Eshmunazar II (ou Eshmunazor II) était un roi de la ville phénicienne de Sidon pendant la période perse. Il était le troisième roi de sa famille, après son père et son grand-père. Il était le fils de Tabnit et d'Amashtart, et le petit-fils d'Eshmunazar Ier, le fondateur de la dynastie. Il ne vécut que 14 ans et durant son règne, il gouverna le royaume avec sa mère. Comme il n'avait pas d'enfants, c'est son cousin Bodashtart qui lui succéda. Les dates exactes de son règne ne sont pas confirmées, mais la date la plus probable se situe aux alentours de 525 avant notre ère. Le roi perse de cette époque était Cambyse, qui fit la guerre à l'Égypte avec l'aide de navires phéniciens.
Après la victoire de Cambyse, l'Égypte devint partie intégrante de l'empire perse et les relations entre le roi perse et le roi de Sidon étaient bonnes. L'archéologue français Ernest Renan a trouvé le cercueil d'Eshmunazar II dans la nécropole sud-est de Sidon (nécropole de Magharat Tabloun) en 1855. Le cercueil était fait de basalte importé d'Égypte (en fait, il avait été retiré d'une tombe de la capitale égyptienne Memphis, pendant l'occupation perse, et expédié à Sidon). Le texte égyptien avait été effacé et un texte phénicien l'avait remplacé :
Au mois de Bul, la quatorzième année de la royauté du roi ESHMUNAZAR, roi des Sidoniens, fils du roi TABNIT, roi des Sidoniens, le roi ESHMUNAZAR, roi des Sidoniens, déclara ce qui suit: Je suis emporté, le temps de mon inexistence est venu, mon esprit a disparu, comme le jour, d'où je suis silencieux, depuis lequel je suis devenu muet.
Et je suis couché dans ce cercueil, dans ce tombeau, dans le lieu que j'ai construit. Ô toi (lecteur), souviens-toi de ceci: "Qu'aucune race royale ni aucun homme n'ouvre mon lit funéraire, qu'ils ne cherchent pas de trésors, car personne n'a caché de trésors ici, qu'ils ne déplacent pas le cercueil hors de mon lit funéraire, et qu'ils ne m'agressent pas dans ce lit funéraire, en y plaçant un autre tombeau. Quoi qu'un homme te dise, ne l'écoute pas: Car le châtiment (des contrevenants) sera: Toute race royale et tout homme qui ouvrira la couverture ou ce lit, ou qui emportera le cercueil où je repose, ou qui me molestera dans ce lit: ils n'auront pas de lit funéraire avec le Rephaïm, ils ne seront pas enterrés dans des tombes, il n'y aura pas de fils ou de progéniture pour leur succéder, et les dieux sacrés leur infligeront l'extirpation.
Toi qui seras roi (dans l'avenir), inspire ceux sur qui tu régneras, afin qu'ils exterminent les membres de la race royale (comme ces hommes) qui ouvriront la couverture de ce divan, ou qui emporteront ce cercueil, et (exterminent) aussi la descendance de cette race royale, ou de ces hommes de la foule. Il n'y aura pour eux ni racine en bas, ni fruit en haut, ni forme vivante sous le soleil. Car, grâce aux dieux, je suis emporté, le temps de mon inexistence est venu, mon esprit a disparu, comme le jour, d'où je suis silencieux, depuis lequel je suis devenu muet.
Car moi, ESHUNAZAR, roi des Sidoniens, fils du roi TABNIT, roi des Sidoniens, petit-fils du roi ESHMUNAZAR, roi des Sidoniens, et ma mère AMASTARTE, prêtresse d'ASTARTE, notre maîtresse, la reine, la fille du roi ESHMUNAZAR, roi des Sidoniens: C'est nous qui avons bâti le temple des dieux et le temple d'ASTAROTH, sur le bord de la mer à Sidon, et qui y avons placé l'image d'ASTAROTH, car nous sommes les sanctificateurs (des dieux). C'est nous qui avons bâti le temple d'ESHMUN et le sanctuaire de la rivière aux coquilles violettes sur la montagne, et nous y avons placé son image, car nous sommes les sanctificateurs (des dieux). Et c'est nous qui avons construit les temples des dieux des Sidoniens, dans la ville maritime de Sidon, le temple de BAAL-SIDON et le temple d'ASTARTE qui porte le nom de ce BAAL. Que les Seigneurs des Rois nous donnent à l'avenir Dora et Japhia, les fertiles terres à blé qui se trouvent dans la plaine de Saron, et qu'ils l'annexent à la frontière du pays, afin qu'elle appartienne à jamais aux Sidoniens.
Souviens-toi de cela: Qu'aucune race royale, qu'aucun homme n'ouvre mon manteau, qu'il n'en efface pas les inscriptions, qu'il ne m'importune pas dans ce lit funèbre, et qu'il n'emporte pas le cercueil où je repose. Sinon, les dieux sacrés les extirperont et extermineront à jamais cette race royale, cet homme de la foule et leur descendance.
Cette inscription est probablement l'un des textes phéniciens les plus célèbres. Le cercueil est aujourd'hui exposé au musée du Louvre (Paris).