La Chimère d'Arezzo est une statue de bronze sculptée par les Étrusques du nord et du centre de l'Italie au cours des Ve et IVe siècles avant notre ère. La créature est le monstre cracheur de feu de la mythologie grecque qui a une tête de lion, une queue de serpent et une tête de chèvre qui sort de son dos. Cette statue menaçante a été découverte à Arezzo, en Toscane, en Italie, et est souvent citée comme le plus bel exemple de l'art étrusque. Elle est aujourd'hui l'une des pièces maîtresses du musée archéologique national de Florence.
La chimère dans la mythologie
Dans la mythologie, Chimère, monstre cracheur de feu, était la progéniture de Typhon et d'Échidna (deux monstres mi-serpent, mi-humain). Dans d'autres versions, elle aurait été élevée par Amisodarus. Chimère finit par être tuée par le héros Bellérophon, un défi apparemment impossible que lui avait lancé Iobatès, le roi de Lycie (à l'instigation de son frère, le roi Proétos de Tiryns). Le fils de Poséidon, aidé de son cheval ailé Pégase, poignarda mortellement le monstre avec sa lance. Les sujets mythologiques, et plus particulièrement les animaux, étaient très prisés dans l'art étrusque et, en particulier, dans les œuvres en bronze.
Découverte
La statue de Chimère fut découverte en 1553, lors de la construction de fortifications dans la ville d'Arezzo (ancien nom: Arretium), sous le règne de Cosimo de' Medici (Côme Ier de Toscane), le grand-duc de Toscane. Il fut déterré dans une tranchée avec d'autres offrandes votives telles que des statues de petits personnages près de la Porta San Lorentino. En 1566, les travaux révélèrent une autre belle statue étrusque, l'"Orator". Cosimo fut si impressionné par la chimère qu'il l'adopta en tant que symbole de son règne.
Caractéristiques et finalité
La créature grandeur nature mesure 78,5 cm de haut et 129 cm de long. Elle a été coulée en bronze, selon la technique de la cire perdue. Chimère adopte une posture agressive, presque prête à bondir sur sa victime, son arrière train baissé et ses griffes complètement sorties. La tête du lion est coiffée d'une crinière de pointes triangulaires superposées qui s'harmonisent avec les pointes poilues le long de son dos pour compléter l'aspect de menace hérissée. La tête de chèvre qui sort de son dos est inclinée sur le côté à cause d'une blessure qui saigne, tandis que la queue de serpent a elle aussi les crocs fin prêts, même si cette dernière partie est le fruit d'une restauration effectuée au XVIIIe siècle sur la base d'un fragment conservé. Une autre blessure saignante se trouve sur la patte arrière de la créature.
La pièce faisait probablement partie d'une composition plus large comprenant Bellérophon et Pégase, d'où les plaies saignantes. Sur la jambe avant droite, une inscription incisée dans la cire pendant le processus de moulage se lit tinscvil ou "cadeau à Tins", ce qui indique qu'il s'agissait d'une offrande au dieu Tins (alias Tinia), divinité suprême du panthéon étrusque, soit pour persuader la divinité d'apporter son aide, soit en remerciement de l'aide déjà apportée. Les offrandes votives étaient déposées sur les autels sacrés des temples ou même enterrées, ce qui explique peut-être la survie miraculeuse de cette belle statue étrusque.