Les Trois Ordres de la France Pré-révolutionnaire

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Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 mars 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, afrikaans, espagnol
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La société du royaume de France à l'époque de l'Ancien Régime était divisée en trois ordres ou classes sociales distinctes : le clergé, la noblesse et le tiers-états (les roturiers). Ces classes et les dynamiques de pouvoir qui les accompagnaient, issues des ordres sociaux tripartites féodaux du Moyen Âge, constituaient la trame dans laquelle le royaume était tissé.

The Three Orders
Les trois ordres
National Library of France (Public Domain)

Sous le règne du roi Louis XVI de France (r. de 1774 à 1792), les deux premiers ordres jouissaient d'un degré de privilège nettement supérieur à celui du troisième, bien que ce dernier représentait plus de 90 % de la population française et payait presque tous les impôts. Le tiers-état était lui-même divisé entre la classe moyenne montante, connue sous le nom de bourgeoisie, et la classe ouvrière de plus en plus appauvrie, connue sous le nom de sans-culottes. L'inégalité sociale s'aggravant, les tensions entre ces ordres et la Couronne, ainsi qu'entre eux, seront l'une des causes les plus importantes de la Révolution française (1789-1799). À partir de la réunion des États généraux en mai 1789, la question des classes sociales restera un thème dominant tout au long de la Révolution.

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Le contexte : la société tripartite

Les serfs étaient généralement liés aux terres qu'ils travaillaient.

Après l'effondrement définitif de l'Empire romain d'Occident en 476 de notre ère, le vide qui en résulta en Europe donna naissance au féodalisme, un système hiérarchique qui s'appuyait sur les propriétés foncières, ou fiefs, comme sources de pouvoir. En l'an 900, près de 80 % des terres arables d'Europe étaient dirigées par des seigneurs et leurs familles qui en avaient obtenu la propriété grâce à des droits héréditaires ou à la puissance militaire. Cette classe dirigeante de propriétaires terriens, connue sous le nom de noblesse ou d'aristocratie, régnait sur les serfs, qui travaillaient les terres des seigneurs en échange d'une protection militaire. Ces serfs étaient généralement liés aux terres qu'ils travaillaient. L'Église médiévale exerçait une influence sur ces deux groupes, les membres du clergé étant issus de l'un ou l'autre des deux autres ordres. Au moins trois quarts des évêques et des échelons supérieurs du clergé médiéval étaient issus de la noblesse, tandis que la plupart des membres du clergé paroissial inférieur provenaient de familles paysannes.

Connus sous le nom de société tripartite, les trois groupes sociaux étaient désignés en latin comme suit :

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  • Oratores - ceux qui prient
  • Bellatores - ceux qui combattent
  • Laboratores - ceux qui travaillent

De nombreux penseurs des XIe et XIIe siècles estimaient qu'il s'agissait de la hiérarchie naturelle de l'humanité : ceux qui priaient méritaient leur place de privilège et d'influence en tant que protecteurs des âmes de la communauté, tandis que ceux qui combattaient méritaient leur place de classe dirigeante en offrant stabilité et protection. Les serfs laborieux travaillaient les champs de leurs seigneurs et payaient leurs impôts, complétant ainsi le dernier côté de ce triangle féodal de dépendances mutuelles.

Cleric, Knight, and Workman Representing the Three Classes
Ecclésiatique, chevalier et travailleur représentant les trois ordres
Unknown Artist (Public Domain)

Ce classement tripartite n'est pas tout à fait exact, car il ne tient pas compte des roturiers plus riches, tels que les maîtres artisans et les marchands, et de ceux qui travaillaient dans les villes. Comme ce groupe marginal s'élargit au fil du temps pour inclure des financiers, des entrepreneurs, des professionnels laïcs et des avocats, le fossé entre ces Laboratores plus riches et ceux qui vivaient encore comme serfs s'accrut, et un sous-groupe des Laboratores, les bourgeois, finit par voir le jour.

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Les deux premiers ordres : Le clergé et la noblesse

En 1789, à la veille de la révolution, les trois ordres du royaume constituaient toujours le tissu de la société française. À l'exception du roi lui-même, qui était connu comme "le premier gentilhomme du royaume", chaque Français était organisé dans l'un des trois ordres (Doyle, 28). Selon l'historien français Georges Lefebvre, sur les 27 millions de personnes qui vivaient en France en 1789, pas plus de 100 000 appartenaient au premier ordre (clergé), tandis qu'environ 400 000 appartenaient au second (la noblesse). Il restait donc une majorité écrasante, environ 26,5 millions de personnes, au tiers-états.

Le clergé jouissait d'un pouvoir et de privilèges considérables dans la France de l'Ancien Régime. Comme le roi prétendait que son autorité découlait d'un droit divin à régner, l'Église était étroitement liée à la Couronne et aux fonctions du gouvernement. Le pouvoir politique et sociétal de l'Église gallicane avait une grande portée dans tout le royaume. Depuis la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, les Français étaient automatiquement considérés comme catholiques et tous les actes de naissance, de décès et de mariage étaient conservés entre les mains des curés. La quasi-totalité du système éducatif français était contrôlée par l'Église qui avait également le monopole de l'aide aux pauvres et de l'approvisionnement des hôpitaux. L'Église avait également maintenu un pouvoir de censure sur tout ce qui était imprimé légalement. Le catholicisme, tel que garanti par l'Église gallicane de France, était si important que "sans les sacrements catholiques, les sujets du roi n'avaient aucune existence légale ; ses enfants étaient réputés bâtards et n'avaient aucun droit d'héritage" (Lefebvre, 8). Ce n'est que dans les années précédant immédiatement la révolution que les protestants français commencèrent enfin à voir leurs droits quelque peu reconnus.

Les ecclésiastiques n'étaient pas obligés de payer des impôts à l'État.

Le clergé français s'était organisé en une formidable institution, créant une Assemblée générale, qui se réunissait tous les cinq ans pour veiller aux intérêts de l'Église. Une telle assemblée, qui représentait l'ensemble de l'un des trois ordres, était l'apanage du premier ordre, et permettait au clergé de disposer de ses propres cours de justice. Cette forme d'organisation permit à l'Église de repousser toutes les tentatives du gouvernement de limiter ses libertés financières et, par conséquent, les ecclésiastiques n'étaient pas obligés de payer des impôts à l'État. Au lieu de cela, l'Église offrait régulièrement une certaine somme d'argent à la Couronne sous la forme d'un don gratuit et empruntait parfois de l'argent au nom de l'État, assumant les frais d'intérêt.

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Le clergé percevait la dîme sur ses propres propriétés foncières, qui étaient très étendues dans le nord de la France. Au total, les terres appartenant à l'Église constituaient environ un dixième de l'ensemble du territoire du royaume. En outre, les évêques, les abbés et les chapitres étaient également les seigneurs de certains villages et percevaient des impôts seigneuriaux.

Le Second ordre (la noblesse) jouissait également de nombreux privilèges. Certains étaient purement honorifiques, comme le droit pour la noblesse de porter une épée, tandis que d'autres privilèges étaient beaucoup plus utiles, comme l'exemption de la noblesse de l'impôt direct de base connu sous le nom de taille. Cette immunité se justifiait par le fait que les ancêtres des nobles avaient risqué leur vie pour défendre le royaume, en payant ce que l'on appelait "l'impôt du sang", et que l'on n'attendait donc pas d'eux qu'ils contribuent également à l'impôt. Cependant, contrairement au clergé, la noblesse n'était pas exemptée de tous les impôts, puisqu'à partir du règne de Louis XVI (r. de 1774 à 1792), elle devait s'acquitter de l'impôt sur les bureaux de vote et du "vingtième", ce dernier exigeant de tous les sujets français, à l'exception des ecclésiastiques, qu'ils versent 5 % de leurs revenus nets. Mais même ces obligations fiscales, selon Lefebvre, étaient atténuées par les privilèges de la noblesse et ne constituaient pas une charge financière importante.

Louis XVI of France
Louis XVI
Joseph-Siffred Duplessis (Public Domain)

Sous l'Ancien Régime, la noblesse constituait toujours la classe dirigeante, même si une partie de son influence et de ses pouvoirs avait été érodée par la centralisation de l'autorité par la Couronne sous le règne du roi Louis XIV de France (r. de 1643 à 1715). En 1789, la noblesse contrôlait personnellement un cinquième de l'ensemble du territoire du royaume, sur lequel elle percevait ses droits féodaux. Considérés comme investis d'un droit naturel à régner du fait de leur naissance, les aristocrates comprenaient tous les ministres de l'administration, tous les officiers supérieurs de l'armée et la quasi-totalité du cabinet du roi, à l'exception notable de Jacques Necker (1732-1804), un roturier suisse protestant, qui fit sensation lorsqu'il fut nommé ministre des finances de Louis XVI.

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Pourtant, sous le règne de Louis XVI, de nombreux membres de cette classe dirigeante de la vieille noblesse s'éloignèrent du pouvoir. Dans une société où le pouvoir est déterminé par la proximité avec le roi, il devint important pour ceux qui souhaitaient occuper de hautes fonctions de maintenir une présence à la cour, au château de Versailles, ce qui représentait une dépense considérable. En outre, l'essor de la classe bourgeoise créa une vague de nouvelle noblesse, les riches bourgeois achetant des offices vénaux qui anoblissaient leurs titulaires et mariant leurs filles dans des familles nobles. La moitié de la noblesse n'était pas mieux lotie que le bourgeois type de la classe moyenne, et beaucoup étaient beaucoup plus pauvres. Une partie de la vieille noblesse, appelée la noblesse d'épée, commençait à envier la nouvelle classe de nobles, riche et administrative, appelée la noblesse de robe, qu'elle considérait comme de simples roturiers arrivistes.

Pour protéger les perspectives de la noblesse d'épée, le gouvernement français adopta l'ordonnance de Ségur en 1781 qui interdisait à quiconque de s'engager comme officier militaire sans pouvoir retracer une lignée noble sur au moins quatre générations. La carrière militaire étant une voie populaire vers le prestige et l'estime, cette mesure suscita l'indignation dans les hautes sphères du tiers état. Dans le même temps, la vieille noblesse commença à prendre exemple sur la bourgeoisie montante et certains se lancèrent dans les affaires, achetant des parts d'industries, accordant des concessions minières sur leurs propriétés ou spéculant dans l'immobilier.

Le tiers état : Les bourgeois et les classes ouvrières

Loin de l'expression "ceux qui travaillent" qui décrivait le troisième ordre féodal, le tiers état de la France bourbonienne était un ensemble hétéroclite de personnes allant des non-nobles les plus riches du royaume aux mendiants les plus pauvres. Il représentait plus de 90 % de la population, mais les expériences de ceux qui se trouvaient dans les couches supérieures du domaine étaient très différentes de celles des couches inférieures. Le premier sous-groupe comprenait les classes supérieures et moyennes connues sous le nom de bourgeoisie, tandis que le second désignait la classe ouvrière et les chômeurs. Pendant la Révolution, ces derniers étaient connus sous le nom de "sans-culottes", un nom qui dénote leur pauvreté, puisque seuls la noblesse et les riches bourgeois portaient des culottes, des pantalons de soie à la mode.

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La bourgeoisie était une classe qui ne cessait de croître. En 1789, environ 2 millions de personnes pouvaient entrer dans cette catégorie, soit plus du double qu'un demi-siècle auparavant. Ils contrôlaient une immense part de la richesse nationale ; la plupart des capitaux industriels et commerciaux, soit près d'un cinquième de toute la richesse privée française, appartenaient à des bourgeois, tout comme un quart des terres et une part importante des actions de l'État. Les bourgeois les plus riches menaient une vie luxueuse qui n'était pas très éloignée de celle des nobles. Il était de bon ton pour une famille bourgeoise qui espérait grimper dans l'échelle sociale de s'habiller en soie, de boire du café importé des Antilles et de décorer sa maison avec des estampes et des papiers peints. Selon l'expert William Doyle, ce sont principalement des capitaux bourgeois qui construisirentt les théâtres de Paris et de Bordeaux, tout comme ce sont les bourgeois qui financèrent les journaux, les collèges et les bibliothèques publiques.

The Bourgeois Gentleman
Le bourgeois gentilhomme
Jacques-Edmond Leman (Public Domain)

Doyle attribue la montée en puissance des bourgeois au 18e siècle à la soudaine "extraordinaire expansion commerciale et industrielle" de cette période (Doyle, 23). Les fortunes des familles bourgeoises provenaient principalement du commerce et étaient garanties par des investissements sûrs tels que les terres. À l'exception des protestants et des juifs, pour qui la mobilité sociale était limitée, les familles bourgeoises restaient rarement dans l'entreprise qui les avait enrichies pendant plus d'une génération, et l'argent qui n'était pas investi dans la terre était consacré à l'éducation supérieure de leurs enfants. Avec cette éducation, "la voie était ouverte aux professions libérales, où les origines mercantiles pouvaient être oubliées" (Doyle, 24).

Atteindre ce statut était considéré comme l'objectif de nombreuses familles bourgeoises qui stagnaient souvent sur cet échelon social confortable de la classe moyenne. Pourtant, toutes les familles bourgeoises ne se contentaient pas d'un statut de classe moyenne et, pour ceux qui avaient de l'argent, des ambitions plus élevées étaient réalisables. Alors que la crise financière devint de plus en plus grave sous le règne de Louis XVI, le gouvernement vendit environ 70 000 offices, représentant une valeur totale de 900 millions de livres. Certains de ces offices vénaux étaient anoblissants, d'autres étaient héréditaires une fois achetés, mais tous augmentaient considérablement le statut social d'une personne. Grâce à l'achat d'offices anoblissants, plus de 10 000 bourgeois achetèrent leur place dans la noblesse au cours du 18e siècle.

Alors que les bourgeois s'enrichissaient, les pauvres, eux, s'appauvrissaient.

Alors que les bourgeois s'enrichissaient, les pauvres, eux, s'appauvrissaient. Les paysans représentaient 80 % de la population française, et beaucoup d'entre eux vivaient à la campagne. Même en période de prospérité, on estime que 8 millions de personnes étaient au chômage et que 2 à 3 millions de personnes supplémentaires pouvaient les rejoindre en période de crise. En raison de la croissance rapide de la population française, les emplois se faisaient de plus en plus rares. Les salaires stagnèrent tout au long du siècle alors que les prix triplèrent. La série de mauvaises récoltes qui frappa la France dans les années 1770 et 80 contribua également aux malheurs économiques des agriculteurs dont la sécurité financière était directement liée au succès des récoltes. Cela s'ajouta au fait que la classe ouvrière était déjà chargée de la plupart des impôts.

Un afflux de paysans se déplaça vers les villes à la recherche de travail. En 1789, 600 000 personnes vivaient à Paris, ce qui entraîna une augmentation des vols, de la mendicité, de la contrebande et de la prostitution dans la ville, car il n'y avait pas assez d'emplois non qualifiés pour tous. De nombreuses personnes n'avaient aucun espoir de percer dans des métiers spécialisés où elles n'avaient aucune expérience car ces métiers avaient tendance à être hautement organisés. Les emplois de domestiques étaient particulièrement recherchés car ils étaient souvent accompagnés d'un logement, de nourriture et de vêtements, mais la popularité de ces postes les rendait extrêmement difficiles à trouver.

Les sans-culottes étaient méprisés par les riches qui voyaient dans la mendicité et la prostitution des classes inférieures un signe de leur dépravation morale. Les monastères réduisirent les distributions de pain aux nécessiteux au motif qu'elles encourageaient l'oisiveté, tandis que les hôpitaux et les maisons de pauvres commencèrent à recevoir moins de fonds. En 1783, Louis-Sébastien Mercier décrit ainsi le fossé croissant entre les nantis et les démunis :

La distance qui sépare les riches des autres citoyens s'accroît chaque jour... la haine devient plus âpre et l'État se divise en deux classes : les avares insensibles et les mécontents qui murmurent. (Doyle, 23)

Les États généraux

Les États généraux étaient une assemblée législative et consultative composée des trois ordres. Bien qu'elle n'ait pas de véritable pouvoir en soi et qu'elle puisse être convoquée et révoquée par le roi à volonté, les États généraux permettaient aux voix des différents ordres de se faire entendre en présentant des doléances et des pétitions au roi et en conseillant la Couronne sur les questions fiscales. Convoqués pour la première fois en 1302 par le roi Philippe IV de France (r. de 1285 à 1314), les États généraux seront convoqués par intermittence jusqu'en 1614, après quoi ils ne siégeront plus pendant 175 ans, une période qui coïncide avec la poussée des rois Bourbon vers la centralisation du pouvoir et la monarchie absolue.

En l'absence des États généraux, les odres n'étaient cependant pas entièrement à la merci du roi. Le Premier État possédait ses propres assemblées qu'il utilisait pour protéger ses intérêts, tandis que la noblesse et la bourgeoisie s'appuyaient sur les treize parlements français, qui étaient des cours d'appel supervisant les provinces. Bien qu'ils n'aient eu aucun pouvoir législatif officiel, ces tribunaux disposaient de méthodes pour contrôler et saper le pouvoir royal. Un édit royal devait être validé par un parlement avant de pouvoir entrer en vigueur dans la juridiction de ce parlement, et les parlements avaient également maintenu le droit de protester contre certains édits qu'ils jugeaient défavorables. Le roi pouvait contourner cette règle en émettant un lit de justice qui exigeait que ses édits entrent en vigueur sans tenir compte de la validation par les parlements, mais au cours du XVIIIe siècle, les parlements déclarèrent ce pouvoir illégitime et suspendirent toutes les fonctions des tribunaux lorsque le roi tenta de l'utiliser. L'édit resterait donc inapplicable jusqu'à ce qu'un compromis ne soit trouvé entre la Couronne et le parlement en question.

The Opening of the Estates-General
Ouverture des états généraux
Isidore-Stanislas Helman (Public Domain)

Les parlements étaient particulièrement hostiles aux réformes financières. Sous prétexte de protéger le contribuable, ils freinaient toute réforme qui limiterait les privilèges financiers de la noblesse et des bourgeois les plus riches. En 1770, Maupeau, le chancelier de France, tenta de détruire complètement les parlements afin d'obtenir une certaine réforme financière. Cela ne dura pas longtemps, car lorsque Louis XVI devint roi en 1774, il redonna le pouvoir aux parlements et Maupeau fut renvoyé.

En 1788, alors qu'une crise financière frappa la France, Louis XVI fut contraint d'annoncer que les États généraux se réuniraient l'année suivante pour discuter de la réforme fiscale. L'annonce provoqua une grande excitation, surtout après qu'il fut révélé que chaque ordre serait représenté par un nombre égal de délégués, comme cela avait été le cas lors de la réunion de 1614. Lorsque le tiers état demanda une double représentation en raison de sa population beaucoup plus importante, on lui accorda cette concession. Mais cela n'avait finalement pas d'importance, car il fut annoncé que chaque domaine ne recevrait qu'un seul vote collectif, ce qui signifiait que le vote unique des 578 représentants du tiers état compterait autant que celui des deux autres domaines.

Cela déplaça la discussion de la réforme financière vers le déséquilibre du pouvoir sociétal. En janvier 1789, quelques mois avant la réunion des États généraux, l'abbé Emmanuel-Joseph Sieyès (1748-1836) publia un pamphlet intitulé Qu'est-ce que le Tiers état ? Dans ce pamphlet, Sieyès affirmait que le tiers état était le seul légitime puisqu'il représentait la quasi-totalité de la population française et payait la plupart des impôts. Le clergé et la noblesse étaientdonc des poids morts et devaient être abolis. Le pamphlet de Sieyès, très populaire dans les mois qui précédèrent les États généraux, contribua à déplacer la conversation vers l'inégalité rampante en France.

Les trois odres du royaume, bien que constituant une seule nation, étaient très différents les uns des autres en termes de privilèges et de pouvoir. Cette disparité, au centre des discussions lors de la réunion des États généraux de 1789, serait l'un des facteurs les plus importants de la Révolution française.

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Questions & Réponses

Quels étaient les trois ordres du royaume?

Le premier état est constitué du clergé, le second de la noblesse et le tiers état de tous les autres, soit environ 90 % de la population française.

Qui faisait partie du tiers état?

Représentant plus de 90 % de la population française, le tiers état était divisé entre la classe moyenne montante, connue sous le nom de bourgeoisie, et la classe ouvrière de plus en plus pauvre, connue sous le nom de sans-culottes.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2022, mars 07). Les Trois Ordres de la France Pré-révolutionnaire [The Three Estates of Pre-Revolutionary France]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1960/les-trois-ordres-de-la-france-pre-revolutionnaire/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Les Trois Ordres de la France Pré-révolutionnaire." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 07, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1960/les-trois-ordres-de-la-france-pre-revolutionnaire/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Les Trois Ordres de la France Pré-révolutionnaire." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 mars 2022. Web. 20 nov. 2024.

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