La civilisation inca (c. 1400-1533) est l'une des plus importantes d'Amérique du Sud en termes d'influence culturelle et d'héritage. Les Incas étaient à l'origine une petite tribu qui gagna progressivement en puissance pour conquérir d'autres peuples tout au long de la côte, de la Colombie à l'Argentine. On se souvient d'eux pour leurs contributions à la religion, à l'architecture et à leur célèbre réseau de routes à travers la région. Voici dix choses qu'il faut savoir sur les Incas.
1. Pourquoi les Incas sont-ils importants pour l'histoire ?
Les Incas sont importants au même titre que n'importe quel empire ou civilisation ancienne : parce que le passé influe sur le présent et, par conséquent, sur l'avenir. Savoir comment vivaient les peuples du passé peut aider ceux du présent à mieux vivre, à faire de meilleurs choix. Dans le cas des Incas, leur empire s'étendait le long de la côte sud-américaine, de l'actuelle Colombie à l'Équateur, au Pérou et à l'Argentine, et ils influencèrent la vie des peuples à l'intérieur et à l'extérieur de cet empire. C'était le plus grand empire précolombien des Amériques, s'étendant sur 770 000 miles carrés, avec une population estimée entre 6 et 14 millions de personnes.
L'empire inca s'effondrait déjà en raison de rébellions internes et de maladies (apportées par les explorateurs européens) lorsqu'il tomba aux mains des Espagnols de Francisco Pizarro (1471-1541) au XVIe siècle, mais son influence continua de se faire sentir. Le concept inca de la cellule familiale, par exemple, qui comprend les tantes, les oncles, les cousins, les cousins éloignés, aussi étroitement liés que la famille nucléaire, est toujours le modèle dans la région aujourd'hui, tout comme le concept selon lequel la communauté entière est la famille de chacun et les gens doivent traiter leurs voisins comme ils le feraient avec des parents de sang.
La religion inca influença également d'autres religions dans la région, de sorte que, même de nos jours, les sites chrétiens sont situés selon les concepts incas de "lieux sacrés", comme les collines, les sommets des montagnes, près de l'eau - des lieux qui correspondaient autrefois à des divinités incas. La "règle d'or" inca "Ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être paresseux" est également toujours observée dans la région. La condition humaine n'a pas beaucoup évolué. Nous avons toujours été ce que nous sommes aujourd'hui. C'est pourquoi il est important de savoir qui nous avons été.
2. Qu'est-ce que la religion inca et comment a-t-elle influencé la vie quotidienne des gens ?
La religion inca était polythéiste ; les dieux étaient censés contrôler le monde naturel et influencer considérablement la vie des gens. Le meilleur exemple en est le dieu Pachacamac, une divinité créatrice qui avait créé les humains et la végétation, et qui supervisait l'agriculture et les bonnes récoltes. Lorsque Pachacamac était satisfait, tout allait bien ; lorsqu'il était en colère, il pouvait provoquer des tremblements de terre. Avec Pachacamac, comme avec tous les autres dieux, il était donc dans l'intérêt du peuple de le satisfaire par des offrandes et des sacrifices, y compris des sacrifices humains (hommes, femmes et enfants). Les dieux des Incas étaient considérés comme aussi réels que n'importe quel dieu de n'importe quelle religion moderne l'est pour les croyants. Des temples et d'autres édifices étaient érigés en leur honneur et le célèbre réseau routier inca, qui reliait étroitement les communautés, était probablement encouragé par la croyance religieuse : si un signe était donné par un dieu à un endroit, il fallait que la nouvelle parvienne à quelqu'un - un chaman - qui puisse l'interpréter.
La religion inca encourageait la croyance en trois royaumes :
- Hanan Pacha - le monde supérieur (également connu sous le nom de Terre du Soleil), où vivent le dieu soleil Inti et la déesse lune Quilla (également connue sous le nom de Mama Quilla), sa sœur.
- Kay Pacha - le monde intermédiaire, où vivent les humains, les animaux et la végétation.
- Uku Pacha - le monde souterrain, surveillé par Supay, le dieu de la mort.
Les Incas avaient un concept de "paradis" et d'"enfer" avant l'introduction du christianisme dans la région. La règle centrale de la religion inca (correspondant à la règle d'or ou aux dix commandements) était Ama sua, Ama lulla, Ama chella (ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être paresseux). Si l'on respectait cette règle, à la mort, on se rendait au pays du soleil, où il faisait toujours chaud et agréable et où les dieux sont proches. Si l'on ignorait cette règle, on se rendait après la mort aux Enfers, où il faisait toujours froid et où l'âme se sentait seule dans les ténèbres éternelles.
Outre ces deux destinations de l'au-delà, il était possible de revenir et d'avoir une nouvelle chance d'améliorer sa vie. Il s'agissait probablement des âmes de personnes qui n'étaient ni particulièrement bonnes ni particulièrement mauvaises, comme la plupart des gens. Les Incas pratiquaient également la momification et le dépôt de biens funéraires auprès des défunts. Les morts momifiés étaient placés dans leur tombe en position assise, contrairement à d'autres cultures où ils étaient couchés ; la raison de cette pratique n'est pas claire, car les Incas n'avaient pas de langue écrite.
3. À quoi ressemblait la vie quotidienne dans l'empire inca ?
La société était basée sur la cellule familiale et la communauté environnante (connue sous le nom d'ayllu) et soutenue par l'agriculture. Chaque ayllu était responsable d'une certaine superficie de terre qu'il cultivait, et chaque ayllu était supervisé par un groupe de nobles connus sous le nom de kurakas. Le gouvernement inca partait de ce niveau le plus bas et montait dans une hiérarchie de groupes de dix, chacun supervisant celui du dessous, jusqu'au roi au sommet. Les hommes étaient favorisés, mais les femmes étaient très respectées et pouvaient servir comme prêtresses et occuper des postes gouvernementaux.
Les enfants suivaient la position, le rôle ou le travail de leurs parents, et la plupart des femmes étaient censées suivre leur mère en se mariant, en ayant des enfants et en s'occupant du foyer, même si certaines étaient également - ou exclusivement - prêtresses ou brasseuses de bière ou exerçaient d'autres professions. Lorsque les femmes se mariaient, elles devenaient membres de la famille de leur mari et travaillaient la terre de cette famille.
Les femmes préparaient les repas, et l'on pense que les Incas furent les premiers à cultiver la pomme de terre dans la région. Le repas du soir, au cours duquel la famille - et la communauté élargie - se réunissait, était le rituel quotidien le plus important, au cours duquel les dieux étaient remerciés et les gens se fréquentaient. Les activités récréatives comprenaient le sport, le chant, les contes et les courses. La vie quotidienne était essentiellement axée sur le travail tout au long de la journée, la détente le soir et les cérémonies et festivals religieux.
4. La nourriture était-elle importante pour les Incas ?
La nourriture était importante pour les Incas parce qu'elle était un cadeau des dieux, mais aussi parce qu'elle était au cœur de leur vie. Ils travaillaient tous les jours pour tirer leur nourriture de la terre. Ils étaient largement végétariens - la viande était réservée aux fêtes et cérémonies religieuses - et chaque communauté avait besoin de suffisamment de nourriture pour se nourrir et commercer avec les autres. Ils cultivaient des céréales, des légumes et des fruits et sont surtout connus pour le quinoa, le maïs, les piments et le manioc. Il n'y avait pas de marché central où l'on pouvait se rendre - chacun cultivait sa propre nourriture et l'échangeait contre d'autres produits tels que des couvertures ou des paniers - la nourriture était donc, en quelque sorte, leur monnaie d'échange.
5. Comment les Incas géraient-ils leur empire ?
L'administration du gouvernement inca était très efficace, comme elle devait l'être pour contrôler une si vaste étendue de terre et de population. Le roi établissait les lois - qui étaient inspirées/dirigées par les dieux - et celles-ci étaient transmises aux dix nobles situés juste en dessous de lui dans la hiérarchie, qui les transmettaient à leur tour aux dix nobles suivants, et ainsi de suite jusqu'au niveau le plus bas de la société par le biais du réseau de routes. L'ordre pouvait donc être maintenu assez facilement, car toute rébellion, invasion ou catastrophe naturelle pouvait être contrée rapidement, les routes servant de réseau de communication. Les lois, décrétées dans la capitale de Cuzco, étaient envoyées rapidement dans tout l'empire par le réseau routier, et la hiérarchie du pouvoir - du local au national - veillait à ce que ces lois soient respectées.
6. Quel était le réseau routier inca ?
L'empire inca était relié par son vaste réseau routier (25 000 miles), qui permettait de communiquer en quelques jours avec des points très éloignés. Les messagers vivaient en couple et leur responsabilité consistait à être prêts à recevoir un message et à courir pour le délivrer. Grâce au réseau routier et au service des messagers, le roi pouvait donner l'ordre de mobiliser une armée pour la défense et les hommes des différentes communautés répondaient en temps voulu. Le long de cette route, des stations, des auberges et des entrepôts permettaient de ravitailler les troupes, de donner du repos aux voyageurs et d'entretenir ceux qui travaillaient pour faire circuler les messages.
7. Les Incas avaient-ils un système d'écriture ?
Les Incas n'avaient pas de système d'écriture. Ils disposaient d'un système d'enregistrement connu sous le nom de quipu, qui utilisait des cordes nouées pour indiquer un certain nombre d'informations. On ne sait pas exactement quelles étaient ces informations, ni ce que le quipu signifiait pour le peuple.
8. Quel est le site inca le plus important ?
Le site inca le plus célèbre est le Machu Picchu, situé dans la cordillère des Andes, au-dessus de la vallée de l'Urubamba. Il fut fondé par le 9e roi, Pachacuti Inca Yupanqui (r. de 1438 à 1471) vers 1450 et était considéré comme un site sacré. Certains érudits modernes affirment que le site existait déjà avant l'avènement de l'empire inca et qu'il fut simplement réaffecté, bien que l'on ne sache pas exactement à quoi il servait. Le nom signifie "vieille colline" et l'on pense que le site faisait à l'origine partie du vaste domaine de Pachacuti Inca Yupanqui. Il est possible que le site ait toujours été conçu comme un lieu de culte ou, peut-être, comme une installation fortifiée. Le complexe était alimenté en eau douce par des canaux en pierre alimentés par des sources naturelles. Le site fut abandonné après la chute de l'empire inca et fut redécouvert par l'explorateur Hiram Bingham en 1911. Aujourd'hui, il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et a été élu l'une des sept nouvelles merveilles du monde.
9. À quoi ressemblait l'armée inca et comment fonctionnait-elle ?
La structure de l'armée inca était basée sur le système décimal. Une escouade de dix hommes était commandée par un officier connu sous le nom de chunka kamayuq; une troupe de 100 hommes était commandée par un pachaka kuraka; un corps de 1 000 hommes était sous le commandement d'un waranqa kuraka; une armée de 10 000 hommes était dirigée par le hunu kuraka. L'ensemble des forces était officiellement placé sous la direction et l'autorité du roi.
Les troupes étaient composées d'Incas et de non-Incas (personnes conquises par l'Inca et enrôlées dans le service militaire en cas de besoin). Les hommes, âgés de 25 à 55 ans, étaient appelés à servir en cas de besoin par des messagers envoyés le long du réseau routier et étaient tenus de répondre. Ils pouvaient emmener leurs femmes avec eux, ainsi que leurs jeunes fils n'ayant pas atteint l'âge militaire, qui servaient de bagagistes et d'assistants. Tous les hommes incas étaient formés au maniement des armes dès leur plus jeune âge, et ceux qui étaient considérés comme des Incas "de sang pur" pouvaient servir dans l'unité d'élite des gardes du corps du roi.
10. Comment l'empire inca est-il tombé ?
L'Empire inca tomba aux mains des conquistadores espagnols de Francisco Pizarro en 1533, mais il était déjà en déclin depuis un certain temps. L'Empire inca - comme l'Empire assyrien du Proche-Orient - s'était étendu par la conquête et les peuples assujettis étaient extrêmement mécontents de cette situation. Pizarro sut exploiter cette dynamique et retourner les peuples assujettis contre les Incas, considérés comme des oppresseurs. Lorsque Pizarro arriva dans la région, des rébellions étaient déjà en cours dans tout l'empire et les maladies (en particulier la variole) apportées par les Européens avaient déjà détruit une grande partie de la population (jusqu'à 90 %). Bien que l'on attribue généralement à Pizarro la chute et la destruction de l'empire inca, celui-ci aurait fini par s'effondrer de lui-même, simplement parce qu'il n'était plus en mesure de maintenir le type de cohésion qu'il avait connu auparavant.