps, car Dèce et son fils furent tués à Interamna par leurs propres troupes qui, sans surprise, prêtèrent immédiatement serment d'allégeance à Émilien. À son arrivée à Rome, le même Sénat romain qui l'avait déclaré hors-la-loi le reconnut en tant qu'empereur. Cependant, le nouvel empereur n'aurait pas le luxe de porter la robe impériale très longtemps.
Bien qu'il n'ait pas pu aider Galle, Valérien choisit de poursuivre sa marche vers Rome. Au cours de cette longue marche, comme pour ceux qui l'avaient précédé, avant de quitter Raetia, il fut déclaré empereur par son armée. Immédiatement, Émilien se dirigea vers le nord pour le rejoindre et, comme on dit souvent que l'histoire se répète, il mourut des mains de ses propres hommes en octobre 253 de notre ère, près de la ville de Spoleto, sur le bien nommé Pons Sanguinarius ou Pont du Sang. Ses hommes prêtèrent alors serment d'allégeance à Valérien. Une grave guerre civile avait été évitée de justesse.
Valérien empereur
À son arrivée à Rome, Valérien espérait remettre de l'ordre dans l'empire; cependant, les pressions extérieures aggravèrent les exigences économiques, politiques et morales internes. Un historien a dit qu'il avait hérité d'un empire "hors de contrôle". Avec sagesse, Valérien nomma son fils Publius Licinius Egnatius Gallienus (alias Gallien) co-empereur. Après la mort de son père, Gallien servirait seul jusqu'en 268 de notre ère, mais il serait assassiné par ses propres officiers d'état-major. Après avoir envoyé son fils vers le nord pour y affronter les Goths, toujours menaçants, Valérien s'attacha d'abord à réparer les dégâts causés à l'est par Chapour Ier, une situation longtemps ignorée par ses prédécesseurs, mais aussi à dissuader les Goths de poursuivre leurs attaques; ces derniers avaient décidé de déplacer leurs efforts vers l'est et de mettre à sac l'ancienne cité d'Athènes. Malheureusement, l'empereur ne reviendrait jamais à Rome, mais son succès supposé minime en Orient serait étonnamment récompensé par les titres impressionnants de restaurateur de l'Orient, restaurateur de la race humaine et restaurateur du monde.
Alors qu'il marchait sur l'Asie Mineure, Valérien envoya un contingent de troupes à Byzance pour repousser les Burgondes et les Goths qui avaient attaqué la Thrace et Thessalonique, et poussa plus au sud à travers l'Hellespont jusqu'à Chalcédoine et la Bithynie, brûlant Nicomédie et Nicée. Valérien finit par arriver en Mésopotamie pour aider la Bithynie, où son armée fut ravagée par la peste. Après une défaite dévastatrice à la bataille d'Édesse, l'empereur choisit de négocier un traité de paix avec le roi de Perse. En 260 de notre ère, Valérien et son état-major, y compris le commandant prétorien, rencontrèrent Chapour pour discuter des conditions, mais la rencontre se transforma en piège.
Captivité et mort
Selon certains récits, Valérien passa le reste de sa vie en Perse en tant que prisonnier et esclave - traîné dans des chaînes et forcé de s'accroupir pour que Chapour puisse marcher sur le dos de l'empereur pour monter à cheval. À sa mort, la peau de Valérien fut enlevée et teinte, puis montrée aux futurs visiteurs du temple (principalement à titre d'avertissement). Les Res Gestae Divi Saporus ou "Actes du divin Chapour" de Chapour célèbrent la capture de l'empereur. La mort de Valérien ne serait jamais vengée car Chapour mourut de maladie en 270 de notre ère.
De nombreux historiens considèrent Valérien comme un autre exemple d'une longue série d'empereurs incompétents. Malheureusement, l'empereur, le seul à avoir été capturé et fait prisonnier, ne restera pas dans les mémoires uniquement pour sa capture et son humiliation. En 257 de notre ère, il publia le premier édit ordonnant la persécution de l'Église chrétienne à l'échelle de l'empire. Il saisit les biens des chrétiens et fit exécuter ceux qui n'abjuraient pas leurs croyances. De nombreux auteurs chrétiens affirment même que sa capture et le traitement qui lui fut infligé par Chapour étaient la preuve de la colère de Dieu. Cependant, une idée novatrice lancée par Valérien fut utilisée plus tard par l'empereur Dioclétien. Avant de partir vers l'est, Valérien divisa l'empire en deux: il prit l'est et son fils l'ouest. Malheureusement, Valérien ne put concrétiser cette idée. S'il avait réussi à vaincre Chapour, l'histoire l'aurait peut-être considéré différemment.