Royaume de Magadha: Conflits et Méthodes de Guerre

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Dr Avantika Lal
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 avril 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Dans l'Inde ancienne, à partir du VIe siècle avant notre ère, le royaume de Magadha (du VIe siècle av. J.-C. au IVe siècle av. J.-C.) acquit ses lettres de noblesse. Situé dans la partie orientale de l'Inde, dans ce qui est aujourd'hui l'État du Bihar, il surpassa les autres royaumes et républiques en matière d'expansion et de contrôle territoriaux, ce qui fut la principale raison et le contexte de ses guerres incessantes. La période d'expansion et de guerres commença sous le règne de Bimbisâra (543 av. J.-C.) et dura jusqu'à la chute de Dhanananda (322/321 av. J.-C.), lorsque les Maurya prirent le pouvoir.

Outre Bimbisâra, les principaux acteurs du Magadha qui crièrent à la guerre furent son fils Ajatashatru (492 av. J.-C. - 460 av. J.-C.) et les rois Shaishunâga (vers la fin du Ve siècle av. J.-C.) et Mahapadma Nanda (vers le milieu du IVe siècle av. J.-C.). Les armées du Magadha sous la direction de ces souverains agressifs se battirent à peu près comme n'importe quelle autre armée des royaumes de l'Inde ancienne, en utilisant le système d'armée quadruple (chars, infanterie, cavalerie et éléphants), dirigé personnellement par des rois ou des princes. Des forts étaient présents et l'on avait donc recours à la guerre de siège. Dans de nombreux cas, les complots étaient utilisés comme moyen de guerre. L'habileté des dirigeants royaux et la volonté d'expansion territoriale furent les principales raisons du succès du Magadha et eurent un impact considérable sur son système militaire et ses méthodes de guerre. Le royaume s'effondra lorsqu'il eut à sa tête un roi faible et impopulaire et que ses partisans se perdirent dans les complots - il ne s'agissait pas exactement d'une défaite militaire. Il est intéressant de noter que l'histoire de l'expansion du Magadha se lit comme une histoire - avec ses intrigues, ses scandales, ses meurtres, ses opérations secrètes, etc. Il est intéressant de noter que tout cela fait partie de son histoire.

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Mauryan and Pre-Mauryan soldiers from the Sanchi Stupa
Soldats mauryas et pré-mauryas du Stupa de Sanchi
Dharma (CC BY)

Cadre politique

Magadha était l'une des 16 unités territoriales appelées mahajanapadas, qui comprenaient à la fois des royaumes et des républiques. Anga, Koshala (Kosala), Avanti et Vriji étaient les mahajanapadas géographiquement proches de Magadha, contre lesquels ce royaume mènerait ses guerres. Le Vriji ou Shanga Vajji était une confédération de nombreux clans parmi lesquels les Lichcchavis étaient prédominants. La capitale se trouvait à Vaishali et le royaume était gouverné par une oligarchie composée d'un corps dirigeant de 7707 membres, appelé raja (roi). Issus de différents mahajanapadas, la plupart des acteurs royaux de cette histoire d'expansion étaient des contemporains du Bouddha et avaient interagi avec lui.

Guerres et expansion sous la dynastie Haryanka

Le roi Bimbisâra

Sur le plan géographique, le royaume de Magadha présentait de nombreux avantages, en particulier sur le plan militaire. Il était protégé de tous côtés par des montagnes et des rivières. La capitale Girivraja était entourée de cinq collines et de murs de pierre. Le commerce et l'agriculture étaient florissants, ce qui constituait une excellente base de ressources pour les expéditions militaires. Une nouvelle capitale, Rajagriha (sanskrit: "maison royale"), se développa autour de Girivraja et resta la résidence royale jusqu'au transfert à Pataliputra.

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C'est à Bimbisâra, couronné à 15 ans, que l'on attribue le début de l'expansion territoriale de Magadha.

Le roi Bimbisâra (543 - 492 av. J.-C.), également connu sous le nom de Seniya, était le fils du roi Bhattiya, le premier roi de la dynastie Haryanka. Couronné à l'âge de 15 ans, c'est à lui que l'on attribue le début de l'expansion territoriale de Magadha. Sa quête, ou plutôt sa décision de partir en guerre, s'appuyait sur les avantages de Magadha par rapport à ses adversaires. Bimbisâra annexa d'abord Anga à l'est. L'un de ses fils, Ajatashatru, participa à la guerre contre Anga. Satisfait de sa bravoure et de son leadership, Bimbisâra en fit le vice-roi après sa conquête.

Cependant, son royaume n'était pas assez fort pour conquérir des poids lourds comme le Kosala et Vaisali. Bimbisâra choisit donc une solution sans effusion de sang: il conclut des alliances matrimoniales avec eux. Le Kosala reçut en dot le village de Kashi, ce qui lui rapporta beaucoup d'argent. Au final, le territoire de Bimbisara se composait de 80 000 villages et d'une superficie de 300 lieues.

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The 16 Mahajanapadas, Including Magadha
Les 16 Mahajanapadas, y compris Magadha
Kmusser (CC BY-SA)

Le roi Ajatashatru

Le successeur du roi Bimbisâra, Ajatashatru (Sanskrit: "Celui dont les ennemis ne naissent pas"; Pali : Ajatasattu; également connu sous le nom de Kunika) poursuivit les projets d'expansion. Son règne dura de 492 à 460 avant notre ère. Ses ennemis n'étaient peut-être pas nés, mais ils avaient bel et bien été créés. Le premier sur la liste (selon lui) était son propre père, qu'il déposa, emprisonna et plus tard tua, de peur que le trône ne soit donné à l'un de ses demi-frères. Cet acte provoqua la première guerre d'Ajatashatru en tant que roi. Le roi Prasenajit (Pali: Pasenadi) (vers le 6e siècle av. J.-C.) de Kosala décida de venger la mort de son beau-frère et de sa sœur, qui étaient morts de chagrin à la suite de la disparition tragique de Bimbisâra. Dans cette entreprise, il fut rejoint par quelques mahajanapadas républicains qui bordaient le royaume de Magadha au nord et au nord-ouest, comme les Vrijis de Vaisali et les Mallas de Kushinagar et de Pava.

La forteresse de Pataligrama fut construite par le Magadha pour se défendre. En l'espace d'une génération, elle devint la ville de Pataliputra, la capitale des empires de l'Inde pour les siècles à venir.

Ajatashatru utilisa à la fois la stratégie et les moyens militaires pour faire face à ses adversaires. La guerre contre le Kosala commença après que Prasenajit se soit emparé de Kashi et ait empêché ses revenus d'être acheminés vers le Magadha. La perte de revenus et la perte d'image incitèrent Ajatashatru à préparer une réponse appropriée sur le champ de bataille. La chance favorisa les deux camps, et la guerre ne se termina pas avant un long moment, mais à la fin, c'est le Magadha qui l'emporta. Le Kosala ayant été humilié, Prasenajit rendit Kashi (qui devint une partie de Magadha) et offrit sa fille en mariage au conquérant.

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Remains of the Jail where Bimbisara was Imprisoned
Vestiges de la prison où Bimbisara fut emprisonné
BPG (CC BY-SA)

Conquête de Vaisali: autres moyens de guerre

La guerre contre Vaisali ne fut pas une partie de plaisir. Ayant besoin de conseils, Ajatashatru décida d'envoyer un ministre demander l'avis de l'homme le plus sage de l'époque, le Bouddha. Il déclara que les Vrijis ne pouvaient être conquis, car ils respectaient toutes les conditions qui rendaient une république forte, y compris la tenue d'assemblées et l'unité de conseil et de politique. Prenant note de la question de l'unité des Vrijis, Ajatashatru décida de la briser avant toute autre chose. Il avait bien compris qu'un ennemi unifié impliquait une forte résistance et donc de lourdes pertes.

Sur les conseils de l'un de ses ministres, Varshakara (Pali: Vassakara), le monarque de Magadha fit semblant de le disgracier et de le bannir, ce qui permit à l'ancien ministre rusé de trouver facilement asile à Vaisali. Comme prévu, il créa en quelques années tant de dissensions et de désunion parmi les Vrijis (en particulier parmi les membres de l'assemblée) qu'ils ne purent plus se mettre d'accord pour s'aider mutuellement à tenir tête au royaume de Magadha! La défense unifiée disparue, ce qui restait de leur résistance fut anéanti par les militaires d'Ajatashatru qui avaient utilisé des armes novatrices, le rathamusala (un char auquel était attachée une masse, causant beaucoup de dégâts) et le mahashilakantaga (un engin de siège ressemblant à une énorme catapulte). Avec la chute de Vaisali, les Malla cédèrent également.

Il est fort probable que même si la guerre n'avait pas éclaté sous ses yeux, Ajatashatru l'aurait activement recherchée.

Les récits indiquent que la guerre contre Vaisali dura 16 longues années (484 - 468 av. J.-C.). Les premiers revers reçus amenèrent donc Ajatashatru à repenser sa stratégie et à s'attacher à briser les Vrijis de l'intérieur, tout en mettant au point un nouvel armement plus radical.

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La conquête de l'époque d'Ajatashatru se termina par l'annexion de Vaisali. Selon les récits, l'une des causes de la guerre contre Vaisali était la poursuite par Ajatashatru de ses frères Halla et Vehalla en fuite, qui avaient emporté avec eux certains objets précieux et avaient été hébergés par les Lichchhavis qui refusaient de les livrer. Quelle qu'en ait été la raison, l'ambition politique dominait clairement l'esprit d'Ajatashatru. Après tout, il n'avait pas déposé (tué !) son père pour rien, et avait commodément ignoré les relations cordiales et familiales de son père avec le Koshala et Vaisali (selon les récits, sa propre mère, la seconde femme de Bimbisâra, était la fille d'un des chefs de Vaisali). Il est fort probable que même si la guerre n'avait pas éclaté sous ses yeux, Ajatashatru l'aurait activement recherchée.

Magadhan and Mauryan Soldiers
Soldats magadhans et mauryas
Dharma (CC BY)

L'une des principales caractéristiques des guerres menées par Ajatashatru est qu'elles durèrent toutes deux longtemps, sans conclusion rapide ni victoire décisive sur le champ de bataille qui aurait pu décider de l'issue de la guerre. Cela montre également les capacités militaires de ses adversaires et le fait qu'à cette époque, Magadha n'était pas militairement supérieur. Cette supériorité se construisit lentement et péniblement.

Ajatashatru commença également à fortifier sa capitale contre une invasion de l'Avanti, qui n'eut jamais lieu. Son fils Udayin (alias Udayi ou Udayibhadra), qui lui succéda en 459 avant notre ère, combattit l'Avanti, mais on ne dispose pas de beaucoup de détails à ce sujet. Auparavant, il avait fondé la ville de Pataliputra, stratégiquement située. Les derniers souverains de cette dynastie ne furent pas très efficaces et le dernier fut finalement remplacé par une nouvelle dynastie, celle des Shaishunâgas.

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Guerres et expansion sous les Shaishunâgas et les Nandas

Le premier roi, Shaishunâga (vers la fin du Ve siècle av. J.-C.), poursuivit la politique de progression en absorbant l'Avanti, mettant ainsi fin à la domination dynastique des Pradyotas (dont on n'entendit plus parler dans l'histoire de l'Inde). Cette victoire permit à Shaishunâga de s'emparer des territoires du Madhyadesha, du Malwa et de nombreux autres dans le nord et le centre de l'Inde, et d'éliminer le seul ennemi sérieux qu'il avait à l'époque.

Le dernier souverain de cette dynastie fut assassiné et, en l'absence de succession crédible, un nouveau roi appelé Mahapadma Nanda prit le pouvoir vers le milieu du quatrième siècle avant notre ère, inaugurant le règne de la dernière dynastie avant que les Mauryas ne prennent les rênes du pouvoir à Magadha.

“War over the Buddha’s Relics”, Sanchi
"Guerre pour les reliques du Bouddha", Sanchi
Dharma (CC BY)

Les ouvrages pali désignent Mahapadma sous le nom d'Ugrasena en raison de son immense armée. Ses conquêtes permirent au Magadha d'étendre ses frontières beaucoup plus loin (Koshala fut annexé), si bien qu'à l'époque de Dhanananda (329 - 322/21 av. J.-C.), dernier souverain de la dynastie, le royaume possédait un vaste trésor et une armée comptant 20 000 cavaliers, 200 000 fantassins, 2 000 chars et 3 000 éléphants, selon l'historien romain Quinte-Curce (Ier siècle de notre ère).

Dhanananda était un contemporain d'Alexandre le Grand (356 - 323 av. J.-C.), qui envahit l'Inde en 326 avant notre ère, et que les Grecs connaissaient sous le nom de Xandrames ou Agrammes. C'est la connaissance de la puissance des Magadhans qui ajouta au désespoir des troupes macédoniennes déjà épuisées par la guerre dans le nord-ouest de l'Inde, les obligeant, entre autres, à ne pas s'enfoncer plus avant dans l'Inde.

L'expansion du Magadha devait reprendre sous les Mauryas, après que Chandragupta Maurya (322/21 - 297 av. J.-C.) eut renversé Dhanananda. Le royaume de Magadha jeta ainsi les bases du premier empire sous-continental de l'Inde.

Déclin du Magadha

Le règne des Nandas prit fin vers 322 - 321 avant notre ère. La puissance de l'armée et le pouvoir de Dhanananda permirent de contenir ses détracteurs, mais ne firent pas grand chose pour sa popularité auprès de ses sujets (qui avaient des problèmes avec la lourdeur des impôts et la personnalité du souverain). Cependant, un érudit appelé Vishnugupta Chanakya ou Kautilya (vers le 4e siècle av. J.-C.) décida de prendre des mesures radicales pour se venger de l'humiliation qu'il avait subie de la part du roi.

Il permit à son protégé Chandragupta Maurya (Sandrakottos pour les Grecs) de lever une immense et redoutable armée et de défier l'autorité de Nanda. Dhanananda perdit, et il est intéressant de voir comment. Quelle qu'ait été la puissance militaire de Chandragupta, Kautilya eut recours à de nombreuses intrigues, contre-intrigues, complots et contre-complots pour briser la puissance de Dhanananda en lui retirant ses principaux alliés, loyalistes et partisans. Le drame sanskrit Mudrarakshasa, écrit par Vishakhadatta quelque part entre le 4e et le 8e siècle (vraisemblablement au 5e siècle de notre ère), donne des détails frappants à ce sujet.

Chandragupta monta sur le trône de Pataliputra et devint le premier souverain Maurya. La cote de popularité de Dhanananda étant au plus bas, le nouveau roi (et plus tard empereur) fut joyeusement accepté. Le royaume de Magadha était entré dans l'histoire.

La guerre à cette époque

Organisation de l'armée

L'armée de Magadha était composée de quatre armes (chaturanga):

  • l'infanterie
  • la cavalerie
  • chars
  • éléphants

Elles étaient toutes déployées sur le champ de bataille en formation, selon les décisions des commandants, en fonction de facteurs tels que la nature du terrain et la composition de ses propres forces et de celles de l'ennemi. L'entraînement des hommes et des animaux faisait l'objet d'une grande attention. Des simulacres de combats étaient organisés et l'armée était déployée dans des batailles qui étaient ensuite passées en revue.

Royal Procession Leaving Rajagriha
Procession royale quittant Rajagriha
Bernard Gagnon (CC BY-SA)

Les rois et les princes étaient bien entraînés aux arts de la guerre et du commandement. On attendait d'eux qu'ils fassent preuve de courage et, souvent, ils dirigeaient en personne leurs armées et participaient à la défense des forts. Les textes bouddhistes mentionnent que Prasenajit captura Ajatashatru après que Magadha eut perdu une bataille, mais qu'il le libéra par la suite, croyant qu'il mettrait fin aux hostilités (Bien sûr, il fit tout ce qu'il put jusqu'à la victoire).

Le senapati, ou commandant de l'armée, était l'officier militaire le plus important après le roi. Les ministres en chef marchaient aussi parfois avec l'armée.

L'armée était permanente, c'est-à-dire qu'elle était recrutée, entraînée et équipée par l'État. Le corps des fonctionnaires connus sous le nom de mahamatras dirigeait le département de la guerre. Il est question d'espions, de guides locaux, de main-d'œuvre et même de développements navals. Ces derniers auraient été utiles au Magadha en raison des rivières qui l'entouraient ou le traversaient.

Divisions de l'armée

L'infanterie occupait une place importante et c'est dans cette branche que se concentraient le plus grand nombre d'hommes. Outre les formations de combat normales, les fantassins combattaient également là où les autres divisions de l'armée ne pouvaient être utilisées en raison de limitations géographiques, c'est-à-dire dans les forêts, les régions vallonnées et inaccessibles.

Le roi Bimbisâra comptait beaucoup sur ses éléphants de guerre pour remporter ses batailles.

La cavalerie se battait comme un seul corps sur le champ de bataille et était déployée comme telle. C'était une arme importante et l'on attendait des princes et des rois qu'ils sachent manier les chevaux. Les tâches des cavaliers consistaient notamment à couper les vivres et les renforts de l'ennemi, à effectuer des repérages et des reconnaissances, à charger l'ennemi, en particulier sur les flancs et à l'arrière, à protéger les autres unités de l'armée, à couvrir les avancées et les reculs et à poursuivre l'ennemi en retraite.

Les chars, bien qu'utilisés, n'étaient pas aussi importants qu'ils l'avaient été dans les périodes précédentes, et l'accent était mis davantage sur la cavalerie et les éléphants. Les chevaux étaient achetés dans les meilleurs endroits, en particulier dans le nord de l'Inde (la région connue sous le nom d'Uttarapatha).

Magadhan and Mauryan Arms and Armour
Armes et armures magadhanes et Mauryas
Dharma (CC BY)

Bimbisâra comptait beaucoup sur ses éléphants de guerre pour remporter ses batailles. Les éléphants étaient employés dans les batailles en bloc ou en ligne. Sinon, ils ouvraient la voie aux marches et traversaient à gué les rivières qui se trouvaient sur leur chemin, gardaient l'avant, les flancs et l'arrière de l'armée et abattaient les murs de l'ennemi. Cependant, ils devenaient souvent incontrôlables lorsqu'ils étaient blessés et causaient plus de dégâts que de bienfaits. Pourtant, ils restèrent le pilier des armées indiennes pendant les siècles qui suivirent (par rapport aux avantages apportés, les risques liés à l'utilisation des éléphants furent généralement ignorés).

Forts, fortifications et guerre de siège

Les forts étaient construits, attaqués et défendus. Ils disposaient de garnisons stationnées en permanence et leurs fonctions étaient correctement réparties. Les sources bouddhistes Pali donnent une liste de ces officiers et de ces troupes, qui comprennent:

  • les officiers de cantonnement (chalaka)
  • les soldats du corps d'approvisionnement (pindadayika)
  • les troupes d'assaut (pakkhandino)
  • les guerriers en cuir (cammayodhino).

Le dovarika, ou gardien, était considéré comme un officier intelligent et responsable, car il n'ouvrait la porte qu'aux personnes de confiance et bien connues, en écartant les étrangers et les hommes aux références douteuses. Il est fait mention d'une porte, de murs et d'une tour de guet dans la capitale d'Anga.

Les armes

L'équipement de l'infanterie comprenait des armes et des armures. Les armes comprenaient:

  • arcs et flèches
  • les épées
  • les boucliers (souvent en peau)
  • javelots
  • lances
  • haches
  • piques
  • massues
  • les masses

Les archers ne portaient pas de bouclier, leurs mains étant déjà prises par les arcs et les flèches. Les textes bouddhistes parlent de fantassins avec des flèches à la main (sarahattha). Certains fantassins portaient des conques, des tambours, des cymbales, des cors et d'autres instruments de musique.

Un bon exemple de l'équipement des soldats à Magadha sous la domination de Nanda peut être déduit de ce que les auteurs anciens avaient à dire sur l'équipement militaire d'autres royaumes de l'Inde. À quelques différences régionales près, il est possible que les soldats de Dhanananda aient possédé un équipement similaire à celui utilisé par les Indiens du nord-ouest qui affrontèrent Alexandre, puisqu'ils étaient contemporains.

L'historien grec Arrien (c. 86/89 - v. après 146/160 de notre ère) donne quelques informations à ce sujet. Les Indiens qui combattirent Alexandre portaient d'immenses arcs dont la longueur était égale à celle de l'homme qui le portait. Celui-ci le posait sur le sol et appuyait sur l'une des extrémités de l'arc avec le pied gauche avant de décocher la flèche. Les soldats portaient de longs boucliers en peau de bœuf, des javelots et des épées qu'ils maniaient à deux mains. La cavalerie portait deux lances et un bouclier (bouclier rond), plus petit que celui de l'infanterie.

Arrien pensait que même les archers portaient des boucliers, mais les sculptures des stupas de Bharhut et de Sanchi, qui fournissent les premières preuves visuelles de l'équipement d'un fantassin dans l'Inde ancienne, n'en apportent pas la preuve. Bien qu'elles aient été créées sous la domination maurya (et post-maurya) après la période étudiée, ces sculptures sont une bonne vitrine de ce à quoi les soldats auraient ressemblé à Magadha et dans d'autres janapadas, puisque les Mauryas avaient succédé aux Nandas, la dernière dynastie magadhane, et auraient donc repris les mêmes modèles de guerre et d'équipement comme base de leur propre système militaire, avec quelques ajouts et soustractions. Il est également très probable que les archers magadhans n'aient pas porté de boucliers, ce qui aurait pu être la pratique courante dans le nord-ouest, preuve des différences régionales en matière d'armes et d'armures au sein de l'Inde.

Les armures

Dans de nombreux cas, les soldats pouvaient être nus jusqu'à la taille, en raison de la coutume, de la chaleur ou simplement du manque d'équipement. Il semble que cela ait été le cas pour la classe la plus basse des soldats, les élites commandant l'armée ou d'autres fonctionnaires étant convenablement équipés (en particulier avec des armures métalliques), ainsi que d'autres classes de troupes qui pouvaient être également bien équipées.

Mais lorsqu'ils étaient bien équipés, les soldats préféraient les vestes en coton matelassé (en raison des températures élevées de l'été, elles étaient considérées comme plus confortables que les armures en métal ou en cuir). Les sculptures de la période maurya, comme celles qui ornent le stupa de Sanchi, montrent des soldats portant d'épais turbans enroulés, souvent maintenus par des foulards noués sous le menton, et des bandes de tissu nouées autour de la taille et de la poitrine en guise d'armure protectrice.

Magadha Kingdom
Royaume de Magadha
Avantiputra (CC BY-SA)

Le vêtement inférieur était un tissu ample porté en pagne ou en culotte (une extrémité du vêtement passant entre les jambes et rentrant dans la taille à l'arrière). Par ailleurs, les armures en métal et en cotte de mailles sont mentionnées dans la littérature des périodes védique et épique qui précédaient les conquêtes des Magadhans, et étaient peut-être utilisées à cette époque également (bien que de façon peu fréquente).

Différentes terminologies étaient utilisées pour désigner les différentes pièces d'armure couvrant les différentes parties du corps: shirastrana (couverture pour la tête, y compris le turban susmentionné), kanthatrana (couverture pour le cou), kurpasha (couverture pour le tronc), kanchuka (manteau s'étendant jusqu'à l'articulation des genoux), varavana (manteau s'étendant jusqu'aux talons), patta (manteau sans manches), et nagodarika (gants). Il existait également des armures fabriquées à partir de peaux, de sabots et de cornes de certains animaux comme la tortue, le rhinocéros, le bison, l'éléphant ou la vache.

Héritage

Magadha devint la base du régime impérial instauré par les Mauryas (324/321-187 av. J.-C.). En tant qu'étudiant puis professeur à Takshashila, Kautilya fut témoin de l'agitation politique créée dans le nord-ouest de l'Inde par l'invasion macédonienne. Cela l'amena à réfléchir à l'établissement d'un empire pan-indien centralisé, capable de tenir les envahisseurs à distance et de rétablir l'ordre. L'existence de nombreuses républiques et royaumes, désunis et perpétuellement en guerre les uns contre les autres, pour des raisons évidentes, n'y pouvait rien.

Il estima que Magadha était l'empire en question - sa proposition fut accueillie par le mépris et les insultes de Dhanananda, suivis par la détermination de Kautilya à destituer le roi en place et par la prise de pouvoir de Chandragupta. Ce qui est important ici, c'est que Magadha était donc la seule entité territoriale capable de mettre de l'ordre dans le chaos. Il disposait d'une puissance militaire pratiquement inégalée, cruciale pour l'existence du type d'empire voulu par Kautilya. Protégé par sa vaste armée, il jouissait d'une stabilité que les autres royaumes ne pouvaient pas avoir. Kautilya était donc déterminé à faire de Magadha la pièce maîtresse de son plan - que ce soit sous le règne des Nandas ou de quelqu'un d'autre, cela n'avait pas d'importance. Il encouragea donc Chandragupta à prendre la relève.

Bien que le Magadha ait été battu par Kautilya par l'intrigue et non par la guerre, ce détail devint superflu. La question importante était la raison pour laquelle le rusé érudit avait lancé un défi aux Nandas. Ce que représentait Magadha était important et, comme nous l'avons vu, cela était dû en grande partie au travail de Bimbisâra et de ceux qui lui succédèrent. Il va sans dire qu'il s'agissait de toutes les guerres qu'ils avaient menées. Leur façon de faire la guerre fournit une base solide à l'armée maurya et à ses conquêtes ultérieures. C'est cet héritage qui fut inscrit dans l'Arthashastra écrit par Kautilya, qui reste encore aujourd'hui le texte de référence pour l'étude du concept de guerre en Inde. Il s'agit également, sans surprise, d'un texte clé lorsqu'il s'agit de comprendre l'intrigue comme moyen de guerre.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Dr Avantika Lal
Avantika Lal est titulaire d'un doctorat (études sud-asiatiques), spécialisé dans les opérations militaires. Elle s'intéresse à l'histoire politique et militaire ancienne, à l'histoire de l'art indien, à la guerre en général et fait partie de groupes de recherches pour les mods de jeux sur Total War : Rome.

Citer cette ressource

Style APA

Lal, D. A. (2018, avril 09). Royaume de Magadha: Conflits et Méthodes de Guerre [Kingdom of Magadha: Wars and Warfare]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1213/royaume-de-magadha-conflits-et-methodes-de-guerre/

Style Chicago

Lal, Dr Avantika. "Royaume de Magadha: Conflits et Méthodes de Guerre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 09, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1213/royaume-de-magadha-conflits-et-methodes-de-guerre/.

Style MLA

Lal, Dr Avantika. "Royaume de Magadha: Conflits et Méthodes de Guerre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 avril 2018. Web. 20 nov. 2024.

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