Apollon était un grand dieu grec qui était associé à l'arc, à la musique et à la divination. Incarnant la jeunesse et la beauté, source de vie et de guérison, patron des arts civilisés et aussi brillant et puissant que le soleil en personne, Apollon était, sans doute, le plus aimé de tous les dieux grecs. Il fut particulièrement adoré à Delphes et à Délos, qui figurent parmi les sanctuaires religieux les plus célèbres du monde grec.
Fils de Zeus et de Léto, et frère jumeau d'Artémis, Apollon est né sur l'île de Délos (dans la Théogonie d'Hésiode, il serra une épée d'or). Sa mère, craignant la vengeance de la femme de Zeus, Héra, avait choisi Délos, terre stérile, refuge le plus sûr qu'elle ait pu trouver. Alors qu'il goûta à l'ambroisie pour la toute première fois, il se serait immédiatement transformé de bébé à homme. Apollon reçut alors son arc, fait par le maître artisan du mont Olympe, Héphaïstos.
Comme toutes les autres divinités majeures, Apollon eut beaucoup d'enfants; les plus célèbres sont Orphée (qui hérita des talents musicaux de son père et devint virtuose avec la lyre ou la kithara), Asclépios (à qui il donna sa connaissance de la guérison et de la médecine) et, selon le tragédien Euripide du Ve siècle AEC, le héros Ion.
En mythologie
Apollon est un protagoniste important du récit d'Homère sur la guerre de Troie dans l'Iliade. Du côté des Troiens, il apporta une assistance particulière aux héros de Troie Hector, Énée et Glaucos, sauvant leur vie à plus d'une occasion avec son intervention divine. Il apporta la peste aux Achéens, conduit toute l'armée de Troie (tenant l'égoïsme redoutable de Zeus) dans une attaque qui détruisit les murs défensifs achéens, et il dirigea également la flèche de Paris jusqu'au talon d'Achille, tuant ainsi l'apparemment invincible héros grec. Apollon est souvent décrit par Homère et Hésiode comme le « tireur lointain », le « travailleur lointain », le « routeur des armées » et « Phoebus-Apollon ».
Apollon joua généralement le rôle de fils dévoué auprès de Zeus, père des dieux, et ne tenta jamais d'usurper sa position (contrairement à Zeus qui avait renversé son propre père Chronos). Les deux se fachèrent quand Zeus tua Asclépios pour avoir utilisé ses merveilleuses compétences médicales pour ramener un mortel à la vie. Pour se venger, Apollon tua alors les Cyclopes, les géants borgnes créateurs de la foudre de Zeus. Comme punition, Apollon fut obligé de passer un an au service d'Admète de Théré, à s'occuper des brebis du roi.
Apollon acquit sa lyre de son demi-frère, l'espiègle Hermès, le dieu messager. Alors qu'il était encore bébé, Hermès avait volé le troupeau de bétail sacré d'Apollon, inversant habilement leurs sabots pour qu'il soit difficile de suivre leurs traces. Hermès fut autorisé à garder ses gains mal acquis, mais seulement après avoir donné à Apollon sa lyre qu'il avait créée à l'aide d'un écaille de tortue.
Face cachée d'Apollon
On a un aperçu du côté plus sombre d'Apollon comme porteur de peste et de châtiment divin quand, avec sa sœur Artémis, il tue sans remords les six fils de Niobé (ou selon certains témoignages sept) en punition pour s'être vantée que sa capacité de procréer était supérieure à celle de Léto. La colère d'Apollon s'abattit sur le satyre Marsyas qui prétendait, stupidement, qu'il était musicalement plus doué que le dieu. Les deux rivalisèrent lors d'une compétition et les Muses jugèrent qu'Apollon était en effet le meilleur musicien. Apollon fit alors écorcher vivant le mortel pour sa présomption et cloua sa peau à un pin. Le conte est une métaphore intéressante pour la compétition entre (du moins aux oreilles grecques) la musique civilisée et ordonnée de la lyre d'Apollon et la musique plus sauvage et plus chaotique de la flûte de Marsyas. Apollon remporta un autre concours musical, cette fois contre le dieu pastoral Pan et, jugé vainqueur par le roi Midas, devint ainsi le maître incontesté de la musique dans le monde grec. Les défaites du dieu Marsyas et de Pan peuvent refléter les conquêtes grecques de la Phrygie et de l'Arcadie.
À quoi Apollon est-il associé?
Les objets traditionnellement associés au dieu comprennent:
- un arc en argent - symbolique de ses prouesses comme archer.
- une cithare (ou lyre) - fabriquée à partir de la coquille d'une tortue, cela symbolisait la capacité musicale d'Apollon et sa direction du chœur des neuf Muses.
- une branche de laurier - symbole du destin de Daphné qui, après les avances amoureuses d'Apollon, pria son père, le dieu de la rivière Pénée, de la transformer en laurier.
- les omphalos - symbole du sanctuaire d'Apollon à Delphes comme le nombril du monde.
- un palmier - que Léto saisit quand elle donna naissance à son fils.
Apollon était un dieu très aimé, et cela était probablement dû à son association avec de nombreux aspects positifs de la condition humaine tels que la musique, la poésie, la purification, la guérison et la médecine. Le dieu était également associé à la modération en toutes choses. Ses flèches, bien qu'elles puissent causer la destruction, pouvaient aussi repousser le mal loin de ceux qu'il favorisait. Une stratégie pour éloigner le mal des maisons grecques consistait à faire construire un pilier à Apollon Agyieus et, à plus grande échelle, Apollon Propylaios protégeait les portes de la ville.
Apollon supervisait les rites initiatiques pratiqués par les jeunes mâles (éphèbes) lorsqu'ils entraient à part entière dans la communauté civique et devenaient guerriers. Les rituels de ce processus consistaient à se couper les cheveux et à les offrir au dieu, ainsi que des défis sportifs et martiaux. Le dieu était souvent associé au soleil (en tant que Phoebus Apollo) et au dieu du soleil Hélios, mais les experts modernes s'accordent plus ou moins sur le fait que le lien entre Apollon et Hélios ne remonte pas plus loin qu'au Ve siècle AEC. Apollon continua d'inspirer les Romains étant principalement considéré comme un dieu de guérison. Octave, le futur empereur Auguste (r. 27 AEC - 14 EC), revendiquait le dieu comme son protecteur et dédia même un temple à Apollon à Actium. Le dieu de la modération était une association utile et en contraste direct avec le dieu de l'excès, Dionysos, défendu par l'ennemi n°1 d'Octave, Marc Antoine.
Quels sont les sites sacrés d'Apollon?
De nombreux sanctuaires furent construits en l'honneur d'Apollon dans le monde grec, notamment dans les îles de Délos et de Rhodes, ainsi qu'à Ptoïon et Claros. Parmi les sites qui possèdent encore quelques vestiges de temples autrefois immenses dédiés à Apollon figurent ceux de Naxos (VIe siècle av. J.-C.), où l'on peut encore constater la fierté de l'immense porte, à Corinthe (550-530 av. J.-C.), où sept colonnes doriques donnent l'impression d'une structure autrefois impressionnante, à Didymes, en Turquie (IVe siècle av. J.-C.) dont le temple était le quatrième plus grand du monde grec, et à Sidé, également en Turquie (2ème siècle av. J.-C.) où un coin de sa façade élégante à colonnes a été restauré.
La présence la plus directe d'Apollon parmi les Grecs, cependant, se manifeste dans son oracle à Delphes, le plus important dans le monde grec. Selon la légende, Apollon, souhaitant révéler à l'humanité les intentions de son père Zeus, créa l'oracle sur le site où il avait tué le serpent (ou dragon) Python. Les jeux pythiens panhelléniques commencèrent sur le site afin de commémorer la mort de cette créature divine. Des trépieds et des couronnes de laurier étaient remis en prix aux vainqueurs de ces matchs. Les 30 trésors construits à Delphes par diverses villes indiquent la popularité du dieu et du sanctuaire dans le monde grec dans son ensemble.
L'oracle de Delphes était déjà très fréquenté au VIIIe siècle av. J.-C. - bien qu'il n'ait été difficile d'y accéder car ouvert seulement en été - et les proclamations parfois cryptiques de ses prêtresses n'étaient pas prises à la légère, décidant souvent de l'application des lois ou de la déclaration d'une guerre contre une puissance étrangère. Parfois, les réponses de l'oracle étaient si obscures que les prêtres présents sur le site s'offraient (contre rémunération) pour leur donner plus de clarté. Comme le résume l'historien B. Graziosi,
Les pèlerins continuaient souvent à réfléchir aux réponses d'Apollon et à consulter d'autres experts, chez eux. Après ce long processus de consultations et d'interprétations, les révélations d'Apollon se cristallisaient généralement en lignes de poésie hexamètres et se révélaient toujours vraies - même si l'interprétation correcte n'apparaissait parfois qu'après que les événements pertinents eurent lieu. (21)
Représentations artistiques
Apollon apparaît fréquemment dans tous les médias de l'art grec antique, le plus souvent comme une beau jeune homme imberbe. Il est facilement identifié avec une cithare ou une lyre, un trépied en bronze (signifiant son oracle à Delphes), un cerf (qu'il combat souvent avec Hercule), et un arc et un carquois. Il est aussi, à l'occasion, représenté à bord d'un char tiré par des lions ou des cygnes.
Peut-être la représentation la plus célèbre d'Apollon dans l'art grec antique est la statue qui dominait le centre du fronton ouest du temple de Zeus à Olympie (vers 460 av. J.-C.). Ici, dans une pose majestueuse, il apporte ordre et raison à la bataille entre les Lapithes et les Centaures lors du mariage de Pirithoos. Un autre bel exemple d'Apollon sous sa forme de beau jeune homme, cette fois avec de longues boucles, est un relief en marbre du 2ème siècle de notre ère provenant d'un monument funéraire du Pirée. La tête d'Apollon apparaissait fréquemment sur les pièces grecques, notamment sur les tétradrachmes d'argent de Catane (Catane) du Ve siècle av. J.-C. en Sicile et sur les statères d'or de Philippe II de Macédoine (r. de 359 à 356 av. J.-C.).
Les sculpteurs romains aimaient aussi Apollon et une célèbre statue en marbre du dieu, aujourd'hui dans les musées du Vatican à Rome, est l'Apollo Belvédère, copie du 2ème siècle de notre ère d'une statue en bronze du IVe siècle av. J.-C. par Léocharès. Même les Étrusques l'admirait, peut-être l'une de leurs plus célèbres sculptures en terre cuite étant l'Apollon de Veii (vers 510 av. J.-C.), une figure rayonnante du dieu, connu pour eux sous le nom d'Aplu, qui trônait autrefois sur le toit d'un temple.