La légende arthurienne, ou cycle arthurien, débuta avec les écrits du clerc gallois Geoffroy de Monmouth (c. 1100 - c. 1155). Des auteurs antérieurs tels que Gildas, Bède le Vénérable et Nennius avaient déjà établi l'existence d'un chef de guerre breton vainqueur des Saxons au mont Badon bien avant que Geoffroy n'écrive son propre récit, mais aucun d'entre eux n'avait imaginé le roi de façon aussi brillante ou délibérément choisi de transformer l'histoire en légende. Au début de son Histoire des rois de Bretagne (1136), il explique les raisons qui l'ont poussé à écrire cet ouvrage :
Souvent, en retournant dans mon esprit les nombreux thèmes qui auraient pu faire l'objet d'un livre, mes pensées tombaient sur le projet d'écrire une histoire des rois de Bretagne, et dans mes réflexions, je trouvais étonnant qu'au-delà de la mention que Gildas et Bède en ont faite dans le lumineux traité, je n'ai rien trouvé concernant les rois qui ont habité la Bretagne avant l'Incarnation du Christ, ni même concernant Arthur et les nombreux autres qui lui ont succédé après l'Incarnation, bien que leurs actions soient dignes de louanges éternelles et soient aussi agréablement répétées de mémoire par le bouche à oreille dans les traditions de nombreux peuples que si elles étaient écrites. (3)
Ce passage présente au lecteur le problème de Geoffroy, qui est résolu lorsqu'un de ses amis lui prête 'un certain livre très ancien', qui se trouve être exactement ce dont il avait besoin. Il affirme ensuite que son œuvre n'est qu'une traduction en latin de ce texte ancien. Si certains chercheurs affirment qu'il est possible qu'il ait eu accès à un véritable 'livre très ancien', il ne fait aucun doute que Geoffroy a inventé la majeure partie de son 'histoire' dans le but de donner à la Bretagne un passé aussi noble que glorieux.
Bien que Geoffroy se plaigne principalement de l'absence de littérature arthurienne dans sa préface, son œuvre ne se concentre pas uniquement sur Arthur mais sur tous les rois de Bretagne, depuis le premier souverain, Brut (XIIe siècle avant notre ère environ), jusqu'à Cadwallader (VIIe siècle environ). L'histoire d'Arthur n'est racontée que dans les volumes neuf, dix et onze du livre, mais dans les limites de ce relativement court manuscrit, Geoffroy aura su donner naissance à l'une des épopées les plus fascinantes de la littérature mondiale.
L'Arthur de la légende
Quelles que soient les lacunes de Geoffroy en tant qu'écrivain historique, il les compense par son style, son imagination et son rythme dramatique. Ainsi, depuis sa première apparition en tant que jeune homme naïf jusqu'à sa maturité en tant que roi et conquérant de vastes royaumes, le personnage d'Arthur tel que le présente Geoffroy prend immédiatement vie sur le papier. Geoffroy fait un usage habile du dialogue, du cadre, de la création de personnages, de la symbolique et plus encore du rythme ; son récit ne traîne jamais en longueur et il prend soin d'éviter de surcharger le lecteur de descriptions. Il n'est donc guère étonnant que son livre soit devenu un triomphe international et qu'il ait établi les fondations sur lesquelles seront plus tard construites toutes les œuvres abordant le personnage d'Arthur.
Dans l'œuvre de Geoffroy, Arthur revêt d'emblée les traits du héros de légende typique. Son armure et son casque sont en or, ornés des emblèmes de la Vierge, et ses armes sont la puissante lance connue sous le nom de Ron et la non moins puissante épée Caliburn. Geoffroy change le nom de mont Badon en bataille de Bath et attribue à Arthur un ennemi personnel spécifique en la personne du souverain saxon Cheldric (plus tard renommé Cerdic). Dans l'histoire rédigée par Geoffroy, les Saxons prêtent serment d'allegeance à Arthur et le rompent aussitôt. La grande bataille se transforme donc en une campagne offensive pour le bien-être du pays et l'honneur personnel du roi, au lieu de la situation défensive décrite par Gildas, Bède et Nennius.
Dieu se tient aux côtés d'Arthur en la personne de Saint Dubrice, archevêque de Caerleon qui, avant la bataille, prononce un discours encourageant les Bretons à se battre sans craindre la mort car leur sacrifice face à l'ennemi leur vaudra le paradis. Bien qu'Arthur perde beaucoup d'hommes dans la bataille, il remporte la victoire, tue personnellement 470 Saxons et chasse Cheldric du champ de bataille.
Geoffroy place la bataille de Bath au début de son ouvrage sur Arthur dans le livre IX, bouleversant ainsi l'ordre traditionnel des batailles d'Arthur tel que Nennius le présente, et fait de cette victoire, la plus spectaculaire de toutes celles attribuées à Arthur, le début d'un règne illustre. Il construit les deux premiers chapitres du volume XI sur la base de cette victoire ; à la fin du récit, Arthur a conquis l'Europe et a même soumis Rome. Bien qu'il soit le plus grand roi de son temps, il reste humble et courtois envers ses amis tout en étant à l'écoute des besoins de ses sujets ; ces caractéristiques continueront de s'appliquer à Arthur tout au long de l'évolution de sa légende.
Geoffroy est le premier à introduire des personnages qui deviendront partie intégrante des légendes ultérieures : Guenièvre, Merlin, Sire Keu, Sire Bédivère, Sire Gauvain, Uther Pendragon et Mordred. Geoffroy ajoute également des éléments originaux parmi lesquels : la lance et l'épée d'Arthur ont des noms propres et de grands pouvoirs, Arthur est un guerrier redoutable mais miséricordieux, Mordred est un traître qui s'empare du royaume et séquestre Guenièvre, la tragique bataille finale entre Arthur et Mordred, la blessure mortelle d'Arthur et son départ pour l'île d'Avalon ainsi que le vœu de chasteté prononcé par Guenièvre, qui entre dans les ordres.
C'est pour cette raison que Geoffroy de Monmouth est désigné de nos jours comme le père de la légende arthurienne et que la forme latine de son nom, Galfridius, continue à qualifier les textes de nos jours. En effet, le canon arthurien est divisé en textes pré-galfridiens (écrits avant lui) et galfridiens ou post-galfridiens (ceux qui sont venus après lui). Chaque texte du cycle arthurien rédigé après celui de Geoffroy porte l'empreinte de son influence pour la simple raison que son œuvre a été lue et admirée par les plus grands poètes de l'époque médiévale.
Les poètes français
L'œuvre de Geoffroy était écrite en latin, la langue littéraire de l'époque, et n'avait donc pas besoin d'être traduite pour être lue par les lettrés d'autres pays. Ceux-ci furent nombreux à s'inspirer du récit de Geoffroy pour produire le leur ; si nombreux, en fait, que ceux qui sont énumérés ci-dessous ne sont que les plus connus ayant ajouté les détails les plus célèbres.
Vers 1160, l'œuvre de Geoffroy avait été copiée par Wace (également connu sous le nom de Robert Wace, c. 1110-1174) de Normandie. Wace a traduit l'œuvre en vieux français vernaculaire mais a fourni bien plus qu'une simple traduction. La poésie de Wace a élevé l'histoire et ajouté des détails significatifs tels que la Table ronde, où tous les chevaliers de la cour d'Arthur sont égaux, et une image plus complète du roi lui-même. Wace est également à créditer pour le célèbre nom de l'épée d'Arthur : il a en effet changé le nom de Caliburn donné par Geoffroy en Chaliburn qui, lorsqu'il a été traduit en anglais, est devenu Excalibur.
Le poète provençal Chrétien de Troyes (c. 1130 - c. 1190) attaché à la cour de Marie de Champagne (1145-1198, fille d'Aliénor d'Aquitaine) a ajouté les notions de chevalerie, d'amour courtois, la quête du Graal, et l'un des personnages arthuriens les plus durables, Sire Lancelot. Dans le récit de Chrétien, Érec et Énide (vers 1170), Lancelot fait sa première apparition en tant que chevalier de la cour d'Arthur. Dans le poème Lancelot ou le chevalier de la charrette (vers 1177), Lancelot est le personnage central d'une histoire détaillant ses tentatives infructueuses de sauvetage de Dame Guenièvre. Cette histoire fait également mention pour la première fois de leur célèbre liaison, qui influencera une grande partie de la littérature arthurienne ultérieure. C'est en raison de ces contributions que Chrétien, au même titre que Geoffroy de Monmouth, est lui aussi considéré comme le père de la légende arthurienne.
Chrétien avait commencé un conte de Perceval mettant en scène la quête du Saint Graal et introduisant le personnage du Roi Pêcheur (qui occupera plus tard une place prépondérante dans les légendes) vers 1190 mais n'a pas vécu assez longtemps pour le terminer. Il fut repris par un autre poète français, Robert de Boron (XIIe siècle) qui écrivit Joseph d'Arimathie et Merlin, deux contes en vers qui développent le concept de la quête du Graal ainsi que le personnage du Roi Pêcheur.
Robert de Boron a également créé la célèbre image de l'épée dans la pierre (dans l'ouvrage intitulé Merlin) qui apparaît à l'origine comme une épée dans une enclume. L'écrivain spécialiste des questions arthuriennes Norris J. Lacy note que Robert de Boron 'avait partiellement expliqué la signification des objets - l'épée représente la justice ; la pierre symbolise sans doute le Christ - établissant ainsi Arthur comme défenseur de la foi et roi de droit divin' (536). Les auteurs ultérieurs remplaceront l'enclume par une pierre et réduiront au minimum la symbolique chrétienne. Á ce propos il convient de souligner que bien que cette épée soit communément associée à Excalibur dans l'esprit du public, il s'agit en fait de deux armes différentes.
Deux autres poètes français de cette époque, Béroul et Thomas de Bretagne, ont apporté leur propre contribution à la légende en cours d'élaboration par leurs versions en vers de l'histoire de Tristan et Iseult. On pense que ces deux œuvres datent des environs de 1175-1200. L'œuvre de Béroul ne comporte pas les éléments de chevalerie et d'amour courtois que Thomas de Bretagne utilise abondamment. L'œuvre de Thomas de Bretagne est très probablement influencée par celle de Chrétien de Troyes, mais les similitudes pourraient également être dues aux intérêts partagés de leurs publics respectifs qui s'intéressaient tous deux profondément à ces aspects de la romance littéraire : Thomas écrivait pour Aliénor d'Aquitaine et Chrétien pour la cour de sa fille.
Le développement français du code d'honneur chevaleresque et des éléments de l'amour courtois est unique en ce qu'il élève le statut des femmes de la littérature européenne à un niveau jamais atteint auparavant. C'est du reste ce qui a conduit certains chercheurs (notamment Denis de Rougemont) à suggérer un sens caché à ces contes. De Rougemont, ainsi que d'autres, affirment que ces histoires sont des allégories relatives à l'hérésie cathare des XIIe et XIIIe siècles. Les Cathares vénéraient une divinité féminine nommée Sophie (la sagesse, en grec) et les intrigues, qui mettent en scène une demoiselle en détresse en général ou Guenièvre en particulier, seraient des récits symboliques illustrant la manière dont l'Église tente de 'séquestrer' la sagesse antique et dont un noble chevalier (un Cathare) doit la sauver et la remettre en toute sécurité à sa vraie place.
L'Église a fini par supprimer les Cathares entre 1209 et 1244, mais, même avant cela, la persécution des cathares par l'Église aurait rendu nécessaire la dissimulation de leurs croyances dans des 'messages codés' sous forme de romances que seuls les initiés pouvaient comprendre. On ne sait toujours pas si cette interprétation est correcte, mais il est certain que les éléments introduits par Chrétien influenceront toutes les versions ultérieures de la légende arthurienne.
Les poètes allemands
Le poète allemand Wolfram von Eschenbach (c. 1170 - c. 1220) a repris le motif de la quête et a créé son poème épique, Parzival, vers 1200, dans lequel le personnage central entreprend un voyage vers la découverte de soi. Le poème de Wolfram s'inspire de l'œuvre inachevée de Chrétien et de celle de Robert de Boron, mais les personnages sont plus étoffés à tous les niveaux et la profondeur de l'œuvre l'a caractérisée comme un des points culminants de la littérature médiévale en général et des textes arthuriens en particulier. L'œuvre de Wolfram servira de base à l'opéra du même nom de Richard Wagner.
Gottfried von Strassburg (c. 1210) a écrit son Tristan en s'inspirant des œuvres antérieures de Thomas de Bretagne et de Béroul, pour créer une oeuvre poignante explorant la tension entre l'amour romantique (courtois) et le sens de l'honneur personnel. L'histoire d'amour de Tristan et Iseult et leur trahison du roi Marc, bien que n'ayant initialement rien à voir avec la légende arthurienne, y sera plus tard incorporée et influencera également la représentation de la liaison de Lancelot et Guenièvre.
Les poètes anglais
Le chef-d'œuvre gallois, les Mabinogion, est daté d'environ la même époque (c. 1200), bien que le texte n'existe que dans des copies des XIVe et XVe siècles. Les Mabinogion est un recueil de contes influencés par la poésie de Chrétien de Troyes, mais il s'appuie fortement sur le folklore et la mythologie celtiques. Deux des contes, en particulier, se prêtent au développement de la légende arthurienne. Le conte de Culhwch et Olwen dépeint Arthur comme un roi puissant qui règne sur un royaume magique, et Le rêve de Rhonabwy présente le monde du rêve, dans lequel Arthur et Yvain jouent à leur jeu de société, comme étant infiniment plus intéressant que la vie réelle du rêveur.
Ce monde a ensuite été rendu plus vivant encore par Layamon (vers la fin du XIIe/début du XIIIe siècle), un prêtre du Worcestershire, qui a été le premier à traduire l'histoire d'Arthur en anglais. Le Brut de Layamon est un poème d'un peu plus de 16 000 lignes s'inspirant largement du travail de Wace mais complété par d'autres auteurs. Layamon y introduit les détails de la naissance magique de Merlin, décrit l'origine de la Table ronde et fournit les aspects plus mystiques de la légende.
Le stade d'évolution suivant a consisté en la création du Cycle de la Vulgate (également connu sous le nom de Cycle Lancelot-Graal, Lancelot en prose et le Cycle Pseudo-Map) attribué à l'écrivain gallois Walter Map (c. 1140 - c. 1210). La composition du Cycle de la Vulgate est fermement datée de 1215-1235 et Map ne peut donc pas en être l'auteur. La portée de cette œuvre est qu'elle raconte la légende arthurienne en prose. Avant cette époque, les romances étaient rédigées sous forme de poésie, et la prose était réservée aux ouvrages sérieux d'histoire ou de théologie. Il s'agit de la première vision complète de la quête du Graal, d'Arthur en tant que roi chrétien, de Lancelot en tant que grand héros imparfait et de Galaad en tant que chevalier au cœur pur qui a la vision du Graal. Le Cycle de la Vulgate a ensuite été édité et révisé pour devenir la version connue sous le nom de Cycle post-Vulgate (vers 1240-1250).
Le Cycle post-vulgate a été la source principale d'inspiration de Sir Thomas Malory (c. 1415-1471) qui a compilé, édité, révisé et ajouté à la légende pour créer le chef-d'œuvre anglais en prose Le Morte d'Arthur vers 1469, alors qu'il était en prison. L'œuvre de Malory représente la quintessence de la légende arthurienne telle qu'elle est identifiée de nos jours. Elle a été publiée en 1485 par William Caxton dans le cadre de sa démarche visant à mettre de la littérature de qualité entre les mains de ses lecteurs grâce au nouvel outil qu'était la presse à imprimer. L'histoire a connu un tel succès qu'une deuxième et une troisième impression ont dû être commandées.
Déclin et renaissance
Bien qu'ayant rencontré un succès universel dès le départ, l'ouvrage tombe en désuétude au XVIe siècle, au plus fort de la Renaissance. Les récits d'un roi anglais médiéval ne sont alors plus à la mode, car les œuvres des auteurs grecs et latins classiques sont à nouveau largement disponibles. Par ailleurs, la réforme protestante du XVe siècle avait offert aux croyances religieuses une plus grande latitude d'interprétation, et l'imprimerie a permis une plus grande diffusion d'œuvres qui avaient été perdues pendant des siècles. Des écrivains tels que Platon, Homère, Aristote, Cicéron, Lucrèce et Virgile devinrent populaires parmi l'élite des lettrés et, la légende (connue sous le nom de la matière de Bretagne) tomba dans l'oubli.
Le poète anglais Edmund Spenser (1552-1599) a bien essayé de faire revivre les contes arthuriens dans son poème épique et allégorique La reine des fées (vers 1590), mais son Arthur est bien trop parfait pour être intéressant. En tentant de faire du roi Arthur un modèle de vertu et de force d'âme chrétienne, Spenser a créé un personnage parfait que sa foi en Dieu rend invincible et donc surhumain. Or, de ce fait on ne retrouve dans l'œuvre de Spenser aucune des qualités qui sont si caractéristiques du personnage tel qu'il est présenté dans l'œuvre de Geoffroy de Monmouth ou dans celle de Malory. C'est pourquoi, malgré le bon accueil fait à La reine des fées, l'ouvrage n'a rien fait pour accroître l'intérêt du public pour la légende arthurienne et les récits ont plus ou moins sombré dans l'oubli jusqu'au XIXe siècle. La spécialiste des questions arthuriennes Debra N. Mancoff écrit :
Après des siècles de désintérêt, la légende arthurienne a été introduite dans le répertoire du peintre britannique en tant qu'allégorie patriotique. En 1848, le gouvernement, sur la suggestion du prince Albert, a demandé à William Dyce de concevoir et d'exécuter un programme de fresques basées sur la légende arthurienne dans le vestiaire de la reine du nouveau palais de Westminster. En utilisant le texte Malory comme support, Dyce a personnifié les qualités idéales de l'homme britannique dans les héros de la légende et sa position morale préfigure l'interprétation de Tennyson dans les Idylles du Roi. (Lacy, 28)
Alfred, Lord Tennyson (1809-1892) a su populariser la légende à travers ses œuvres, en commençant en 1832 avec la publication de son poème La dame de Shalott, puis avec d'autres sur le même thème, et surtout avec la publication en 1859 des Idylles du roi. Tennyson, qui était depuis longtemps fasciné par la légende arthurienne et le personnage d'Arthur, a remanié le texte de Malory, en ramenant l'histoire à une forme poétique, afin de refléter les valeurs de l'Angleterre victorienne. Les Idylles du roi était loin d'être son dernier ouvrage sur le sujet, et il a continué à écrire et à publier de la poésie sur le thème arthurien jusqu'à sa mort. L'œuvre de Tennyson a inspiré d'autres écrivains et poètes de l'époque victorienne à reprendre le sujet à leur compte, et la littérature arthurienne a ainsi pu renaître à l'ère moderne.
L'histoire d'Arthur, de la quête et des Chevaliers de la Table Ronde a fini par redevenir une lecture populaire, a généré une version en prose en anglais moderne (Le roman du Roi Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde par James Knowles, publié en 1862) et a commencé à être prise au sérieux par les intellectuels qui se sont consacrés à l'interprétation de la symbolique et à l'étude des sources primitives des récits. La légende arthurienne est devenue une source de lecture courante pour les jeunes et a établi un code de chevalerie et de savoir-vivre s'adressant à un public de tous âges.
Tennyson est régulièrement désigné comme le père de la renaissance arthurienne, car il est presque à lui seul responsable du regain d'intérêt pour la légende. Mark Twain a encore élargi le public des aficionados d'Arthur par le biais de son ouvrage Un Yankee à la cour du roi Arthur (1889). Au XXe siècle, des écrivains comme T.S. Eliot, Hemingway, Fitzgerald, D.H. Lawrence et Joyce se sont inspirés de ces légendes pour le symbolisme de leurs propres œuvres. John Steinbeck a réécrit les récits pour un public moderne et T.H. White a redéfini la légende pour son époque, en 1958, dans son ouvrage intitulé La quête du roi Arthur.
Thomas Berger fera de même dans son roman Arthur Rex, et Mary Stewart popularisera encore plus la légende avec sa trilogie de Merlin. Ce ne sont là que quelques-uns des écrivains et artistes qui s'inspirent régulièrement des légendes arthuriennes. Les lecteurs contemporains sont tout aussi fascinés aujourd'hui par le thème de la légende qu'ils l'étaient à l'époque où Geoffroy a publié son œuvre, car le personnage d'Arthur est intemporel ; chaque époque, aussi sophistiquée soit-elle, se cherchant toujours un héros.