Des flèches qui fusaient, de puissants carreaux d'arbalète, des épées tranchantes et des haches déchaînées, tous ces éléments faisaient partie intégrante du champ de bataille chinois. Il n'est donc pas surprenant que les soldats aient cherché à se protéger du mieux qu'ils pouvaient avec des armures et des boucliers. Des tuniques en cuir avec des ajouts métalliques, des casques en bronze ou en fer et des boucliers en cuir laqué permettaient de dévier au moins une partie des projectiles et des lames tranchantes qui fonçaient droit sur le soldat. Les chevaux étaient également protégés et la cavalerie lourde, avec les chevaux et les cavaliers entièrement recouverts d'une armure, devint une caractéristique des armées chinoises ultérieures.
Les premières armures
L'histoire et l'évolution des armures dans les guerres chinoises sont difficiles à établir avec certitude, étant donné leur nature souvent périssable, mais les descriptions textuelles et les représentations artistiques, telles que les peintures murales et les figurines de poterie, ainsi que les pièces métalliques qui ont survécu, peuvent aider à reconstituer les principaux développements. La question de savoir qui portait l'armure et à quel moment est un autre sujet de discussion. Les traités militaires de la période des Royaumes combattants (c. 481-221 av. J.-C.) suggèrent que tous les officiers, quel qu'ait été leur niveau, portaient une armure. Les mêmes sources font référence à des commandants qui conservaient des armures dans des sacs de stockage et les distribuaient aux troupes, mais au moins une partie de l'infanterie conscrite ordinaire devait probablement fournir sa propre armure. Cela dépendait évidemment de leurs moyens et, en tant qu'agriculteurs, il est peu probable que cela ait été une possibilité réaliste pour la plupart d'entre eux.
En Chine, les premières armures étaient fabriquées à partir de peaux d'animaux au cours de la période néolithique. Elles n'étaient probablement pas très adaptées à leur nouvelle fonction et étaient sans doute davantage destinées à impressionner qu'à dévier les armes. À partir de la dynastie Shang (c. 1600-1046 av. J.-C.), le cuir fut utilisé pour fabriquer des armures sur mesure, et il resta un choix populaire pendant des siècles. La source de cuir la plus courante était la peau de vache, mais la peau de buffle et de rhinocéros était également utilisée (le rhinocéros de Sumatra était répandu en Chine avant le 5e siècle av. J.-C.). Le cuir tanné et raidi, suffisant pour dévier les armes de l'âge du bronze, était façonné en deux morceaux pour protéger la poitrine et le dos du guerrier.
Parfois, des morceaux de coquillages étaient utilisés comme couche de protection supplémentaire, et il existe des vestiges d'armures dotées de hauts protège-cou. Les armures étaient souvent peintes, généralement en rouge, jaune, blanc, noir et bleu. Certaines étaient ornées de bossages métalliques et de représentations de créatures mythiques redoutables, de tigres ou de masques de démons.
Les boucliers
Les boucliers étaient utilisés pendant la période Shang ou même avant. Les premiers étaient plus grands, probablement parce que les armures de l'époque étaient moins efficaces que les versions ultérieures. Certains combinaient des plaques de bronze et du cuir, tandis que des versions plus rudimentaires étaient faites d'osier, de bambou ou de roseaux entrelacés, de lamelles de bois ou de peaux d'animaux. Le cuir ou le tissu superposé était tendu sur une armature en bois ou en bambou, puis laqué pour lui donner plus de solidité sans l'alourdir de manière significative. Ils existaient en deux tailles, une version plus petite pour l'infanterie et une version plus grande pouvant couvrir la taille d'un homme pour les soldats dans les chars. Le bouclier d'infanterie se tenait d'une seule main. Les vestiges trouvés dans les tombes indiquent qu'ils avaient une forme approximativement rectangulaire, qu'ils étaient légèrement incurvés vers l'extérieur au centre, qu'ils comportaient une seule poignée verticale placée au centre et qu'ils mesuraient 70 x 80 cm.
Casques
La tête du soldat était protégée par un casque, d'abord en rotin ou en cuir, puis, plus tard, en bronze. Ils étaient typiquement de type sphérique, couvraient le haut des oreilles, protégeaient la nuque et étaient surmontés d'une crête simple et basse. Certains casques métalliques présentent des saillies stylisées et des gravures semblables à celles utilisées sur les boucliers. Les casques en bronze étaient doublés d'un matériau plus souple pour amortir les coups et assurer le confort; ils pesaient en moyenne 2 à 3 kilos. Les casques n'étaient capables que de dévier les projectiles légers et les coups d'épée, et un nombre suffisant de restes de squelettes portant des traces de blessures causées par des pointes de flèches et des épées suggère que l'armure, en général, n'était pas particulièrement efficace au cours des premières périodes de la guerre en Chine.
Armures Zhou et Qin
Au milieu de la dynastie Zhou (1046-256 av. J.-C.), une armure plus souple fut conçue, faite de petits rectangles de cuir qui se chevauchaient et qui étaient maintenus ensemble par des lanières de cuir, des cordes de chanvre ou des rivets, et qui prenaient la forme d'une tunique. Chaque pièce de cuir était durcie par tannage et laquage. Ce type d'armure est typique des guerriers de l'armée de terre cuite retrouvée dans la tombe de Qin Shi Huang (Qin Shi Huangdi), premier empereur de la dynastie Qin (221-206 av. J.-C.). Les guerriers en terre cuite portent sept types différents de tuniques blindées, dont certaines sont munies de rabats pour protéger l'aine. Le cuir pouvait être remplacé par de petits rectangles de bronze ou par une combinaison de bronze et de cuir. Naturellement, de nombreux soldats qui en avaient les moyens ornaient leur armure de décorations supplémentaires conçues pour impressionner et fabriquées à partir de métaux précieux, d'ivoire et de corne de rhinocéros.
L'armure des Han
Avec la généralisation de l'arbalète et l'augmentation de sa puissance de feu, surtout à partir de la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.), le fer fut de plus en plus utilisé dans les armures corporelles. Là encore, de petites plaques étaient cousues ou rivetées ensemble pour former une tunique semi-flexible qui protégeait également la partie supérieure des bras. Le fer était également utilisé pour renforcer les boucliers et pour fabriquer des casques. Les casques de cette période prenaient la forme d'une capuche avec une partie qui pendait pour protéger le cou, mais ils n'offraient toujours pas de protection pour le visage, même si les traités militaires des Han font référence à des masques de fer pour le visage.
Une autre évolution consista à concevoir des armures pour des types de soldats spécifiques. Les deux ou trois soldats d'un char n'ayant pas besoin d'une grande mobilité, leur armure pouvait être plus lourde et plus encombrante, mais avec l'avantage d'offrir une meilleure protection. Tout le corps pouvait être couvert, à condition de laisser les bras libres pour manier des armes comme les lances et les hallebardes. L'infanterie, quant à elle, n'avait que des tuniques courtes et des jambières plus rudimentaires qui lui permettaient de se déplacer rapidement sur le champ de bataille. La cavalerie, qui commença à remplacer les chars à partir du 4e siècle avant notre ère, était traditionnellement légèrement armée de hallebardes et d'arcs. Pour pouvoir se déplacer librement et tirer depuis leurs selles primitives tout en restant en mouvement, leurs vêtements devaient être légers et peu contraignants.
Armure des chevaux
Le cheval ne disposait, le cas échéant, que de la protection limitée d'une couverture de cuir suspendue sur le devant, sous le cou, et parfois d'une peau de tigre étendue sur les flancs. Avec l'invention de l'étrier, une cavalerie lourde devint possible à partir du 4e siècle de notre ère. Ces cataphractes portaient une armure complète pour le cavalier et le cheval et sont clairement visibles sur les figurines de poterie de l'époque. Le poids important de cette cavalerie lourde empêchait son utilisation dans la pratique et, par conséquent, il y eut un retour à une cavalerie plus légère et plus rapide au cours de la période Tang (618-907), même si un petit corps de chevaliers gentilshommes se maintint jusqu'à la fin de la période médiévale.
Les armures ultérieures
Sous la dynastie des Sui (581-618) et la dynastie des Tang qui lui succéda, une nouvelle armure se développa, connue sous le nom de "plaques et cordons". Figurant sur les figurines de poterie de l'époque, cette armure était composée de grandes plaques de fer reliées par des cordes qui couraient au centre et en travers de la poitrine et qui étaient reliées à une ceinture de cordes, ce qui permettait probablement de répartir le poids sur les épaules. Un autre type d'armure populaire sous les Tang était une longue armure composée de centaines de petites plaques de métal et qui descendait presque jusqu'aux chevilles.
Dans la Chine médiévale, les armures devinrent encore plus ornées, avec des combinaisons complexes faites de panneaux rivetés recouverts de tissu, des armures qui couvraient le haut des jambes pour la cavalerie, et des casques faits de multiples plaques de fer qui se chevauchaient, ou même parfois en argent gravé. Les armures en maille étaient rarement utilisées et, malgré l'arrivée de la poudre et des armes à feu, les armures chinoises restèrent remarquablement traditionnelles, le cuir étant toujours couramment utilisé pour tous les types de guerriers, comme il l'avait été pendant plus de deux millénaires.