Comme à peu près toutes les autres périodes de l'histoire, les vêtements du Moyen Âge étaient portés par nécessité, pour le confort et pour paraître. Les couleurs vives et les riches décorations permettaient d'avoir une garde-robe médiévale remarquable, du moins chez les riches, bien que les vêtements des différentes classes sociales et des différents sexes aient présenté d'étonnantes similitudes. Les vêtements les plus chers se distinguaient généralement non pas par leur conception, mais par l'utilisation de matériaux de qualité supérieure et par leur coupe. Les gouvernements intervenaient parfois pour déterminer qui devait porter quoi et combien certains articles devaient être taxés, tandis que certains membres du clergé, en particulier, étaient fréquemment critiqués pour leur apparence trop voyante et le fait qu'ils ne se distinguaient pas assez des chevaliers. Les tendances allaient et venaient, comme aujourd'hui, avec la dentelle parfois en vogue, les chaussures pointues devinrent le dernier cri, et les tuniques raccourcirent vers la fin de la période où exposer ses jambes était considéré comme le summum de la mode (et là ce sont des hommes que l'on parle!).
Matériaux et couleurs
Les vêtements étaient généralement les mêmes pour toutes les classes, mais avec la différence importante d'une décoration supplémentaire, de l'utilisation de matériaux plus nombreux et plus fins, et d'une coupe améliorée pour les plus riches. L'ajout de métal, de bijoux, de fourrure ou de broderies complexes distinguait également la garde-robe des riches de celle des pauvres. Les vêtements extérieurs n'étaient pas non plus très différents entre les sexes, sauf que ceux des hommes étaient plus courts et les manches plus amples. Comme tous les vêtements étaient faits sur mesure, une bonne coupe était toujours garantie.
Les vêtements étaient généralement fabriqués en laine, bien que les articles en soie et en brocart aient pu être réservés à des occasions spéciales. Les vêtements de dessus en poils de chèvre ou même de chameau tenaient les riches au chaud en hiver. La fourrure était un moyen évident d'améliorer l'isolation et de fournir des garnitures décoratives, les plus courantes étant le lapin, la peau d'agneau, le castor, le renard, la loutre, l'écureuil, l'hermine et la zibeline (ces trois dernières devinrent un motif de fond d'écusson dans l'héraldique médiévale tant leur utilisation était courante). L'ajout de glands, de franges, de plumes et de motifs brodés permettait de renforcer la décoration, tandis que les ajouts plus coûteux comprenaient des coutures et des boutons en métal précieux, des perles et des cabochons en verre ou en pierres semi-précieuses. Les goûts en matière de couleurs étaient les suivants : plus elles étaient vives, mieux c'était, les couleurs cramoisies, bleues, jaunes, vertes et violettes étant les plus populaires dans tous les types de vêtements.
Sous-vêtements
Les vêtements de nuit n'étaient pas vraiment un indicateur social et ne nécessitaient pas beaucoup de réflexion car la plupart des gens dormaient nus. Après un lavage rapide à l'eau froide dans une bassine, la première chose à mettre le matin, du moins pour les membres les plus riches de la société, était les sous-vêtements, généralement en lin - des chemises à manches longues et des caleçons pour les hommes (jusqu'au genou ou en dessous et appelés braies) et une longue chemise pour les femmes.
Les deux sexes portaient des tuniques à manches longues dont l'encolure était soit décolletée, soit fendue sur le devant pour pouvoir être enfilée par-dessus la tête et attachée au cou, parfois avec une broche. La tunique pouvait descendre jusqu'au genou ou même jusqu'aux chevilles dans le cas de vêtements plus formels pour la noblesse. Les versions plus longues étaient généralement fendues jusqu'à la taille à l'avant et à l'arrière. La plupart des tuniques étaient fabriquées dans une seule couleur, bien qu'elles aient pu avoir une doublure de couleur différente. Les broderies décoratives étaient le plus souvent ajoutées à l'encolure, aux poignets et à l'ourlet, moins souvent sur le haut des bras ou sur l'ensemble du vêtement. Une mode du XIVe siècle fut le jupon ou pourpoint, une tunique ou une veste serrée avec un rembourrage. Le jupon se fermait par des boutons ou des lacets sur tout le devant et il y avait parfois des boutons allant du coude au poignet ; les manches descendaient parfois jusqu'aux phalanges.
Vêtements
Par-dessus la première tunique, on portait une autre tunique, mais soit sans manches, soit avec des manches beaucoup plus amples ; elle était également plus courte à la taille que le sous-vêtement. Pour les temps plus froids, ces tuniques étaient souvent doublées de fourrure (appelée alors pelisson). Une ceinture à boucle métallique décorative était portée par-dessus la tunique et constituait la partie la plus voyante de la garde-robe masculine, très souvent ornée d'or, d'argent et de bijoux.
Un autre type de tunique était le tabard, coupé comme un poncho mais dont les côtés étaient fermés par des coutures ou des fermetures. Les hérauts portaient une version du tabard dont les manches ne couvraient que les bras extérieurs et dont la partie du torse était décorée des armoiries du noble qu'ils représentaient. Une fois encore, le XIVe siècle vit apparaître une nouvelle mode, celle de la cotte-hardie, une veste serrée dont les manches ne descendaient généralement que jusqu'aux coudes, avec des boutons ou des lacets du cou jusqu'à la taille (les lacets étaient particulièrement à la mode au XIIe siècle). Attachée par une ceinture, la partie située sous la taille se déployait telle une jupe, parfois avec un ourlet travaillé. Au fil du temps, de longues manchettes furent ajoutés aux manches qui s'allongèrent, et un col fut ajouté.
Les femmes nobles portaient de belles robes, notamment à la cour et lors d'événements sociaux tels que les tournois médiévaux. Contrairement aux peintures plus romantiques réalisées plus tard, les illustrations du Moyen Âge montrent souvent des robes assez simples avec une décoration minimale. Généralement d'une seule couleur (parfois avec une doublure de couleur différente), elles sont longues, à manches longues, décolletées et ajustées au-dessus d'une taille ceinturée. Les ceintures de femmes, presque omniprésentes dans les tombes et les illustrations, comportaient parfois des chaînes pendantes (châtelaine) auxquelles étaient attachés de petits objets décoratifs (pour les femmes qui travaillaient, il s'agissait de petits outils, utiles pour des tâches telles que le tissage et la broderie). La décoration supplémentaire la plus courante était une bordure aux poignets et à l'encolure de la robe. Les illustrations montrent souvent de grands chapeaux pointus ou plats portés avec des voiles qui pendent, sans toutefois couvrir le visage.
Les hommes portaient des collants ou de longs bas de laine ou de lin qui montaient jusqu'au genou ou juste au-dessus et qui étaient fixés à la ceinture de leur pantalon. Les bas des femmes étaient plus courts et maintenus par une jarretière portée sous le genou. Certains bas se terminaient par un cale-pied, tandis que ceux qui entouraient entièrement le pied pouvaient être dotés d'une semelle en cuir. Les bas pouvaient également être rembourrés pour créer une pointe prononcée à la mode au niveau des orteils.
Capes et manteaux
Pour sortir, on portait une cape ou un manteau, généralement fait d'une pièce de tissu grossièrement circulaire ou rectangulaire, qui pouvait également être doublée de fourrure. C'était une autre occasion de porter un bijou, car les manteaux étaient attachés au cou par une chaîne ou une broche. Une autre méthode de fixation consistait à faire passer un coin de la cape dans un trou situé dans l'autre coin supérieur, puis à faire un nœud. Un homme pouvait attacher sa cape à l'épaule gauche pour permettre à son bras droit de tirer librement son épée. Une alternative à la cape était un grand manteau (garde-corps ou hérigaut) qui s'étendait jusqu'aux tibias ou aux chevilles et avait des manches larges rassemblées à l'épaule. Les capes et les grands manteaux pouvaient être munis d'un capuchon, certains se fermant à l'aide d'un bouton. Une capuche entièrement séparée qui couvrait également les épaules était une alternative pour les couvre-chefs. Un autre vêtement extérieur du 14e siècle était la houppelande, une longue robe fendue sur les côtés à partir de la taille, avec des manches évasées et un col haut.
Gants, chapeaux et chaussures
Les gants étaient portés à l'extérieur et pouvaient aller presque jusqu'au coude. Ils étaient également doublés de fourrure et comportaient fréquemment des motifs brodés, généralement une bande dorée. Tout le monde pouvait porter des chapeaux. À la maison, les hommes portaient un coif (bonnet ajusté) en lin, attaché sous le menton et orné de motifs brodés. Les femmes, quant à elles, portaient une guimpe (coiffe qui couvrait également le cou et les côtés du visage). Tout en conservant leur coiffure d'intérieur, ils portaient également une casquette ou une capuche à l'extérieur ou, en voyage, un chapeau dont le bord pouvait être relevé à l'arrière ou à l'avant. Certains chapeaux avaient une couronne souple et informe, d'autres étaient ronds ou avaient un sommet plat, et tous les types pouvaient facilement être décorés de quelques plumes d'autruche ou de paon. À partir du 14e siècle, les bandes de chapeau devinrent à la mode.
Les bottes, généralement assez amples, étaient soit des bottes d'équitation, soit des bottes basses sur la jambe. Les chaussures couvrant la cheville étaient portées à l'extérieur, et les pantoufles souples dans les chambres privées. Les chaussures, en tissu ou en cuir, étaient fermées par des lacets intérieurs, une lanière ou une boucle, ce qui constituait une autre occasion de décoration et de personnalisation. Les chaussures devinrent de plus en plus pointues au fil du Moyen Âge, surtout pour les hommes.
Entretien
Les aristocrates n'avaient pas à se soucier de l'entretien de leur garde-robe qui était assuré par leur personnel. Le chambellan était (avant que son rôle ne s'élargisse et ne devienne plus important) responsable de la garde-robe de son maître, garde-robe qui était conservée pliée dans des coffres ou sur des patères ("perches") lorsqu'elle n'était pas utilisée. Les dames avaient leurs dames d'honneur et leurs servantes pour les aider à s'habiller. Le lavage était effectué par des blanchisseuses qui trempaient les vêtements, ou du moins les petits vêtements les moins délicats, dans des baquets d'eau mélangée à de la soude caustique et à des cendres de bois, puis les martelaient à l'aide de pales de bois.
Affichage et contrôle social
Comme nous l'avons déjà mentionné, il n'y avait pas vraiment de différence entre le style général des vêtements des différentes classes, sauf en termes de coupe et de matériaux. Néanmoins, la distinction était très nette et les classes supérieures la protégeaient, surtout lorsque les gens essayaient de s'habiller au-dessus de leur condition pour leur avancement personnel. Diverses lois somptuaires furent adoptées à partir du 13e siècle. Elles limitaient le port de certains matériaux par les classes inférieures afin de maintenir les divisions de classe de la société. Dans le même but, des limites furent même imposées aux quantités de matériaux coûteux importés tels que les fourrures et les tissus de luxe comme la soie. Un autre indicateur de la relation entre l'habillement et le statut social est le fait que l'habillement était pris en compte avec d'autres articles appartenant à une personne pour décider de son obligation fiscale, mais pour les classes supérieures, l'habillement n'était souvent pas pris en considération, ce qui suggère que la parure sociale était considérée comme une nécessité pour eux et un luxe inutile pour tous les autres.
Le clergé était une section de la société qui avait plus de restrictions vestimentaires que la plupart des autres : les nonnes ne pouvaient pas porter de fourrures coûteuses, et les membres d'ordres monastiques spécifiques devaient porter un style d'habit particulier pour être facilement identifiables. Les membres du clergé séculier ne pouvaient pas non plus adopter certaines modes, notamment le raccourcissement des tuniques au XIIIe siècle pour montrer un peu plus de jambes ou l'utilisation de trop de couleurs dans une même tenue. Bien qu'il existe des preuves que ces règles étaient fréquemment ignorées, l'idée était de maintenir la distinction entre le clergé et les autres membres de la société, en particulier les chevaliers. Il existait même des mesures visant à distinguer les confessions, et le clergé juif, par exemple, dut porter deux pièces blanches de lin ou de parchemin sur la poitrine à partir du milieu du 13e siècle.
L'accès aux vêtements était également restreint en période de crise économique, lors de guerres comme la guerre de Cent Ans contre la France (1337-1453), sans doute pour mettre un terme aux dépenses inutiles. À ces moments-là, les gouvernements rationnaient en fait les vêtements, de sorte que, par exemple, les prêtres n'avaient droit qu'à une nouvelle robe par an et les évêques à trois. Les mêmes règles s'appliquaient aux dames de l'aristocratie et aux chevaliers qui ne pouvaient avoir qu'un seul nouveau vêtement par an. Pour le personnel employé par un baron local ou un propriétaire de château, il y avait des différences dans le coût, le tissu et les couleurs des vêtements que leur seigneur leur fournissait, de sorte qu'il y avait des distinctions marquées entre des groupes tels que les serviteurs, les écuyers, les commis, les hommes d'armes et les sergents.
Les vêtements étaient donc une méthode fondamentale et claire pour afficher le rang et le titre d'une personne. Sur le champ de bataille, les chevaliers portaient une cotte de mailles ou une armure en plaques, avec une touche de couleur apportée par un surcot et un casque à plumes, mais ils devaient toujours avoir l'air d'ambassadeurs de la société chevaleresque, même dans leur temps libre. Des habits particuliers étaient portées lors d'occasions spéciales par ceux qui avaient le privilège de les porter. Par exemple, les membres de certains ordres de chevaliers, comme l'Ordre de la Jarretière, pouvaient porter un bel habit bleu foncé avec une chaîne de collier en or composée de nœuds et de roses rouges entourées de jarretières. Il existe donc des distinctions vestimentaires subtiles et moins subtiles, non seulement entre certaines classes, mais aussi au sein d'une même classe, dans un jeu continu d'affichage social soulignant qui avait le droit et les moyens de porter quoi et quand.