Les Voyages d'Hadrien

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Carole Raddato
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 10 décembre 2021
Disponible dans ces autres langues: anglais, afrikaans, espagnol
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Aucun autre empereur romain ne voyagea autant qu'Hadrien (r. de 117 à 138 de notre ère). Cet empereur "vagabond" passa plus de temps en voyage qu'à Rome, consacrant la moitié de son règne de 21 ans à l'inspection de ses provinces. Ses voyages lui fournirent les moyens politiques d'unifier l'Empire romain, mais il est également possible qu'il ait été personnellement motivé par son insatiable curiosité, son philhellénisme et son amour des voyages.

The Travels of Hadrian and the Roman Empire c. 125 CE
Les voyages d'Hadrien et de l'Empire romain vers 125 de notre ère
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Les récits sur Hadrien sont inextricablement liées à ses longs voyages administratifs à travers l'empire. L'auteur de l'Historia Augusta nous dit que l'empereur " aimait tant les voyages qu'il souhaitait s'informer en personne de tout ce qu'il avait lu sur toutes les parties du monde" (Histoire Auguste, Adr. 17.8). L'écrivain chrétien Tertullien (155-210 de notre ère) parle d'Hadrien comme d'un "omnium curiositatum explorator" (Apologétique 5.7), "curieux scrutateur de toutes choses". Dion Cassius (c. 164 à c. 229/235 de notre ère) écrit : " Adrien ... surveillant et contrôlant lui-même loyalement " (Histoire Romaine, 69.9.2, remacle).

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Cependant, les voyages d'Hadrien n'étaient pas seulement le résultat d'un désir de vagabondage hédoniste. C'était un administrateur et un commandant militaire compétent. Ses voyages s'inscrivaient dans une politique globale visant à inspecter les provinces occidentales et surtout orientales, et à soutenir les communautés locales par des dons. Si Hadrien est souvent dépeint comme un intellectuel passionné, doté d'une curiosité insatiable et d'une soif de découverte, il était aussi un homme déterminé à rappeler à ses provinces qui était aux commandes.

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Un empereur en mouvement

LE RÈGNE D'HADRIEN fuT MARQUÉ PAR UNE SÉRIE DE LONGS VOYAGES AU COURS DESQUELS IL VISITa PRATIQUEMENT TOUTES LES PROVINCES DE SON EMPIRE.

Le règne d'Hadrien fut marqué par une série de longs voyages, au cours desquels il visita pratiquement toutes les provinces de son empire. Les experts d'aujourd'hui se sont attachés à déterminer exactement où Hadrien s'était rendu, en essayant de reconstituer les itinéraires de ses trois grands voyages, ce qui est désormais possible grâce aux preuves fournies par les auteurs anciens, les inscriptions, les pièces de monnaie et les papyrus.

Le premier grand voyage d'Hadrien est souvent oublié car il eut lieu au tout début de son règne, entre son accession au trône en août 117 et son arrivée à Rome en juillet 118. Hadrien passa quelque temps dans la capitale syrienne pour mettre en place un nouvel ordre militaire et diplomatique qui impliquait le retrait des troupes des provinces nouvellement conquises par Trajan (r. 98-117 de notre ère) au-delà de l'Euphrate et la restitution de la Mésopotamie et de l'Arménie à leurs rois clients. Au moment de la mort de Trajan, l'étendue de l'Empire romain était à son maximum. Le nouvel empereur se préoccupa de sécuriser les frontières de l'Orient où les conquêtes s'avéraient difficiles à tenir et à défendre.

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The Journey of Hadrian 117-118 CE
Le voyage d'Hadrien 117-118 CE
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

[Hadrien] ... parcourant successivement les provinces, examinant les contrées et les villes, inspectant toutes les forteresses, tous les remparts, transporta quelques-uns de ces ouvrages dans des endroits plus favorables, en supprima quelques-uns et en éleva quelques autres.

(Dion cassius, Histoire Romaine, 69.9.1)

À l'automne, il quitta Antioche mais ne retourna pas directement à Rome. Il se rendit à la frontière danubienne pour négocier la paix avec le roi des Roxolans, une tribu sarmate qui préparait une offensive et attaquait le limes (ligne de démarcation). Selon l'Historia Augusta, il retourna à Rome en traversant l'Illyrie et, fait rare, il est possible de suivre ses pas pendant quelques jours grâce à des sources épigraphiques. Du 12 au 18 octobre, Hadrien se trouvait sur la via Tauri entre la Cilicie et la Cappadoce ; de fin octobre au 11 novembre, il suivit la route d'Ancyre (aujourd'hui Ankara) à Juliopolis en Bithynie.

Gate of Hadrian,  Antalya
Porte d'Hadrien, Antalya
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Entre 121 et 125, Hadrien se rendit en Gaule romaine et traversa les provinces du nord-ouest de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne romaine, où il passa quelques mois à ériger de nouvelles frontières pour l'empire. En 123, il se trouvait dans le nord de l'Espagne, à Tarraco (aujourd'hui Tarragone), puis il se rendit à l'est, dans la capitale syrienne, pour répondre aux nouvelles de péril imminent et conclure un accord pacifique avec le roi parthe. Entre 123 et 124, Hadrien se déplaça dans diverses régions d'Asie mineure. Il retourna ensuite à Athènes où il finança un ambitieux programme de construction, visita Delphes et fut initié aux mystères éleusiniens à Éleusis. Quelques années plus tard, en 128, l'empereur s'embarqua pour les provinces africaines, puis repartit vers l'est. Il retourna en Grèce et se dirigea vers la frontière orientale en se rendant à Palmyre. En 130, il traversa la Judée et l'Arabie pour se rendre en Égypte. Puis, en 132, il se rendit en Judée pour faire face à la révolte de Bar-Kokhba.

Hadrian Arriving in Palmyra
Arrivée d'Hadrien à Palmyre
Ancient History Magazine / Karwansaray Publishers (Copyright)

Hadrien voyageait en raison de sa curiosité naturelle et d'un fort penchant pour l'Orient, mais ses longues absences de Rome s'inscrivaient dans une politique globale visant à unifier et stabiliser le vaste empire ainsi qu'à consolider son autorité impériale. En inspectant les provinces, en soutenant les communautés locales et en créant un lien direct entre l'empereur et ses sujets, Hadrien voulait démontrer qu'il était un homme de paix et qu'il pouvait garantir la prospérité.

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Les défis des voyages

Les voyages n'étaient pas inhabituels à l'époque romaine et étaient principalement liés aux activités militaires ou commerciales. Avant Hadrien, des empereurs-soldats tels qu'Auguste (r. de 27 av. JC à 14 ap. JC) et Trajan avaient visité leur empire pour poursuivre leurs conquêtes. Lorsqu'Hadrien arriva au pouvoir, il avait déjà voyagé dans une grande partie du monde romain. Les débuts de carrière de nombreux sénateurs impliquaient un service militaire hors d'Italie et généralement le gouvernement d'une province. Hadrien s'engagea dans la légion comme tribun militaire à l'âge de 19 ans et fut envoyé à la garnison des légions de Pannonie. Il occupa ensuite deux autres tribunats, à Oescus, dans l'actuelle Bulgarie, puis à Mogontiacum (Mayence, Allemagne).

Par la suite, Hadrien servit dans les légions des guerres daciennes pendant la plupart des campagnes militaires menées par Trajan. En 106-108, il retourna en Pannonie en tant que gouverneur provincial. En 112, il se rendit à Athènes et y passa un certain temps en tant qu'archonte éponyme, le plus haut magistrat d'Athènes. À la fin de l'année 113, Hadrien suivit Trajan vers l'est lors d'une expédition fatidique contre la Parthie. Il devint gouverneur de Syrie, établissant son quartier général à Antioche où il prendrait le pouvoir après la mort de Trajan en Cilicie (sud de la Turquie) en août 117.

Arch of Hadrian, Tyre
Arc d'Hadrien, Tyr
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Ces voyages étaient rendus possibles grâce à un système de communication efficace et à un réseau de transport sophistiqué, composé de routes, de voies maritimes et de voies fluviales. La vehiculatio (parfois aussi appelée cursus publicus), le système de transport impérial fondé par Auguste, jouait également un rôle essentiel pour assurer la communication de l'État et les déplacements le long des grandes artères de l'empire. Les informations, les biens et les services pouvaient être transportés le long des routes principales, et un système d'arrêts à intervalles réguliers (mansiones) se développa pendant la période impériale romaine. Un autre système de relais prenaient en charge les véhicules et les animaux : les mutationes. Ces relais étaient parsemés le long des routes romaines tous les 12 miles environ (20 km) et offraient un hébergement pour la nuit, des écuries et des rafraîchissements. Cependant, l'entretien de ce service d'affectation impérial était particulièrement onéreux et constituait une charge qui incombait aux communautés locales. Soucieux de l'efficacité du fonctionnement de la vehiculatio, Hadrien réorganisa le système et assuma le contrôle impérial total, supprimant les responsabilités provinciales.

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Roman Road in Ambrussum, a Roadside Town in Gaul
Route romaine d'Ambrussum, un bourg sur la route d'Hadrien
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Hadrien faisait de multiples arrêts en route, et la seule description d'itinéraire de ses voyages entre la Cilicie et la Cappadoce qui subsiste révéla qu'il voyageait à un rythme raisonnable d'environ 37 kilomètres (23 mi) par jour, alors que la vitesse habituelle de la vehiculatio était de 45 kilomètres (28 mi) en moyenne. Dion Cassius (69.9.3) mentionne qu'Hadrien "toujours il allait à pied ou à cheval, sans jamais, dans cette tournée, être monté en litière ou en char" et qu'il se déplaçait toujours tête nue, même par temps extrême. Aurélius Victor (c. 320 à c. 390 de notre ère) ajoute qu'"il fit à pied le tour de toutes les provinces, devançant la suite qui l'accompagnait" (Epitome de Caesaribus 14.4-5).

Il [Hadrien] se rendit non seulement dans les terres glaciales, mais aussi dans d'autres terres situées au sud, afin de sauvegarder les provinces que, situées de l'autre côté de l'Euphrate et du Danube, Trajan avait annexées à l'Empire romain. (Fronto, Principia Historiae 11)

Denarius Commemorating Hadrian's Return to Rome in 118 CE
Denier commémorant le retour d'Hadrien à Rome en 118 CE
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Une préparation considérable et la maîtrise de la logistique étaient indispensables afin d'assurer le succès des visites d'Hadrien dans les provinces. Les déplacements de la cour impériale impliquaient un soutien logistique considérable. L'entourage d'Hadrien en déplacement pouvait compter jusqu'à 5 000 personnes, dont son épouse et son personnel, des secrétaires impériaux, des amis et conseillers personnels, des fonctionnaires, des serviteurs, des gardes, des architectes et des artisans, mais aussi des hommes et des femmes de lettres. C'était le gouvernement romain en marche, une cour itinérante colossale qui mettait à rude épreuve les ressources des régions qu'elle traversait.

Les sources documentaires révèlent que des préparatifs intensifs auraient été nécessaires plusieurs mois à l'avance. Un papyrus atteste qu'avant l'arrivée d'Hadrien en Égypte en 130 de notre ère, la ville d'Oxyrhynque avait constitué un généreux stock de nourriture, dont 372 porcs de lait et 2 000 moutons, ainsi que des dattes, de l'orge, des olives et de l'huile d'olive. Hadrien était suivi par un grand nombre de pétitionnaires espérant lui présenter leur situation critique. Une anecdote célèbre est relatée par Dion Cassius : une femme s'approcha d'Hadrien avec une requête. Il lui répondit d'abord qu'il était trop occupé. Elle lui répondit : "Alors arrêtez d'être empereur !". Il fit volte-face et lui accorda une audience. Dion nous raconte également qu'il aimait voyager tel un citoyen ordinaire et vivre tel un soldat, s'impliquant personnellement dans l'entraînement de ses hommes.

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Vers les provinces occidentales (121-123)

LE MOTIF DU VOYAGE D'HADRIEN EN ALLEMAGNE ÉTAIT D'INSPECTER LES INSTALLATIONS MILITAIRES ENTRE LE RHIN ET LE DANUBE ET D'ÉTABLIR UNE NOUVELLE FRONTIÈRE POUR L'EMPIRE.

Hadrien passa moins de trois ans à Rome avant de se lancer dans une ambitieuse tournée des provinces occidentales. Il se dirigea vers le nord, vers les régions germaniques, en passant par la Gaule. Hadrien débarqua probablement à Massilia (Marseille) et remonta le Rhône jusqu'à Lugdunum (Lyon), avant de continuer jusqu'à Mogontiacum, la capitale de la Germanie supérieure, où il passa peut-être l'hiver. Le motif du voyage d'Hadrien en Allemagne était d'inspecter les installations militaires entre le Rhin et le Danube et d'ériger une nouvelle frontière pour l'empire (le Limes germanique supérieur et rhétique). La limite de l'empire devait être marquée par une palissade de bois continue allant de la rivière Main au Neckar. Hadrien visitait les quartiers fixes des légions où il vivait avec les troupes, partageant leur régime militaire de base et mangeant comme un légionnaire romain, en plein air. Il se préoccupait également de maintenir les soldats en forme et actifs, et insistait pour que des programmes d'entraînement rigoureux soient mis en place afin de revigorer la discipline parmi les soldats. Pendant son séjour en Allemagne, Hadrien visita également les provinces de Raetia et de Noricum.

The Journey of Hadrian 121-125 CE
Le voyage d'Hadrien en 121-125 de notre ère
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Hadrien et son entourage se rendirent ensuite en Grande-Bretagne pour sécuriser le système frontalier à travers le nord de l'Angleterre. L'empereur réagit à un soulèvement des Brigantes celtes qui avait éclaté au début de son règne, infligeant des pertes considérables à son armée. Les détails des mouvements d'Hadrien dans la province sont très vagues, car nous n'avons aucune trace de ses déplacements. La seule référence dans la littérature antique au mur d'Hadrien et à ses actions en Grande-Bretagne provient de l'Historia Augusta. L'auteur nous dit qu'Hadrien "il passa en Bretagne, où il fit de nombreuses réformes, et éleva une muraille qui s’étendait dans une longueur de quatre-vingts milles,[72] pour séparer les barbares des Romains" (Historia Augusta Hadr. 11.2). Le mur traversait le nord de la Grande-Bretagne de Wallsend sur la rivière Tyne à l'est à Bowness-on-Solway à l'ouest, avec d'autres installations défensives le long de la côte du Cumberland.

Hadrian's Wall, Milecastle 39
Fortin 39 du mur d'Hadrien
Carole Raddato (CC BY-SA)

Le mur d'Hadrien fut construit au nord de la ligne existante de forts et d'autres installations militaires, avec des portes gardées tous les 1,5 km (1 mi) et des tours d'observation tous les 500 mètres (1 640 ft). En fin de compte, 14 forts furent ajoutés au mur, chacun contenant entre 500 et 1 000 soldats auxiliaires, suivis d'un grand fossé connu sous le nom de Vallum au sud. Cependant, cette grande fortification n'était pas seulement destinée à servir de barrière contre un ennemi du nord. Elle permettait également de contrôler efficacement tout trafic de personnes et de marchandises. Comme en Allemagne, Hadrien inspecta probablement les légions de Grande-Bretagne et insista sur des manœuvres régulières pour maintenir la discipline.

De retour sur le continent à la fin de l'année 122, Hadrien traversa la Gaule pour atteindre l'Espagne. Il passa l'hiver 122/3 à Tarraco (Tarragone) et se rendit à la seule base légionnaire espagnole à Legio (León). Là, il apprit que le roi des Parthes menaçait d'entrer en guerre et il s'embarqua pour l'Orient.

Premier voyage en Orient (123-125)

En juin 123, Hadrien était de retour avec sa suite à Antioche, où son règne avait commencé. L'Historia Augusta nous apprend qu'il tint une réunion au sommet avec le roi parthe sur l'Euphrate. Là encore, Hadrien semble avoir réglé le différend par la diplomatie. D'Antioche, il inspecta la frontière cappadoce, puis se dirigea vers l'ouest, le long de la côte pontique, à travers la Galatie, jusqu'en Bithynie. C'est à cette époque qu'Hadrien rencontra Antinoüs (c. 110-130), qui devint son inséparable compagnon pendant les sept années suivantes. Il passa l'année 123/4 à Nicomédie, et au printemps, il visita Nicée, puis une série de villes de la province d'Asie, dont Cyzique, Ilium, Pergame, Smyrne et Éphèse. Il alla également chasser en Mysie et fonda une nouvelle ville, Hadrianotherae ("la chasse d'Hadrien"), à l'endroit où il avait réussi une chasse à l'ours.

Temple of Hadrian at Ephesus
Temple d'Hadrien à Éphèse
Carole Raddato (CC BY-SA)

À l'automne 124, Hadrien termina ses voyages en Orient en passant l'hiver 124/5 à Athènes. À partir d'Athènes, Hadrien entreprit une brève tournée du Péloponnèse, visitant notamment Argos et Sparte. Il se rendit ensuite à Delphes et consulta l'oracle. De retour à Rome, Hadrien navigua vers la Sicile, où il grimpa au sommet de l'Etna pour assister au lever du soleil.

Hadrien en Afrique du Nord (an 128)

Toujours préoccupé par les questions militaires, Hadrien entreprit un bref voyage en Afrique du Nord à la fin du printemps de l'année 128. Son arrivée à Carthage coïncida avec les premières pluies après cinq années de sécheresse. La ville fut temporairement rebaptisée Hadrianopolis, et un nouvel aqueduc y fut construit sur les ordres d'Hadrien. Il se rendit ensuite dans les terres pour visiter la forteresse légionnaire de Lambaesis en Numidie (Algérie actuelle). Pendant son séjour de six jours, la légion organisa une démonstration d'exercices militaires. Ensuite, le 1er juillet, Hadrien prononça un discours devant les soldats rassemblés pour les féliciter de leurs capacités. Des extraits de ce discours ont été conservés sur une inscription fragmentaire. Le 7 juillet, Hadrien inspecta une cohorte auxiliaire à Zaraï ; de là, il se rendit à une destination inconnue pour visiter une autre cohorte, puis reprit le bateau pour Rome.

Portrait of Hadrian found in Athens
Portrait d'Hadrien trouvé à Athènes
Carole Raddato (CC BY-SA)

Deuxième visite en Orient (128-134)

Les affaires militaires n'étaient pas la seule préoccupation d'Hadrien, et sa dernière excursion lui permit de faire le tour de l'empire, un peu comme un touriste, tout en inspectant et en entretenant ses relations avec les populations locales. Ce dernier voyage en Orient durera six ans. L'empereur s'embarqua pour Athènes à la fin de l'année 128 et passa l'hiver en Grèce. Une fois encore, il était accompagné de sa femme, Sabine, et de tout un groupe de compagnons. Au printemps suivant, il se rendit d'Éleusis à Éphèse et sillonna l'Asie Mineure. De nombreuses cités grecques s'enrichirent en bâtiments, d'autres virent même le jour, grâce aux visites d'Hadrien. Après avoir passé l'hiver 129/130 à Antioche, Hadrien visita Palmyre dans le désert syrien.

The travels of Hadrian 128-134 CE
Les voyages d'Hadrien 128-134 CE
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

De Syrie, Hadrien se rendit en Égypte, en passant par la Phénicie et la Judée. Il se rendit d'abord sur la tombe de Pompée le Grand (106-48 av. JC), puis se rendit à Alexandrie. Là, Hadrien restaura le temple de Serapis et visita le Mouseion. Ensuite, il fit une croisière sur le Nil. En chemin, il visita probablement les pyramides de Gizeh, mais le 24 octobre, un horrible accident se produisit : Antinoüs se noya dans le Nil. Dans la semaine qui suivit, Hadrien décida de construire une nouvelle ville là où son amant avait péri, Antinoöpolis, et le jeune homme fut déclaré dieu. Malgré cette tragédie, le groupe de touristes continua à descendre le Nil et visita les statues colossales du pharaon Amenhotep III (c. 1386-1353 av. JC), les Colosses "chantants" de Memnon .

Colossi of Memnon, Luxor
Colosses de Memnon, Louxor
Przemyslaw (CC BY-SA)

Après avoir passé l'hiver 130/1 à Alexandrie, Hadrien retourna à Athènes, où il contribua à d'autres bienfaits et inaugura le temple de Zeus Olympien. Puis, à la fin du printemps ou au début de l'été 132, la nouvelle d'une révolte en Judée arriva, et Hadrien retourna dans la province pour en prendre la direction. Le retour définitif de l'empereur à Rome est certifié par l'épigraphie le 5 mai 134. Hadrien tomba alors gravement malade et se retira dans la station balnéaire de Baiae, dans la baie de Naples, où il mourut le 10 juillet 138.

Temple of Olympian Zeus, Athens
Temple de Zeus Olympien, Athènes
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Publius Annius Florus, un historien et poète romain qui s'était lié d'amitié avec Hadrien, a écrit un court poème se moquant des voyages d'Hadrien.

Je ne veux point être César,

pour courir à travers la Bretagne,

et endurer les frimas de la Scythie.

(Histoire Augste, Adrien. 16, remacle)

La réponse d'Hadrien montre son sens de l'humour :

Je ne veux point être Florus,

pour courir les tavernes,

m’enterrer dans les cabarets,

et endurer les moucherons et leurs piqûres.

(Histoire Augste, Adrien. 16, remacle)

Dans l'esprit d'Hadrien, les voyages et une gouvernance efficace étaient étroitement liés. Il avait compris que la survie de l'empire dépendait de Rome et de la loyauté des provinces. Cette approche visionnaire conduisit à une époque relativement paisible et prospère, que beaucoup considèrent comme l'âge d'or de l'Empire romain.

Cet article a été initialement publié dans le numéro 31 du magazine Ancient History.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Carole Raddato
Carole gère le célèbre blog photo d'histoire ancienne "Following Hadrian" ("Sur les pas d'Hadrien") dans lequel elle relate ses voyages à travers le monde à la suite de l'empereur Hadrien.

Citer cette ressource

Style APA

Raddato, C. (2021, décembre 10). Les Voyages d'Hadrien [Hadrian's Travels]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1892/les-voyages-dhadrien/

Style Chicago

Raddato, Carole. "Les Voyages d'Hadrien." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 10, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1892/les-voyages-dhadrien/.

Style MLA

Raddato, Carole. "Les Voyages d'Hadrien." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 10 déc. 2021. Web. 22 nov. 2024.

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