Édesse

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 25 septembre 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais, arabe, Turc
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Edessa Citadel (by moarplease, CC BY-NC-SA)
Citadelle d'Édesse
moarplease (CC BY-NC-SA)

Édesse (aujourd'hui Şanlıurfa souvent appelée Urfa), située aujourd'hui dans le sud-est de la Turquie mais qui faisait autrefois partie de la haute Mésopotamie, à la frontière du désert syrien, fut une ville importante tout au long de l'Antiquité et du Moyen Âge. Ville de l'empire séleucide, puis capitale du royaume d'Osroène, puis ville provinciale romaine, Édesse se trouva perpétuellement prise entre différents empires, notamment entre Rome et la Parthie. Conquise par les Arabes musulmans vers 638, elle sera intégrée à l'Empire byzantin à partir de 944. La prise de la ville par le chef musulman Zangi en 1144 est à l'origine du lancement de la deuxième croisade (1147-1149) visant à sa reconquête au nom de la chrétienté. Après sa destruction par le chef musulman Nur ad-Din (parfois aussi appelé Nur al-Din) en 1146, Édesse disparut plus ou moins de l'histoire, mais de nombreuses mosaïques de la ville ont survécu et témoignent de la richesse de certains citoyens d'Édesse dans l'Antiquité tardive et au début de la période médiévale.

Histoire ancienne

Édesse, alors connue sous le nom d'Adma (ou Adme), était une ancienne colonie, choisie pour sa position avantageuse dans une plaine fertile où l'eau abondait grâce à un bras voisin de l'Euphrate, tout en étant protégée par un anneau de collines au sud. Le site était un centre de culte pour le dieu de la lune mentionné dans les sources néo-assyriennes et néo-babyloniennes. Séleucos Ier (358-281 av. J.-C.), l'un des commandants macédoniens d'Alexandre le Grand qui établit l'Empire séleucide (312-63 avant J.-C.) en Asie, refonda la ville en tant que colonie militaire en 304 avant J.-C. Séleucos lui donna le nouveau nom d'Édesse, d'après le nom original de l'ancienne capitale de la Macédoine. Au IIe siècle av. J.-C., Édesse devint la capitale et la résidence royale d'Osroène, une région de l'empire séleucide au nord-ouest de la Mésopotamie qui se déclara royaume indépendant (date traditionnelle 132 avant J.-C.). La population d'Édesse, comme celle d'Osroène en général à cette époque, était un mélange de Grecs, de Parthes et d'Araméens sémitiques. Bien que le royaume ait été, en réalité, un état vassal de la Parthie, il s'avéra être une zone tampon utile entre cet empire et l'Empire romain naissant.

Supprimer la pub
Publicité

L'Édesse romaine

Avec l'accroissement de la puissance de Rome, l'Osroène devint une dépendance de l'Empire romain, Pompée le Grand (106-48 av. J.-C.) accordant notamment au roi Abgar II (r. de 68 à 53 avant J.-C.) un territoire élargi. La religion pratiquée en Osroène était païenne, mais beaucoup plus proche de celle de la Parthie que de celle de Rome. L'empereur Trajan (r. de 98 à 117 de notre ère) fut un invité de marque, visitant Édesse lors de sa tournée de la région, alors accueilli par le roi Abgar VII (r. de 109 à 116 de notre ère). Ensuite, après les campagnes réussies de l'empereur Lucius Verus (r. de 161 à 169), qui mit Édesse à sac, la ville devint une colonie romaine et prospéra, frappant même sa propre monnaie. La ville bénéficia de nouveau de sa position favorable sur les routes commerciales, étant sur la seule route officielle entre les empires romain et parthe (247 av. J.-C. - 224 de notre ère). L'empereur romain Caracalla (r. de 211 à 217 de notre ère), moins amical, convoqua Abgar VIII à Rome et l'emprisonna dans l'espoir de faire d'Édesse une plate-forme utile pour lancer une invasion de la Parthie, mais rien ne se passa.

Zebra Whisperer: Haleplibahce Mosaics of Edessa
Mosaïque de Haleplibahce, Édesse
Ronnie Jones III (CC BY-NC-SA)

En 242 de notre ère, Édesse devint la capitale de la province romaine d'Osroène. L'Empire sassanide (224-651 de notre ère), successeur des Parthes, était tout aussi ambitieux en matière de nouveaux territoires et, en 260 de notre ère, Chapour Ier (r. de 240 à 272 de notre ère) attaqua Antioche puis captura l'empereur romain Valérien (r. de 253 à 260 de notre ère) à Édesse alors qu'il cherchait à obtenir des conditions de paix dans l'une des défaites militaires les plus embarrassantes de la longue histoire de Rome.

Supprimer la pub
Publicité

L'Édesse byzantine/chrétienne

Une autre relique importante, et considérée comme vitale pour le bien-être de la ville, était le Mandylion.

Alors qu'Édesse était l'objet de rivalités impériales, la ville réussit à devenir un grand centre de culture et d'apprentissage, en particulier de l'érudition chrétienne. La ville adopta très tôt le christianisme au IIe siècle de notre ère, la première église recensée étant déjà active dès l'an 202. Édesse devint l'évêché le plus important de Syrie. Parmi les résidents célèbres, citons Josué le Stylite, le chroniqueur de l'histoire régionale du 6e et 7e siècle, et Théodore d'Édesse, l'évêque missionnaire légendaire (c. 776 - c. 856). Moïse de Khorène, le célèbre historien arménien du Ve siècle, étudia à Édesse, tout comme Mesrop Mashtots (360/370 - vers 440), qui inventa l'alphabet arménien en l'an 405. Édesse était également une étape populaire pour les pèlerins chrétiens, la ville possédant de nombreuses reliques sacrées telles que les restes du squelette de l'Apôtre Thomas . Une autre relique importante, considérée comme vitale pour le bien-être de la ville, était le Mandylion.

Le Mandylion d'Édesse

L'icône Mandylion était en fait une écharpe ou un linceul sur lequel se trouvait l'image de Jésus-Christ. Selon la légende, dont la première trace remonte au VIe siècle de notre ère, Abgar V, roi d'Édesse au début du Ier siècle de notre ère, tomba gravement malade et demanda à Jésus-Christ de le guérir. Ne pouvant se rendre sur place, le Christ pressa son visage contre un tissu, ce qui laissa une empreinte, et fit ensuite envoyer le tissu à Abgar. En recevant le cadeau, le roi fut miraculeusement guéri et il devint chrétien. Plus important encore, le Mandylion était accompagné d'une lettre qui, elle-même considérée comme une relique sacrée, stipulait que tant que la ville serait en possession du Mandylion, elle ne pourrait jamais être prise par une armée ennemie.

Supprimer la pub
Publicité

Il semble que l'histoire du Mandylion soit basée sur la conversion réelle au christianisme d'un roi ultérieur du même nom, Abgar IX (r. de 179 à 216 de notre ère). Quelles que soient les origines de l'histoire, le fait important est que les habitants d'Édesse, comme beaucoup d'autres dans le monde chrétien, la croyaient vraie. En outre, l'image de l'icône miraculeuse, probablement la première relique de ce type, fut copiée dans de nombreuses peintures murales et coupoles d'églises dans toute la chrétienté et est devenue la représentation standard connue sous le nom de Pantokrator (Tout-Puissant) avec le Christ de face tenant un évangéliaire dans sa main gauche et effectuant une bénédiction avec sa main droite. L'image inspira également le dessin des pièces de monnaie de l'Empire byzantin. Le Mandylion eut également d'autres influences, l'icône étant fréquemment citée dans les arguments théologiques en faveur de l'incarnation du Christ en tant qu'homme réel au Moyen Âge.

King Abgar & the Mandylion
Le roi Abgar et le Mandylion
Unknown Artist (Public Domain)

Le Mandylion fut enlevé d'Édesse en 944 de notre ère, lorsque Jean Kourkouas le prit en échange de la levée du siège de la ville et l'empereur byzantin, Romanos Ier (r. de 920 à 944 de notre ère) promit officiellement de ne plus l'attaquer. De là, il fut transporté au Grand Palais de Constantinople. Lorsque Constantinople fut saccagée en 1204 au cours de la quatrième croisade (1202-1204), le Mandylion fut emporté en France en tant que butin, où il fut finalement détruit dans le chaos de la Révolution française (1789-1799).

Conquête arabe

Édesse fut attaquée plusieurs fois au cours des siècles, en particulier par les Sassanides voisins, notamment en 503 par Kavad, roi de Perse (r. de 488 à 531), bien que son siège n'ait pas été couronné de succès (le Mandylion tint promesse). Au cours des guerres intermittentes entre la Perse et l'Empire byzantin (la moitié orientale de l'Empire romain), Édesse fut à nouveau attaquée en 544, cette fois par Khosro Ier (r. de 531 à 579), mais la ville tint bon. Entre 638 et 641, ce fut une autre histoire et Édesse tomba sous le contrôle des Arabes ; elle ne revint sous la domination byzantine que lorsque le général byzantin Jean Kourkouas la reprit en 944. La ville resta néanmoins un important centre chrétien, notamment en termes de traductions, de production de manuscrits et d'éducation. La cathédrale d'Édesse fut décrite par l'érudit arabe du Xe siècle, al-Maqdidis, comme "une merveille du monde" (Bagnall, 2306).

Supprimer la pub
Publicité
Les Seldjoukides finirent par conquérir Édesse en 1078, mais les armées occidentales de la première croisade la reprirent en 1098.

Edessa fut perdue puis reconquise par les Byzantins en 1032 grâce aux efforts du général George Maniakès, mais elle resta, comme toujours, une pomme de discorde entre les empires rivaux ; les émirs musulmans locaux attaquèrent la ville en 1036 et 1038. Une situation politique plus permanente s'instaura lorsque les musulmans seldjoukides remportèrent d'importantes victoires en Asie mineure contre les armées byzantines, notamment à la bataille de Manzikert dans l'ancienne Arménie en août 1071. Édesse devait être cédée dans le cadre de l'accord de paix conclu entre les Seldjoukides et l'empereur byzantin Romanos IV Diogène (r. de 1068 à 1071), mais les Byzantins finirent par la conserver tant son importance stratégique était grande.

Byzantine Empire, 1025 CE
Empire byzantin en l'an 1025
Necropotame (CC BY-SA)

Vers 1078, les Seldjoukides créèrent le sultanat de Roum, mais le talentueux général Philaretos Brachamios parvint à maintenir Édesse entre les mains des Byzantins. Les Seldjoukides finirent par conquérir Édesse en 1078, mais les armées occidentales de la première croisade (1095-1102) arrivèrent sur place et reprirent la ville en 1098, ainsi que Jérusalem en 1099.

Le comté d'Édesse

Les chefs victorieux de la première croisade créèrent plusieurs nouveaux États au Moyen-Orient, le premier d'entre eux étant le comté d'Édesse. Le comté fut créé dans des circonstances douteuses par Baudouin de Boulogne en mars 1098. Baudouin et son armée d'environ 80 chevaliers occidentaux (plus l'infanterie) avaient en fait été invités par Thoros, le souverain arménien d'Édesse, à lui venir en aide contre l'arrivée imminente d'une armée musulmane en provenance de Mossoul en Irak. Baudouin avait accepté d'apporter son soutien à condition de devenir l'héritier de Thoros, mais, à son arrivée, le Français rejoignit ou ferma les yeux sur une foule dissidente qui lyncha Thoros. Baudouin créa alors le premier État latin dont il fut le souverain. Pendant ce temps, l'armée musulmane, apprenant la nouvelle du changement de pouvoir et la chute d'Antioche un jour plus tôt après un long siège, se retira.

Supprimer la pub
Publicité

Le territoire du comté d'Édesse chevauchait la partie médiane de l'Euphrate, contenait plusieurs châteaux importants tels que Ranculat et Ravendan, et fournit de précieuses denrées alimentaires aux États latins d'Orient, les États créés par les croisés. De plus, Édesse était un bouclier stratégique important pour Antioche, plus à l'ouest, et une plate-forme solide à partir de laquelle lancer des raids plus profondément dans la Mésopotamie sous contrôle musulman. Cette région était auparavant contrôlée par les Arméniens chrétiens, et bien que Baudouin ait usurpé le pouvoir politique, il y avait, grâce à de nombreux mariages mixtes, un mélange de noblesse franque et arménienne, faisant du comté d'Édesse le plus intégré des quatre États créés par les Croisés dans la région. Édesse restait cependant un état vassal des plus importantes et puissantes polities latines d'Antioche et de Jérusalem.

The First Three Crusades and the 12th-Century Latin East (Outremer)
Les trois premières croisades et les États latins d’Orient du XIIe siècle
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Édesse et la deuxième croisade

Au 12ème siècle, Édesse, avec sa richesse et son histoire, attira l'attention d'Imad ad-Din Zangi (r. de 1127 à 1146), le souverain musulman indépendant de Mossoul et d'Alep en Syrie. Zangi encercla la ville et demanda à ses hommes de saper l'un des murs défensifs qui s'effondra très vite. Après une lutte de quatre semaines, la ville fut capturée par Zangi le 24 décembre 1144, ce que les musulmans ont décrit comme "la victoire des victoires" (Asbridge, 226). Les chrétiens occidentaux furent tués ou vendus comme esclaves tandis que les chrétiens orientaux furent autorisés à rester. Avant la chute, les chrétiens d'Édesse avaient lancé un appel à l'aide à l'ouest, appel pour lequel des écrivains chrétiens tels que Michel le Syrien (mort en 1199) ont par la suite fait une propagande émouvante :

Édesse demeura un désert : un spectacle émouvant recouvert d'un vêtement noir, ivre de sang, infesté par les cadavres mêmes de ses fils et de ses filles ! Des vampires et d'autres bêtes sauvages couraient et entraient la nuit dans la ville pour se repaître de la chair des massacrés, et elle devint la demeure des chacals ; car nul n'y entrait, sauf ceux qui creusaient pour découvrir des trésors. (cité dans Riley-Smith, 230-1)

Les sources arabes donnent une vision assez différente, comme la note suivante d'Ibn al-Athir (1160-1232) :

Lorsque Zangi inspecta la ville, il l'aima et se rendit compte qu'il ne serait pas de bonne politique de réduire l'endroit en ruines... La ville fut restaurée dans son état antérieur et Zangi installa une garnison pour la défendre. (ibid, 231)

En réponse à la chute d'Édesse et à la menace générale qui pesait sur les États latins d'Orient, le pape Eugène III (r. de 1145 à 1153) appella officiellement à une croisade, ce que l'on appelle aujourd'hui la deuxième croisade, le 1er décembre 1145. La croisade était dirigée par le roi allemand Conrad III (r. de 1138 à 1152) et Louis VII, le roi de France (r. de 1137 à 1180), mais avant que l'armée occidentale ne puisse arriver, Édesse était en proie à des difficultés encore plus grandes. Nur ad-Din (r. de 1146 à 1174), le successeur de Zangi après sa mort en septembre 1146, triompha de la tentative du chef latin Josselin II de reprendre Édesse. Une fois de plus, la ville fut mise à sac pour célébrer le nouveau pouvoir de Nur ad-Din. Tous les citoyens masculins chrétiens de la ville furent massacrés, et les femmes et les enfants vendus comme esclaves, tout comme l'avaient été leurs congénères occidentaux deux ans auparavant. Pour s'assurer qu'Édesse ne puisse plus être utilisée par l'ennemi, ses fortifications furent systématiquement détruites.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Orpheus Mosaic: Edessa/Urda/Haleplibahçe Mosaics
Mosaïque d'Orphée: Édesse/ Urda/Haleplibahçe
Ronnie Jones III (CC BY-NC-SA)

Après la défaite de l'armée croisée à Dorylée en Asie Mineure le 25 octobre 1147 et l'échec du siège de Damas en juillet 1148, la deuxième croisade fut abandonnée et Édesse fut laissée à son sort. Nur ad-Din continua à consolider son empire, et il prit Antioche le 29 juin 1149, puis captura Raymond, le comte d'Édesse, mettant ainsi fin au comté d'Édesse en 1150.

Les vestiges archéologiques

Malheureusement, peu de vestiges monumentaux de la longue histoire mouvementée d'Édesse sont encore visibles aujourd'hui. Les plus frappants sont peut-être deux colonnes, d'environ 18,2 mètres de haut chacune, qui se dressent sur la citadelle de la ville. Les colonnes étaient autrefois surmontées de statues d'Abgar VIII et de sa reine, mais elles datent du IIIe ou du IVe siècle de notre ère, comme l'indique une inscription syriaque sur l'une des bases. Les vestiges de deux grands bassins à poissons, utilisés autrefois pour conserver des carpes en vue de dédicaces religieuses à une déesse de la fertilité, datent d'une époque similaire. Il y a quelques portions des murs de fortification de la ville encore in situ et de nombreuses tombes et mosaïques de l'Antiquité tardive et de l'Édesse du début du Moyen Âge. La majorité de ces mosaïques proviennent des riches classes supérieures, et elles montrent souvent des scènes de la vie quotidienne ou des représentations des occupants de la tombe et de leur famille.

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2018, septembre 25). Édesse [Edessa]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-693/edesse/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Édesse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 25, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-693/edesse/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Édesse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 sept. 2018. Web. 16 nov. 2024.

Adhésion