Mithridate VI (120-63 av. J.-C., également connu sous le nom de Mithridate le Grand ou Mithridate «Eupator») était le roi du Pont (aujourd'hui le nord-est de la Turquie) qui était considéré par son peuple comme son sauveur de l'oppression de Rome et par les Romains comme leur ennemi le plus redoutable - et le plus détesté - depuis Hannibal Barca (247-183 av. J.-C.). Tout comme Hannibal, Mithridate se révéla une force irrésistible, battant les armées romaines, manipulant les gouvernements voisins et organisant même un massacre de Romains et d'Italiens dans toute l'Asie mineure pour faire avancer sa cause et libérer la région de l'emprise romaine.
Mithridate se déclara ennemi de Rome au début de son règne et mena trois guerres distinctes contre les Romains - les "guerres mithridatiques" - entre 89 et 63 avant notre ère. Il échappa à la capture, s'immunisa contre le poison en ingérant de petites doses, et remporta à plusieurs reprises des batailles contre Rome jusqu'à ce qu'il ne soit vaincu par Pompée le Grand (c. 70-48 av. J.-C.) après avoir été trahi par son fils Pharnace qui s'était dressé contre lui. Confronté à une défaite certaine et à l'humiliation d'un triomphe romain, Mithridate se suicida.
Son histoire est presque entièrement racontée par des écrivains romains tels que Plutarque (c. 50-c. 120 de notre ère) et Appien (c. 95-c. 165 de notre ère), qui étaient naturellement hostiles à Mithridate et à sa cause. Malgré cela, leur admiration pour sa persévérance et sa détermination apparaît clairement dans leurs récits, dont le centre d'intérêt n'est même pas Mithridate, mais plutôt les Romains qui le combattaient. Pour les habitants de son royaume, ainsi que pour ceux des régions voisines, il était un grand libérateur et un défenseur de la liberté qui refusait de se soumettre à ce qu'il considérait comme l'injustice de la domination romaine et qui encourageait les autres à faire de même.
Jeunesse et accession au pouvoir
Mithridate vit le jour dans la ville de Sinope, dans le Pont, vers 132 avant notre ère. Il était le fils de la reine Laodice VI (morte vers 115 av. J.-C.) et du roi Mithridate V (150-120 av. J.-C.). Il fut élevé au palais en tant que prince perse et semble avoir reçu une éducation linguistique, militaire et artistique. Plus tard, il affirmerait descendre des grands rois et conquérants du passé et connaître parfaitement l'histoire. Adrienne Mayor, de l'université de Stanford, commente la signification de son nom et de sa lignée familiale:
Mithradates est un nom persan qui signifie "envoyé par Mithra", l'ancien dieu iranien du soleil. Deux variantes orthographiques ont été utilisées dans l'Antiquité: les inscriptions grecques privilégiaient Mithradates, tandis que les Romains préféraient Mithridates. Descendant de la royauté perse et d'Alexandre le Grand, Mithridate se voyait comme un pont entre l'Orient et l'Occident et comme un défenseur de l'Orient contre la domination romaine. Dirigeant complexe, doté d'une grande intelligence et d'une ambition féroce, Mithridate défia avec audace la République romaine finissante. (1)
Le spécialiste Philip Matyszak conteste cependant la revendication de lignée de Mithridate et contredit Mayor en affirmant:
Bien que Mithridate ait prétendu descendre de Darius, roi de Perse, et même d'Alexandre le Grand, sa famille était probablement issue d'une dynastie perse de la ville de Cius, dans le nord de l'Asie mineure. Mithridate Ctestes (ou "le fondateur") fuit les troubles politiques locaux de Cius pour se réfugier dans le Pont, qui n'était alors qu'un arrière-plan politique sous le contrôle lâche et affaibli de l'empire séleucide. Il y établit rapidement un royaume et une dynastie. (81)
Quelle qu'ait été sa lignée réelle, Mithridate mit délibérément l'accent sur sa descendance de Darius et d'Alexandre pour se rattacher directement à un passé glorieux et donner à son règne une touche de noblesse plus grande qu'elle ne l'aurait été autrement. Il se peut qu'il ait en fait été le descendant de ces anciens chefs, mais qu'il l'ait été ou non, il ferait bon usage de leurs noms pour asseoir son autorité.
Ces considérations étaient loin devant lui, cependant, lorsque son père fut assassiné dans son palais d'Amasée vers 120 avant notre ère, alors que Mithridate n'avait que onze ans. Il succéda à son père en tant que fils aîné, mais il était considéré comme trop jeune pour gouverner et le pouvoir passa donc à sa mère, Laodicé VI. Laodicé n'eut d'autre choix que de régner en tant que régente, entourée des hommes qui avaient empoisonné son mari, et d'accepter leurs conseils dans les affaires de l'État.
Il semblerait que, même à ce jeune âge, Mithridate ait été doté d'une forte volonté alors que son jeune frère était plus souple. Les conseillers de la reine, et la reine elle-même, favorisaient donc la succession du jeune frère parce qu'il serait plus facile à contrôler, et des complots semblent avoir été ourdis contre la vie de Mithridate. Matyszak écrit:
À cette époque, selon la légende, Mithridate commença à prendre des doses homéopathiques de poison, dans l'intention de développer une résistance au plus grand nombre possible. Prétextant une addiction à la chasse, il s'éloigna du centre royal d'Amasée et passa son adolescence dans les régions les plus sauvages et les plus reculées du pays. (82)
À son retour dans la capitale vers 116 avant notre ère, Mithridate fit arrêter sa mère et son jeune frère et purgea le palais de tous ceux qui étaient impliqués dans la mort de son père. Selon certains rapports, Laodicé et son fils cadet furent exécutés, mais selon d'autres, ils seraient morts en prison. On ne sait pas comment Mithridate put renverser la noblesse d'Amasée et la reine, mais il est probable que, pendant son séjour dans le désert, il ait pu gagner le soutien du peuple en tant que prince contraint à l'exil par une cour corrompue.
Bien qu'il s'agisse d'une hypothèse, une telle démarche serait logique à la lumière du talent ultérieur de Mithridate pour rallier de larges pans de la population à sa cause. Les auteurs romains affirment qu'il passa ses années dans le désert en solitaire, mais il aurait très bien pu avoir des contacts avec des partisans dans la capitale qui auraient pu jeter les bases de son coup d'État. L'affirmation selon laquelle Mithridate aurait simplement émergé du désert un jour et renversé le gouvernement à lui tout seul est indéfendable.
Guerres de conquête et conflit avec Rome
Après avoir pris le pouvoir, Mithridate mobilisa son armée et s'empara de la région de Colchide, près de la mer Noire. Il accepta la reddition d'un certain nombre de villes qui lui demandèrent aide et protection contre les Scythes, puis enrôla leurs soldats dans son armée. Avec une force beaucoup plus importante, co-commandée par ses deux généraux Diophante et Néoptolème, il attaqua les Scythes au nord, puis les Sarmates à l'ouest, les vainquit et incorpora leurs guerriers à ses propres forces. Il semble avoir été largement admiré, même par ses adversaires. Matyszak écrit:
Pour les barbares qui appréciaient les prouesses physiques, Mithridate était un roi redoutable. Il était exceptionnellement grand et suffisamment fort pour contrôler un char de seize chevaux. Jusqu'à un âge avancé, il jouissait d'une bonne santé, bien qu'il ait été blessé à plusieurs reprises. (83)
Tout au long de cette période, Mithridate continua de s'intéresser aux doses homéopathiques de poison pour se protéger de ses ennemis. Il finit par créer un antidote universel pour le poison, qui contiendrait plus de 50 ingrédients et qui serait très efficace. Il consolida son pouvoir à Amasée et instaura des réformes fiscales et juridiques qui améliorèrent les conditions de vie de ses sujets, tout en renouvelant les accords commerciaux avec d'autres nations.
Après avoir pris le contrôle des régions situées au nord et à l'ouest de son royaume, il se dirigea vers le sud et établit de solides relations diplomatiques avec l'Arménie, organisant un mariage entre sa fille Cléopâtre et le roi arménien Tigrane (également connu sous le nom de Tigrane le Grand, 95-55 av. J.-C.). Tigrane et Mithridate se mirent d'accord sur un partenariat séparé mais égal dans lequel ils contrôlaient des régions différentes et poursuivirent des objectifs qui leur profitaient à tous les deux sans interférer avec les plans de l'autre. Mithridate essaya de prendre le contrôle de la Cappadoce, une région fidèle à Rome, et tenta plusieurs manœuvres infructueuses pour placer un roi fantoche sur le trône ; lorsque toutes ces manœuvres échouèrent, il fit appel à Tigrane qui envahit la Cappadoce et la conquit pour lui.
À cette époque, Rome venait à peine de terminer sa guerre contre Jugurtha en Afrique du Nord, luttait contre ses alliés italiens et n'était pas intéressée par un nouveau conflit avec le Pont. Malgré cela, elle ne pouvait pas laisser la conquête arménienne de la Cappadoce sans réagir et envoya Lucius Cornelius Sulla (c. 80 av. J.-C.) pour rétablir l'ancien roi Ariobarzane sur le trône. L'année suivante, le roi de la Bithynie voisine, Nicomède III, mourut et Mithridate saisit l'occasion pour installer l'un de ses propres hommes sur le trône tout en envahissant la Cappadoce et en renversant le gouvernement d'Ariobarzane.
Le royaume du Pont s'étendit rapidement pour devenir un empire et Rome était loin d'être ravie. Elle envoya le consul Manius Aquilius Nepos pour restaurer les royaumes de Bithynie et de Cappadoce, et Mithridate, espérant éviter une guerre ouverte avec Rome, retira ses forces. Aquilius, cependant, était impatient de faire la guerre à Mithridate, car il était persuadé d'une victoire romaine et convoitait les richesses du Pont. Son père, du même nom, était connu pour être un homme particulièrement avide, qui avait prélevé d'énormes impôts sur les peuples d'Asie Mineure lorsqu'il était à sa tête, et son fils semble avoir hérité de cette même avarice.
Aquilius convainquit le nouveau roi de Bithynie, Nicomède IV, d'attaquer le Pont et envoya des groupes de raiders à la frontière. Mithridate repoussa ces raids et attaqua ensuite la Bithynie, déclenchant ainsi la guerre contre Rome. Mithridate, à la tête d'une armée encore plus nombreuse qu'auparavant, confia le commandement à son général Archélaos et attaqua la Bithynie; Aquillius et Nicomède IV furent rapidement vaincus. Selon les sources antiques, Aquillius fut alors attaché à un âne et fut paradé dans la région, contraint de confesser ses crimes et ceux de son père contre le peuple. Il fut ensuite exécuté par Mithridate qui lui versa de l'or en fusion dans la gorge.
Les vêpres asiatiques
Rome contrôlait depuis longtemps une grande partie de l'Asie mineure et les gouverneurs et administrateurs romains avaient lourdement taxé le peuple pendant des années. Le ressentiment à l'égard de Rome était largement répandu et il suffisait d'encourager la haine de Rome et d'avoir un chef fort pour attiser les braises et déclencher une conflagration. Mithridate le savait et fit passer le message dans la région qu'à une date donnée, le peuple devait se soulever et assassiner tous les citoyens romains et italiens ainsi que toutes les figures d'autorité de la région.
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En 89 ou 88 avant notre ère, plus de 80 000 Romains et Italiens furent massacrés en une seule journée. Les esclaves qui tuèrent leurs maîtres furent libérés et les débiteurs qui tuèrent leurs créanciers italiens ou romains se virent promettre un allègement de leur dette. Les historiens Appien et Plutarque font tous deux état d'atrocités commises dans les villes d'Adramytium, de Caunus, d'Éphèse, de Pergame et de Tralles, mais le massacre était généralisé et de nombreuses autres villes étaient impliquées, ainsi que des villes rurales et des villages.
Le chiffre de 80 000 est considéré comme une estimation basse des pertes, et les historiens modernes le situent à un niveau beaucoup plus élevé, probablement à 150 000 personnes tuées. Les auteurs romains affirment que ce n'est pas seulement le ressentiment à l'égard de Rome qui aurait encouragé le massacre, mais la peur de Mithridate et de ses représailles en cas d'insoumission. Ce massacre, connu sous le nom de "Vêpres asiatiques", fut le point de non-retour dans la guerre entre le roi du Pont et la République romaine.
Les guerres mithridatiques
La première guerre mithridatique (89-85 av. J.-C.) commença au mieux pour Mithridate, car les Romains venaient juste de terminer leurs luttes contre leurs alliés italiens et ne pouvaient pas engager une force complète en Asie Mineure. En outre, après les vêpres asiatiques, d'autres régions firent appel à Mithridate pour les aider à se débarrasser du joug de Rome. La Grèce en faisait partie, et Mithridate s'exécuta en envoyant une force importante sous la direction d'Archélaos pour chasser les Romains d'Athènes.
Rome, qui avait enfin réglé ses problèmes avec les États italiens, envoya Sulla à la tête de cinq légions contre Mithridate en 87 avant notre ère. Les forces de Mithridate avaient saccagé le sanctuaire sacré de Délos et emporté le trésor pour payer des mercenaires. Sulla, s'inspirant de cette expérience, saccagea Delphes pour faire de même. Delphes ayant rapporté une meilleure récompense, Sulla réussit à engager plus de troupes et prit le Pirée, puis Athènes, forçant Archélaos à remonter vers le nord, puis le vainquit en Thessalie. Mithridate avait ses propres problèmes avec l'agitation civile dans son pays et, lorsque la guerre se retourna contre lui, il négocia la paix de Dardanos avec Sulla pour mettre fin au conflit.
Sulla retourna à Rome où il se déclara dictateur et entreprit de purger les postes du gouvernement. L'un des résultats de ces purges fut de pousser un jeune prêtre nommé Caius Julius César à quitter son poste pour entrer dans l'armée, initiant ainsi une carrière militaire et politique célèbre jusqu'à aujourd'hui. Pendant ce temps, Mithridate prenait soin de son armée et consolidait son pouvoir lorsqu'il fut attaqué par Murena, le gouverneur romain de l'Asie, qui craignait que Mithridate ne s'en prenne à lui. Ce conflit est connu sous le nom de deuxième guerre mithridatique (83-82 av. J.-C.). Murena envahit le Pont à la tête de son armée mais fut vaincu. Mithridate semble alors avoir préparé une contre-attaque, mais Sulla lui ordonna de se retirer et il s'exécuta.
Mithridate n'allait cependant pas se montrer aussi conciliant à l'avenir et renforça son alliance avec Tigrane tout en concluant des accords avec les pirates ciliciens, la dynastie ptolémaïque d'Égypte, les tribus thraces et le chef rebelle des esclaves, Spartacus. L'idée semble avoir été de harceler Rome et d'interférer avec le commerce, sans s'engager dans une guerre ouverte, mais en 75 ou 74 avant notre ère, le roi Nicomède IV de Bithynie mourut et, dans son testament, légua son royaume à Rome.
Cette décision était inacceptable pour Mithridate, qui affirma que le testament était un faux et installa son propre choix comme roi de Bithynie, au mépris de Rome. Les Romains lui demandèrent de retirer son choix et, devant son refus, déclarèrent la guerre. La troisième guerre mithridatique (73-63 av. J.-C.) ne commença pas aussi bien pour Mithridate que la première. Le général romain Cotta fut vaincu assez facilement, mais Lucius Licinius Lucullus (c. 89-66 av. J.-C.) se révéla un adversaire plus redoutable. Lucullus chassa Mithridate de Bithynie et envahit ensuite le Pont. Mithridate fut repoussé au fur et à mesure que les fortifications tombaient aux mains de Lucullus et dut finalement fuir le Pont pour l'Arménie où il fut accueilli à la cour de Tigrane.
Lucullus fit savoir à Tigrane qu'il devait livrer Mithridate et, dans l'attente d'une réponse, entreprit de restaurer les anciennes provinces de Rome. Conscient de la persistance du sentiment anti-romain et, bien sûr, des événements des Vêpres asiatiques, il tenta de gagner le peuple à sa cause en réduisant les impôts et en reconstruisant les villes et les villages. Vers 69 avant notre ère, il reçut enfin une réponse de Tigrane qui refusa d'extrader Mithridate et Lucullus marcha sur l'Arménie. Il assiégea la capitale de Tigrane et finit par la prendre, mais Tigrane et Mithridate s'échappèrent tous les deux. Lucullus fut rappelé à Rome et remplacé par Pompée qui commença sa campagne en détruisant les alliés de Mithridate, les pirates ciliciens.
Trahison et mort
Tigrane avait donné une armée à Mithridate pour qu'il puisse reconquérir son royaume et, pendant que Pompée s'occupait des pirates, Mithridate marcha de nouveau dans le Pont, tua les subordonnés que Lucullus avait laissés en charge et reprit son trône. Pompée ne s'attarda pas pour autant et conclut une alliance avec le roi des Parthes, Phraatès III, qui envahit rapidement l'Arménie tandis que Pompée marchait sur le Pont. Tigrane ne pouvait plus aider Mithridate, qui avait désormais été chassé de sa capitale et contraint à de continuelles retraites face à l'avancée de Pompée.
Mithridate espérait atteindre ses possessions autour de la mer Noire et obtenir l'aide de son fils Macharès, mais il fut déçu lorsqu'il y parvint. Macharès s'était aligné sur Rome et opposa un refus à son père; Mithridate le tua. Son autre fils, Pharnace, se rebella alors et dirigea une force contre Mithridate alors que Pompée se rapprochait. Seul avec ses deux jeunes filles dans une citadelle, Mithridate choisit de se suicider plutôt que d'être capturé et exhibé lors d'un triomphe romain. Après avoir empoisonné ses filles, il aurait tenté de s'empoisonner lui-même, sans succès, et aurait alors demandé à un esclave ou à un serviteur de le tuer.
Plus tard, les auteurs romains se moqueraient de sa mort, soulignant que le roi qui avait passé sa vie à travailler avec des poisons était incapable de s'empoisonner efficacement. Mayor a cependant souligné que Mithridate aurait toujours emporté suffisamment de poison pour se tuer s'il était capturé par les Romains, mais qu'il sacrifia au moins la moitié de cette dose pour ses filles (349). Le poison restant n'était donc pas suffisant pour un homme de la constitution de Mithridate. L'histoire ultérieure selon laquelle Mithridate aurait dû supplier ses adversaires de le tuer est une invention romaine. Pompée reconnut la grandeur du roi dans la mort et le fit enterrer avec tous les honneurs à Sinope, sa ville natale.
Conclusion
Bien que son nom soit encore bien connu en Orient, il n'a jamais connu en Occident le même engouement posthume que d'autres adversaires de Rome tels qu'Hannibal, Spartacus ou Vercingétorix. La réputation et la légende de ces trois hommes ont connu une renaissance à partir du XVIIIe siècle et jusqu'à nos jours. Tous trois sont présentés, quelles qu'aient été leurs motivations initiales, comme des combattants de la liberté et des champions nationaux, tandis que le nom de Mithridate reste relativement méconnu.
Mayor souligne à juste titre que cela est dû aux historiens pro-romains des 19e et 20e siècles qui ont présenté Mithridate comme "un "sultan oriental" cruel et décadent, un ennemi "asiatique" de la culture et de la civilisation" (7), mais cela pourrait également être dû au fait que, même sans ce type d'influence, l'histoire de Mithridate n'a jamais été adoptée par les cultures occidentales comme l'ont été Hannibal, Spartacus ou Vercingétorix, parce qu'il s'agit d'une figure plus insaisissable. Contrairement aux trois autres, Mithridate était un roi qui était aussi un scientifique, un général, un homme de culture, un barbare, un meurtrier de masse et un libérateur. Il n'y a pas d'étiquette unique qui s'attache facilement à Mithridate VI, de la même manière que les gens ont transformé Spartacus et Vercingétorix en "combattants de la liberté", ni d'image unique telle que celle d'Hannibal traversant les Alpes. Selon les idées préconçues et les préjugés de chacun, Mithridate peut facilement être considéré comme un héros ou un méchant. Pour ceux qui ont soutenu sa cause, cependant, il fut un roi et un libérateur impressionnant qui se battit jusqu'au bout contre l'ennemi de son peuple.