Réalisations de la Dynastie Han

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Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 septembre 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, chinois, espagnol
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Les réalisations de la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.), souvent considérées par les érudits et les anciens Chinois eux-mêmes comme l'âge d'or de la culture chinoise, eurent des effets durables sur tous ceux qui suivirent, notamment dans les domaines du gouvernement, du droit, de la philosophie, de l'histoire et de l'art. La soif de nouvelles connaissances, l'expérimentation ambitieuse et la recherche intellectuelle ininterrompue sont les caractéristiques de la culture Han, et elles contribuèrent, entre autres, à développer le réseau commercial de la route de la soie, à inventer de nouveaux matériaux tels que le papier et la poterie vernissée, à formuler l'écriture de l'histoire et à améliorer considérablement les outils, les techniques et les rendements agricoles.

Han Women, Dahuting Tomb.
Femmes Han, Tombeau redoutable.
Unknown Artist (Public Domain)

La route de la soie

La dynastie Han vit les premiers échanges officiels avec les cultures occidentales à partir d'environ 130 avant J.-C. De nombreux types de marchandises, des denrées alimentaires aux produits de luxe manufacturés, furent échangés, mais aucune n'était plus typique de la Chine ancienne que la soie. En raison de cette marchandise, les routes commerciales furent baptisées "route de la soie" ou "Sichou Zhi Lu". Cette "route" était en fait un réseau complet de routes terrestres de caravanes de chameaux reliant la Chine au Moyen-Orient, ce qui explique que les historiens la désignent souvent sous le nom de "routes de la soie". Les marchandises étaient importées et exportées par des intermédiaires, car aucun commerçant n'a jamais parcouru la totalité de ces routes. Finalement, le réseau s'étendit non seulement aux États voisins tels que les royaumes coréens et le Japon, mais aussi aux grands empires indien, perse, égyptien, grec et romain. Outre les biens matériels, l'une des principales conséquences de la route de la soie fut l'échange d'idées entre les cultures, porté non seulement par les commerçants mais aussi par les diplomates, les érudits et les moines qui parcouraient les routes d'Asie. Les langues (en particulier l'écriture), les religions (notamment le bouddhisme), les denrées alimentaires, la technologie et les idées artistiques furent diffusées de sorte que les cultures d'Asie et d'Europe s'aidèrent mutuellement à se développer.

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La pensée de l'époque se caractérise par une recherche ouverte de toute idéologie susceptible d'expliquer de manière adéquate la position de l'humanité dans le cosmos.

Philosophie et éducation

Le confucianisme fut officiellement adopté comme idéologie d'État de la dynastie Han, mais, dans la pratique, les principes du légalisme étaient également suivis, ce qui créa un mélange philosophique visant à assurer le bien-être de tous sur la base de principes juridiques solides. Le taoïsme était une autre philosophie influente dans la politique et l'une des caractéristiques de la pensée de l'époque est la recherche ouverte de toute idéologie susceptible d'expliquer de manière adéquate la position de l'humanité dans le cosmos et de forger un lien entre le gouvernement, la religion et la cosmologie. Les théories impliquant les nombres étaient particulièrement populaires auprès des intellectuels qui cherchaient une idéologie globale pour expliquer toutes les facettes de la condition humaine.

Une conséquence tangible de la promotion du confucianisme et d'autres philosophies par l'État fut la construction d'écoles et de collèges pour promouvoir l'alphabétisation afin que les textes classiques de la pensée chinoise puissent être étudiés. Une Académie impériale fut créée en 124 avant J.-C. pour permettre aux érudits d'étudier en profondeur les classiques confucéens et taoïstes. À la fin de la période Han, l'Académie formait un nombre impressionnant de 30 000 étudiants par an. D'une manière générale, l'État estimait que l'éducation était la marque d'une société civilisée, même si, dans la pratique, le coût de la scolarisation des jeunes limitait considérablement l'accès à l'éducation. La société restait très stratifiée mais, au moins pour ceux qui avaient les moyens de s'instruire, il était désormais possible d'accéder à la bureaucratie de l'État.

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East Asia in the year 1 CE
Extrême-Orient en l'an 1
Stone Chen (CC BY-NC-SA)

En plus de la promotion de la philosophie, la destruction de nombreux livres sur toutes sortes de sujets par l'empereur Qin Shi Huangti (259-210 av. J.-C.) avait nécessité un projet de réécriture massive pour préserver de la mémoire le savoir accumulé dans ces ouvrages perdus. Inévitablement, peut-être, en reformulant le passé, les écrivains Han furent sélectifs en fonction de leurs propres idées et de celles de leurs mécènes, mais, aussi, ils consignèrent la pensée de l'époque, de sorte que la dynastie Han est l'une des périodes les mieux documentées de l'histoire chinoise.

Littérature

La littérature la plus ancienne de la Chine ancienne date de la période Han, bien qu'il ne faille pas exclure la possibilité que des écrits antérieurs aient été délibérément détruits ou simplement perdus au fil du temps. L'ouvrage le plus célèbre des Han est sans aucun doute le Shiji (Mémoires historiques) de Sima Qian (135 - 86 av. J.-C.), souvent cité comme le premier historien de la Chine. Qian était en fait le grand astrologue de la cour, mais comme cela signifiait également qu'il devait compiler les registres des présages passés et créer des guides pour les futures décisions impériales, il était en fait un historien. Le Shiji s'appuie sur des documents oraux et écrits, y compris ceux des archives impériales, et fut commencé par le père de Qian, Sima Tan. Le Shiji va bien au-delà de l'enregistrement des phénomènes astrologiques et documente les dynasties impériales dans l'ordre, en commençant par les premiers empereurs légendaires et en terminant à l'époque de Qian. Ainsi, les 130 chapitres couvrent deux millénaires et demi d'histoire. Avec une nouvelle approche systématique et des descriptions des développements technologiques et culturels ainsi que des biographies de personnages célèbres non royaux et de peuples étrangers, l'ouvrage influencerait énormément les histoires officielles de la Chine qui suivront sous les dynasties suivantes.

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Sima Qian
Sima Qian
ZazaPress (CC BY-NC-SA)

Une autre œuvre importante des Han et une autre grande première est le Classique interne de l'empereur Jaune (Huangdi Nei Jing) crédité à l'Empereur jaune, qui est un document sur la médecine dans la Chine des Han. L'écrivain Ban Gu (32-92 de notre ère), en plus d'écrire sa célèbre histoire Hanshu (Livre des Han), créa un nouveau genre, la rhapsodie ou fu, dont la plus connue est la Rhapsodie sur les deux capitales. Ces œuvres, qui comportent des dialogues dynamiques entre deux personnages, sont de précieux témoignages des coutumes et des événements locaux. Au 1er siècle de notre ère, l'essor de la littérature des Han fit que la bibliothèque impériale comptait environ 600 titres, dont des ouvrages de philosophie, des traités militaires, des calendriers et des ouvrages scientifiques.

Art

La stabilité assurée par le gouvernement des Han et l'accumulation conséquente de richesses par ses citoyens les plus fortunés entraînèrent une floraison des arts. Les individus fortunés devinrent à la fois mécènes et consommateurs d'œuvres d'art. Cette demande conduisit à des innovations et à des expérimentations dans le domaine de l'art, notamment les premières poteries émaillées et la peinture figurative. Cette dernière était la première tentative chinoise de portrait réaliste de gens ordinaires. La capture de paysages naturels devint une autre préoccupation des artistes Han. L'art, qui s'intéressait auparavant à la religion et aux cérémonies, se concentra désormais sur les gens et les activités de la vie quotidienne, comme la chasse et l'agriculture. Les peintures de tombeaux, en particulier, cherchaient à mettre en évidence les caractéristiques faciales individuelles des personnes et à dépeindre des scènes narratives.

La combinaison du pinceau, de l'encre et du papier fit de la peinture et de la calligraphie les domaines artistiques les plus importants en Chine.

Le papier

Une invention qui contribua grandement à la diffusion de la littérature et de l'alphabétisation fut l'invention du papier raffiné en 105 de notre ère. Cette découverte, consistant à utiliser des fibres végétales pressées et séchées en feuilles, est attribuée à un certain Cai Lun, directeur des ateliers impériaux de Luoyang. De lourdes bandes de bambou ou de bois et de la soie coûteuse étaient utilisées depuis longtemps comme surface d'écriture mais, après des siècles d'efforts, une alternative plus légère et moins chère finit par être trouvée sous la forme de rouleaux de papier. La combinaison du pinceau, de l'encre et du papier allait faire de la peinture et de la calligraphie les domaines artistiques les plus importants de la Chine pendant les deux millénaires suivants. Une autre innovation des Han fut d'utiliser le papier pour produire des cartes topographiques et militaires. Dessinées à une échelle raisonnablement précise, elles comportaient un code de couleurs, des symboles pour les caractéristiques locales et des zones spécifiques à plus grande échelle.

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Science et technologie

La période Han fut le témoin d'un certain nombre d'inventions et d'améliorations techniques importantes qui contribuèrent à rendre l'agriculture beaucoup plus efficace que par le passé. L'amélioration des compétences en métallurgie et l'utilisation plus large du fer permirent d'améliorer l'efficacité des outils. La charrue, en particulier, fut grandement améliorée et possédait désormais deux lames au lieu d'une. Elle était également plus facile à diriger, grâce à l'ajout de deux poignées. L'arrivée de la brouette aida les agriculteurs à déplacer les charges plus efficacement. Des ventilateurs étaient utilisés pour séparer les grains de la paille, et des moulins à main broyaient la farine. L'irrigation fut grandement améliorée par des pompes mécanisées - actionnées soit par une pédale, soit par une perche avec un seau à contrepoids - et les puits furent transformés en réservoirs plus efficaces en les revêtant de briques. Parallèlement, la gestion des cultures devint plus sophistiquée, avec une plus grande attention portée au moment de la plantation et le semis de cultures alternées en rangs successifs pour maximiser les rendements.

Han Dynasty Farm Model
Maquette de ferme de la dynastie Han
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Un autre domaine qui bénéficia des investissements des Han fut la construction d'un réseau routier et fluvial plus étendu, ainsi que de ports mieux construits. Le tissage s'améliora grandement sous les Han, notamment celui de la soie qui, grâce à de nouveaux métiers à pied, pouvait compter jusqu'à 220 fils de chaîne par centimètre de tissu. Des innovations furent également apportées dans le domaine scientifique, comme l'utilisation de cadrans solaires et de sismographes primitifs. En médecine, l'utilisation de l'acupuncture fut un développement très populaire.

Dans le domaine de la guerre, l'utilisation de l'arbalète et de la cavalerie se généralisa.

Dans le domaine de la guerre, l'arbalète se généralisa et se déclinait désormais en plusieurs tailles, de l'artillerie lourde montée aux versions légères tenues à la main. Les Han firent également un usage beaucoup plus important de la cavalerie que leurs prédécesseurs, faisant du champ de bataille une arène plus dynamique et plus mortelle. Les épées, les hallebardes et les armures des Han étaient réputées pour leur qualité artisanale et bénéficiaient de l'utilisation du fer et de l'acier.

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Changements sociaux

Bien qu'il ne s'agisse pas nécessairement de "réalisations", le gouvernement des Han adopta des lois qui entraînèrent plusieurs changements importants dans la vie ordinaire de ses citoyens. La conscription universelle avait été une caractéristique d'une Chine instable pendant des siècles mais, en 31 de notre ère, les Han l'abolirent. Reconnaissant enfin que forcer les paysans à se battre n'était pas le meilleur moyen d'obtenir une force de combat disciplinée et compétente, ils créèrent (plus ou moins) une armée professionnelle. La taille même de l'empire Han nécessitait un nombre considérable de soldats pour défendre les frontières, mais ceux-ci étaient désormais recrutés parmi les mercenaires disponibles, les tribus conquises et les prisonniers libérés, et non plus parmi les agriculteurs à plein temps. En outre, le gouvernement des Han investissait environ 10 % de ses revenus dans des cadeaux extravagants pour les États rivaux. De nombreux États envoyaient un tribut en retour, et l'établissement de solides relations diplomatiques permirent de réduire les investissements en défense militaire.

L'un des changements notables dans les relations de la famille avec l'État fut la décision du gouvernement de nommer et de traiter avec un seul représentant de chaque unité familiale. En général, ce rôle revenait à l'homme le plus âgé, mais il pouvait être occupé temporairement par une femme si ses fils n'étaient pas encore majeurs. Les liens familiaux étaient renforcés en rendant chacun responsable de la conduite de chacun des autres membres de l'unité. Si un membre de la famille était reconnu coupable d'un crime grave, par exemple, les autres membres de la famille pouvaient être réduits en esclavage à titre de punition. Un autre changement concernait l'héritage. Alors qu'auparavant, l'homme le plus âgé héritait de tout, les Han modifièrent les règles pour répartir l'héritage de manière égale entre tous les frères. Les filles n'avaient toujours rien, cependant, et leur seul espoir d'indépendance financière était la dot que leur famille pouvait leur fournir.

Une conséquence malheureuse de ces changements dans l'héritage est qu'au fil du temps, les fermes devinrent de plus en plus petites à mesure qu'elles étaient réparties entre les frères, et il devint plus difficile de faire vivre une famille sur une seule parcelle. Cela conduisit les petits agriculteurs à vendre leurs terres et à choisir de travailler pour les grands propriétaires terriens, ce qui finit par concentrer la propriété foncière entre de moins en moins de mains. Finalement, la combinaison de la perte de recettes fiscales, de la désaffection générale de la paysannerie et de l'augmentation de la richesse et du pouvoir de l'aristocratie conduisit au renversement de la dynastie Han et à la division de la Chine en trois royaumes qui se firent la guerre.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, septembre 14). Réalisations de la Dynastie Han [Achievements of the Han Dynasty]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1119/realisations-de-la-dynastie-han/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Réalisations de la Dynastie Han." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 14, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1119/realisations-de-la-dynastie-han/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Réalisations de la Dynastie Han." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 sept. 2017. Web. 21 nov. 2024.

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