Islam

10 jours restants

Investissez dans l'enseignement de l'Histoire

En soutenant notre organisation reconnue d'utilité publique, World History Foundation, vous investissez dans l'avenir de l'enseignement de l'Histoire. Votre don nous aide à transmettre à la nouvelle génération les connaissances et les compétences dont elle a besoin pour comprendre le monde qui l'entoure. Aidez-nous à démarrer la nouvelle année prêts à publier des contenus historiques fiables et gratuits pour tous.
$3086 / $10000

Définition

Syed Muhammad Khan
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 25 novembre 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol, Turc
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Gates of the Prophet's Mosque, Medina (by AishaAbdel, CC BY-SA)
Portes de la mosquée du prophète, Médine
AishaAbdel (CC BY-SA)

L'Islam est une religion abrahamique-monothéiste fondée sur les enseignements du Prophète Mohamed (Mahomet, Muhammad ibn Abdullah, 570-632 ap. JC), après le nom duquel les Musulmans ajoutent traditionnellement "que la paix soit sur lui" ou, en abrégé, PSL). Aux côtés du Christianisme et du Judaïsme, l'Islam s'inscrit dans la continuité des enseignements d'Abraham (présent dans les écritures juives et chrétiennes, considéré comme un prophète dans l'Islam, et dont les Musulmans disent également "la paix soit sur lui"), même s'il en diffère à certains égards. Les adeptes de l'Islam sont appelés les Musulmans, et sont environ deux milliards dans le monde aujourd'hui, juste derrière les Chrétiens.

Après des débuts modestes dans la Péninsule Arabique, les disciples de Mohamed réussirent à conquérir les superpuissances de l'époque : l'Empire Perse Sassanide et l'Empire Byzantin. À son apogée (en 750), l'Empire Islamique s'étendait de l'actuel Pakistan à l'Est jusqu'au Maroc et à la Péninsule Ibérique à l'Ouest. Bien qu'il se soit d'abord répandu par la conquête, l'Islam prospéra ensuite grâce au commerce, pour s'étendre au-delà de ses frontières initiales et dans le monde entier. Aujourd'hui, c'est la religion qui connaît la croissance la plus rapide au monde.

Supprimer la pub
Publicité

La Mission du Prophète

Le prophète Mohamed est né en 570. Il était membre du clan Qurayshite des Banu Hashim, une faction très respectée malgré sa richesse déclinante. Orphelin en bas âge, il fut élevé par son oncle Abu Talib, qui l'aurait aimé encore plus que ses propres fils. Mohamed devint commerçant, et était réputé pour son honnêteté (trait rare en Arabie à l'époque). Cette honnêteté attira l'attention d'une riche veuve nommée Khadija qui lui envoya une demande en mariage, qu'il accepta, bien qu'elle ait 15 ans de plus que lui (il avait 25 ans à l'époque). Le soutien de Khadija à Mohamed permit au Prophète de poursuivre sa mission.

MOHAMED COMMENÇA À PRÊCHER L'UNICITÉ DE DIEU À SA FAMILLE ET À SES AMIS PROCHES, PUIS À LA POPULATION.

À la fin de la trentaine, il commença à prier en solitude, dans une grotte appelée Hira, dans le Djébel el-Nour ("Montagne de la Lumière"), près de La Mecque. Un jour de l'an 610, l'ange Gabriel lui aurait apporté la première révélation de Dieu - Allah (qui signifie "le Dieu"). Mohamed aurait d'abord réagi négativement à cette révélation - perplexe et effrayé, il rentra chez lui en courant, tremblant de peur - mais il se rendit ensuite compte qu'il était un prophète de Dieu.

Supprimer la pub
Publicité

Mohamed commença à prêcher l'unicité de Dieu à sa famille et à ses amis proches, puis à la population. L'Arabie étant à l'époque polythéiste, le fait que Mohamed prêche un dieu unique le mit en conflit avec les Mecquois, dont l'économie reposait sur le polythéisme (les marchands vendaient des statues, des figurines et des charmes des différents dieux) et la stratification sociale qu'il soutenait. Les Mecquois prirent de sérieuses mesures pour l'arrêter mais il continua à prêcher cette nouvelle foi car il estimait qu'il devait à Dieu de le faire. En 619, il perdit son oncle Abu Talib et sa femme Khadija (une date connue des musulmans comme l'Année de la Tristesse). Il se sentit seul au monde et très affligé, situation aggravée par la persécution qu'il subissait à La Mecque.

Entrance to the Cave of Hira
Entrée de la grotte de Hira
User Nazli (Public Domain)

Cependant, en 621, des citoyens de Yathrib (plus tard connue sous le nom de Médine) qui avaient accepté l'Islam, invitèrent le prophète et ses compagnons à venir dans leur ville. En 622, Mohamed fuit La Mecque pour échapper aux complots contre sa vie (la fuite est connue sous le nom d'hégire, qui marque le début du calendrier musulman) et se rendit à Yathrib. La ville admirait ses enseignements et souhaitait que le prophète devienne le chef de la ville et gère ses affaires. Mohamed encouragea ses disciples de la Mecque à émigrer à Yathrib, ce qu'ils firent par groupes. Après le départ de la plupart de ses compagnons, il émigra avec un de ses amis de confiance (et futur beau-père) nommé Abou Bakr (573-634).

Supprimer la pub
Publicité

Forts de leur nouvelle base, les Musulmans voulaient maintenant se venger de ceux qui les avaient persécutés. Les Musulmans commencèrent à mener des raids réguliers ou "razzias" sur les caravanes commerciales mecquoises. Ces raids étaient techniquement un acte de guerre. L'économie mecquoise en souffrait, et les Mecquois, furieux, décidèrent d'en finir une fois pour toutes avec les Musulmans. Ceux-ci durent faire face à une attaque à la Bataille de Badr (624), où 313 Musulmans mirent en déroute une armée d'environ 1 000 Mecquois. Certains attribuent cette victoire à une intervention divine, d'autres au génie militaire de Mohamed.

Après la victoire de Badr, les Musulmans devinrent plus qu'un simple groupe d'adeptes d'une nouvelle religion, une force militaire avec laquelle il fallait compter. De multiples engagements suivirent entre les Musulmans et d'autres tribus arabes, avec beaucoup de succès pour les Musulmans. En 630, les portes de La Mecque, la ville qu'ils avaient fuie dans la panique une décennie plus tôt, s'ouvrirent à l'armée musulmane. La Mecque était désormais aux mains des Musulmans et, contre toute attente, Mohamed offrit l'amnistie à tous ceux qui se rendaient et acceptaient sa foi.

View of Mecca and the Sacred Mosque, 1900
Vue de La Mecque et de la Mosquée Sacrée, 1900
World Digital Library (Public Domain)

À sa mort, en 632, Mohamed était le chef religieux et politique le plus puissant de toute l'Arabie. La plupart des tribus s'étaient converties à l'Islam et lui avaient prêté serment d'allégeance. Il mourut dans sa maison, à Médine, et y fut inhumé. Le site fut converti en un tombeau appelé "Roza-e-Rasool" (Tombeau du Prophète), qui se trouve à côté de la célèbre "Masjid an-Nabwi" (Mosquée du Prophète) à Médine et est visité par des millions de Musulmans chaque année. Dans son ouvrage intitulé "A History of Medieval Islam", l'historien J. J. Saunders commente sur le Prophète de l'Islam :

Supprimer la pub
Publicité

Sa piété était sincère et sans affectation, et sa croyance honnête en la réalité de son appel ne peut être niée que par ceux qui sont prêts à affirmer qu'un imposteur conscient endura pendant dix ou douze ans le ridicule, les abus et les privations, gagna la confiance et l'affection d'hommes droits et intelligents, et fut depuis vénéré par des millions de personnes comme le principal véhicule de la révélation de Dieu à l'homme. (34)

Les révélations qui auraient été données à Mohamed par l'ange Gabriel furent mémorisées par ses disciples, et, quelques années après sa mort, furent consignées par écrit dans le Coran ('l'enseignement' ou 'la récitation'), le saint livre de l'Islam.

Coran, Sunna et Hadiths

Selon les Musulmans, les versets du Coran, tels que dictés par l'ange à Mohamed, sont les paroles de Dieu et la révélation finale de la vérité divine à l'humanité. Après la mort de Mohamed, ces révélations ont été compilées sous forme de livre par son beau-père Abou Bakr (règne 632- 634 en tant que premier calife - successeur de la mission et de l'empire du Prophète) afin de les préserver pour les générations futures. Au cours de la vie du Prophète, ces révélations furent écrites individuellement sur du parchemin ou d'autres matériaux, et furent ensuite arrangées dans l'ordre dicté par le Prophète pour former le Coran. Les Musulmans mémorisaient les versets et les récitaient (ainsi, l'une des traductions de Quran est 'récitation'). Plus tard, on constata que les Musulmans de différentes origines récitaient les versets dans des dialectes différents. Un projet de normalisation fut donc entrepris afin de préserver les mots du message du Prophète.

LES ADEPTES SONT TOUJOURS ENCOURAGÉS À APPRENDRE LE CORAN DANS SA VERSION ORIGINALE.

Un soin extrême fut apporté pour empêcher toute altération du texte. Cette tâche fut commencée à contrecœur par le successeur immédiat de l'empire de Mohamed, le calife Abou Bakr (qui avait peur de faire quelque chose que le Prophète n'avait pas fait), et fut achevée sous le règne du troisième calife, Uthman ibn Affan (ou Othman ibn Affan, règne 644-656). Pour les Musulmans, le Coran ne peut être correctement compris que lorsqu'il est lu - ou entendu - dans sa langue originale. Bien que des traductions exactes soient considérées comme acceptables par certaines sectes, les adeptes sont toujours encouragés à apprendre le Coran dans sa version originale.

Supprimer la pub
Publicité

Après le Coran, une source importante de conseils pour les Musulmans est la vie du Prophète : ses manières (Sunna) et ses paroles (Hadith); ces deux sources complètent le texte du Coran. Le Coran est considéré comme la Parole de Dieu comme nous l'avons déjà mentionné, mais les Musulmans sont également rassurés et guidés par la façon dont Mohamed se serait comporté dans certaines situations et, pour cela, la Sunna et les Hadiths sont importants.

Calligraphy of Abu Bakr
Calligraphie d'Abou Bakr
Petermaleh (CC BY-SA)

Par exemple, le Coran insiste sans cesse sur le fait qu'il faut "établir la prière et payer l'aumône", mais on peut se demander comment ? La réponse à cette question se trouve dans la Sunna et les Hadiths, qui indiquent clairement qu'il faut simplement faire comme le Prophète et agir selon ses instructions. En fait, dans de nombreux cas, le Coran déclare : "Obéissez à Allah et obéissez à son Prophète" (ce qui souligne l'importance de la Sunna et des Hadiths). Les Hadiths, tout comme les versets coraniques, furent compilés mais furent aussi conservés séparément du Coran, une fois encore pour éviter toute sorte d'altération des révélations divines. L'universitaire Tamara Sonn explique l'importance de ces éléments dans son livre Islam - A Brief History :

En tant que parole de Dieu, il (le Coran) est co-éternel avec Dieu... L'audience globale de l'écriture est l'humanité dans son ensemble... Les Musulmans croient que le Coran réitère, confirme et complète les écritures antérieures (la Torah, les Psaumes et l'Évangile), appelant tout le monde à se souvenir et à respecter les vérités qu'elles contiennent... Ensemble, le Coran et l'exemple (appelé la Sunna) établis par le Prophète Mohamed comprennent les conseils dont les Musulmans ont besoin dans leur responsabilité collective d'établir la justice. (p.2 et suivantes)

Le Coran fournit donc aux adeptes la parole de Dieu, tandis que la Sunna et les Hadiths donnent des conseils sur la manière d'observer cette parole et d'inclure ses préceptes dans la vie quotidienne.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Les Piliers de l'Islam

Les actes de culte de l'Islam, ou les "piliers" sur lesquels repose le fondement de l'Islam, sont les obligations formelles que tous ceux qui choisissent l'Islam comme voie doivent reconnaître et respecter. Les Cinq Piliers de l'Islam sont:

  • Shahada (témoignage, profession de foi)
  • Salat (prière cinq fois par jour)
  • Zakat (aumône/impôt payé pour aider le prochain)
  • Sawm (jeûne pendant la période du Ramadan)
  • Hajj (pèlerinage à la Mecque, au moins une fois dans la vie).

Le Premier Pilier - la Shahada - est essentiel pour quiconque devenant musulman ; il s'agit de la reconnaissance de l'unicité d'Allah dans tous ses attributs et est communément exprimé par la phrase suivante : "Il n'est personne d'autre digne d'être adoré qu'Allah, et Mohamed est son Prophète".

Le concept de Dieu dans l'Islam dicte qu'il est au-delà de toute imagination (le pronom 'il' n'est qu'une commodité d'usage, il ne dicte en aucun cas l'un de ses attributs) et le plus suprême; il est tout ce qui est dans l'univers, et tout se soumet à sa volonté; il en va donc de même pour les êtres humains pour vivre en paix. En fait, le mot 'Islam' signifie littéralement 'soumission', soumission à la volonté de Dieu.

Name of Allah in Arabic Calligraphy
Nom d'Allah en Calligraphie Arabe
Adam Kliczek (CC BY-SA)

Le Second Pilier est la prière quotidienne - la Salat - qui doit être offerte cinq fois par jour. Les hommes sont tenus d'offrir ces prières en assemblée dans des lieux de culte musulmans appelés Masjid (mosquées), tandis que les femmes peuvent prier à la maison. La conception de base des mosquées varie d'un endroit à l'autre et, dans la plupart des cas, de nombreux éléments de l'architecture locale y furent intégrés (par exemple, la Mosquée Bleue d'Istanbul reprend de nombreuses caractéristiques architecturales de la célèbre basilique Sainte-Sophie). Les espaces d'une mosquée sont répartis entre les fidèles hommes et femmes et l'imam qui dirige le service religieux.

Le Troisième Pilier - la Zakat - consiste en une aumône qui doit être versée par toutes les personnes éligibles (ceux qui possèdent un certain montant de richesse dont ils n'ont pas l'usage) une fois par an à d'autres Musulmans défavorisés (bien que d'autres actes de charité soient également applicables aux non-Musulmans, la zakat est réservée aux Musulmans). Les non-Musulmans (connus sous le nom de dhimmi - personnes protégées) ont longtemps été tenus de participer par l'impôt connu sous le nom de djizya, bien que cette politique ait été abolie dans de nombreux pays musulmans depuis le début du 20ème siècle.

Prophetic Mosque in Medina, Ottoman Era
Mosquée du Prophète, Époque Ottomane
Unknown (GNU FDL)

Le Quatrième Pilier - le Sawm - est le jeûne pendant le mois du Ramadan (neuvième mois du calendrier islamique). Pendant la période de jeûne, un croyant doit s'abstenir de manger, de boire et de s'adonner à tous les plaisirs, et consacrer son temps et son attention à Dieu. Le Ramadan encourage les croyants à se rapprocher de Dieu et à examiner leurs priorités et leurs valeurs dans la vie. Se priver de nourriture et d'autres distractions est censé permettre de concentrer toute son attention sur le divin.

Le Cinquième Pilier - le Hajj - est le pèlerinage annuel à la Ka'aba, la Qiblah des Musulmans (la direction dans laquelle ils prient - un signe d'unité), à la Mecque. Le Hajj n'est obligatoire qu'une seule fois dans la vie, et seulement si l'on peut se le permettre et si l'on a la force de faire le voyage. Si l'on ne peut pas y aller, on doit au moins en exprimer le désir sincère et, si possible, contribuer au pèlerinage d'une autre personne.

La Diffusion de l'Islam

La Mecque, comme nous l'avons vu, était à l'origine la ville qui rejeta Mohamed et son message, mais elle devint ensuite le cœur de la foi (car elle abrite la Ka'aba), tandis que Médine, la ville qui accueillit le Prophète alors que personne d'autre ne le voulait, devint la capitale de l'empire. L'Arabie était située au carrefour de l'Empire Perse Sassanide (224-651) et de l'Empire Byzantin (330-1453). Comme ces deux superpuissances étaient presque constamment en guerre, les habitants de l'Arabie souffraient de la désorganisation de la région et, une fois unis sous l'égide de l'Islam, ils lancèrent une invasion à grande échelle dans ces deux empires pour faciliter une expansion rapide de l'Islam. L'auteure Robin Doak explique dans son livre Empire of the Islamic World :

Les Byzantins étaient en concurrence pour le contrôle du Moyen-Orient. L'Empire Sassanide, ou Perse, dominait les régions situées au sud-est de Byzance (l'actuelle Istanbul) ... Ces deux empires étaient constamment en guerre l'un contre l'autre ... Pour financer ces guerres, les deux empires imposaient de lourdes taxes aux citoyens sous leur contrôle. Ces taxes, ainsi que d'autres restrictions, provoquaient des troubles dans les terres sassanides et byzantines, notamment parmi les tribus arabes vivant en marge des deux empires. (6)

Les Arabes étaient à l'origine de nature tribale et manquaient d'unité. Ces tribus devaient être unies dans l'intérêt de la stabilité, et l'Islam devint le moyen de les lier ensemble. Après la mort du Prophète Mohamed en 632, la direction de la Oumma (communauté) musulmane fut prise par Abou Bakr, qui assuma le titre de calife (successeur du Prophète). Au cours de son bref règne de deux ans (632-634), il unifia toute la Péninsule arabique sous la bannière de l'Islam (car la plupart des tribus avaient délaissé la communauté), puis envoya des armées pour étendre sa domination sur les autres tribus arabes qui vivaient sous les dominations byzantine et sassanide. Ces campagnes se sont avérées si rapides et si fructueuses qu'à l'époque du troisième calife, Uthman, l'ensemble de l'Égypte, de la Syrie, du Levant et ce qui était autrefois la majeure partie de l'Empire Perse Sassanide étaient désormais aux mains des Musulmans, et toutes les tentatives de reconquête des territoires perdus furent repoussées avec l'aide des populations locales qui avaient pour la plupart accepté la domination musulmane.

Le quatrième et dernier des "califes bien guidés" (comme les Musulmans sunnites appellent les quatre premiers) était Ali ibn Abi Talib (règne 656-661), fils d'Abu Talib. Ali passa la majeure partie de son mandat dans des querelles civiles constantes et l'expansion fut stoppée. Après la mort d'Ali en 661, Mu'awiya Ier (règne 661-680) lui succèda et fonda la Dynastie des Omeyyades. Mu'awiya Ier déclara son fils, Yazid Ier (règne 680-683), son successeur, mais celui-ci fut contesté par le fils d'Ali (petit-fils de Mohamed), Hussein ibn Ali (626-680). La faible force de Hussein fut vaincue à la Bataille de Kerbala en 680 par les troupes de Yazid, où il fut également tué. D'autres soulèvements furent aussi écrasés un par un, et les califes suivants de la Dynastie Omeyyade poursuivirent alors leur expansion militaire.

Islamic Conquests in the 7th-9th Centuries
Conquêtes Islamiques aux 7ème-9ème Siècles
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

À la fin de la Dynastie Omeyyade (750), la Transoxiane (approximativement, Ouzbékistan et Tadjikistan actuels), certaines parties de l'actuel Pakistan, la totalité de l'Afrique du Nord et la Péninsule Ibérique (connue aussi sous le nom d'Al Andalus - 'Pays des Vandales', selon une interprétation) avaient été ajoutées à l'empire. Sous le règne des Abbassides (750-1258), quelques gains territoriaux mineurs furent réalisés, mais la période des conquêtes rapides antérieures par des raids militaires était terminée. Cette tendance fut relancée par le Sultanat Ottoman (1299-1922), qui prit ensuite le titre de Califat du Monde Islamique.

L'Anatolie et le cœur de l'Empire Byzantin, Constantinople, furent conquis par les Ottomans en 1453. Ils fermèrent alors les routes commerciales connues sous le nom de "Route de la Soie" (qu'ils avaient fini par contrôler), obligeant les nations européennes à rechercher d'autres sources pour les marchandises auxquelles elles étaient habituées, lançant ainsi l'ère dite des Grandes Découvertes, au cours de laquelle les nations européennes envoyèrent des navires autour du globe pour 'découvrir' le 'Nouveau Monde'. Selon certains chercheurs cependant, le Nouveau Monde avait déjà été atteint par l'explorateur chinois musulman Zheng He (1371-1435) en 1421 (bien que cette affirmation ait été contestée à plusieurs reprises). L'Âge des Grandes Découvertes ouvrit le monde pour le meilleur et pour le pire, mettant en contact des peuples de cultures diverses à une plus large échelle qu'auparavant.

Les conquêtes militaires des Ottomans permirent l'expansion de l'Empire Islamique, mais à ce stade la foi elle-même se répandit autant par le commerce que par la conquête, comme le soulignent M Ruthven et A Nanji dans The Historical Atlas of Islam :

L'Islam s'étendit par la conquête et la conversion. Bien que l'on ait parfois dit que la foi de l'Islam s'était répandue par l'épée, les deux ne sont pas semblables. Le Koran (orthographe archaïque pour le Coran) déclare sans équivoque [dans la sourate 2:256], "Il n'y a aucune contrainte en religion". (30)

Bien que le Coran comporte un certain nombre de versets prônant l'absence de contrainte en matière de conversion, on ne peut nier que l'Islam se répandit initialement par la conquête militaire. La plupart des populations locales des terres nouvellement conquises adhéraient à leurs anciennes croyances, certaines se convertirent de leur plein gré, mais il y eut également plusieurs exemples de conversions forcées (ce qui, ironiquement, est non-Islamique). À l'époque des Ottomans, cependant, c'est principalement le commerce qui permit à la foi de franchir les frontières, car de nombreux missionnaires se mêlèrent aux populations locales et étrangères, propageant la foi au cours de leurs voyages.

Le Schisme Islamique : Sunnites et Chiites

Malgré tout, pendant de nombreuses années, l'Islam n'était pas une foi totalement unifiée concernant la manière de l'observer. Après la mort du Prophète Mohamed en 632, ses disciples ne savaient pas qui devait lui succéder. Il fut décidé qu'Abou Bakr deviendrait son successeur - son calife. Un autre groupe, cependant, insistait pour que ce soit Ali, le cousin et gendre du prophète. Le tour d'Ali devait venir en effet en tant que quatrième calife, mais ses partisans - Shi'a Ali, 'partisans d'Ali' - affirmaient qu'Ali était le successeur légitime de Mahomet et, plus tard, prétendirent que les trois califes qui l'avaient précédé étaient des usurpateurs. Ces partisans d'Ali sont les Musulmans Chiites.

La majorité des Musulmans, cependant, maintiennent qu'Abou Bakr, Omar ibn al-Khattab (règne 634-644) et Othman sont des successeurs légitimes de Mohamed au même titre qu'Ali, et les considèrent comme tels. Ces Musulmans sont connus sous le nom de Sunnites (adeptes de la Sunna ou de la voie de Mohamed). Ces deux groupes, au départ, n'étaient que des groupes politiques, mais ils évoluèrent ensuite vers des sectes religieuses.

Battle of Karbala
Bataille de Kerbala
Andreas Praefcke (Public Domain)

Les croyances de base de ces sectes sont presque identiques, l'exception principale étant le concept des imams. Les Sunnites considèrent les imams comme des guides ou des enseignants qui accompagnent les Musulmans sur le chemin de l'Islam (ou comme la personne qui dirige l'assemblée pendant la prière), le plus célèbre étant l'imam Abu Hanifa (699-767) - fondateur de l'école Hanafite de la pensée islamique Sunnite. Les Chiites, par contre, considèrent les imams comme un lien entre les humains et Dieu (semi-divin), et considèrent que seuls les descendants de Mohamed par l'intermédiaire d'Ali et de Fatima (fille du Prophète), et plus tard, seulement les descendants d'Ali (issus d'autres épouses), sont dignes de ce titre, comme l'imam Hussayn, le fils d'Ali, qui fut tué par l'armée omeyyade lors de la Bataille de Kerbala en 680.

La perte de Hussayn est pleurée par les Musulmans Chiites lors de la fête annuelle de l'Achoura qui est dénigrée par les Musulmans Sunnites qui rejettent les revendications des Chiites concernant le rôle de l'imam et, bien qu'ils respectent Hussayn et considèrent sa mort comme tragique, ils ne le considèrent pas comme semi-divin comme le font les Chiites.

En dehors de ce désaccord et de quelques autres différences théologiques, les deux sectes sont presque identiques. Malgré cela, leurs adeptes sont rivaux depuis presque aussi longtemps qu'elles existent, comme l'illustre la rivalité entre la Dynastie Sunnite des Abbassides et les Fatimides Chiites, les Ottomans Sunnites et les Safavides Chiites, etc.

Héritage de l'Islam

Malgré le recours initial à la conquête pour répandre la foi, et la violence sectaire qui persiste entre Sunnites et Chiites, l'Islam a grandement contribué à la culture mondiale depuis sa création. La Renaissance Européenne n'aurait jamais eu lieu si les Musulmans n'avaient pas préservé les œuvres des érudits romains et grecs classiques. Pour ne citer qu'un exemple, les travaux d'Aristote - si fondamentaux pour les développements ultérieurs dans tant de disciplines - auraient été perdus s'ils n'avaient pas été préservés et copiés par des scribes musulmans. Les travaux du polymathe musulman Avicenne (vers 980-1037) et de l'érudit Averroès (vers 1126-1198) non seulement préservèrent l'œuvre d'Aristote, mais l'enrichirent de leurs brillants commentaires. En outre, ils diffusèrent la pensée aristotélicienne dans leurs propres ouvrages. Avicenne écrivit le premier ouvrage collectif sur la médecine - Al-Qanun fi-al-Tib (Canon de la Médecine), qui était bien plus précis que les textes européens sur le sujet à l'époque.

Al-Khwarizmi (vers 780-850), brillant astronome, géographe et mathématicien, développa l'algèbre, et Al-Khazini (11ème siècle) contesta et encouragea des modifications du modèle ptolémaïque de l'univers. Le café, boisson sans doute la plus populaire au monde aujourd'hui, fut mis au point par des moines Soufis musulmans au Yémen au 15ème siècle, et fut exporté par le port de Mokha, au Yémen (d'où l'association du mot "moka" avec le café).

Les érudits, poètes, écrivains et artisans islamiques ont contribué au développement de pratiquement tous les domaines de la culture mondiale et continuent de le faire aujourd'hui. Il est regrettable qu'en Occident, l'Islam soit aujourd'hui si souvent associé à la violence et au terrorisme car, fondamentalement, l'Islam est une religion de paix et de compréhension. Les Musulmans du monde entier, soit un tiers de la population mondiale, suivent - ou du moins essaient de suivre - le chemin de la paix que Mohamed révéla il y a 14 siècles. Et son héritage de compassion et de dévouement au divin et au plus grand bien se poursuit encore aujourd'hui sous la forme de ses adeptes.

Note de l'auteur : Nous remercions Joshua J. Mark pour son aide dans la préparation de cet article.

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Syed Muhammad Khan
Muhammad est biologiste, passionné d'Histoire et écrivain indépendant. Il contribue activement à l'Encyclopédie depuis 2019.

Citer cette ressource

Style APA

Khan, S. M. (2019, novembre 25). Islam [Islam]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-731/islam/

Style Chicago

Khan, Syed Muhammad. "Islam." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le novembre 25, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-731/islam/.

Style MLA

Khan, Syed Muhammad. "Islam." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 nov. 2019. Web. 21 déc. 2024.

Adhésion