Le Siège de Cuzco de 1536-1537

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Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 juin 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Les deux sièges de Cuzco en 1536-37 furent les dernières grandes actions militaires des Incas alors qu'ils tentaient de récupérer leur empire des conquistadores espagnols menés par Francisco Pizarro (c. 1478-1541). La cavalerie européenne se révéla pratiquement invincible et la ville tint bon jusqu'à l'arrivée de renforts venus de toutes les Amériques.

Les Incas, dirigés par Manco Inca Yupanqui (alias Manco Capac II c. 1516-1544), continuèrent à résister à l'invasion de leur monde pendant quelques décennies supplémentaires, en utilisant principalement la guérilla, mais la perte de leur grand centre religieux et politique à Cuzco s'avéra être un coup dont ils ne se remirent jamais.

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Fortification Walls, Sacsayhuaman
Murs de fortification, Sacsayhuaman
Xauxa (CC BY-SA)

Le cœur d'un empire

Cuzco (Cusco ou Qosqo) était la capitale religieuse et administrative de l'empire inca qui prospéra au Pérou entre 1400 et 1534. Les Incas avaient construit le plus grand empire jamais vu dans les Amériques et gouvernaient environ 10 millions de personnes. Cuzco, établie au 14e siècle sur un site à l'histoire bien plus ancienne, comptait une population d'environ 240 000 habitants au 16e siècle. Stratégiquement importante à la jonction de trois rivières, les conquistadores espagnols savaient que s'ils capturaient le cœur de l'empire inca, le reste s'effondrerait rapidement. C'est là que se trouvait le centre administratif, religieux et géographique du monde inca, avec le complexe sacré de Coricancha et les grandes places cérémonielles. Couvrant environ 40 hectares, la capitale était protégée au nord par la forteresse de Sacsayhuamán (Saqsaywaman). Cette structure massive comportait trois terrasses disposées en zigzag, de sorte que chaque mur comportait jusqu'à 40 segments, ce qui permettait aux défenseurs de prendre les attaquants à revers. Seule une petite porte sur chaque terrasse donnait accès à l'intérieur. On dit que la forteresse pouvait accueillir 1 000 guerriers.

Hernando Pizarro rapporta à son frère Francisco que Cusco était une ville étincelante d'or.

Les Incas avaient déjà été frappés par la première arme terrible des Espagnols : une épidémie de maladies, comme la variole, qui s'était propagée depuis l'Amérique centrale plus rapidement encore que les envahisseurs européens eux-mêmes. Cette vague avait tué un nombre incoryable de personnes, allant de 65 à 90 % de la population totale. Une telle maladie tua le souverain inca Huayna Capac en 1528, et deux de ses fils, Huaskar et Atahualpa, s'affrontèrent alors dans une guerre civile néfaste pour le contrôle d'un empire qui luttait déjà pour s'imposer à une myriade de peuples différents au moment où les chasseurs de trésors européens débarquèrent.

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Pizarro et les conquistadores

Le conquistador Francisco Pizarro, alors âgé d'une cinquantaine d'années, arriva au Pérou avec une force étonnamment réduite d'hommes dont le seul intérêt était de reproduire la conquête du Mexique par Hernán Cortés (1485-1547) et de piller la région de ses trésors. Ayant obtenu du roi d'Espagne, Charles Quint, empereur romain germanique (r. de 1519 à 1556), le droit légal de devenir le gouverneur des nouvelles terres colonisées et de conserver un cinquième des richesses acquises, Pizarro organisa sa troisième expédition, vers les Andes, en 1531, à la tête de 260 hommes seulement. Longeant la côte de l'Équateur et pillant tout sur leur passage, les envahisseurs remarquèrent les routes et les entrepôts bien construits, signes évidents qu'ils empiétaient sur les terres d'un riche empire. Le 15 novembre 1532, le premier contact fut établi avec le peuple Inca, et Pizarro fit savoir qu'il souhaitait parler avec leur roi.

Francisco Pizarro
Francisco Pizarro
Llull (Public Domain)

Atahualpa, qui avait vaincu son frère Huaskar, rencontra les Espagnols - des discours furent échangés, et les talents en équitation des Espagnols furent montrés pendant que la boisson coulait à flots. Ce début de convivialité dura moins de 24 heures. Pizarro attaqua les Incas le jour suivant, ses canons et ses armes à feu assurant une victoire totale durant laquelle 7000 Incas furent tués contre zéro perte espagnole. Atahualpa reçut un coup sur la tête et fut capturé vivant. Pizarro (ou Atahualpa) stipula que le roi serait libéré si une pièce de 6,2 x 4,8 mètres était remplie de tous les trésors que les Incas pouvaient fournir jusqu'à une hauteur de 2,5 m. Les Incas s'exécutèrent et au cours des mois suivants, Atahualpa dirigeant toujours son empire depuis sa captivité, le butin fut rassemblé. Pizarro, pendant ce temps, envoya des missions de reconnaissance pour voir ce qui pourrait être intéressant dans l'empire inca, notamment dans la capitale Cuzco. De façon très peu sportive, Atahualpa fut exécuté le 26 juillet 1533. Pizarro fut plus tard réprimandé par son propre monarque pour cet acte de trahison, mais il se peut que l'intention du conquistador ait été de soumettre tout le peuple inca par ce seul coup contre leur souverain qu'ils considéraient comme rien de moins qu'un dieu.

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Hernando Pizarro (1501-1578) rapporta à son frère que Cuzco était une ville étincelante d'or. Alors que les Espagnols marchaient vers le sud, ils reçurent de la nourriture et de l'aide militaire de peuples trop heureux de se libérer du joug inca. Une brève résistance fut rencontrée et vaincue en route vers Cuzco, puis la capitale tomba sans trop d'histoires le 15 novembre 1533. Le Coricancha fut dépouillé de sa couverture dorée et tout ce qui avait de la valeur fut saisi, des plumes exotiques aux émeraudes. Tout ce qui avait trait à cette campagne jusque-là semblait remarquablement facile, mais le château de cartes des Incas n'était pas encore totalement effondré.

Manco Capac II

La stratégie de Pizarro était d'installer un souverain fantoche Inca à Cuzco, d'abord Topa Hualpa' (frère de Huaskar) et ensuite Huayna Capac. Pendant ce temps, les conquistadores partirent explorer les autres sites rentables de cette terre d'or, Pizarro se dirigeant vers la côte. Les territoires du nord opposèrent une plus grande résistance aux envahisseurs, et la guerre traditionnelle inca fut adaptée pour relever le nouveau défi de l'acier, des balles et de la cavalerie. Puis, en avril 1535, la situation commença à changer. Manco Capac II (également appelé Manco Inca), le nouveau chef inca depuis le 16 novembre 1533, une autre marionnette de Pizarro, forma une armée de résistance et assiégea Cusco et Ciudad de Los Reyes (Lima), maintenant la principale place forte espagnole.

Coronation of Manco Inca Yupanqui
Couronnement de Manco Capac II
Felipe Guáman Poma de Ayala (Public Domain)

Manco Capac ne se serait jamais élevé pour devenir un souverain dans l'ancien Empire Inca car il avait trop de frères aînés. En effet, Manco était un paria à la suite de la prise de pouvoir par Atahualpa et de la purge subséquente des rois incas rivaux. Manco n'avait pas encore 20 ans, mais il avait une expérience militaire, notamment dans la conquête inca du peuple Anti qui vivait dans ce qui est aujourd'hui la Bolivie. Il semblait être le candidat idéal pour que Pizarro le choisisse en tant que dirigeant fantoche. Manco Capac permit initialement à son armée d'être utilisée par les conquistadores dans leurs batailles contre les Incas d'Atahualpa.

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Les chefs incas commencèrent à organiser une révolte à l'échelle de l'empire et à attaquer les conquistadores isolés qui s'étaient installés dans des fermes.

Malheureusement pour les Espagnols, Manco Capac avait ses propres ambitions et il vit dans la division entre les envahisseurs une occasion à ne pas manquer. Manco Capac s'allia au conquistador mécontent Diego de Almagro (c. 1475-1538), un grand rival de Pizarro qui avait été nommé lieutenant-gouverneur de Cuzco en janvier 1535. Puis, après que Charles Quint eut décidé que la nouvelle colonie devait être partagée entre Pizarro et Almagro, ce dernier quitta Cuzco en juillet pour explorer le Chili. La capitale inca était maintenant entre les mains de Juan Pizarro et Gonzalo Pizarro (c. 1512-1548) qui poussèrent tous deux Manco Capac un peu trop loin. Le souverain inca subit une pression supplémentaire de la part de son propre peuple pour prendre les armes et débarrasser la région de ces envahisseurs gênants à l'appétit insatiable pour l'or et l'argent. Manco Capac tenta de quitter secrètement la ville, mais il fut capturé et emprisonné par les Espagnols. D'autres chefs incas réussirent à s'échapper, notamment le général et oncle de Manco, Tiso. Ces chefs commencèrent à organiser une révolte à l'échelle de l'empire et à attaquer les conquistadores isolés qui s'étaient installés dans des fermes. Puis Hernando Pizarro revint d'Espagne avec des instructions de Charles Quint exigeant que le souverain inca soit traité comme le monarque qu'il était. Manco Capac fut alors libéré de sa prison.

Pendant qu'Hernando était parti en expédition contre les rebelles incas, Manco Capac convainquit les Espagnols de lui permettre d'effectuer un pèlerinage religieux. Le souverain promit qu'il ramènerait une statue d'or sacrée pour les conquistadores. En fait, il emporta de nombreuses reliques et momies incas sacrées en quittant Cuzco. Le 18 avril, et avec seulement une escorte de deux hommes, Manco Capac réussit à s'échapper. Maintenant, avec leur sapa inca à sa tête, l'armée Inca pouvait pleinement se mobiliser. Des dizaines de milliers de guerriers commencèrent à se rassembler dans la périphérie de Cuzco.

Le siège de 1536

Le siège de Cuzco commença le 6 mai 1536 - on reprochera plus tard au haut commandement inca de ne pas avoir attaqué la ville assez tôt, mais il avait d'abord souhaité rassembler l'ensemble de ses forces militaires. Manco Capac était présent en personne, mais il laissa le commandement de la ligne de front à des guerriers plus expérimentés. La première tactique de l'armée Inca fut d'ouvrir les canaux de la ville, inondant la zone de sorte que les chevaux espagnols tant redoutés trouvent le terrain plus difficile.

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Sacsayhuaman Fortifications
Fortifications du Sacsahuamán
David Stanley (CC BY)

Les Incas étaient équipés de lances, de frondes, d'arcs, de javelots, d'épées en bois dur, de hallebardes, de massues, de haches de combat, de bolas, et d'armes uniques comme le rompecabezas, un bâton en bois avec une boule à pointes au sommet, et le haybinto, une pierre à pointes ou une pièce en bronze attachée à une corde qui pouvait être balancée à bout de bras. Bien qu'ils n'aient pas eu d'équipement de siège spécialisé, l'encerclement et l'attaque d'une forteresse étaient une caractéristique commune de la guerre inca avant l'arrivée des Européens. Une innovation particulièrement utile lors de ces sièges fut l'utilisation d'énormes boucliers pour protéger les attaquants des missiles lancés par les défenseurs. Les boucliers étaient faits d'épaisses cotonnades tendues sur des cadres en bois. Les Incas portaient également une armure corporelle faite de cuir épaissi ou de petites plaques de métal ajoutées à une tunique de laine ou de coton (un uncu). Ils portaient des casques en coton matelassé, en bois ou en canne torsadée, tous matériaux suffisamment solides pour résister aux coups directs des projectiles de pierre. Enfin, les Incas n'hésitèrent pas à utiliser des armes, des armures et même des chevaux capturés aux Espagnols.

Les Espagnols étaient armés d'épées et d'armures en métal, d'armes à poudre et, surtout, de lances de 3 à 3,5 m brandies par la cavalerie. Bien protégé contre les missiles incas, un soldat européen pouvait néanmoins être vulnérable, par exemple, à un coup direct au visage ou lorsqu'il était pris à pied et submergé par le nombre. Au début du siège, les unités de cavalerie se révélèrent aussi efficaces qu'au Mexique et dans les batailles précédentes en Amérique du Sud, comme le décrit ici Cieza de León :

...en mettant en place deux compagnies avec des arbalètes, des boucliers et des piques, et deux autres avec des chevaux, il [le commandant Rojas] s'est approché du plus grand escadron d'Indiens de deux côtés afin que les arbalètes puissent lui faire beaucoup de mal...il [ensuite] a attaqué de deux côtés avec les chevaux telle une lanière fermée et serrée. Piétinant et tuant avec les lances, ils ont ouvert l'escadron... les Indiens ont été vaincus et dispersés. (Sheppard, 45)

La première attaque

L'armée inca, qui comptait peut-être 100 000 guerriers, était enfin prête à vaincre les troupes espagnoles, dirigées par Hernando Pizarro, qui ne comptaient que 196 combattants (110 fantassins et 86 cavaliers). Les défenseurs avaient des renforts d'environ 2 000 alliés indiens (principalement des Cañaris et des Chachapoyas), un certain nombre d'esclaves africains et une seule pièce d'artillerie. Lentement et délibérément, l'armée inca resserra son périmètre autour de la ville et se rapprocha des Espagnols. La forteresse de Sacsayhuamán fut facilement prise, Hernando n'ayant pas réussi à la garnir. De ces hauteurs, les Incas lancèrent des pierres chauffées à l'aide de leurs frondes, qui mirent le feu aux toits de chaume de la ville. Prenant d'assaut les rues enfumées, les Incas engagèrent l'ennemi dans un vicieux combat au corps à corps. Lorsque la bataille atteignit les espaces ouverts des places de cérémonie sacrées, la cavalerie espagnole put enfin opérer, mais les Européens furent obligés de se retirer vers les meilleures défenses du cœur de la ville sacrée. Les assiégés furent grandement aidés par les autochtones qui apportèrent des vivres dans la ville pendant la nuit. Pendant ce temps, les Incas construisaient des obstacles et des fosses hérissées de pointes dans chaque rue pour empêcher une percée de la cavalerie espagnole. Hernando ordonna alors à son infanterie et à sa cavalerie indigènes d'être utilisées en tandem pour essayer de débloquer des passages spécifiques, une tactique qui permit finalement aux Espagnols de s'échapper vers le terrain plus ouvert des périphéries de la ville.

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Inca Military Tunic
Tunique militaire inca
Fae (Public Domain)

La victoire espagnole

Juan Pizarro fut chargé de diriger une force de 50 cavaliers et 120 fantassins pour reprendre la forteresse de Sacsayhuamán. Juan attaqua les fortifications par surprise depuis le côté extérieur après avoir fait croire que sa force partait pour Lima. Néanmoins, les deux premières attaques espagnoles échouèrent sous un assaut de frondes incas. Une troisième attaque sur la porte principale réussit, bien que Juan ait été mortellement blessé dans l'action, son frère Gonzalo prit alors le commandement. Les deux camps se concentrèrent maintenant sur le Sacsayhuamán, chaque commandant y renforçant ses troupes. Hernando Pizarro prit en charge l'attaque et, en utilisant des échelles la nuit, réussit à escalader les murs de fortification, forçant les Incas à se retirer dans une section comportant trois tours. Finalement, les Incas manquèrent de munitions en pierre pour leurs frondes et furent mis en déroute, beaucoup d'entre eux préférant sauter vers la mort depuis les hauts murs plutôt que d'être massacrés par une épée espagnole.

Il est important de noter que les armées incas assiégeantes étaient en grande partie composées de fermiers contraints au service militaire, et qu'ils ne pouvaient pas abandonner leurs récoltes sans affamer leurs communautés. En août, le siège dut être abandonné et ce qui restait de l'armée inca retourna à Ollantaytambo, à environ 70 km au nord-ouest. Manco Capac ordonna qu'un énorme sac soit laissé à Cuzco où les Espagnols le trouveraient. Les conquistadores trouvèrent leur cadeau, mais à l'intérieur se trouvaient les têtes décapitées de leurs compatriotes tués par les Incas ailleurs. Dans le sac se trouvaient aussi des lettres et une lueur d'espoir, les renforts espagnols étaient en route.

Francisco Pizarro avait des hommes d'armes maintenant répartis dans toute l'Amérique du Sud, et ses options étaient limitées, mais quand il entendit parler du siège de Cuzco au début de mai 1536, il envoya deux forces de secours, l'une avec 60 chevaux, l'autre avec 80. Les deux forces furent anéanties par les armées incas sous le commandement du général inca Quizo Yupanqui qui tendit une embuscade et piégea les deux colonnes dans des ravins. Lorsque Pizarro apprit la terrible nouvelle, il écrivit à tous les gouverneurs du Nouveau Monde dans une tentative désespérée de faire venir de nouvelles recrues en Amérique du Sud. Même si ses appels recevaient une réponse favorable, il faudrait plusieurs mois pour que les renforts arrivent. Pizarro et Cuzco devaient faire face seuls à la riposte des Incas.

Le deuxième siège

À Lima, Pizarro fut attaqué par une immense armée dirigée par Quizo en septembre 1536, mais la cavalerie espagnole se révéla une fois de plus presque invincible, et le général inca fut tué. Pendant ce temps, à Cuzco, Hernando Pizarro menait des incursions de plus en plus ambitieuses hors de la ville pour s'emparer de vivres indispensables. Les Incas commençaient cependant à accumuler suffisamment de forces pour assiéger la ville une seconde fois. Sachant par expérience qu'une armée inca était pratiquement inutile sans ses chefs, Hernando décida de poursuivre Manco Capac à Ollantaytambo avec une force de 70 cavaliers et 4 000 fantassins alliés en janvier 1537. Prévenus de leur arrivée, les Incas s'étaient déjà retranchés derrière une série de formidables fortifications en terrasses, et les Espagnols ne purent pénétrer dans la forteresse. Pire encore, Manco Capac avait détourné la rivière Vilcanota et inondé ce qui avait été auparavant un excellent terrain pour la cavalerie. Hernando fut obligé de retourner à Cuzco.

En novembre 1536, Pizarro, toujours à Lima, avait rappelé tous ses hommes de diverses expéditions et reçu des renforts du nord et même d'Espagne. Il envoya une armée de 350 Européens, dont plus de 100 cavaliers, pour soulager Cuzco. Cette force fut complétée par 200 autres renforts en route vers la capitale inca. Au même moment, Almagro revenait de son expédition au Chili avec 400 hommes. Face à cette formidable quantité de cavalerie, en mars 1537, Manco Capac fut obligé de se retirer à nouveau de Cuzco. Il espérait que les Espagnols se battraient entre eux dans leur compétition pour le pouvoir et l'or. Le deuxième siège fut brisé, et le 18 avril 1537, Almagro prit le contrôle de Cuzco de Hernando et Gonzalo Pizarro. Almagro emprisonna Hernando Pizarro à Cuzco le 25 juillet 1537, mais il n'y eut pas de bataille importante, au grand dam les Incas, bien qu'Almagro ait été plus tard trahi et exécuté pour son audace. Au total, les défenseurs de Cuzco n'avaient pas perdu plus de 20 Espagnols contre des milliers du côté des Incas. Pourtant, plus de 700 Espagnols furent tués pendant le soulèvement dans les territoires autour de Cuzco et dans les forces de secours envoyées de Lima qui avaient été défaites.

Retombées

À la fin du mois de juillet 1537, Manco Capac fut contraint de fuir plus au sud, d'abord à Vitcos, puis dans la vallée de Vilcabamba où il établit une enclave inca. De là, les Incas menèrent une guérilla de dix ans contre les Espagnols. De retour à Cuzco, les Espagnols firent du frère de Manco Capac, Paullu, leur nouveau dirigeant fantoche, et les conquérants européens continuèrent à profiter du ressentiment de longue date à l'égard de la domination inca et de la perte totale de confiance de nombreux Incas après la chute de leur capitale. Néanmoins, les propres successeurs de Manco Capac II, à commencer par son fils Titu Cusi Yupanqui, continueraient à résister. Ce n'est que dans les années 1550 que les Espagnols prirent le contrôle total de leur vice-royauté du Pérou (établie en 1542). Cuzco avait terriblement souffert des sièges, et elle était maintenant reconstruite, mais avec une architecture complètement étrangère, alors que l'Empire espagnol commençait à s'étendre et à approfondir ses racines en préparation de siècles de domination coloniale.

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Questions & Réponses

Pourquoi les Espagnols ont-ils envahi Cuzco ?

Les Espagnols ont envahi Cusco parce qu'elle était riche en or et en argent et qu'elle était le cœur de l'empire inca, donc si elle tombait, l'empire aussi.

Qui a détruit la ville de Cuzco ?

La ville de Cuzco fut détruite lors des sièges de 1536-1537, lorsque le souverain inca Manco Inca Yupanqui ordonna de tirer des pierres chaudes sur les toits de chaume de la capitale, créant ainsi un feu terrible et destructeur.

Quelle était l'importance de Cuzco ?

L'importance de Cuzco tenait au fait qu'elle était le cœur politique, religieux et géographique de l'empire inca, avec de nombreux temples, palais et forteresses importants.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2022, juin 23). Le Siège de Cuzco de 1536-1537 [The Siege of Cusco in 1536-7]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2020/le-siege-de-cuzco-de-1536-1537/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Le Siège de Cuzco de 1536-1537." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 23, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2020/le-siege-de-cuzco-de-1536-1537/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Le Siège de Cuzco de 1536-1537." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 juin 2022. Web. 21 déc. 2024.

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