La culture de la Perse antique exerça une influence puissante dans tout le Proche-Orient, et au-delà, pendant plus de mille ans, entre 550 avant notre ère et 651 de notre ère, et de nombreux aspects de sa culture ont continué à influencer d'autres cultures par la suite et jusqu'à aujourd'hui.
Le premier État perse fut l'empire achéménide (c. 550-330 av. J.-C.), qui tomba aux mains d'Alexandre le Grand. Après sa mort, la région fut occupée par l'empire hellénique séleucide (312-63 av. J.-C.), fondé par l'un des généraux d'Alexandre, Séleucos Ier Nicator (r. de 305 à 281 av. J.-C.). La culture perse se maintint toutefois sous les Séleucides et redevint dominante avec l'avènement de l'Empire parthe (247 av. J.-C. - 244 ap. J.-C.) et se poursuivit, à son apogée, sous l'Empire sassanide (224-651 ap. J.-C.) jusqu'à ce que les Perses ne soient conquis par les envahisseurs arabes musulmans.
Depuis les premiers jours de l'empire achéménide jusqu'au dernier des Sassanides, les Perses introduisirent un certain nombre de concepts nouveaux dans des innovations et des inventions qui sont souvent considérées comme allant de soi aujourd'hui ou dont l'origine est largement inconnue. Les motifs littéraires, la coutume de l'heure du thé quotidienne, les soins apportés aux chiens, la réfrigération et l'air conditionné, et bien d'autres aspects de la vie moderne quotidienne sont nés ou bien furent développés par les anciens Perses.
Cependant, les Perses s'en tenaient à une tradition orale de transmission des informations, de sorte qu'une grande partie de leur histoire, jusqu'à la période sassanide, provient d'autres personnes. Une grande partie des documents écrits des Achéménides fut détruite par Alexandre lorsqu'il brûla la capitale Persépolis en 330 avant J.-C. Les Parthes conservèrent la tradition orale de leurs précurseurs et une grande partie de l'histoire perse fut préservée par les Grecs et, plus tard, par les Romains. Ces écrivains ne représentent pas toujours la culture persane avec exactitude, mais ils fournissent suffisamment d'informations, associées aux preuves archéologiques et aux sources persanes qui subsistent, pour reconnaître le pouvoir et la vision de la culture et son héritage durable.
Vous trouverez ci-dessous dix contributions et faits historiques relatifs aux Perses qui sont souvent négligés ou largement méconnus. Il ne s'agit toutefois que d'un petit nombre de faits notables, qui n'abordent pas la vaste étendue des réalisations perses.
Perse est le nom grec de l'Iran
Le nom original de l'Iran était Airyanam (selon l'Avesta, l'écriture zoroastrienne des Perses), également connu sous les noms d'Eran et d'Irania et signifiant "terre des Aryens", en référence aux premières tribus qui s'étaient installées dans la région aux alentours du troisième millénaire avant notre ère. Aryen signifie "noble" ou "homme libre" et désigne une classe de personnes, et non une nationalité. L'une de ces tribus aryennes s'installa sur le territoire de Persis (également connu sous le nom de Parsa, aujourd'hui Fars), et c'est à partir de Persis que l'écrivain grec Hérodote (c. 484-425/413 av. J.-C.) appela ce peuple les Perses. Les écrivains grecs et romains ultérieurs suivirent l'exemple d'Hérodote jusqu'à ce qu'en Occident, les anciens Iraniens soient connus sous le nom de Perses.
La région continua à être connue sous le nom de Perse jusqu'au 20e siècle, jusqu'à ce qu'en 1935, le gouvernement iranien suive la suggestion de l'Allemagne nazie (avec laquelle il entretenait d'étroites relations diplomatiques) et demande officiellement que le pays soit reconnu comme Iran, afin de le relier au concept erroné d'Aryen tel qu'il était compris par le parti nazi. L'Iran ancien continue d'être connu sous le nom de Perse en Occident simplement parce que les historiens occidentaux ont continué à utiliser ce terme, qui différencie l'histoire ancienne de la région de l'histoire moderne.
Inventeur du premier réfrigérateur et de l'air conditionné
Les Perses inventèrent, ou développèrent, le premier système de réfrigération, connu sous le nom de yakhtchal. Il s'agissait d'une structure en forme de dôme, faite d'argile, qui servait à stocker la glace, mais qui, par la suite, fut également utilisée pour conserver les aliments au froid. L'invention du yakhtchal est généralement attribuée au règne du premier roi achéménide Cyrus II (le Grand, r.c. 550-530 av. J.-C), mais elle fut en fait créée plus tôt, soit par les Perses, soit par le peuple de l'Élam voisin, qui apporta un certain nombre de concepts et d'innovations à la culture perse. Le moulin à vent, en revanche, est sans aucun doute une invention perse, créée vers 500 avant notre ère, qui conduisit au développement du système de ventilation connu sous le nom de capteur de vent (ou tour à vent). Il s'agissait d'une structure attachée au sommet d'un bâtiment, qui attirait l'air frais vers le bas, poussait l'air chaud vers le haut, et maintenait le bâtiment à une température confortable par temps chaud.
Le fatalisme en tant que motif littéraire
Une autre invention persane, souvent négligée, est le motif littéraire du fatalisme exprimé dans la phrase latine Vitae summa brevis spem nos vetat incohare longam ("La brièveté de la vie nous interdit l'espoir de durer longtemps"), qui se développa à partir d'une secte du zoroastrisme connue sous le nom de zorvanisme. Dans le zorvanisme, Zorvan était vénéré comme le Dieu du temps infini et, comme on ne pouvait pas faire appel au temps pour changer son destin de quelque manière que ce soit, ce système de croyance donna naissance au concept de fatalisme. Quoi que l'on fasse, l'extinction est inévitable et la durée de la vie est déjà fixée.
Ce motif est célèbre dans Le Rubaiyat du poète persan Omar Khayyam (1048-1131), mais il fut utilisé avant son époque (notamment par Ferdowsi, c. 940-1020, dans son Shahnameh), repris par les écrivains grecs et romains, et se perpétue jusqu'à nos jours. C'est souvent le thème sous-jacent du motif ubi sunt ("où sont-ils allés?") et il inspire un certain nombre de grandes œuvres littéraires. Le motif est probablement le mieux exprimé à l'époque moderne par les vers "Ils ne sont pas longs, les jours de vin et de roses/Sortir d'un rêve brumeux/Notre chemin émerge un moment, puis se referme/Dans un rêve" du poète anglais Ernest Dowson (1867-1900), bien qu'il ait servi de base à de nombreuses œuvres célèbres avant et depuis l'époque de Dowson.
Anniversaire et dessert
Les célébrations d'anniversaires commencèrent comme des festivals en l'honneur de la naissance du roi, mais les Perses élargirent le concept pour inclure tout le monde et inventèrent ainsi la fête d'anniversaire. Ces célébrations comprenaient des plats spéciaux préparés pour l'invité d'honneur et un gâteau servi après le repas avec des bougies allumées. Le gâteau lui-même pouvait avoir été préparé spécialement pour l'événement, mais la pratique consistant à manger des sucreries ou d'autres friandises après le dîner était courante après chaque repas du soir. Les auteurs grecs critiquaient les Perses pour cette pratique, mais les Perses considéraient que les Grecs étaient barbares et simples d'esprit parce qu'ils n'appréciaient pas la valeur des desserts et qu'ils les jugeaient incultes et sous-alimentés. La fête d'anniversaire et le concept de dessert soulignent tous deux la valeur culturelle perse qui consiste à profiter de la vie tant qu'on le peut et à faire de chaque jour une fête.
Droits de la femme
Bien que l'affirmation selon laquelle les Perses furent les premiers au monde à publier une déclaration des droits de l'homme (par le biais du célèbre cylindre de Cyrus) ait été contestée, il est indéniable que les femmes perses avaient plus de droits et de privilèges que toute autre culture ancienne, à l'exception de l'Égypte. Les femmes royales étaient traitées avec le plus grand respect, tandis que les hommes et les femmes des classes inférieures effectuaient les mêmes tâches pour le même salaire, comme en témoignent Les archives de la fortification de Persépolis et les archives du Trésor de Persépolis datant de l'époque de Darius Ier (alias le Grand, r. de 522 à 486 av. J.-C.). Les femmes pouvaient superviser les hommes dans leur travail, et celles qui possédaient des compétences et un pouvoir administratif exceptionnels étaient appelées Arashshara (grand chef). Les femmes pouvaient posséder des terres, servir dans l'armée (en tant qu'enrôlées, officiers et membres du haut commandement en compagnie du roi) et gérer leurs propres entreprises. La déesse la plus populaire de la religion iranienne primitive était Anahita, qui continua à être vénérée comme un aspect du dieu Ahura Mazda une fois que les Perses eurent adopté le monothéisme du zoroastrisme.
Monothéisme et tolérance religieuse
La religion iranienne primitive était polythéiste, vénérant de nombreux dieux présidés par Ahura Mazda (Seigneur de la sagesse), jusqu'à ce que le prophète Zoroastre (c. 1500-1000 av. J.-C.) n'introduise le concept de monothéisme. Bien que la construction monothéiste ait été adoptée par le pharaon égyptien Akhenaton (r. de 1353 à 1336 av. J.-C.), Zoroastre l'envisagea de manière indépendante, la développa complètement et l'établit si fermement qu'elle perdura de son temps jusqu'à aujourd'hui. Le zoroastrisme refondit les anciennes divinités polythéistes dans un cadre monothéiste, de sorte que les anciens dieux et déesses étaient désormais des émanations ou des aspects du seul vrai dieu Ahura Mazda, qui encourageait les gens à vivre selon le simple dicton des bonnes pensées, des bonnes paroles et des bonnes actions, qui les élèverait, ainsi que ceux avec qui ils interagissaient. Même si les Perses pensaient avoir reçu une véritable révélation divine, ils ne persécutèrent jamais les adeptes d'autres religions et toutes les religions furent respectées tout au long de leurs trois empires.
La vérité comme valeur suprême
L'un des facteurs qui contribua à cette tolérance est la valeur culturelle persane qui consiste à connaître et à dire la vérité. La vérité était un aspect si essentiel de la culture perse qu'elle faisait partie des vœux prononcés par les soldats lors de leur entrée en service. Le mot perse pour vérité (asa ou arta) apparaît dans un certain nombre de noms perses, notamment ceux de rois tels qu'Artaxerxès. Les auteurs grecs, qui sont parfois - sinon souvent - hostiles aux valeurs perses, se font un devoir de les féliciter sur ce point, notant que les Perses détestaient les menteurs et méprisaient ceux qui étaient endettés parce qu'un débiteur était susceptible de mentir pour éviter de rembourser ce qu'il devait.
La version perse de l'enfer était connue sous le nom de "Maison du mensonge" et comportait trois niveaux, le plus bas et le plus sombre étant réservé aux pires pécheurs qui, entre autres transgressions, avaient le plus menti. Convaincus de la véracité de leur religion, ils ne ressentaient pas le besoin de l'imposer à d'autres, car il était clair pour eux qu'avec le temps, les gens reconnaîtraient eux-mêmes la vérité du zoroastrisme et l'adopteraient. Si ce n'était pas le cas, ce n'était pas grave, car ils croyaient que les âmes des transgresseurs ou des incroyants n'étaient punies que pendant un certain temps dans l'au-delà avant d'être accueillies au paradis par Ahura Mazda.
Concept d'uniformes et unités militaires
Les unités militaires et les régiments étaient une invention des Mèdes sous leur roi Cyaxarès (r. de 625 à 585 av. J.-C.), mais Cyrus le Grand réforma ce modèle. Cyrus organisa l'armée selon le système décimal, de sorte que chaque unité en comprenait des groupes de dix: 10 hommes = une compagnie; 10 compagnies = un bataillon; 10 bataillons = une division; 10 divisions = un corps d'armée. Afin de différencier les unités, le commandement perse institua des uniformes de couleurs différentes (jaune, bleu et violet) et réglementa les signaux de communication entre les corps. Comme indiqué, les femmes pouvaient servir dans l'armée et certaines sont connues par leur nom: Artunis (c. 540-500 av. J.-C.), Pantea Arteshbod (qui servit sous Cyrus le Grand), qui contribua à la formation de l'unité d'élite des 10 000 Immortels perses (mélophores), et Artémise Ire de Carie (c. 480 av. J.-C.), célèbre pour sa bravoure lors de la bataille de Salamine en 480 avant J.-C.
Conquête de l'Égypte avec des chats
Les Perses pouvaient également faire preuve d'innovation en matière de tactique militaire. En 525 avant notre ère, le roi perse Cambyse II (r. de 530 à 522 av. J.-C.) envahit l'Égypte. Hérodote affirme qu'il s'agissait d'une réponse à une insulte du pharaon égyptien, mais il pourrait tout aussi bien s'agir de la poursuite de la politique expansionniste de Cyrus le Grand. Il fut arrêté à la ville de Pélusium, fortement fortifiée, qu'il savait ne pas pouvoir prendre sans subir de lourdes pertes. Cambyse II connaissait bien la culture égyptienne et savait qu'il pouvait tirer parti de l'amour des Égyptiens pour les animaux, en particulier les chats. Il demanda à ses soldats de peindre l'image de la déesse égyptienne Bastet (régulièrement représentée sous la forme d'un chat ou d'une femme à tête de chat) sur leurs boucliers et, en outre, de rassembler des animaux errants (y compris des chats) que son armée conduisit devant elle en direction de la ville. Plutôt que de blesser les animaux ou de manquer de respect à l'image de Bastet, les Égyptiens se rendirent et Cambyse II revendiqua le pays pour l'empire achéménide.
Système postal et hôpital
Le premier système postal élaboré fut mis au point par les Perses sous Darius Ier qui décréta la construction d'un réseau de routes pour faciliter les déplacements et institua ensuite un service permettant à des cavaliers de transporter des messages entre ses différentes capitales ou campements. Ces messagers à cheval bénéficiaient d'arrêts en cours de route pour se rafraîchir, eux et leurs chevaux, et étaient si dévoués à leur mission qu'ils ne s'arrêtaient pour rien au monde. Hérodote fait l'éloge du système postal perse dans ses célèbres lignes: "Quelles que soient les conditions - qu'il neige, qu'il pleuve, qu'il fasse très chaud ou qu'il fasse nuit - ils ne manquent jamais d'accomplir le voyage qui leur a été assigné dans le temps le plus court possible"(Histoires, VIII.98). Ces lignes, sous une forme modifiée, sont aujourd'hui la devise officieuse du service postal des États-Unis, et ce depuis 1914.
Les Perses créèrent également les premiers hôpitaux sous le règne de Chapour Ier (r. de 240 à 270 de notre ère), qui fonda l'Académie de Gundishapur, un centre intellectuel et culturel. L'académie accueillait des professionnels de la médecine et des intellectuels de toutes les nationalités et, sous le règne du roi sassanide Khosro Ier (r. de 531 à 579), elle devint le premier hôpital universitaire du monde.
Conclusion
En outre, les Perses inventèrent le précurseur de la guitare, leur instrument à cordes connu sous le nom de sestar, développèrent le système d'irrigation du qanat, encore utilisé aujourd'hui pour fertiliser les champs, et contribuèrent à divers objets ou noms bien connus de nos jours. Parmi ceux-ci, citons le mot anglais "paradis" (du mot pairi-daeza désignant un jardin clos et aménagé), la sandale, la tapisserie, le tapis persan, le mot et le concept de magie, ainsi que le nom du lilas et de la tulipe. Ils popularisèrent également le thé comme boisson quotidienne, l'utilisation de l'encens dans les rituels, ainsi que le soin et le dressage des chevaux et des chiens. Les chiens étaient tellement appréciés par les Perses que la destination finale d'une personne dans l'au-delà était déterminée, en partie, par la façon dont elle avait bien - ou mal - traité les chiens.
Lorsque l'empire sassanide tomba aux mains des Arabes musulmans en 651, leur culture fut d'abord supprimée et leurs rituels et traditions proscrits. Avec le temps, cependant, la culture perse fut assimilée par les conquérants et se répandit dans tout le Proche-Orient, puis au-delà. Au XVIIIe siècle, des poètes et des érudits européens populaires s'intéressèrent à cette culture, ce qui encouragea l'Occident à s'y intéresser davantage. Actuellement, deux des poètes les plus lus dans le monde sont Rûmî (1207-1273) et Hafez (1315-1390), tous deux Perses, dont les œuvres continuent d'inspirer et servent souvent d'introduction aux vastes contributions de leur culture.