Les Somerset Levels sont une région des îles britanniques qui séduit les visiteurs par ses paysages naturels époustouflants et ses sites et monuments historiques. Glastonbury est célèbre pour ses vergers de pommiers et son festival de musique. C'est l'une des petites villes les plus visitées des Levels, mais elle est également recommandée à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire et aux légendes du passé ancien de l'Angleterre.
Glastonbury est une ville imprégnée de mythes et de légendes. Les théories sur la fondation de la grande abbaye et les liens avec les légendes arthuriennes et le pays d'Avalon sont trop nombreux pour être comptés. Les aspects mystérieux et sacrés de Glastonbury attirent des visiteurs et des pèlerins du monde entier à la recherche de terres oubliées et désireux de s'abreuver à des sources sacrées. Toutefois, si cet aspect de Glastonbury ne vous intéresse pas, la ville a également beaucoup à offrir à ceux qui s'intéressent aux sites et aux récits historiques "réels". D'ailleurs, qui ne voudrait pas se promener dans une rue qui donne l'impression d'entrer dans le monde d'Harry Potter? High Street, l'une des rues principales de la petite ville, compte de nombreux bâtiments historiques, dont The George and the Pilgrim's Hotel, construit à la fin du XVe siècle pour accueillir les pèlerins qui se rendaient à l'abbaye et qui sert encore aujourd'hui de restaurant et d'hôtel.
Le Tor
Le monument le plus visité et le plus caractéristique de Glastonbury est le Glastonbury Tor. Il s'agit d'un vestige du clocher de l'église Saint-Michel, situé au sommet d'une colline visible de très loin, car il domine un paysage par ailleurs plat. Il existe de nombreuses théories et de nombreux mythes sur les pratiques qui auraient pu avoir lieu sur cette colline dans un passé lointain, notamment qu'elle serait liée à la druiderie, aux châteaux de fées et à l'Avalon des légendes du roi Arthur. Avalon est l'île sur laquelle Arthur aurait été emmené après la bataille de Camlann, et le nom d'Avalon se traduirait par l'île des pommiers ou des arbres fruitiers. Glastonbury est également connue sous le nom d'île de verre, et l'on suppose que la colline était une île avant que les Somerset Levels ne soient asséchés.
Les Somerset Levels étant aujourd'hui dominés par des vergers de pommiers, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi de nombreuses personnes, du Moyen Âge à nos jours, ont établi un lien étroit entre le pays caché et mystérieux d'Avalon et Glastonbury. Ce lien mythique est profondément ancré dans l'histoire de Glastonbury, et c'est la raison pour laquelle de nombreux pèlerins visitent la ville et en particulier le Tor depuis de nombreux siècles. Cependant, la validation historique des légendes arthuriennes est plus problématique.
Ce qui peut être historiquement prouvé, c'est la fonction de Glastonbury en tant que site monastique, qui connt des difficultés lors de la Réforme protestante de l'Église anglaise au XVIe siècle.
La tour qui se dresse aujourd'hui au sommet du Tor, connue sous le nom de St. Michael's Tower, est le vestige de l'église en pierre construite au 14e siècle. Les découvertes archéologiques et les sagas celtiques montrent que cette église en pierre fut construite sur une église en bois antérieure et que le lien chrétien avec la colline se poursuivit pendant de nombreux siècles. La découverte d'une croix à tête de roue établit une présence chrétienne au XIe siècle. Des preuves de l'activité monastique sur la colline figurent également dans une charte rédigée par Henri III d'Angleterre (1216-1272) en 1234, qui autorise l'organisation d'une foire "au monastère de St Michael sur le Tor". Le dernier abbé de l'abbaye de Glastonbury, Richard Whiting (1461-1539), ainsi que deux de ses moines, furent pendus, tirés et écartelés ici en 1539, lorsque l'abbaye fut supprimée sous le règne du roi Henri VIII d'Angleterre (r. de 1509 à 1547) et sa Dissolution des monastères.
L'histoire ou les légendes peuvent vous inciter à visiter le Tor, mais une grande partie de ce qui rend le site si spécial est la promenade que le visiteur peut faire dans un environnement naturel verdoyant et vibrant. L'ascension de la colline est assez raide mais pas trop fatigante. Une fois arrivé au sommet et après avoir admiré la vue magnifique sur la ville et les Somerset Levels, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi tant de personnes ont ressenti un lien profond avec ce lieu tout au long de l'histoire. Il est également recommandé d'explorer un peu plus la région et éventuellement de visiter les vergers de l'autre côté de la colline (si vous empruntez l'itinéraire normal depuis la ville), qui sont particulièrement enchanteurs lorsque les pommiers sont en fleurs.
Chapelle sainte Marguerite et Royal Magdelene Almshouses
Tout visiteur de Glastonbury se doit de visiter la chapelle St. Marguerite et les Royal Magdalene Almshouses et de passer quelques instants tranquilles dans le magnifique jardin. On accède au site par une petite rue derrière le 38 Magdalene Street. L'entrée est gratuite, mais les dons sont encouragés. Les bâtiments les plus anciens datent d'environ 1250 et furent construits pour servir d'hôpital aux pèlerins pauvres, fatigués et affamés qui avaient fait un long voyage pour visiter les sanctuaires et les reliques de l'abbaye située de l'autre côté de la rue.
La Chapelle sainte Marguerite fut construite à l'origine comme hôpital dans les années 1070, mais le bâtiment encore existant fut construit en 1444. La chapelle, aujourd'hui tordue mais dont le charme reste admirable, est dédiée à St.Marguerite (1045-1093), princesse saxonne de sang royal anglais, puis reine écossaise, connue pour sa piété catholique et son aide aux pauvres.
Les hospices, dédiées à Marie-Madeleine, furent construits au XVe siècle et remplacèrent la grande salle qui faisait partie de l'hôpital. Seules cinq des onze hospices d'origine subsistent aujourd'hui. Les hospices et la chapelle ont été rénovées et sont entretenus par une organisation bénévole.
L'un des hospices a été décoré et meublé pour ressembler à ce qu'il aurait pu être au début du 20e siècle. Le site est une oasis de paix, et avec une si longue histoire de soins et de guérison, c'est un endroit idéal pour passer quelques minutes en silence pour réfléchir et respirer profondément. La chapelle est toujours un lieu de pèlerinage pour des personnes aux pratiques religieuses et spirituelles variées. Il est donc important d'adopter un comportement respectueux sur ce site historique.
Abbaye de Glastonbury
Le principal site à visiter à Glastonbury est l'abbaye qui, à son apogée, était l'une des églises les plus importantes d'Angleterre. La fondation de l'église est inconnue et donc imprégnée de mystère lié à la légende de Joseph d'Arimathie. Joseph d'Arimathie aurait été un riche marchand, disciple de Jésus, qui aurait introduit le christianisme en Grande-Bretagne après être devenu missionnaire. Au cours de ses voyages, il aurait apporté un bâton de pèlerinage et, lorsqu'il l'aurait placé sur l'une des collines de Glastonbury, il aurait pris racine et se serait transformé en une épine florissante, que Joseph perçut comme un signe de l'endroit où il devait construire son église. Cela se serait produit en 63 de notre ère alors qu'il visitait la région avec onze disciples, et que le légendaire roi Arvirargus leur avait donné un terrain pour construire la première église.
L'épine de Glastonbury est toujours considérée comme un arbre sacré, et l'arbre d'origine a été bouturé à de nombreuses reprises. Un arbre se dresse à l'emplacement original de l'"épine sacrée" à Wearyall Hill, bien qu'il ait malheureusement été délibérément endommagé en 2010 et enlevé en 2019. Certains de ses congénères se trouvent sur différents sites de la ville, dont un dans l'enceinte de l'abbaye de Glastonbury. Ces épines sont une variété particulière d'aubépine qui fleurit deux fois par an (le jour de Noël et à Pâques). La tradition veut que l'un des écoliers de la ville coupe une branche fleurie de l'une de ces épines sacrées à chaque Noël et l'envoie au monarque pour décorer la table de son petit-déjeuner de Noël.
L'histoire de Joseph d'Arimathie est difficile à prouver. Lorsque les Anglo-Saxons arrivèrent en 658, il y avait déjà une petite église à l'endroit où se trouvent aujourd'hui les ruines de l'abbaye. L'histoire de l'abbaye était déjà si ancienne que la communauté locale ne savait pas qui en avaient été les premiers bâtisseurs. L'abbaye passa sous le contrôle direct du pape sous le règne du roi Ine de Wessex (688-726), tout en conservant ses fortes racines celtiques. À partir du Xe siècle, l'importance de l'abbaye s'accrut après avoir été placée sous le régime bénédictin. Saint Dunstan (né entre 909 et 988, abbé de Glastonbury entre 940 et 957) rétablit le monastère après les raids vikings qui avaient affecté une grande partie de la société britannique et il transforma l'église en un important centre littéraire. L'abbaye devint si riche, après Westminster, qu'un dicton populaire affirmait : "Si l'abbé de Glastonbury pouvait épouser l'abbesse de Shaftsbury, ils auraient plus de terres que le roi d'Angleterre".
Le lien de Glastonbury avec Avalon et les légendes du roi Arthur ont également accru l'importance de l'abbaye en tant que lieu de pèlerinage et, donc, sa richesse. Vous pouvez visiter le site où les moines auraient découvert la sépulture d'Arthur et de sa femme Guenièvre en 1191. Selon l'histoire, Arthur et Guenièvre auraient ensuite été réinhumés sous l'autel principal par le roi Édouard Ier d'Angleterre (r. de 1272 à 1307) et la reine Éléonore (1246-1290) en 1278, avant que le site ne disparaisse lors de la dissolution des monastères par le roi Henri VIII en 1539. Aujourd'hui, il est impossible de prouver que les restes du roi légendaire ont bel et bien reposé ici, mais le mythe est néanmoins un élément important de l'histoire de l'abbaye.
Aujourd'hui, les ruines de l'abbaye sont des vestiges de la Grande Église qui fut construite après qu'un incendie eut détruit l'ancienne église en 1184. La première construction que vous verrez est la chapelle de la Vierge qui met en évidence la longue relation du site avec la célébration de la Vierge Marie. Selon la tradition, il y avait une église en bois à l'endroit où se trouve aujourd'hui la Lady Chapel, et c'était la première église et le premier sanctuaire d'Angleterre dédié à la Vierge Marie.
Lorsque l'incendie détruisit l'ancienne église, seule une statue en bois de Marie assise sur un trône et tenant l'enfant Jésus-Christ aurait survécu. Comme les restes d'Arthur et de Guenièvre, la statue disparut lorsque les hommes du roi Henri VIII rendirent visite au monastère médiéval et réclamèrent ses richesses pour le roi, et on ignore ce qu'il advint d'elle par la suite.
Aujourd'hui, les vestiges de la Lady Chapel sont considérés comme l'un des plus beaux bâtiments du XIIe siècle en Europe. La chapelle fut construite immédiatement après l'incendie en raison du caractère sacré du site. Elle fut construite dans un style normand conservateur pour rendre hommage à la longue histoire du sanctuaire tout en y incluant des éléments du style gothique anglais naissant.
Au XIIIe siècle, la chapelle fut reliée à l'église abbatiale lors de la construction de la chapelle Galilée. La porte d'entrée sculptée de la Lady Chapel mérite que l'on s'y attarde quelques minutes. Des images délicatement sculptées sur la porte illustrent la vie de la Vierge Marie, et l'intérieur de la chapelle aurait également été richement décoré. En imaginant à quoi elle pouvait ressembler avant sa destruction, il est facile de comprendre pourquoi tant de pèlerins se déplaçaient pour visiter un sanctuaire aussi ancien et splendide.
Vers 1500, une crypte fut également construite sous la Lady Chapel, connue sous le nom de crypte de Saint-Joseph. La crypte était un lieu d'enterrement spécial et de vénération des reliques. Un puits sacré se trouve également à ce niveau, et les deux peuvent être visités car le bâtiment a été conservé. Le puits et la crypte étaient étroitement liés au culte de Joseph d'Arimathie, et des miracles auraient eu lieu ici au début du XVIe siècle, lorsque des personnes souffrant de claudication, de peste et de maladies infantiles se rétablirent après avoir visité les lieux.
À côté de la Lady Chapel, vous pouvez visiter le lieu de sépulture supposé d'Arthur et Guenièvre, que vous verrez en vous rendant à la cuisine de l'abbé. La cuisine de l'abbé est le bâtiment le mieux conservé du domaine, et elle a été décrite comme "l'une des cuisines médiévales les mieux conservées d'Europe". Ceci est principalement dû au fait que le toit de ce bâtiment n'était pas en plomb, un matériau très recherché. Par conséquent, lorsque les hommes du roi Henri VIII vinrent confisquer les richesses du monastère et de l'église, ils ne démolirent pas ce bâtiment comme ils l'avaient fait pour les autres bâtiments recouverts de plomb, qui tombèrent rapidement en ruine par la suite. Le bâtiment fut ensuite utilisé par des tisserands flamands et comme écurie.
Aujourd'hui, la cuisine de l'abbé, avec ses quatre cheminées, est décorée comme elle pouvait l'être à l'époque de son service monastique, et l'atmosphère qui s'en dégage donne vraiment l'impression d'un voyage dans le temps. C'est le seul bâtiment monastique encore debout, mais vous pouvez également explorer les ruines du monastère, y compris les toilettes des moines, le jardin d'herbes aromatiques et les étangs à poissons entourés de magnifiques pommiers.
Le reste de la Grande Église est la principale attraction du site. Une grande partie de la nef principale a disparu, mais les piliers de l'entrée du maître-autel sont toujours debout, et l'on ne peut qu'imaginer la majesté de l'église avant sa destruction progressive. Les ruines d'aujourd'hui créent une atmosphère romantique et mystique parfaite, qui donne envie de se lever et s'émerveiller le plus longtemps possible. Un banc parfaitement situé permet de voir les ruines depuis le maître-autel et la seconde sépulture d'Arthur. En sortant, n'oubliez pas de visiter la Sainte Épine et la chapelle Saint-Patrick, construite vers 1500 et décorée de nouvelles peintures murales et de vitraux.
Il est recommandé de participer à l'une des visites guidées gratuites qui sont régulièrement organisées par un personnel enthousiaste et compétent. Si vous souhaitez en savoir plus sur la longue et fascinante histoire de l'abbaye, passez un peu de temps dans le musée situé près de l'entrée, où vous pourrez étudier des objets trouvés sur le domaine et apprendre comment Glastonbury a été décrit dans différentes sources à différentes époques.
Le sanctuaire de Glastonbury et les ruines de l'abbaye sont vraiment un endroit spécial à visiter. L'histoire, les légendes et les mystères sont profondément liés, comme l'indique une croix en bois offerte au site par la reine Élisabeth II (r. de 1952 à 2022): "Un sanctuaire chrétien, si ancien que seules des légendes peuvent témoigner de ses origines.
Wells
Vous devriez également visiter la charmante Wells, connue comme la plus petite des grandes villes d'Angleterre. Wells est considérée comme une "grande ville" en raison de sa magnifique cathédrale qui est l'une des principales attractions de cette ville que l'on peut rejoindre depuis Glastonbury en 15 minutes de bus. Visitez la ville les mercredis et samedis, lorsqu'un marché en plein air se tient sur une place ouverte au centre de la ville.
Wells est certes une petite ville, mais il y a beaucoup de choses à voir. Le premier arrêt devrait être le Vicars' Close, la plus ancienne rue médiévale d'Europe occupée sans interruption. Les résidences furent construites au XIVe siècle sur ordre de l'évêque Ralph de Shrewsbury (m. 1363) et étaient destinées à fournir un logement commun aux vicaires de la chorale. La chorale des vicaires existe depuis environ 1100 et est toujours liée à la cathédrale où elle chante lors des offices quotidiens. Le Vicars' Close est un petit site très pittoresque où l'héritage de plusieurs siècles est vivant et prospère.
Ensuite, la visite de la cathédrale fait revivre la gloire de Wells. On pense que le site a été célébré en tant que lieu sacré pendant des millénaires, avant même la construction d'une église. Ce sont les bassins ou les puits qui donnèrent plus tard son nom à la ville et qui étaient considérés comme des sources sacrées. Les tribus britanniques avaient très probablement un lien avec ces puits, mais les premières preuves archéologiques datent de la Grande-Bretagne romaine.
La première église, connue sous le nom de Minster Church of St Andrew, fut construite à côté des puits en 705 sur ordre du roi Ine de Wessex (r. de 688 à 726). En 909, Wells devint le siège du diocèse du Somerset, connu aujourd'hui sous le nom de diocèse de Bath et Wells.
La construction de la magnifique cathédrale de style gothique anglais précoce que vous pouvez visiter aujourd'hui commença au cours du 12e siècle. La façade ouest est connue pour être particulièrement belle, et il vaut la peine de s'asseoir un moment sur la pelouse devant l'église pour étudier le délicat travail de maçonnerie avant d'entrer à l'intérieur.
La visite de l'église est gratuite, mais les dons sont les bienvenus. À l'intérieur de l'église, la structure la plus importante est constituée par les arcs en ciseaux que beaucoup considèrent comme une modification moderne, mais qui furent construits entre 1338 et 1348. Ces arcs spectaculaires furent conçus par le maître maçon William Joy (1329-1348) pour répondre aux inquiétudes croissantes concernant l'apparition de fissures sur la structure de la haute tour construite en 1313.
Enfin, personne ne devrait quitter Wells sans avoir visité le palais de l'évêque. Construit pour accueillir l'évêque de la cathédrale il y a environ 800 ans, ce site coupera le souffle de tout visiteur avec ses bâtiments et ruines médiévaux, ses magnifiques jardins, sa charmante petite chapelle et, bien sûr, ses grandes douves et sa guérite d'entrée. Une grande partie du palais est encore debout et peut être visitée. Vous pouvez également étudier des objets issus de la longue histoire de Wells, ainsi que les portraits et les biens de plusieurs évêques qui ont habité le palais au fil des siècles.
Le Great Hall (grande salle), construit vers 1275, est en grande partie en ruine mais a été transformé en un jardin pittoresque et romantique en 1820. Le domaine compte de nombreux autres jardins à explorer, et il est facile de perdre la notion du temps en se promenant dans ce qui ressemble au décor d'un conte de fées médiéval. Dans les jardins du palais épiscopal, vous pouvez également visiter les puits qui sont à l'origine de l'établissement de la ville, de sa longue histoire et, bien sûr, de son nom.