Miroirs en Bronze Étrusques

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Article

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 24 janvier 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais
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La civilisation étrusque s'épanouit en Italie centrale entre le VIIIe et le IIIe siècle avant notre ère et produisit un art distinctif sous la forme de poteries décorées, de sculptures, de peintures murales et, ce qui fait l'objet du présent article, de miroirs gravés en bronze. Les Étrusques ont longtemps eu la réputation d'être un peuple efféminé et amateur de luxe, ce qui n'est pas une coïncidence puisque ce sont leurs conquérants, les Romains, qui ont perpétué cette image. Le grand nombre de miroirs en bronze fabriqués par les Étrusques et découverts dans leurs tombes et ailleurs n'a fait qu'alimenter cette réputation de grands narcissiques de la Méditerranée antique.

Etruscan Bronze Mirror Showing Hercules
Miroir étrusque en bronze représentant Hercule
The British Museum (Copyright)

Fonction

Les miroirs, appelés malena ou malstria par les Étrusques, étaient produits en quantité dès la fin du VIe siècle avant notre ère et jusqu'au IIe siècle avant notre ère. Ils étaient fabriqués localement dans des villes étrusques telles que Vulci, Tarquinia, Cerveteri et Chiusi, comme l'atteste le grand nombre de pièces trouvées dans ces villes.

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En plus d'être un objet pratique d'usage quotidien, les miroirs étaient un symbole de prestige pour les femmes étrusques de haut rang.

En plus d'être un objet pratique d'usage quotidien, les miroirs étaient un symbole de prestige pour les femmes étrusques de haut rang et apparaissent sur les peintures murales des tombes étrusques, souvent portés par la servante d'une dame. Il est également prouvé qu'ils étaient utilisés par certains hommes, si l'on en juge par le fait qu'ils ont également été retrouvés dans des tombes exclusivement masculines. Les miroirs faisaient généralement partie de la dot de la mariée, et il est probable que ces objets précieux, souvent décorés avec beaucoup d'art, aient également acquis une valeur sentimentale. Si les miroirs ont survécu en si grand nombre (plus de 3 000), c'est parce qu'ils étaient couramment déposés avec le défunt dans les tombes étrusques, peut-être précisément parce qu'ils faisaient partie des objets que la personne avait utilisés quotidiennement tout au long de sa vie. Curieusement, de nombreux miroirs déposés dans les tombes ont vu leur surface réfléchissante rendue inutilisable par l'ajout d'une inscription: suthina, qui signifie "de la tombe".

Conception

Les miroirs étrusques en bronze, tout comme les miroirs grecs, étaient conçus pour être tenus dans la main à l'aide d'une seule poignée. Le côté réfléchissant des miroirs était obtenu en polissant ou en argentant fortement la surface. À partir du IIIe siècle avant notre ère, l'alliage de bronze contenait davantage d'étain, ce qui permettait à la surface réfléchissante de donner une image plus claire et d'être moins sujette aux rayures et à la corrosion. Certains miroirs datant du 4e siècle avant notre ère étaient protégés par un couvercle concave fixé par une simple charnière. L'intérieur du couvercle était souvent poli pour réfléchir la lumière sur le visage de l'utilisateur, tandis que l'extérieur portait des reliefs découpés remplis d'un support en plomb. Un troisième type de miroir présente une surface réfléchissante ronde encastrée dans le couvercle d'une boîte en bois.

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Etruscan Bronze Mirror with Nymph & Silenus
Miroir étrusque en bronze avec nymphe et Silène
Jan van der Crabben (CC BY-NC-SA)

Le revers plat des miroirs en bronze, s'il n'était pas laissé à l'état brut (la moitié des exemplaires conservés le sont), était un support idéal pour une décoration gravée, une inscription ou même un relief peu profond. Cette dernière technique de décoration était parfois,mais rarement, incrustée d'argent, comme dans un exemple conservé au British Museum de Londres.

Les poignées étaient formées en coulant le miroir avec une soie à la base. Il pouvait ensuite être inséré dans un manche en bois, en os ou en ivoire, mais peu de ces pièces périssables sont parvenues intactes jusqu'à nous. Certaines poignées étaient peintes ou comportaient des scènes en relief sculptées. Un autre type de miroir fut produit à partir du IVe siècle avant notre ère, dont le manche était coulé en même temps que le corps. Beaucoup de ces miroirs sont ornés d'une tête de bélier ou de biche en bronze à l'extrémité du manche.

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Décoration

La fonction principale de la décoration des miroirs étrusques semble avoir été uniquement la décoration. Cependant, ces objets précieux pouvaient aussi devenir des symboles de transferts de richesse et de liens familiaux, par exemple lorsque les mariés appartenaient à des clans différents. Dans ce dernier cas, la décoration pouvait représenter, directement ou métaphoriquement, l'union du patrimoine de deux familles. Les scènes et les personnes qui y figurent sont souvent identifiées par des inscriptions autour du bord du miroir, qui décrivent même parfois le propriétaire, par exemple: "Je suis le miroir de Larthi Puruhena"(Mi malena larthia puruhenas) ou même le donateur : "Tite Cale a offert ce miroir à sa mère"(tite cale:atial:turce malstria:cver). Environ 300 miroirs portent des noms inscrits, la plupart étant des noms de femmes, et ils sont donc un indicateur important de l'alphabétisation des femmes étrusques.

Etruscan Bronze Mirror
Miroir étrusque en bronze
Jan van der Crabben (CC BY-NC-SA)

Certains miroirs présentent des scènes de préparatifs de mariage, des couples enlacés ou une femme en train de s'habiller, mais le sujet le plus courant pour la décoration des miroirs était la mythologie. Les miroirs illustrent la grande influence de la culture grecque sur les Étrusques, car les mythes sont invariablement d'origine grecque, même si on leur donne parfois une tournure étrusque. Les scènes sont souvent encadrées d'une bordure de feuilles de lierre, de vigne, de myrte ou de laurier torsadées.

Il n'est peut-être pas surprenant que les mythes qui impliquent un certain degré de vanité ou les dieux réputés pour leur beauté physique soient des sujets particulièrement populaires. C'est ainsi que l'on voit des scènes où Paris décide laquelle des trois déesses est la plus belle et plébiscite Aphrodite (pour les Étrusques: Turan) devant Athéna et Héra. Aphrodite, la déesse de l'amour et de la beauté, assistée et sublimée par son entourage, est un autre sujet courant. L'imposant Adonis (Atune), favori d'Aphrodite, Zeus emportant le jeune et séduisant Ganymède (Catamite), Éos - l'Aurore ailée connue pour son amour des beaux chasseurs, et la plus célèbre des beautés terrestres - Hélène de Troie, sont autant de personnages qui auraient sans doute inspiré celles et ceux qui réussissaient à s'extraire de la face réfléchissante du miroir.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, janvier 24). Miroirs en Bronze Étrusques [Etruscan Bronze Mirrors]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1009/miroirs-en-bronze-etrusques/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Miroirs en Bronze Étrusques." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 24, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1009/miroirs-en-bronze-etrusques/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Miroirs en Bronze Étrusques." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 24 janv. 2017. Web. 21 déc. 2024.

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