La Provence a hérité d'un riche patrimoine antique, avec quelques-unes des ruines romaines les mieux conservées d'Europe. Au 2e siècle AEC, les Romains commencèrent leur conquête de la région et l'appelèrent « Provincia Romana », ce qui nous a donné le nom actuel de la région, « Provence ». Grâce à la Pax Romana, qui devait durer plusieurs siècles, la province, rebaptisée plus tard « Gallia Narbonensis » (d'après sa capitale « Narbo Martius », qui est aujourd'hui Narbonne, en France), connut une période de croissance sans précédent. Routes, ponts et aqueducs furent construits pour éliminer l'isolement des territoires conquis, et il y a aujourd'hui des centaines de sites antiques en Provence. En outre, des répliques des principaux monuments de Rome furent érigées dans de nombreux centres urbains.
Disséminés dans toute la Provence, d'innombrables monuments antiques ont survécu aux siècles, nous permettant de profiter de ce qui était autrefois une partie vibrante de l'Empire romain. Lors d'un récent voyage en Provence, j'ai suivi des routes romaines, traversé des ponts romains, et ai été émerveillée par des théâtres, des arènes et des temples romains. Voici une liste de 10 sites antiques incontournables en Provence.
1. Nîmes
Nîmes était connue des Romains sous le nom de « Nemausus », et c'est l'un des sites antiques les plus impressionnants de France. (Il est techniquement situé dans le Languedoc-Roussillon, mais la ville a des liens historiques forts avec la Provence). On croit que le nom dériverait du dieu celtique de la source qui à l'origine fournissait l'eau à la colonie. C'était la capitale des Volcae Arecomici (Volques Arécomiques)— une tribu gauloise qui s'est soumise à la République romaine en 121 AEC — et qui devint une colonie romaine avant l'an 28 AEC. La ville a produit de merveilleux vestiges architecturaux romains, y compris la soi-disant Maison Carrée, un temple corinthien du 1e siècle AEC admirablement préservé commandé par Marcus Agrippa (bras droit, gendre, et successeur prévu de César Auguste).
Un excellent nouveau film, « Nemausus : La naissance de Nîmes», est projeté tous les 30 minutes à la Maison Carrée. Tourné en partie dans les studios Cinecittà de Rome, le film de 22 minutes vous emmène au cœur de l'histoire de la fondation de Nîmes, à travers les yeux d'une famille de 55 BCE-90 EC(Vous pouvez voir une bande-annonce ici.)
L'amphithéâtre de Nîmes, dit « les Arènes », est l'un des mieux conservés d'Europe. Construit autour de 70 EC, il pouvait accueillir plus de 24.000 spectateurs. Actuellement, il attire encore de grandes foules lors de ses deux corridas annuelles et d'autres événements publics en été.
D'autres lieux d'intérêt incluent l'Augusteum/nymphaeum (le soi-disant temple de Diane), la Tour Magne et la Porte d'Auguste (les seuls vestiges des anciennes fortifications d'Auguste) ainsi que le Castellum divisorium (le point terminal de l'aqueduc qui apportait l'eau à la ville).
Le Musée de la Romanité (Musée des Civilisations Romaines), est fortement recommandé. Il abrite une collection de quelque 25000 pièces dont des mosaïques exquises.
2. Pont du Gard
Véritable chef-d'œuvre de l'architecture antique, l'aqueduc du Pont du Gard est l'une des plus belles ruines romaines d'Europe. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1985.
Le Pont du Gard faisait partie d'une très longue canalisation construite pour transporter l'eau à Nîmes depuis une source située immédiatement au nord de la ville. La différence de niveau entre les deux extrémités de l'aqueduc n'est que de 17 m ou une moyenne de 34 cm par km, alors que le pont ne descend que de 2,5 cm. La construction de l'aqueduc a longtemps été attribuée au gendre d'Auguste, Marcus Agrippa (64/63-12 AEC), mais des fouilles plus récentes suggèrent que la construction aurait pu avoir lieu entre les années 40-60 EC.
Sur le site du Pont du Gard, vous trouverez un musée retraçant l'histoire de l'aqueduc romain et de l'eau dans le monde romain. Modèles, reconstructions virtuelles, écrans multimédias et sons vous transportent dans le monde des Romains.
3. Arles
Autrefois appelée la « petite Rome de Gaule », Arles (ou Arelate en latin) occupait une position stratégique importante au carrefour entre l'Italie et l'Espagne. En 46 AEC, Jules César fonda une colonie romaine dans cette ville qui l'avait soutenu dans sa longue lutte contre Pompée. Par conséquent, la ville se transforma et de splendides bâtiments romains y furent construits. Un certain nombre de ces structures romaines sont encore debout. Il s'agit notamment de l'amphithéâtre (Arènes d'Arles) et du théâtre (Théâtre Antique), des vestiges d'un cirque, des bains (Thermae de Constantine), une nécropole (les Alyscamps), et un grand cryptoportique construit comme fondations pour le forum. Les monuments romains et romans d'Arles sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1981.
Arles a fait les gros titres du monde entier en 2008 EC quand un buste, pensé représenter Jules César, fut retrouvé au fond du Rhône. Bien que son identification ait été contestée, il est généralement considéré comme le seul portrait-buste connu de Jules César sculpté de son vivant.
4. Vaison-la-Romaine
Avec la romanisation progressive de la ville de Narbonensis, l'actuelle Vaison-la-Romaine (Vasio en latin) devint l'une des villes les plus riches de Provence romaine. Nulle part en Provence une ville ne semble aussi « romaine » que Vaison. Les ruines de la ville gallo-romaine qui s'y épanouit, entre le 1e et le 3e siècle EC, couvrent deux sites principaux : La Villasse et Puymin. À La Villasse, une magnifique rue pavée, surélevée et à colonnade, traverse le quartier central, flanquée de maisons luxueuses, de boutiques, de bains, de jardins et de fontaines. A Puymin, vous pouvez voir les vestiges du théâtre romain (fortement restauré), un riche domus privé de taille exceptionnelle, ainsi qu'un sanctuaire à portiques.
Le pont romain, construit au 1e siècle AEC, enjambe l'Ouvèze et relie la partie basse de la ville à la partie haute médiévale de la ville. Le pont est unique en raison de son arc semi-circulaire de 17 m. Il est toujours en usage et a survécu à une inondation dévastatrice qui a causé de grands dommages le 22 septembre 1992.
Le musée de Vaison-la-Romaine, qui se trouve au cœur des vestiges archéologiques de Puymin, possède de très belles pièces, dont la splendide « mosaïque de paon », qui fait 33 m². Il y a aussi des statues de marbre d'Hadrien et de sa femme, Sabina, situées dans le théâtre romain.
5. Glanum
Au cœur des magnifiques Alpilles, se trouve l'impressionnant site archéologique de Glanum à Saint-Rémy-de-Provence, qui abrite les vestiges d'importants monuments religieux et civiques. Ces ruines sont un bel exemple de développement urbain ancien. A l'origine une simple colonie gauloise construite par les Salyens autour d'une source sacrée au 6e siècle AEC, la ville s'agrandit plus tard en raison du contact avec les anciens Grecs. Glanum bénéficia également de la construction de la Via Domitia et devint une colonie romaine dans les premières années du règne d'Auguste (27 AEC-14 EC). Aujourd'hui, Glanum est particulièrement connu pour deux monuments romains bien conservés du 1e siècle AEC, connus localement sous le nom de « les antiques » : un mausolée (l'un des monuments les mieux conservés du monde antique) et un arc de triomphe (l'un des plus anciens construits en France).
6. Orange
Situé au cœur de la vallée du Rhône, le Théâtre antique d'Orange est sans aucun doute l'une des plus beaux et des plus intéressants vestiges de l'époque romaine . Il a été désigné site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981 EC. Son magnifique scaenae frons (mur de scène) est incroyablement bien conservé. La cavea pouvait contenir jusqu'à 10000 spectateurs et était divisée en trois sections distinctes pour accueillir les spectateurs en fonction de leur rang social. Le Théâtre romain d'Orange était un grand centre de divertissement à l'époque romaine et attire toujours un large public aux événements musicaux, même aujourd'hui.
L'Arc de Triomphe d'Orange de 20m de haut, construit sous le règne d'Auguste sur la Via Agrippa (une route menant à Lyon, France), est l'un des plus grands et des mieux conservés de son genre. Érigé en hommage aux vétérans de la Seconde Légion gauloise, qui fonda la ville, l'arc est richement décoré de divers bas-reliefs commémorant l'établissement de la Pax Romana. Finalement, le monument fut dédié à l'empereur Tibère (r. 14-37 EC) pour commémorer les victoires du général Germanicus sur les tribus allemandes en Rhénanie.
Le Musée d'Art et d'Histoire d'Orange, juste en face du théâtre antique, présente une œuvre d'art romain aussi charmante qu' impressionnante : une mosaïque de centaure récemment restaurée. Des reliefs qui décoraient le mur de la scène du théâtre sont également exposés dans les pièces du rez-de-chaussée.
7. Le pont Flavien
En Provence, comme partout ailleurs, les Romains ont prouvé leur génie en adaptant les ponts aux caractéristiques géophysiques des fleuves et rivières. De tous les ponts construits dans la province, le Pont Flavien, à Saint-Chamas, est le seul exemple survivant d'un pont romain flanqué d'arcs de triomphe. Le nom « Flavien » fait référence à un certain Lucius Donnius Flavius, et une inscription sur le pont lui-même indique qu'il fut construit à son initiative. Le pont fut achevé vers 12 AEC et se compose d'un seul arc enjambant la rivière Toulourde sur la Via Julia Augusta.
8. Ambrussum
Ambrussum est un magnifique site archéologique gallo-romain qui a révélé une collection exceptionnelle de bâtiments des époques gauloise et romaine. Il est proche de la ville moderne de Lunel, située entre Nîmes et Montpellier. Le site est remarquable pour son peuplement de l'âge du fer, son poste de transit romain sur la Via Domitia et son célèbre pont enjambant la rivière Vidourle, le Pont Ambroix. À la fin du 4e siècle AEC, une tribu gauloise — les Volsciens — s'installa et construisit une ville entourée de forts remparts et de tours (dont certaines sont encore visibles). Les Romains conquirent la région en 120 AEC, et la ville se développa rapidement. La Via Domitia, au pied de la colonie, et une route pavée menant à la sortie de la colonie sont visibles avec des traces de rails de chariot romains.
Le pont Ambroix est sans conteste le vestige le plus spectaculaire de cet ancien site. C'est un travail d'ingénierie impressionnant, qui permit à la Via Domitia de traverser la rivière Vidourle. On pense qu'il avait 11 arches et qu'il mesurait plus de 175 m de longueur. Malheureusement, les ravages du temps et les nombreuses inondations les ont toutes emportées sauf une. On en voyait encore deux il y a environ 81 ans — ce qui se reflète dans la célèbre peinture du pont de Gustave Courbet en 1857— mais une violente inondation en 1933 n'a laissé qu'une seule arche debout.
9. Le Pont Julien
Le Pont Julien, tenant son nom de la ville voisine d'Apt (Julia Apta en latin) sur le territoire de laquelle il fut construit, est un beau pont à trois arches enjambant la rivière Calavon. Aujourd'hui, il est proche de la ville de Bonnieux, en France. Il fut construit en 3 AEC sur la Via Domitia, une importante route romaine qui reliait l'Italie et l'Espagne à travers la province romaine de Gallia Narbonensis. (Gallia Narbonensis englobait le Roussillon, le Languedoc, et la Provence dans le sud de la France.) Le Pont Julien est parfaitement conservé et est resté en service jusqu'à la construction d'un pont voisin en 2005 EC. Cependant, il est maintenant exclusivement réservé aux piétons et aux cyclistes.
10. Les Trémaïé
Sous la citadelle médiévale et le château en ruine des Baux-de-Provence se dresse un bas-relief magnifiquement sculpté sur un bloc de calcaire connu sous le nom« Les Trémaïé ». Il représente trois personnages debout, grandeur nature ; un homme et deux femmes, en vêtements romains. Les archéologues pensent que les sculptures datent de la période d'Auguste, mais les identités des personnages sont chaudement débattues. Certains considérent les figures comme étant le consul romain, Marius, sa femme, Julia, et la prophétesse syrienne, Martha. Traditionnellement, les chrétiens y voyaient les « Trois Maries » (d'où le nom de « Trémaïé »), toutes trois disciples du Christ. Une épitaphe a été identifiée sous le bas-relief et déclare avec une certitude absolue qu'il s'agissait d'un relief votif gallo-romain.