En tant que superpuissance à part entière et en concurrence avec Rome, l'empire de Parthie, qui régna de 247 a.C. à 224 d.C., s'étendait entre la Méditerranée à l'ouest et l'Inde à l'est. Non seulement les Parthes remportèrent des batailles contre Rome, mais ils étaient aussi des concurrents commerciaux à succès. Sur le front militaire, dans le cadre de leur expansion initiale, les victoires de la Parthie contre l'Empire séleucide comprennent la défaite d'Antioche VII par Phraatès II à la bataille d'Ecbatana en 129 a.C. et l'expansion et la consolidation de leur empire par les campagnes militaires de Mithridate I (r. 171-132 a.C.) et Mithridate II (r. 124-88 a.C.), mais leurs plus grandes victoires furent sans aucun doute contre Rome.
Tout en contrôlant les routes commerciales orientales par la mer Rouge et par voie terrestre à travers l'Arabie, Rome voulait élargir ses intérêts pour y inclure la lucrative Route de la Soie à travers la Mésopotamie. Il n'y avait qu'un seul problème: la Parthie lui bloquait le passage. La Mésopotamie leur appartenait, et la Parthie se révélerait capable de défendre ses intérêts. Après la défaite de Crassus à la bataille de Carrhae en 53 a.C. et la retraite de Mark Antony de Médie en 36 a.C., un accord de paix fut conclu avec Rome en 20 a.C. Grâce à la paix obtenue et à la protection de ses routes de la soie, la Parthie pourrait désormais rivaliser avec succès avec Rome en matière de commerce.
La Parthie émerge
L'histoire de Parthie commence avec Alexandre le Grand. Fils de Philippe II de Macédoine, lui et son père adoptèrent les meilleures techniques militaires et d'armement de leur époque. Avec un désir imparable de conquête, Alexandre prit ces techniques et conduisit ses soldats dans des incursions remarquables dans d'autres pays. Conquérant l'Égypte, la Perse, la Syrie et la Mésopotamie, il prit même pied en Inde. Après sa mort prématurée à l'âge de 32 ans, ses généraux se répartirent les zones conquises. Ptolémée I prit l'Égypte, établissant la dynastie ptolémaïque. Séleucos I Nicator prit la région de Mésopotamie et d'autres terres autrefois au centre de la Perse, créant l'Empire séleucide. Incorporant l'infrastructure et les administrateurs grecs, Séleucos adopta la forme de gouvernance perse. Avec des districts ou satrapies dirigés par des satraps (gouverneurs) qui étaient redevables à un gouvernement central et finalement au roi, la Parthie devint l'une de ces satrapies.
La satrapie parthe était située à l'est de la mer Caspienne. Pensée être apparentée aux Scythes d'Asie centrale, la tribu nomade Parni finit par prendre le contrôle de la Parthie. Avec les Séleucides affaiblis par la guerre intérieure et le conflit avec les Ptolémées à l'ouest, les Parni se déplacèrent de Parthie vers l'est. Avec Mithridate I qui conquit, et Mithridate II qui agrandit et consolida, les Parni (maintenant appelés les Parthiens) conquirent une grande partie de la région autrefois détenue par les Grecs séleucides. Plus important encore - au centre des intérêts anciens babyloniens, persans et séleucides - les Parthes prirent le contrôle de la très importante région du Croissant Fertile de l'Euphrate et du Tigre connue sous le nom de Mésopotamie. En ajoutant à leur sphère d'influence, à leur frontière occidentale, les Parthes prirent également l'Arménie de l'influence de Rome. À l'est, ils ajoutèrent le royaume vassal de Characène. Au sud, dans le cadre de leur expansion générale, ils prirent le contrôle d'Élymaïs et de l'importante ville de Suse.
Le conflit de la Parthie avec Rome: une impasse
Avec le désir indomptable de Rome d'élargir sa portée, c'est la Parthie qui s'opposait à l'expansion orientale des Romains. Cependant, la Parthie réussit à faire plus que maintenir ses territoires. Avec une technique de combat éclair, les tactiques des Parthes (y compris le fait de faire semblant de se replier) étaient bien adaptées pour contrer les mouvements concentrés des troupes des autres nations. Grâce à des archers sur des chevaux des plus fugaces, et des cavaliers à dos de chameaux fournissant un approvisionnement régulier de flèches, les infanteries incapables de riposter sauf de près étaient pour eux des proies faciles. Quand la cavalerie ennemie donnait la chasse, les Parthes ripostaient. Ils étaient si habiles à leur métier mortel qu'ils développèrent le 'tir parthe'. Capable de tirer en arrière sur un cheval au grand galop, l'archer parthe tirait des flèches mortelles sur la cavalerie à sa poursuite. Ainsi, les cavaliers parthes pouvaient fondre sur les troupes ennemies de toutes les directions, créant confusion et causant des ravages. Enfin, leur cavalerie lourde (cataphractes) fournissait un soutien offensif et une aide pour faire le ménage dans les poches de résistance restantes à l'aide de longues lances et épées.
Stratégiquement, la Parthie put également se développer, puis tirer profit des autres conflits de la République romaine. C'est pendant la guerre coûteuse de Rome avec Carthage - les guerres puniques entre 264 et 146 a.C., quand Hannibal fit tant de dégâts sur le sol romain - que l'ascension de la Parthie commença en 247 a.C. Pendant les guerres des Gaules entre 58 et 51 a.C., Crassus envahit la Parthie et fut totalement battu à la bataille de Carrhae en 53 a.C. Là, les étendards romains furent saisis; un énorme coup psychologique pour Rome. Avec l'objectif ultime de conquérir la capitale parthe Ecbatana, Marc Antoine reprit l'Arménie, et de là envahit les Médie. La tentative d'Antoine sur la Parthie se solda par une retraite désastreuse de Médie en 36 a.C. et le retrait romain d'Arménie en 32 a.C. Cela laissa l'Arménie, un État tampon important, entre les mains des Parthes. Ainsi, bien qu'elle perdit quelques batailles importantes au profit du commandant romain Ventidius, en 39 et 38 a.C., et fut ensuite envahie par Trajan en 115 d.C., la Parthie prouva qu'elle pouvait non seulement gagner des batailles contre Rome mais aussi gagner du territoire.
Avec la fin d'une guerre civile coûteuse, quand Auguste (r. 27 a.C. - 14 d.C.) vainquit Marc Antoine à la bataille d'Actium en 31 a.C., Rome était prête à entamer des pouparlers de paix. Pourtant, Rome ne venait pas à la table des négociations sans cartes dans son jeu. En raison de l'importante présence géographique de Rome et de la réputation que, bien qu'elle perde des batailles, elle gagnait des guerres, il semble que les deux parties se rendaient compte que peu de progrès pouvaient être réalisés contre la sphère d'influence de l'autre. Par conséquent, pour éviter la poursuite d'un conflit qui affaiblirait considérablement les acquis de chaque partie, un traité fut conclu permettant à la Parthie d'avoir des visées vers l'Est et à Rome d'accroître et de consolider les acquis réalisés dans l'Ouest. Comme l'a dit à juste titre Raoul McLaughlin :
En 20 a.C. Auguste obtint un accord de paix à long terme avec le roi parthe Phraatès IV. Cet accord permettait aux deux dirigeants de concentrer leurs activités militaires sur d'autres frontières et d'élargir ainsi leurs empires respectifs (181).
Concurrence commerciale
Compte tenu de la présence géographique de la Parthie et du fait qu'elle serait un réel concurrent de Rome dans la durée, toute étude de l'économie ancienne du Moyen-Orient à l'époque romaine devrait prendre en considération la possibilité que l'expansion commerciale de Rome dans la région fut pour contrebalancer l'influence parthe. La Parthie contrôlait en effet les routes de la soie terrestres à travers la Mésopotamie. Comme le mentionne Richard Frye,
Les petits États du Croissant Fertile, qui favorisaient la forme décentralisée « féodale » de gouvernement de la Parthie, se développèrent grandement en tant que centres de commerce international. Les deux premiers siècles de notre ère furent une période de commerce, et les états oasis du « Croissant Fertile » prospérèrent comme jamais auparavant. (Curtis, 18)
La réaction de Rome à la présence et à la juridiction de la Parthie sur les routes de la soie à travers la Mésopotamie consistait à contrôler les routes terrestres sud-est-ouest à travers l'Arabie et les routes maritimes par la mer Rouge. Du point de vue de Rome, avec la récente conquête de l'Égypte en 30 a.C. et le contrôle de l'Anatolie presque achevé en 25 a.C., puis avec la paix en 20 a.C., Rome pouvait maintenant étendre ses intérêts, cette fois commercialement.
Rome chercha à dominer la région de la Méditerranée orientale avec l'aide des rois clients. En regardant les marchés égyptiens et africains et les routes commerciales orientales cruciales à travers l'Arabie et la mer Rouge, Rome demanda à Hérode le Grand de construire la ville de Césarée sur la côte sud-est de la Méditerranée en 20-10 a.C. Auguste accorda ensuite la ville vitale de Gaza (juste au sud de Césarée) à Hérode. Les produits du sud de l'Arabie voyageaient en chameau à Gaza et plus loin, dans les ports de Phénicie. En tant qu'un de ces ports, Césarée était bien située pour recevoir ces marchandises, en plus des produits provenant de la mer Rouge. D'Éthiopie et de Somalie en Afrique et du Yémen et de l'Hadramaut dans le sud de l'Arabie provenaient l'encens et la myrrhe. De la côte nord-est de l'Afrique, jusqu'au sud au Cap Guardafui, venait l'ivoire et les carapaces de tortue. Des marchandises comme la soie, le coton décoré et les épices comme le poivre, la cannelle et la cassia - provenant d'Inde, d'Indonésie et de Chine méridionale - arrivaient également par le chemin de la mer Rouge. Comme le mentionne Robert Tomber, « Dans le réseau complexe des régions, c'est la mer Rouge qui servait d'entonnoir pour les marchandises venant de l'Est vers l'Empire romain » (57).
De plus, lorsque Trajan prit le contrôle de Petra (dans les terres, à l'est de Gaza et Césarée) en 106 d.C., Rome ne contrôlait pas seulement les marchés de Gaza, mais elle avait capturé les flux commerciaux orientaux lucratifs de Pétra avec son emplacement sur la route de Gaza. Comme le souligne Gary Young, l'encens était transporté de Pétra par route vers Gaza (97). En établissant Césarée et en possédant Petra et Gaza avec ses divers marchés, Rome était en mesure de dominer non seulement le commerce méditerranéen et les flux commerciaux orientaux, mais aussi le commerce terrestre vers les villes consommatrices du sud-est de la Méditerranée, comme Bostra, Samarie et Jérusalem.
Les routes de la soie dominées par la Parthie
Du côté de la Parthie, le développement du commerce avec l'Est commença avec l'infrastructure dont ils héritèrent de la part des Séleucides. Ils préservèrent sagement les villes, les terres et les routes qu'ils avaient reçu. Le fait de posséder d'Arménie et d'avoir ainsi un accès à la mer Noire et de contrôler l'Hyrcanie et la mer Caspienne leur permit d'accéder aux marchés d'Asie centrale. Leur prise de contrôle de la Perse et de villes comme Antioch-in-Persis sur le golfe Persique signifiait l'accès aux marchés indiens par voie d'eau. Leur contrôle sur Élymaïs et la ville politiquement importante de Suse, et la région fertile de Médie et sa riche ville Ecbatana auraient enrichi les Parthiens sur le plan culturel et matériel, mais l'une des processions les plus prisées de la Parthie aurait été la Route Royale.
Passant par la Mésopotamie, la route Royale consolidait la position de la Parthie en tant que commerçant international. Avec Bagdad et Seleucie comme portes d'entrée vers l'ouest; puis s'étirant vers l'est pour inclure la Bactrie, un voisin de l'Inde, l'accès aux marchés de l'Est était maintenant direct et lucratif. Des produits comme le nard, le costus, la cannelle, le gingembre et le poivre, arrivèrent en Méditerranée par la route terrestre de caravanes à travers le nord-ouest de l'Inde, l'Afghanistan et l'Iran jusqu'à Séleucie près de Bagdad aujourd'hui, où elle se poursuivait les routes le long du Tigre et de l'Euphrate jusqu'au nord de la Mésopotamie. De là, elle bifurquait vers l'ouest jusqu'à Antioche ou vers l'Asie Mineure pour atteindre la mer à Éphèse. Une autre route consistait à charger des navires dans les ports du nord-ouest de l'Inde qui partaient vers l'ouest puis remontant le golfe Persique pour décharger à son extrémité. De là, les chameaux emmenaient la marchandise à Séleucie. Ce sont là tous les pays, toutes les villes, districts ou routes commerciales, que la Parthie à son apogée, avait comme partenaire commercial ou contrôlait.
En outre, le commerce avec la Chine était une réelle possibilité. Selon Wang Tao, « Nous savons maintenant que, dès le troisième millénaire avant notre ère, un réseau [de routes] existait déjà dans les terres des steppes eurasiennes, allant de la mer Caspienne à l'ouest jusqu'au bassin du Tarim à l'est » (87). Avec la politique expansionniste de la dynastie Han (206 a.C. - 220 d.C.), le contact avec l'ouest était établi. Selon les chroniqueurs chinois, des envoyés chinois furent envoyés en Parthie en 115 a.C. L'échange d'articles symboliques entre le roi parthe et les représentants chinois avait peut-être créé un précédent pour des accords commerciaux plus larges à l'avenir. Nous savons que les restes humains dans tombe parthe de Palmyre, érigée au cours des trois premiers siècles de notre ère, avaient été recouverts de vêtements coûteux provenant de Chine et d'Inde.
Conclusion
En tant que concurrent de Rome, la force de l'armée parthe s'en tenait à une stratégie consistant à choisir soigneusement ses combats: en pleine terre qui favorisait leur cavalerie lourde et leurs archers à cheval. Leur utilisation de l'embuscade les servit également, mais l'utilisation romaine de boucliers et d'épées, en formation étroite, rendait l'armée romaine une force immobile difficile à affronter. Lorsque les deux parties s'en tenaient à leurs tactiques, le succès était généralement inéluctable. Avec des succès significatifs et des pertes de part et d'autre, la guerre entre Rome et la Parthie est généralement considérée comme ayant été une impasse. Cela donna à la Parthie la distinction d'être la seule force que Rome, dans sa supériorité, ne put pas vaincre. La Parthie rivalisa également, avec un succès similaire, sur l'activité commerciale. Alors que Rome, au fil du temps, se saisit des routes commerciales du Sud au Moyen-Orient, la Parthie contrôlait les routes commerciales du nord à travers la Mésopotamie. Alors que la Parthie consolida son empire en atteignant la Chine et l'Inde, des marchés et des routes commerciales furent ouverts pour inclure l'Asie centrale et le commerce à travers le golfe Persique. Le résultat final fut la richesse qui fit son entrée par le commerce, aida la Parthie à maintenir son empire, ce qui en fit, à son apogée - militairement et commercialement - le plus grand concurrent de Rome.