L'utilisation de cosmétiques et de parfums par les hommes et les femmes remonte en fait à très loin car les anciens étaient tout aussi désireux que quiconque d'améliorer leur apparence aussi rapidement et aussi facilement que possible en utilisant toutes sortes de poudres, crèmes, lotions et liquides. Les documents écrits et picturaux se combinent avec les restes des matériaux eux-mêmes pour révéler comment les anciens non seulement amélioraient leur apparence et leur odeur, mais essayaient également de guérir des défis à la vanité aussi irritants que la calvitie, les cheveux gris et les rides. Dans de nombreuses cultures anciennes, les cosmétiques et les parfums ont également un lien étroit avec la religion et les rituels, en particulier l'enterrement des morts.
Cosmétiques égyptiens
Les anciens Égyptiens prenaient la propreté et l'apparence très au sérieux car la pureté du corps et de l'âme avait des implications religieuses. C'était alors une culture où les hommes et les femmes de toutes les classes étaient désireux de se montrer sous leur meilleur jour, même lorsqu'ils étaient morts. En outre, les Égyptiens établirent un lien clair entre les cosmétiques et le divin. Par exemple, pendant les rituels religieux, les prêtres oignaient souvent des statues de dieux avec des huiles parfumées et leur appliquaient même du maquillage. Telle était la demande pour ces produits cosmétiques que certains temples produisaient le leur, notamment à Karnak où l'on fabriquait de l'huile parfumée et où les inscriptions murales montrent plusieurs recettes différentes.
Une autre indication de l'importance des cosmétiques pour les Égyptiens est leur inclusion dans les produits commercialisés à l'échelle internationale ainsi que des exemples finement sculptés des outils courants pour leur application. Ces objets sont parfois énumérés dans des documents conservés comme les lettres d'Amarna datant du XIVe siècle avant notre ère. Une autre source importante d'informations sur les cosmétiques méditerranéens anciens est l'épave d'Uluburun (1330-1300 av. JC) qui avait dans sa cargaison variée de nombreuses plantes et résines qui auraient été utilisées pour produire des parfums. Enfin, il y a des documents visuels qui montrent clairement les couleurs et sur quelles parties du visage en particulier, le maquillage était appliqué. Il y a même des représentations dans l'art de personnes appliquant des cosmétiques comme une jeune femme qui applique à peindre ses lèvres (tout en se livrant à des activités sexuelles plutôt acrobatiques) dans le papyrus «érotique» de Turin, du XIIe siècle avant notre ère.
Les cosmétiques étaient préparés dans l'Égypte ancienne en utilisant une large gamme de matériaux. Le crayon et le fard à paupières si célèbrement portés par des figures telles que Toutankhamon et Néfertiti étaient fabriqués par broyage de minéraux comme la malachite verte et la galène noire. Des palettes d'ardoises utilisées pour créer la pâte furent trouvées dans de nombreuses tombes datant de la période Prédynastique (c. 6000 - c. 3150 avant JC). Un autre cosmétique non rare dans les tombes est un mélange d'ocre rouge et de légumes utilisé comme fard à joues - son utilisation dans la pratique peut être vu sur les portraits de la reine Néfertari (décédée vers 1255 av. JC) sur les murs de sa tombe. Les cosmétiques n'étaient pas seulement pour s'embellir, mais certains avaient aussi une valeur médicinale comme les produits hydratants à base de graisses et d'huiles ou les lotions et onctions à base de natron et de cendres destinées à nettoyer la peau. La recherche sur les maquilllages pour les yeux à base de plomb tant aimés des Égyptiens révéla qu'elle a un effet certain sur le système immunitaire du corps et réduit les effets et le risque de nombreux troubles oculaires. Enfin, ily avait d'autres applications cosmétiques qui avaient des effets plus ambitieux comme des pommades pour repousser les insectes, guérir la calvitie, ralentir le blanchiment des cheveux ou lisser les rides.
Les cosmétiques et les parfums étaient souvent des produits coûteux à produire, et leurs ingrédients pouvaient être difficiles à obtenir. Peut-être la substance de luxe la plus célèbre est l'encens. Obtenu sous forme de résine parfumée de divers types de boswellia, l'encens était utilisé non seulement comme parfum pour les vivants et les morts embaumés, mais aussi pour déguiser la mauvaise haleine, fortifier la peau et les cheveux, et comme huile de massage. Une deuxième substance réputée coûteuse est la myrrhe, une résine du buisson du même nom. La myrrhe était utilisée comme parfum, dans les cosmétiques et dans les médicaments, et dans l'antiquité, elle provenait exclusivement du Yémen et de la Somalie - d'où l'expédition de la reine Hatshepsut au pays de Punt au milieu du XVe siècle avant notre ère pour ramasser des myrrhes et les replanter, parmi tant d'autres plantes exotiques, au temple de Deir el-Bahari. En raison de leur grande valeur, des articles tels que l'encens et la myrrhe devinrent des marchandises importantes dans le monde antique.
Des objets qui survécurent encore mieux que les cosmétiques eux-mêmes sont les récipients utilisés pour le maquillage qui vont des tubes à roseau simples aux récipients finement fabriqués en verre coloré (les femmes et les poissons étaient une forme courante), la faïence et la pierre (en particulier l'albâtre). Pour ceux qui en avaient les moyens, leur collection de cosmétiques était conservée dans un coffre en bois avec d'autres objets personnels comme un miroir (en métal hautement poli), un rasoir et une pince à épiler. Ce n'est pas pour rien alors que le symbole de l'œil peint était l'un des composants du hiéroglyphe égyptien signifiant beauté.
Cosmétiques grecs
Comme les Égyptiens, les Grecs étaient friands de maquillage et, en effet, c'est leur mot kosmetika qui nous donne nos «cosmétiques». Le terme grec avait une application plutôt différente puisqu'il désignait en fait les préparations qui protégeaient les cheveux, le visage et les dents. Le terme pour le maquillage sublimateur était to kommotikon. Les parfums grecs, quant à eux, sont connus pour être utilisés depuis au moins la période du bronze moyen (XIVe-XIIIe siècle av. JC) et sont mentionnés pour la première fois dans la littérature de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère, écrite au VIIIe siècle av. JC. Toutes sortes de plantes, fleurs, épices et bois parfumés de la myrrhe à l'origan étaient infusés dans l'huile. Comme l'huile était utilisée comme base (aujourd'hui c'est de l'alcool), la plupart des parfums étaient une pâte épaisse et donc un instrument spécial en forme de cuillère était nécessaire pour l'extraire des petites bouteilles dans laquelle il était conservé. Comme pour les cosmétiques, les parfums étaient utilisés pour le plaisir, la séduction, comme symbole de statut et dans les rituels (en particulier les enterrements).
Le rouge pour les joues, le blanchissant pour rendre la peau plus pâle, le crayon noir et le fard à paupières étaient tous utilisés par les femmes grecques. Les hommes, à l'exception de certains hommes qui jouaient un rôle passif dans les relations homosexuelles, ne portaient pas de maquillage. La teinture capillaire peut avoir été utilisée par les deux sexes, et il y avait deux types de base: l'une rendait les cheveux plus foncés et utilisait des colorants tels que ceux extraits des sangsues laissées pourrir dans le vin pendant 40 jours et l'autre type rendait les cheveux plus légers et utilisait un mélange contenant de la cendre de hêtre et de la graisse de chèvre.
Le rouge est fabriqué à partir d'ocre rouge comme en Égypte ou d'un colorant extrait d'un type de lichen. Les crayons et crayons à sourcils étaient faits à partir d'une poudre de khôl contenant de la suie, de l'antimoine, du safran ou des cendres. Les cendres de toutes sortes étaient considérées comme une substance terriblement utile et étaient également utilisées pour nettoyer les dents. Comme aujourd'hui, il semble que plus les ingrédients d'un cosmétique étaient exotiques, plus il était probable qu'il aurait du succès. Ainsi, des substances bizarres et merveilleuses comme la cendre d'escargot étaient appliquées pour enlever les taches de rousseur, la graisse de la laine de mouton était transformée en une crème pour le visage, et les excréments de lézards étaient frottés dans les imperfections de la peau et les rides.
Certains écrivains grecs commencèrent à faire la morale clamant que les cosmétiques étaient en quelque sorte une astuce que seules les femmes de classe inférieure ou les prostituées utilisaient, mais cela ne sembla pas empêcher les femmes de toutes les classes, célibataires ou mariées, de les utiliser dans la pratique. Enfin, comme en Égypte, les Grecs réservaient souvent leurs meilleurs cosmétiques et parfums pour accompagner les morts dans leurs tombes. Les Lekythoi, les minces cruches à une anse utilisées pour stocker des huiles et des parfums fins, étaient spécialement dédiés aux défunts et étaient souvent décorés avec des thèmes liés à l'enterrement et au voyage vers la prochaine vie. Parmi les autres biens funéraires courants, mentionnons la boîte circulaire à couvercle appelée pyxis , qui était un lieu de stockage typique pour les cosmétiques, tandis que l'alabastre était un favori des crèmes et des onguents en Grèce Minoenne, Mycénienne et Classique.
Cosmétiques étrusques
Les Étrusques fournirent, à bien des égards, un pont culturel entre les Grecs et les Romains, et l'utilisation de cosmétiques et de parfums n'en est qu'un exemple de plus. Au début, les cosmétiques grecs étaient directement importés d'endroits tels que Samos, Corinthe et Rhodes, mais ensuite, en utilisant des recettes grecques qui avaient fait leurs preuves, les étrusques commencèrent à importer des ingrédients du Proche-Orient pour fabriquer localement des lotions et des potions pour embellir leur corps et les utiliser dans des rituels religieux. Les tombes révélèrent de nombreux petits contenants et flacons en verre à pointes utilisés pour stocker les onguents, les pâtes et les huiles. Les outils délicats pour extraire les cosmétiques de ces petits récipients étaient également très nombreux et avaient souvent des figures de femmes finement sculptées à la fin de leurs poignées. L'utilisation de tels outils peut être vue dans certaines des scènes sculptées sur le dos des miroirs étrusques en bronze.
Cosmétiques Romains
Dans le monde romain, les cosmétiques étaient une préoccupation des femmes, pas des hommes, et tout homme passant trop de temps sur son apparence était souvent ridiculisé. Un exemple célèbre est l'empereur Otho (r. 69 ap.JC), qui fut critiqué pour son rasage quotidien puis pour l'application d'une couche de pâte sur le visage. Comme dans le monde grec, certains écrivains romains - tous masculins - considéraient le maquillage comme l'affaire des prostituées ou des femmes mariées infidèles qui tentaient de séduire un amant, mais, comme pour les Grecs, il semble, d'après l'art, les objets et les références dans la littérature que, de manière générale, les femmes romaines de toutes les classes continuèrent la tradition de se maquiller de leurs prédécesseurs grecs.
Les parfums étaient une autre substance largement utilisée dans le monde romain et étaient utilisés pour toutes sortes d'effets allant de l'ajout d'un zeste au goût du vin à rendre les bains publics un environnement encore plus agréable pour la détente. Les ingrédients courants du parfum comprenaient l'utilisation de cannelle, de dattier, de coing, de basilic, d'absinthe et de toutes sortes de fleurs, de l'iris aux roses.
Toutes ces habitudes d'utilisation des cosmétiques et des parfums se manifestent non seulement dans la littérature et l'art, mais aussi dans les milliers de petites bouteilles en verre, de poteries et de boîtes trouvées dans les fouilles archéologiques à travers le monde romain. Une découverte particulière à Londres est intéressante, une barette de broche sur laquelle sont accrochés cinq instruments miniatures en bronze: une pelle auriculaire, un nettoyeur pour ongles, une pince à épiler et deux applicateurs à cosmétiques.
Naturellement, les Romains réalisèrent quelques développements en cosmétique, comme ils le firent dans d'autres domaines. Par exemple, les Romains considéraient le lait d'ânesse un parfait adoucissant pour la peau. Le plus célèbre fan de ce lait était Poppée, l'épouse de l'empereur Néron (r. 54-68 ap. JC), qui se baignait tous les jours, une habitude qui exigeait l'entretien de 500 ânes. Heureusement, les écrivains romains n'étaient pas trop dédaigneux et consacrèrent un grand nombre de leurs pages aux cosmétiques, en particulier ceux qui procuraient un avantage possible pour la santé. Ovide (43 av. JC - 17 ap. JC), par exemple, détaille un sac de visage avec un ingrédient de nid d'oiseau qu'il considérait utile pour avoir bonne mine. Il énumère les ingrédients d'une autre crème pour le visage comme suit : oeufs, orge, gomme, bulbes de narcisses, miel, vesce moulue, farine de blé et bois en poudre. Une autre concoction, celle qui visait à blanchir la peau utilisait des copeaux de plomb blancs qui avaient été dissous dans du vinaigre puis laissés sécher. Ils étaient ensuite mélangés avec de la craie en utilisant encore du vinaigre afin d'en faire una pâte pratique. Les anciens savaient bien que le plomb blanc était toxique (en effet ils l'utilisaient comme un poison) et plutôt que l'ignorance, l'utilisation de ces matériaux illustre une approche souple aux ingrédients qui produisaient souvent des préparations à fins multiples.
Cosmétiques byzantins
Dans l'Antiquité tardive, les Byzantins continuèrent les traditions précédentes mentionnées ci-dessus, et les preuves archéologiques montrent que les hommes et les femmes utilisaient des teintures capillaires (l'urine de garçon était censé faire des merveilles), des préparations pour enlever les poils et des lotions pour hydrater la peau. Les femmes blanchissaient leurs visages, peignaient leurs lèvres et dessinaient le contour de leurs yeux comme l'avaient fait leurs homologues de l'Empire romain occidental des siècles plus tôt. Il y avait aussi des crèmes anti-rides, des fortifiants capillaires, des colorants pour sourcils et des parfums.
Leur souci d'apparence était tel que les Byzantins acquirent une réputation injuste en Europe occidentale en tant que dandies amateurs de plaisir, bien que l'on sache que les prédicateurs chrétiens byzantins réprimandaient parfois leurs fidèles pour leurs excès de vanité. Comme pour les cultures précédentes, l'un des meilleurs indicateurs de l'utilisation généralisée des cosmétiques sont les nombreux découvertes de creusets, de récipients, d'applicateurs et de cuillères pour les fabriquer, les conserver et les appliquer. Les Byzantins et les Romains de l'Antiquité tardive, ayant un goût plutôt tape-à-l'oeil pour tout ce qui brillait, conservaient souvent des cosmétiques dans des coffrets exquis dont l'un des plus beaux exemples est le coffret à la Muse du trésor de l'Esquilin. Découvert en 1793 à Rome et datant du IVe siècle, le coffret en argent festonné est décoré de gravures des Muses et contient cinq récipients pour onguents et parfums.
Recréer le passé
Alors que l'archéologie expérimentale va de force en force, et avec l'aide de la technologie, de plus en plus de chercheurs étudient exactement ce que les anciens mettaient dans leurs cosmétiques et parfums et ont même essayé de recréer certains d'entre eux. L'un des pionniers de cette approche était le chimiste italien Giuseppe Donato dans les années 1970, et certains parfums qu'il a examinés ont même été produits commercialement comme le parfum Cléopâtre de Donato et Seefried, qui aurait été basé sur celui porté par la reine égyptienne, qui elle-même avait écrit un livre sur les cosmétiques. Il y a aussi eu des recherches sur l'efficacité de certains des cosmétiques anciens qui prétendaient remédier à des problèmes tels que les rides avec certains experts modernes approuvant l'utilisation de certains ingrédients naturels qui les rendaient très probablement efficaces ou, du moins aussi efficaces que n'importe quel équivalent moderne.