Exploration française de la Nouvelle-Zélande

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Article

Kim Martins
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 juin 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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L'exploration française de la Nouvelle-Zélande fut éclipsée par les exploits du navigateur britannique Capitaine James Cook (1728-1779), mais les navigateurs français qui visitèrent les côtes d'Aotearoa (Nouvelle-Zélande) nommèrent plus de 100 lieux géographiques et contribuèrent de manière significative aux connaissances européennes sur la Nouvelle-Zélande. L'honneur de faire naviguer le premier navire français dans les eaux néo-zélandaises en 1769 revient à Jean-François Marie de Surville (1717-1770).

Jean-François Marie de Surville commandait le St Jean Baptiste, un navire de 32 canons et de 650 tonnes, dans le cadre d'une expédition commerciale depuis l'Inde française. Après être entré dans le Pacifique et avoir quitté les îles Salomon, une épidémie de scorbut obligea de Surville à tenter de gagner la terre ferme au sud-est. Les Français connaissaient l'existence de la Nouvelle-Zélande grâce aux cartes de l'explorateur néerlandais Abel Janszoon Tasman (1603-1659) qui avait cartographié la côte ouest depuis Hokitika, dans l'île du Sud, jusqu'au cap Maria van Diemen, au nord de l'île du Nord, plus de 120 ans auparavant.

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The Route of the St Jean Baptiste and the Endeavour around the North Cape of New Zealand
Routes du Saint Jean-Baptiste et de l'Endeavour autour du cap nord de la Nouvelle-Zélande
Goran tek-en, (CC BY-SA)

La côte néo-zélandaise au sud de Hokianga (île du Nord) fut repérée le 12 décembre 1769, mais de Surville ne trouva pas de port sûr pour jeter l'ancre, il continua donc vers le nord sur une mer démontée. Le St Jean Baptiste navigua au large de Ninety Mile Beach sur la côte ouest de l'extrême nord de l'île du Nord avant d'être poussé par un coup de vent d'ouest vers l'île Murimotu (au large du Cap Nord). Alors que le navire français passait le cap Nord, le navigateur britannique James Cook (1728-1779) remontait la côte est depuis le sud sur l'Endeavour. Des rafales de vent poussèrent l'Endeavour vers le nord-est et plus loin en mer, et bien que les deux navires aient été hors de portée visuelle l'un de l'autre, leurs chemins se croisèrent, et le 16 décembre 1769, les deux navigateurs passèrent à moins de 50 kilomètres l'un de l'autre au large de l'île du Nord.

La mission secrète de De Surville

L'intérêt des Français pour les mers du Sud était alimenté par des rumeurs concernant la légendaire terre de Davis.

Contrairement à Cook qui effectuait un voyage scientifique pour enregistrer le transit de Vénus, Jean-François Marie de Surville fut nommé commandant du St Jean Baptiste et partit de Pondichéry, en Inde, le 2 juin 1769, pour ce qui semblait à première vue être une expédition commerciale soutenue par un syndicat né de l'effondrement financier de la Compagnie des Indes en 1769.

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La cargaison du navire, composée de vin portugais, de dentelle fine, d'opium et de rouleaux de soie - d'une valeur de plus de 150 000 livres sterling dans la monnaie du XVIIIe siècle - n'était pas constituée des babioles habituelles du commerce. L'intérêt des Français pour les mers du Sud était alimenté par des rumeurs concernant la légendaire Terre de Davis, une île qui aurait été découverte en 1687 près de Rapa Nui (Ile de Pâques) par le boucanier anglais Edward Davis (vers 1680-1688), capitaine du Bachelor's Delight. L'abbé Alexis Rochon (1741-1817) - astronome français et voyageur des mers du Sud - fut témoin de l'excitation entourant la possibilité d'une mystérieuse terre d'or et d'argent :

J'étais à Pondichéry en août 1769 lorsque le bruit se répandit qu'un vaisseau anglais avait trouvé dans les mers du Sud une île très riche où, entre autres particularités, une colonie de Juifs était installée. Le récit de cette découverte... devint si connu que l'on crut en Inde que le but du voyage de Surville... était de rechercher cette île merveilleuse.

(Cité dans Lee, 41).

La cargaison transportée par Saint-Jean-Baptiste devait être vendue pour de l'or et de l'argent, et un poste de traite français devait être établi sur la Terre de Davis.

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Map Showing Davis Island Below the Tropic of Capricorn
Carte montrant la Terre de Davis sous le tropique du Capricorne
Atlas of Mutual Heritage and the Dutch National Library (Public Domain)

De Surville, qui était né le 18 janvier 1717 à Port-Louis, en Bretagne, avait pris la mer à l'âge de dix ans avec la Compagnie française des Indes et avait servi dans la marine française pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Malgré cette expérience, de Surville s'appuyait sur des techniques de navigation plus anciennes, comme la navigation à l'estime, pour trouver la longitude. Le St Jean Baptiste se retrouva rapidement immobilisé après être entré dans le Pacifique par le détroit de Malacca et les Philippines et progressa lentement vers les Salomon, touchant terre sur l'île de Choiseul le 7 octobre 1769. Les îles Salomon avaient été "perdues" depuis leur découverte par Álvaro de Mendaña de Neira (1542-1595). Mendana n'ayant pas réussi à confirmer sa découverte pour l'Espagne, on considère que de Surville "redécouvrit" le groupe d'îles, mais en raison de l'imprécision de ses cartes maritimes, de Surville pensait que les Salomon étaient une extension de la Nouvelle-Guinée.

À ce stade du voyage du St Jean Baptiste , l'équipage de 200 personnes qui pensait prendre part à un voyage commercial vers la Chine fut frappé par le scorbut et des tensions éclatèrent avec la population indigène. Un groupe de débarquement, dirigé par le commandant en second de Surville tomba dans une embuscade alors qu'il cherchait de la nourriture et de l'eau fraîche; un membre d'équipage et plusieurs insulaires furent tués. Le St. Jean Baptiste avait pris l'eau en haute mer et, craignant de nouvelles représailles locales, de Surville quitta les Solomons et se dirigea vers le sud pour chercher du ravitaillement en Nouvelle-Zélande avant de continuer vers la Terre de Davis. Ayant perdu 34 membres d'équipage à cause du scorbut, de Surville utilisa les rapports et les cartes de Tasman et navigua à l'estime le long du 35e parallèle, apercevant la côte néo-zélandaise juste au sud de Hokianga le 12 décembre 1769.

Au même moment, l'Endeavour cartographiait la côte est de l'île du Nord en utilisant une méthode appelée relèvement continu qui était réalisée depuis le pont d'un navire en mouvement. Les relèvements au compas des points de repère étaient pris à partir de différents points d'observation, et les variations du compas étaient trouvées en notant l'altitude du soleil (qui établissait la latitude) et en consultant les tables lunaires pour trouver la longitude en mesurant les distances angulaires des étoiles par rapport à la lune. Au cours de son exploration, l'Endeavour passa devant une baie de la péninsule de Karikari dans le Grand Nord (île du Nord), et Cook la nomma Doubtless Bay.

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Ignorant que Cook avait navigué dans cette direction ou que leurs chemins s'étaient croisés, de Surville atteignit la baie Doubtless le 17 décembre et l'appella La Baie de Lauriston en l'honneur du gouverneur de Pondichéry, et l'un de ses financiers, Law de Lauriston (1719-1797). Il donna également le nom de Surville Cliffs à l'extrémité nord de l'île du Nord, nom qui est toujours utilisé. Le St-Jean-Baptiste jeta l'ancre sur le côté ouest de la baie Doubtless et y passa 14 jours, l'équipage y recueillit des plantes pour se refaire une santé. Paul-Antoine Léonard de Villefeix (1728-1780), prêtre dominicain français et aumônier à bord du St. Jean Baptiste célébra très probablement la première messe catholique en Nouvelle-Zélande alors que de Surville et son équipage passaient le jour de Noël dans la baie.

Jean-François de Surville
Jean-Francois de Surville
Unknown (Public Domain)

De Surville et ses hommes firent des observations détaillées de la flore et de la faune, notant, par exemple, que la pulpe du fruit du karaka était comestible et constituait une riche source de vitamine C. La première description écrite de l'arbre pōhutukawa (l'arbre de Noël de la Nouvelle-Zélande) fut notée en français lorsque Jean Pottier de l'Horme (né vers 1738), un lieutenant à bord du St Jean Baptiste qui s'intéressait vivement à la vie végétale, nota ses fleurs rouge vif. Les Maoris locaux montrèrent aux Français comment trouver des légumes frais et localiser les ruisseaux pour remplir leurs tonneaux d'eau. De Surville demanda la permission de couper des arbres pour réparer le navire et offrit à l'iwi (nation ou tribu) du riz, des pois et deux cochons.

Les Français mirent les voiles le 31 décembre 1769, en raison de la dégradation du temps mais aussi parce que les relations avec les Maoris s'étaient détériorées. Un petit bateau aurait été volé, et de Surville se vengea en brûlant quelques canots et huttes de pêche et en saisissant un rangatira (chef). Ranginui était un rangatira de l'iwi local, Ngāti Kahu, et de Surville, qui était impressionné par les Maoris, espérait en apprendre davantage sur leur langue et leur culture.

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De Surville se dirigea vers l'Amérique du Sud, reprenant la recherche de la Terre de Davis. Au lieu de naviguer vers la Californie puis vers l'Amérique du Sud, de Surville tenta une traversée transpacifique, un voyage éreintant qui prit plus de trois mois. Le scorbut, qui s'était à nouveau déclaré au sein de l'équipage, emporta la vie de Ranginui en mars 1770 alors que le Saint-Jean-Baptiste était en vue des îles Juan Fernandez, et de Surville périt deux semaines plus tard. Prêt à tout pour obtenir de l'aide des Espagnols, le capitaine français jeta l'ancre au large de la ville balnéaire de Chilca, revêtit son uniforme complet et se rendit à terre dans une yole. Le ressac violent emporta l'esquif et de Surville.

Le voyage de Marion-Dufresne

La deuxième visite française notable sur les côtes néo-zélandaises fut celle de Marc-Joseph Marion du Fresne (dit Marion-Dufresne, 1724-1772), un corsaire qui avait servi dans la marine française et la Compagnie française des Indes. La mission de Marion-dufresne était de ramener dans sa patrie un Tahitien emmené à Paris par Louis-Antoine, comte de Bougainville (1729-1811) en 1768. Ahutoru (c. 1740-1771) s'était porté volontaire pour servir comme apprenti marin auprès du navigateur français à bord de la frégate Boudeuse. Malheureusement, Ahutoru contracta la variole lorsqu'un des navires de Marion-Dufresne, le Mascarin de 22 canons, prit des provisions à Madagascar, et il mourut trois semaines plus tard.

Puisqu'il n'était plus nécessaire de faire route vers Tahiti, le Mascarin se dirigea vers Cape Town pour rejoindre le Marquis de Castries (16 canons) et prendre d'autres provisions. En octobre 1771, avec dix-huit mois de provisions, Marion-Dufresne (qui avait financé le voyage en hypothéquant sa propriété et en épuisant ses économies) décida de partir à la recherche de la Terre de Gonneville - terme français désignant le continent austral inconnu - du nom de l'explorateur français Binot Paulmier de Gonneville qui, lors d'une violente tempête au cap de Bonne-Espérance en 1504, s'était dirigé vers la première terre qu'il put apercevoir, croyant qu'il s'agissait de la Terra Australis. Gonneville reçut un accueil hospitalier et resta à terre pendant six mois sur ce que l'on croit aujourd'hui être une partie de la côte du Brésil autour de l'île de Santa Catarina.

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Death of Marion du Fresne at the Bay of Islands
Décès de Marion du Fresne à la Baie des Îles
Charles Meryon (Public Domain)

Les découvertes de Marion-Dufresne dans le sud de l'océan Indien comprennent l'île Marion, l'île du Prince-Édouard et les Crozets (du nom de son commandant en second Julien-Marie Crozet (1728-1782)). Le 3 mars 1772, il aperçut la Terre de Van Diemen (Tasmanie), en suivant la route d'Abel Tasman, et il fut, avec son équipage, le premier Français à entrer en contact avec les aborigènes de Tasmanie après avoir touché terre à Blackman's Bay.

Les Tasmaniens, qui avaient d'abord accueilli les Français, eurent rapidement des gestes hostiles lorsque trois petites embarcations des deux navires tentèrent de débarquer à terre. On assista à des tirs de mousquets et des jets de lances, et le 10 mars 1772, le Mascarin et le Marquis de Castries quittèrent Blackman's Bay, en direction de la Nouvelle-Zélande. Marion-Dufresne aperçut le mont Taranaki (île du Nord) et le nomma Pic Mascarin, sans savoir qu'il avait déjà été nommé mont Egmont par le capitaine James Cook en janvier 1770. À la recherche d'eau douce et de bois pour réparer ses navires, Marion-Dufresne navigua vers le nord et atteignit la baie des îles (côte nord-est de l'île du Nord), il ancra ses navires au large de l'île Moturua pour un séjour de cinq semaines.

Contrairement à du Surville qui était sensible aux coutumes iwi locales, l'équipage de Marion-Dufresne viola le tapu (caractère sacré ou tabou) en abattant des arbres, notamment des kauris, pour en faire des mâts et en pêchant dans des eaux où des arêtes de poisson avaient été grattées mais pas encore inhumées. Les Français se mélêrent également par inadvertance à la rivalité inter-iwi, et l'iwi local, Ngāti Pou, craignait que les Français n'établissent une colonie permanente.

La mort prématurée de Marion-DuFresne renforça l'opinion française selon laquelle il ne fallait pas tenter de coloniser la Nouvelle-Zélande.

La tension qui couvait conduisit à la mort de Marion-Dufrresne le 12 juin 1772. Le commandant était descendu à terre avec quelques membres d'équipage, et comme ils n'étaient pas revenus à la tombée de la nuit, les officiers pensèrent que Marion-Dufresne avait décidé de passer la nuit avec les iwi locaux, mais ils apprirent plus tard que les hommes avaient été attaqués et tués. Cela était déroutant car, le 8 juin, Marion-Dufresne avait été accueilli lors d'un pōwhiri (cérémonie) spécial par le rangatira du Te Hikutu hapū (clan ou sous-tribu). Il est possible que sa présence à la pōwhiri ait conféré du favoritisme au Te Hikutu hapū aux yeux des iwi rivaux, ou peut-être y eut-il une violation continue mais non intentionnelle du tapu par l'équipage. Quoi qu'il en soit, on ne sait pas pourquoi Marion-Dufresne fut attaqué, mais 25 membres d'équipage perdirent la vie.

L'expédition de Marion-Dufresne était maintenant entre les mains d'Ambroise Bernard Marie Le Jar du Clesmeur (1751-1805), âgé de 20 ans, qui commandait le marquis de Castries, et de Julien-Marie Crozet, qui lancèrent de féroces représailles qui entraînèrent la mort d'environ 250 Maoris, l'incendie d'une (fortification) et la destruction de waka (canots). Les Français ne furent pas en mesure de partir immédiatement car les réparations du navire n'étaient pas terminées, mais les deux navires reprirent le chemin du retour via Manille le 12 juillet 1772, après que les officiers aient enterré une bouteille sur l'île Moturoa, revendiquant la Nouvelle-Zélande pour Louis XV de France (r. de 1715 à 1774) et l'appelant France Australe. La mort prématurée de Marion-Dufresne renforça l'opinion française selon laquelle il ne fallait pas tenter de coloniser la Nouvelle-Zélande, et il fallut attendre 20 ans pour qu'une autre expédition française s'y rende. Les cartes de la côte nord-est et l'esquisse d'un furent cependant de précieuses contributions à la connaissance européenne d'Aotearoa.

À la recherche de La Pérouse

En mars 1788, l'officier de marine et explorateur français Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse (né en 1741), quitta la colonie pénitentiaire britannique naissante de Botany Bay à Sydney, en Australie, et on n'entendit plus jamais parler de lui. La Pérouse, inspiré par les voyages de découverte du Capitaine Cook dans le Pacifique, avait été envoyé par Louis XVI de France (r. de 1774 à 1792), pour recueillir des informations sur la colonie pénitentiaire.

Antoine Bruny d’Entrecasteaux
Antoine Bruny d'Entrecasteaux
http://www.janesoceania.com/oceania_dentrecasteaux/ (Public Domain)

Antoine Bruny d'Entrecasteaux (1737-1793) commanda une expédition dans le Pacifique en 1791 à la recherche de La Pérouse, faisant escale à Ambon dans les Moluques, aux îles de l'Amirauté, aux Salomon, en Tasmanie, et il explora les côtes occidentales et méridionales de l'Australie avant d'emprunter une route allant de l'île Maria (Tasmanie) à la Nouvelle-Zélande. On sait que La Pérouse n'avait pas visité la Nouvelle-Zélande. D'Entrecasteaux et ses navires, la Recherche et l'Espérance, aperçurent donc les îles des Trois Rois (îles situées au nord-ouest du cap Reinga, la pointe nord de l'île du Nord) et firent du commerce avec les iwis, échangeant des tissus et des haches contre du poisson frais, avant de se diriger vers le nord, où d'Entrecasteaux découvrit et donna son nom au groupe d'îles volcaniques Kermadec en 1793. Il ne trouva aucune trace des navires de La Pérouse, L'Astrolabe et La Boussole, mais son arpenteur cartographia la côte du cap Maria van Diemen aux falaises de Surville.

Les expéditions scientifiques

En raison du souvenir encore vivace de la mort de Marion-Dufresne et de la bataille de Waterloo (1815), la visite d'importance suivante des Français en Nouvelle-Zélande n'eut pas lieu avant avril 1824, lorsque Louis-Isidore Duperrey (1786-1865) navigua dans la baie des îles sur La Coquille, une barge à chevaux transformée en corvette. Les Français n'étaient toujours pas intéressés par la colonisation ; l'expédition de Duperrey avait pour but de recueillir des connaissances botaniques et ethnographiques. Il arriva en pleine guerre des mousquets (conflit inter-iwis de 1807 à 1837) et resta deux semaines avant de poursuivre un tour du monde.

Le second de Duperrey était Jules Sébastien César Dumont d'Urville (1790-1842), botaniste et cartographe, qui retourna en Nouvelle-Zélande lors des voyages de l'Astrolabe (1826-1829 et 1837-1840). La Coquille fut rebaptisée L'Astrolabe en l'honneur de La Pérouse, et d'Urville avait pour mission de compléter les cartes du capitaine Cook en effectuant un relevé hydrographique, de poursuivre la recherche de La Pérouse et de collecter des spécimens botaniques.

Dumont d'Urville
Dumont d'Urville
Château de Versailles (Public Domain)

La liste des réalisations de d'Urville est considérable. Au cours des voyages de l'Astrolabe, il recueillit plus de 1 600 spécimens de plantes, dont le manuka, le koromiko, le toetoe et le rimu ; il produisit les premières grandes cartes de la Nouvelle-Zélande depuis celles de Cook et corrigea une erreur dans celles-ci ; Il fut le premier bateau à traverser l'étroit et périlleux French Pass (de la baie de Tasman à la baie d'Admiralty dans les Marlborough Sounds) ; il donna son nom à la Durvillaea et la Grateloupia urvilleana (algues), à l'arbuste Hebe urvilleana et à la renoncule Ranunclus urvilleanus; et il donna le nom de sa femme à une espèce de pingouin inconnue (le pingouin Adélie). Son ouvrage en plusieurs volumes, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, prouva que d'Urville était un anthropologue avisé car il contenait des observations détaillées de la culture maorie.

Son héritage le plus intriguant est un roman inédit qu'il écrivit lors d'un voyage de retour - Les Zélandais, Histoire Australienne. Situé en 1819-1821, il raconte les effets du contact européen sur les Maoris. Tragiquement, le 8 mai 1842, d'Urville, âgé de 52 ans, sa femme et son fils Jules, qui se rendaient de Versailles à Paris, furent tués dans le déraillement d'un train.

Noms de lieux français à Aotearoa

En août 1840, 60 colons français de Rochefort arrivèrent à Akaroa (péninsule de Banks, île du Sud) et établirent une colonie. Les Français construisirent une église, un hôpital, des routes et des ponts, mais tous ignoraient que la Nouvelle-Zélande était désormais aux mains de la Couronne britannique, suite à la signature du traité de Waitangi le 6 février 1840. Akaroa est une destination touristique populaire avec un flair français distinct, et de nombreux descendants des colons vivent encore dans la région.

L'Astrolabe
L'Astrolabe
François Geoffroi Roux (1811–1882) (Public Domain)

L'influence française sur la Nouvelle-Zélande a été préservée à travers les noms géographiques, tels que Petit Carenage Bay, Duvauchelle, Le Bons Bay, Mount Bonpland, Mount Napoleon, La Pérouse Glacier, Mascarin Glacier, Aiguilles Rouges, et Eiffelton.

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Questions & Réponses

Qui a découvert Aotearoa, la Nouvelle-Zélande ?

Les premiers colons arrivèrent de Polynésie entre 1200 et 1300. Le premier Européen à apercevoir la Nouvelle-Zélande fut le navigateur néerlandais Abel Janszoon Tasman (1603-1659) le 13 décembre 1642.

Y avait-il une colonie en Nouvelle-Zélande sous la domination française ?

Bien que le navire français, le Comte de Paris qui transportait 60 colons soit arrivé à Akaroa, dans l'île du Sud, le 17 août 1840, il était trop tard car la Nouvelle-Zélande avait été cédée par les Maoris aux Britanniques. Les Français furent toutefois autorisés à rester après des négociations avec les Britanniques et les Maoris locaux.

Le mystère de la disparition de l'expédition La Pérouse a-t-il jamais été résolu ?

En 1826, des objets provenant des deux navires de La Pérouse ont été vus sur l'île de Vanikoro dans les îles Salomon. En 1964, l'épave de La Boussole a été découverte sur les récifs de Vanikoro, ce qui a permis de conclure que les deux navires auraient fait naufrage dans un cyclone tropical sur les récifs coralliens inexplorés de Vanikoro.

Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Kim Martins
Kim est une écrivaine indépendante basée en Nouvelle-Zélande. Elle est titulaire d'une licence d'histoire et d'une maîtrise en sciences du chaos et de la complexité. Elle s'intéresse particulièrement aux fables et à la mythologie, ainsi qu'à l'exploration du monde antique.

Citer cette ressource

Style APA

Martins, K. (2022, juin 07). Exploration française de la Nouvelle-Zélande [The French Exploration of New Zealand]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2006/exploration-francaise-de-la-nouvelle-zelande/

Style Chicago

Martins, Kim. "Exploration française de la Nouvelle-Zélande." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 07, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2006/exploration-francaise-de-la-nouvelle-zelande/.

Style MLA

Martins, Kim. "Exploration française de la Nouvelle-Zélande." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 juin 2022. Web. 22 déc. 2024.

Adhésion