La bataille d'Edgehill, dans le Warwickshire, le 23 octobre 1642, fut un engagement précoce des guerres civiles anglaises (1642-1651) et la première grande bataille de ce conflit. Les forces royalistes fidèles à Charles Ier d'Angleterre (r. de 1625 à 1649) firent face à une armée envoyée par le Parlement près de Kineton; la bataille, qui se déroula en un après-midi et une soirée, fut indécise.
Une première charge de cavalerie royaliste menée par le prince Rupert (1619-1682) avait été couronnée de succès, mais leur départ du champ de bataille à la poursuite de l'ennemi laissa l'infanterie royaliste dangereusement exposée. Des combats acharnés entraînèrent des pertes totales d'environ 1 500 hommes et un match nul, ce qui laissait présager une guerre civile longue et prolongée.
La guerre civile
Le roi Charles Ier se considérait comme un monarque absolu doté d'un pouvoir absolu et d'un droit divin à régner, mais son refus de faire des compromis avec le Parlement, en particulier sur les questions monétaires et les réformes religieuses, conduisit à une guerre civile de 1642 à 1651. Les "Roundheads" (parlementaires) et les "Cavaliers" (royalistes) s'affrontèrent au cours de plus de 600 batailles et sièges, et la guerre fut longue et sanglante. Le nord et l'ouest de l'Angleterre restèrent fidèles à la monarchie, mais le sud-est, y compris Londres, était contrôlé par le Parlement.
En juillet 1642, le même mois où Charles assiégeait sans succès Hull, le Parlement décida de lever une armée pour faire face aux forces rassemblées par le roi. L'armée parlementaire devait compter 10 000 hommes commandés par Robert Devereux, comte d'Essex. Son véritable objectif était de répondre à la menace militaire des royalistes, mais officiellement, au moins, elle avait une directive plus générale:
[Assurer] la sécurité de la personne du roi, la défense des deux chambres du Parlement et de ceux qui ont obéi à leurs ordres et à leurs commandements, et préserver la vraie religion, les lois, la liberté et la paix du royaume.
(Bennet, 30).
Cette directive résume bien le sentiment général de l'époque selon lequel Charles ne devait pas être déposé, mais plutôt persuadé - par la force, si nécessaire - de cesser de suivre les politiques que les parlementaires considéraient comme émanant de ses mauvais conseillers. Néanmoins, la situation évolua vers une guerre totale lorsque Charles afficha clairement ses intentions et hissa les couleurs royales à Nottingham le 22 août 1642.
Il y eut plusieurs escarmouches et incidents mineurs alors que la guerre civile tardait à commencer pour de bon. Une armée royaliste remporta une escarmouche à Powick Bridge le 23 septembre, mais une autre ne parvint pas à prendre le contrôle du château de Warwick. Le Parlement contrôlait déjà la marine royale, ce qui empêcha Charles de recevoir des renforts du continent et d'Irlande. Le prince Rupert, neveu de Charles et commandant de la cavalerie royale, s'empara de l'arsenal de Leicester. Des troupes furent rassemblées à divers endroits clés de l'Angleterre, de part et d'autre, tandis que d'ultimes pourparlers étaient menés en vue d'un règlement pacifique, probablement pour les camps une tactique visant tout simplement à gagner du temps pour mieux organiser leurs forces. Pour les dieux de la guerre cependant, les dés avaient déjà été jetés et la première grande bataille terrestre eut lieu à Edgehill (près de Kineton, dans le Warwickshire) le 23 octobre; elle s'avéra être l'une des plus importantes de toute la guerre.
Armées et déploiement
Le roi Charles et le comte d'Essex commandaient en personne leurs armées respectives. Le roi avait judicieusement pris les hauteurs de Edgehilll, une crête de 3,2 kilomètres de long, dans la soirée du samedi 22 octobre. Le lendemain matin, son armée se prépara à descendre pour affronter l'armée parlementaire qui s'était rassemblée près de Kineton, à l'ouest. Le roi donna à ses troupes un dernier discours d'encouragement, comme le décrit l'officier de cavalerie royaliste Sir Richard Bulstrode:
Le roi portait ce jour-là un manteau de velours noir doublé d'hermine et un casque d'acier recouvert de velours. Il se rendit à cheval dans chaque brigade de chevaux et dans chaque troupe de fantassins pour les encourager à faire leur devoir, accompagné des grands officiers de l'armée; sa majesté leur parla avec beaucoup de courage et de gaieté, ce qui provoqua des hourra dans toute l'armée. (Hunt, 104)
Les royalistes disposaient de leur cavalerie sur les flancs, tandis qu'au centre se trouvaient des divisions mixtes de piquiers et de mousquetaires. Les historiens continuent de débattre sur la question de savoir s'il y avait cinq ou neuf brigades d'infanterie, mais ils s'accordent à dire qu'elles étaient organisées en carrés, comme un damier, ce qui permettait à la ligne arrière de combler les vides à l'avant en cas de besoin. Les piquiers étaient des fantassins armés de piques: des perches de frêne d'environ 5,5 mètres de long, surmontées d'une pointe en métal. Les mousquetaires utilisaient des mousquets à mèche, généralement en rangs, ce qui permettait de tirer des volées plus efficaces que des tirs isolés. Les dragons, une sorte d'infanterie-cavalerie mixte, étaient positionnés sur les deux flancs. L'armée parlementaire était organisée de manière similaire et plus ou moins égale en taille aux 13 à 14 000 hommes dirigés par le roi. Les parlementaires avaient probablement plus d'infanterie, tandis que le roi avait une supériorité numérique en cavalerie. L'infanterie parlementaire était probablement organisée en trois divisions - deux à l'avant et une à l'arrière - composées de 12 régiments au total. Les deux camps disposaient d'unités d'artillerie qui ouvrirent la bataille à 15 heures. Les canons furent tirés sur l'ennemi pendant environ une heure afin de l'affaiblir et de désorganiser sa formation, en particulier celle des piquiers qui se serraient les uns contre les autres. Il y eut également plusieurs escarmouches entre compagnies de dragons.
La charge de la cavalerie de Rupert
La cavalerie de Rupert attaqua par l'aile droite, d'abord avec un grand succès grâce à sa formation serrée, à son attaque en angle et au fait que les cavaliers tiraient tous au pistolet. Une partie de la cavalerie parlementaire se retira sous l'assaut, tandis que d'autres furent moins efficaces qu'ils n'auraient dû l'être, peut-être parce qu'ils tirèrent avant que l'ennemi ne soit à portée. Sur l'autre flanc, la cavalerie royaliste dirigée par Lord Wilmot fit également des progrès. Cependant, en poursuivant les chevaux ennemis qui battaient en retraite, le départ de la cavalerie de Rupert du champ de bataille laissa le centre de l'infanterie royaliste dangereusement exposé. Il n'y avait pas de réserve de cavalerie royaliste, ou du moins une très petite réserve, qui, dans des circonstances normales, aurait protégé l'artillerie et fourni à l'infanterie une couverture contre une attaque de la réserve de cavalerie de l'ennemi. Comme le note l'historien militaire M. Wanklyn, "cette incapacité à conserver une véritable réserve a presque certainement fait perdre à Charles la chance d'une victoire décisive" (44). L'armée royaliste avait été déployée dans un dispositif entièrement offensif, mais cela ne laissait aucune marge de manœuvre pour faire face à une éventuelle contre-attaque.
Affrontement de l'infanterie
L'infanterie royaliste avait descendu la colline de 90 mètres de haut pour affronter l'armée parlementaire dans une vaste zone ouverte connue à l'époque sous le nom de Vale of the Red Horse (vallée du cheval rouge). C'est à ce moment-là que le commandant de l'infanterie royaliste, Jacob Astley, prononça sa célèbre prière: "Ô Seigneur! Tu sais à quel point je dois être occupé aujourd'hui; si je t'oublie, ne m'oublie pas. En avant les gars!". (Hunt, 105). L'infanterie d'Essex et une partie de la cavalerie laissée en réserve chargèrent les royalistes. Une unité dirigée par William Balfour écrasa une batterie d'artillerie royaliste, et même l'étendard royal fut brièvement capturé avant que deux hommes déguisés en parlementaires, portant le signe de la ceinture jaune, ne s'en emparent à nouveau. La cavalerie de Rupert pilla alors le train de bagages d'Essex à Kineton, mais l'infanterie royale tint bon jusqu'à 17 heures environ, heure à laquelle la cavalerie revint enfin de sa sortie. Les combats rapprochés furent intenses, mais aucun avantage significatif ne fut acquis par l'un ou l'autre camp lorsque la nuit tomba et que le manque de munitions mit fin aux combats.
Impasse: La guerre continue
Le 24 octobre, après une nuit glaciale sur le terrain, qui fit de nouvelles victimes, Essex se retira dans le château de Warwick. Environ 1 500 personnes avaient été tuées au cours de la bataille. Charles aurait pu se diriger vers Londres, son objectif initial, mais son armée prit du retard en capturant Banbury et en établissant une garnison à Oxford. Ce retard donna aux parlementaires le temps de se rassembler à l'extérieur de la capitale, Essex joignant ses forces à celles des London Trained Bands. Découragé par les 20 000 hommes disposés contre lui, Charles se retira en novembre de Turnham Green vers Reading puis Oxford, qui devint la capitale royaliste. C'était un jeu classique du chat et de la souris, qui allait caractériser une grande partie des rencontres à venir. Contrairement à ce que tout le monde avait espéré, la guerre n'allait pas du tout se terminer à Noël; ce conflit allait être long et acharné.