La tombe Regolini-Galassi est située dans la ville étrusque de Cerveteri (alias Cisra ou Cære), près de la côte occidentale de l'Italie centrale, à environ 50 km au nord de Rome. Cerveteri prospéra entre le VIIe et le IVe siècle avant notre ère et compte des centaines de tombes taillées dans le roc datant de cette période. La tombe de Regolini-Galassi date d'environ 680-660 avant notre ère et est l'une des plus importantes car ses découvreurs, Regolini et Galassi, l'ont trouvée intacte et remplie d'objets étrusques, dont la plus grande horde de bijoux en or trouvés sur un site étrusque.
La découverte
La Tomba Regolini-Galassi doit son nom au prêtre italien Alessandro Regolini et au général Vicenzo Galassi, qui la découvrirent en 1836 dans la nécropole de Sorbo, à proximité de Cerveteri. Les deux archéologues amateurs avaient déjà dégagé cinq tombes d'un énorme monticule de terre au nord de la ville, mais elles avaient toutes été pillées. La tombe numéro six était miraculeusement intacte. Restée intacte pendant plus de deux millénaires et demi, elle allait constituer la découverte la plus spectaculaire de la région jusqu'alors et les trésors qu'elle renfermait allaient enflammer l'imagination du public et susciter un intérêt tout nouveau pour les Étrusques.
La tombe creusée dans la roche se présente sous la forme d'un long couloir rectangulaire, avec deux salles ovales, une de chaque côté en son milieu, et la salle principale à l'extrémité. Malheureusement pour la postérité, Regolini et Galassi furent plutôt maladroits dans leurs fouilles. En pénétrant dans la tombe par le haut, ils firent s'effondrer le toit, endommageant une partie du mobilier qui s'y trouvait. De plus, il y avait tellement d'or et de biens précieux à l'intérieur qu'ils se débarrassèrent de la plupart des poteries trouvées.
L'or de Larthia
En entrant dans la salle principale, Regolini et Galassi tombèrent nez à nez avec le squelette, paré de bijoux fins, de l'occupante de la tombe. Elle portait un pectoral en or de 42 cm de diamètre, orné de centaines de petits animaux et de plantes, symbole de son statut social élevé, voire royal. La femme portait également une ceinture avec une magnifique fibule en or réalisée selon les techniques du repoussé et de la granulation. Elle est décorée de cinq lions sur le disque supérieur et de 50 minuscules canards en trois dimensions, disposés en sept rangées sur le disque inférieur qui recouvre l'épingle. Elle portait deux larges bracelets en or décorés de trios de femmes dansant avec de longs cheveux et de longues robes. Deux colliers sont en or, l'un avec une alternance de perles rondes et allongées incisées de lignes, l'autre avec trois grands pendentifs en or et ambre. Enfin, il y a des boucles d'oreilles en or, des bagues en spirale et des épingles.
Quel qu'ait été le rôle de cette personne dans la vie - certainement une aristocrate et probablement une prêtresse, une princesse ou une reine - nous connaissons son nom: Larthia, inscrit sur chaque pièce d'un service en argent de onze pièces trouvé à ses pieds. Elle n'était pas non plus seule dans la tombe, car l'une des salles latérales contenait les cendres d'un homme, placées dans une urne funéraire en poterie dans une niche murale. La seconde salle latérale ne contenait pas d'occupant (en dépit de certains récits anciens faisant état de la dépouille d'un troisième "guerrier", ce qui conduisit à la répétition de l'erreur dans de nombreuses sources depuis lors), mais contenait une quantité de bols en argent et en vermeil.
Autres découvertes
Parmi les autres objets trouvés dans la tombe, dont beaucoup présentent une décoration proche de celle du Proche-Orient, citons un grand divan en treillis de bronze à six pieds et un repose-tête; huit boucliers ronds en bronze - certains avec des têtes de panthère moulées et des yeux en émail incrusté; des brûleurs d'encens en bronze; des chaudrons décorés de têtes de lion et de griffon (protomes) et un trône avec des lions, des cerfs et des plantes en relief dans le même matériau; des coupes, des vases et des plats en argent; des boîtes en ivoire sculpté; et des objets en bucchero sous forme de bols, de pichets, de gobelets et de 33 effigies de personnes en deuil. Une bouteille de bucchero présente un alphabet étrusque complet inscrit sur sa base. Un magnifique bol en argent doré est décoré d'une chasse au lion et d'une procession de guerriers et indique clairement des liens avec le Proche-Orient. Enfin, il y avait un chariot-lit à quatre roues sur lequel reposait la femme du tombeau et un char à deux roues ou biga que les Étrusques utilisaient pour les cérémonies et les processions.
Parmi les objets plus quotidiens destinés à nourrir et à divertir métaphoriquement les défunts dans l'au-delà, on trouve des outils en fer et plusieurs grands vases en terre cuite qui contenaient autrefois des denrées alimentaires telles que du blé, de l'huile, du miel et des oeufs. Il y avait un dé en ivoire et même un support en bronze avec des disques suspendus utilisés pour le jeu grec du kottabos, où les buveurs essayaient de faire tomber les gouttes de leur coupe de vin sur une cible. Le contenu de la tombe est aujourd'hui exposé dans la salle qui lui est consacrée au Museo Gregoriano Etrusco des Musées du Vatican, à Rome.