Planification Familiale dans l'Antiquité Gréco-Romaine

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Article

Arienne King
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 30 juin 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, persan, portugais, espagnol
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La planification familiale était un sujet d'une importance capitale dans la Méditerranée antique. Certains des plus anciens ouvrages médicaux de la Grèce et de la Rome antiques traitent de la fertilité et de la santé génésique. Parmi les nombreux traitements et procédures utilisés par la médecine gréco-romaine figurent des méthodes de contraception et d'avortement.

Birth of a Child
Naissance d'un enfant
Mohawk Games (Copyright)

La pression sociale faisait que la plupart des gens se mariaient et avaient des enfants à un âge assez jeune. Cependant, tout le monde ne souhaitait pas nécessairement avoir des enfants, et ceux qui le désiraient devaient décider combien et quand. Ces décisions étaient encore plus importantes pour les femmes qui portaient le fardeau le plus lourd lorsqu'elles avaient des enfants. Avant l'avènement de la médecine moderne, la grossesse était souvent une question de vie ou de mort. Pour les femmes célibataires et défavorisées, avoir des enfants pouvait également signifier la ruine sociale ou financière.

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La pensée religieuse et philosophique gréco-romaine englobait une variété de croyances, et il n'y avait pas de condamnation généralisée des contraceptifs ni de l'avortement. Sur le plan juridique, peu de réglementations empêchaient l'accès au contrôle des naissances. Cependant, les options disponibles pour les femmes étaient limitées par les attentes sociales patriarcales et l'étendue des connaissances médicales.

La grossesse dans l'Antiquité méditerranéenne

La grossesse était dangereuse dans le monde antique en raison de soins prénataux et d'une médecine obstétrique relativement primitifs. La malnutrition et les maladies entraînaient des taux élevés de fausses couches et d'autres complications pendant la grossesse. On estime que dans les sociétés prémodernes, il y avait en moyenne 25 décès maternels pour 1 000 naissances. Le taux de mortalité infantile était encore plus élevé, puisqu'un tiers des enfants mouraient pendant leur enfance.

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Malgré les risques, les attentes culturelles faisaient que les femmes étaient souvent encouragées à se marier et à avoir des enfants le plus tôt possible.

La médecine romaine et grecque combinait connaissances anatomiques, preuves empiriques et croyances spirituelles. Les médecins comme Galien (129 à environ 216 de notre ère), qui rejetaient les remèdes populaires superstitieux, étaient minoritaires. La qualité des soins médicaux était variable, car il n'y avait pas de contrôle pour s'assurer que les médecins et les sages-femmes prodiguaient des soins médicaux conformes à une norme convenue. Les femmes qui n'avaient pas les moyens d'engager un médecin ou qui vivaient dans des zones rurales avaient encore plus de difficultés à accéder à des soins médicaux de qualité.

Un autre facteur qui contribuait à un taux élevé de mortalité maternelle et infantile était le jeune âge auquel de nombreuses femmes devenaient mères. Dans la Méditerranée antique, les femmes se mariaient généralement entre 15 et 22 ans, mais il n'était pas rare de se marier dès l'âge de 12 ans. Les médecins de l'Antiquité étaient conscients du lien entre jeunesse et mortalité maternelle et mettaient en garde contre le mariage de filles extrêmement jeunes. À Sparte, les femmes n'étaient pas autorisées à se marier avant l'âge de 18 ans, pour des raisons de santé de la mère et de l'enfant. Malgré ces risques, les attentes culturelles faisaient que les femmes étaient souvent encouragées à se marier et à avoir des enfants le plus tôt possible.

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Artemis of Ephesus
Artémis d'Éphèse
Cemre Melis Yordamlı (Public Domain)

Bien que de nombreux médecins aient compris qu'il existait des causes naturelles à l'origine des problèmes médicaux, la majorité des gens considéraient la maladie comme le résultat de forces surnaturelles. Les femmes enceintes recevaient des amulettes pour les protéger des forces malveillantes. Les divinités associées au mariage et à la profession de sage-femme, comme Artémis, Héra et Ilithie, étaient spécifiquement invoquées pour protéger les femmes pendant l'accouchement.

(In)fertilité et médecine gréco-romaine

Avoir des enfants était une étape importante dans la vie d'une personne moyenne et un moyen de garantir qu'elle aurait quelqu'un pour l'aider dans sa vieillesse. Tout aussi important, avoir une descendance était censé faire progresser l'héritage familial et apporter de futurs citoyens utiles à la société. L'infertilité pouvait être une source de honte sociale, voire un motif de divorce. Dès le 5e siècle avant Jésus-Christ, on savait que l'infertilité touchait aussi bien les hommes que les femmes. On considérait qu'il s'agissait d'une déficience plus grave chez les femmes que chez les hommes, de sorte que les recherches médicales de l'Antiquité se concentraient sur les femmes.

Un certain nombre de causes et de traitements supposés de l'infertilité ont été consignés par des auteurs comme Hippocrate (c. 5e-6e siècle av. J.-C.), Hérophile (335-280 av. J.-C.) Lucrèce (c. 99-55 av. J.-C.) et Pline l'Ancien (23-79 de notre ère). Les médecins gréco-romains avaient identifié des facteurs tels que l'état de santé général, le mode de vie, l'âge et les prédispositions qui pouvaient affecter la fertilité, mais l'anatomie reproductive était encore mal comprise. Les médecins prescrivaient couramment des traitements comprenant des changements de régime alimentaire, des purges, des jeûnes, des bains et des médicaments. La fumigation des narines ou d'autres orifices de la patiente était parfois utilisée pour tester la fertilité ou pour ramener un "utérus errant" à sa place.

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Magical Gem Depicting Childbirth
Gemme magique représentant l'accouchement
The Trustees of the British Museum (CC BY-NC-SA)

Bien que la majorité de la littérature existante ait été rédigée par des hommes, les problèmes de santé des femmes étaient en grande partie traités par des sages-femmes et d'autres femmes ayant une expérience médicale. Les médecins masculins n'étaient convoqués que dans les circonstances les plus graves. L'experte Nancy Demand écrit

Traditionnellement, les soins aux femmes pendant la grossesse et l'accouchement étaient entre les mains de femmes, qui non seulement assistaient aux accouchements mais fournissaient également des conseils sur la fertilité, l'avortement, la contraception et même (dans l'imagination sinon dans la réalité) la détermination du sexe. (Demande, 63)

De nombreuses personnes faisaient appel à l'intervention divine lorsqu'elles étaient confrontées à des problèmes de fertilité. Dans la Grèce antique, il était d'usage de consulter les oracles pour des questions importantes comme l'éducation des enfants. Comme pour d'autres problèmes de santé, les personnes aux prises avec des problèmes de fertilité faisaient des offrandes aux dieux dans l'espoir de s'attirer leurs faveurs. Des offrandes votives en terre cuite étaient souvent déposées dans les temples et avaient la forme de l'organe ou du membre affecté. Les femmes laissaient des offrandes en forme d'utérus, tandis que les offrandes phalliques pouvaient être laissées par des hommes ayant des difficultés de reproduction. Les femmes enceintes ou essayant de l'être portaient également des amulettes utérines faites d'hématite, une pierre couleur sang associée à la fertilité.

Utilisation de contraceptifs

Dans le monde antique, les méthodes contraceptives allaient de la magie à la médecine populaire en passant par les traitements administrés par les médecins.

Alors que certaines personnes luttaient pour concevoir, d'autres voulaient éviter la grossesse. Bien que les textes gynécologiques s'intéressent principalement au déclenchement de la grossesse, nombre d'entre eux décrivent également des moyens d'empêcher la conception. Dans le monde antique, les femmes mariées ou non utilisaient des contraceptifs pour des raisons de santé, de préférence personnelle et de stabilité financière. Certaines femmes souhaitaient renoncer complètement à l'accouchement, tandis que d'autres voulaient limiter la taille de leur famille une fois qu'elles avaient le nombre d'enfants souhaité.

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Les contraceptifs étaient considérés comme plus sûrs pour les femmes que l'avortement, en raison des risques liés aux procédures plus invasives. C'est pourquoi le médecin Soranos (c. 1er-2e siècle de notre ère) considérait la contraception comme la méthode idéale de planification familiale. Dans le monde antique, les méthodes contraceptives allaient de la magie à la médecine populaire en passant par les traitements administrés par les médecins. La sophistication relative de la médecine contraceptive gréco-romaine a été relevée par le chercheur Keith Hopkins :

Certaines des méthodes préconisées par les médecins grecs et romains pouvaient être très efficaces, et certains aspects de la théorie contraceptive antique étaient aussi avancés que n'importe quelle théorie moderne avant le milieu du 19e siècle. (Hopkins, 1)

La prévention de la grossesse était considérée comme étant principalement la responsabilité de la femme, et la plupart des contraceptifs étaient utilisés ou administrés par des femmes. La méthode contraceptive la plus courante pour les femmes consistait à suivre leur cycle menstruel pour éviter la conception. Cependant, les idées fausses sur le cycle menstruel rendaient cette méthode très inefficace. Une autre méthode de contraception populaire était les vins médicinaux préparés par les médecins ou les sages-femmes. Ces concoctions contenaient divers métaux et plantes censés prévenir la grossesse. Les composés de cuivre, recommandés par Hippocrate, sont toujours utilisés dans la médecine contraceptive moderne.

Certaines des plantes prescrites par les médecins de l'Antiquité, notamment la menthe pouliot, l'acacia, l'hellébore et le concombre d'âne, sont également connues pour leurs effets contraceptifs. La plante contraceptive la plus utilisée était le silphium, une plante aujourd'hui disparue qui était exportée de Cyrène. Le silphium était extrêmement précieux et pouvait valoir son poids en argent. Il figure fréquemment sur les pièces de monnaie de l'ancienne Cyrène, ce qui témoigne de son importance pour l'économie de la ville. En raison de ses nombreuses utilisations en médecine et en alimentation, il était largement représenté dans la littérature et l'art.

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Coin from Cyrene Showing Silphium Plant
Pièce de Cyrène avec Silphium
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Parmi les autres méthodes, citons les suppositoires et les formes de barrière de protection, comme les éponges imbibées de vinaigre, d'huile ou de résine de cèdre. Certains ingrédients utilisés pouvaient avoir des propriétés spermicides, mais la plupart étaient inefficaces. Des amulettes magiques et des sorts de protection étaient aussi parfois portés ou placés sur le corps pour éviter une grossesse. En général, les femmes utilisaient diverses méthodes contraceptives, ce qui rendait difficile de savoir quelles méthodes étaient les plus efficaces. Lorsque ces méthodes échouaient, certaines femmes tentaient d'interrompre leur grossesse par des moyens médicaux ou magiques.

L'avortement

L'avortement était légal dans la Méditerranée antique, avec très peu de restrictions. Bien que les droits des femmes de la Grèce et de la Rome antiques aient été limités, l'avortement était un domaine où il semblait exister une certaine autonomie corporelle. Dans la plupart des codes juridiques, les fœtus n'étaient pas considérés comme des êtres autonomes ayant des droits distincts du corps de la femme. Par conséquent, l'avortement était encouragé comme une option pour les grossesses non désirées, en particulier celles qui mettaient en danger le bien-être de la femme. Selon John M. Riddle :

Selon la convention et la loi, les femmes de l'Antiquité pouvaient utiliser des contraceptifs et des avortements précoces pratiquement sans conséquences. Il en allait de même dans l'Islam médiéval et, dans une certaine mesure, dans la société chrétienne du Moyen Âge. (Riddle, 23)

La croyance religieuse selon laquelle la vie commence dès la conception n'était pas très répandue, et rien ne prouve qu'elle ait jamais été codifiée en droit. La position la plus répandue, défendue par Aristote (384-322 av. J.-C.), était que les fœtus se développaient progressivement en êtres vivants. Certaines écoles de philosophie grecque divergeaient sur ce point ; la philosophie pythagoricienne affirmait que la vie commençait dès la conception, tandis que la philosophie stoïcienne soutenait que la vie commençait au premier souffle. Dans la Méditerranée antique, aucun dogme philosophique ou religieux n'a jamais prévalu, permettant ainsi aux individus d'exprimer des points de vue différents.

La littérature médicale grecque et romaine décrit plusieurs méthodes d'avortement, dont les poisons, les bains médicamenteux, les suppositoires, les efforts physiques extrêmes et la chirurgie. Comme pour toutes les procédures médicales majeures de l'Antiquité, l'avortement pouvait être dangereux pour la patiente. Les médecins réservaient généralement les avortements chirurgicaux aux grossesses tardives, après l'échec des méthodes moins invasives. Les sages-femmes pratiquaient la majorité des avortements, mais la plupart des témoignages sur leurs méthodes ont été écrits par des médecins masculins tels que Soranos et Celsus (vers le 2e siècle de notre ère).

Gynaecological Instrument
Instrument gynécologique
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Hippocrate a décrit diverses méthodes d'avortement dans son traité De la nature de l'enfant, y compris des procédures chirurgicales pour mettre fin aux grossesses non viables. Le serment d'Hippocrate, qui se développa probablement après la mort d'Hippocrate, exigea d'un médecin qu'il jure de ne pas fournir de pessaire abortif à une patiente enceinte. Cela créa une certaine controverse pour les médecins grecs et romains ultérieurs qui se demandèrent si l'interdiction s'appliquait aux pessaires ou à l'avortement en général. Les pessaires abortifs étaient considérés comme dangereux dans la littérature médicale de l'époque, en raison de leur potentiel à causer des blessures aux patientes. C'est peut-être la raison pour laquelle le serment d'Hippocrate désignait les pessaires comme un traitement interdit. La traduction moderne la plus répandue du serment d'Hippocrate le modifia pour interdire tout avortement, mais cela ne reflète pas le sens du texte original.

Les seules restrictions légales connues imposées à l'avortement étaient explicitement destinées à contrôler le potentiel reproductif des femmes. Dans certaines cités-états de la Grèce antique, dont Milos et Athènes, une femme mariée ne pouvait se faire avorter qu'avec l'accord de son mari. Des lois similaires furent introduites dans l'Empire romain sous les règnes de Septime Sévère (r. de 193 à 211 de notre ère) et de Caracalla (r. de 211 à 217 de notre ère). Dans ces cas, l'avortement était criminel parce qu'il privait un mari d'un héritier sans sa permission, et non parce qu'il était considéré comme un meurtre. Ces lois considéraient à la fois le corps de la femme et toute progéniture potentielle qu'elle pouvait avoir comme la propriété de son mari. Sous le règne du premier empereur romain Auguste (r. de 27 av. J.-C. à 14 ap. J.-C.), de nouvelles politiques furent introduites pour encourager les couples à avoir plusieurs enfants, tout en décourageant l'utilisation d'herbes abortives ou de contraceptifs. Ces politiques avaient pour but d'augmenter le taux de natalité de la classe patricienne qui n'avait cessé de baisser. Cependant, l'avortement n'était pas interdit et restait une méthode populaire de planification familiale.

Les attitudes négatives à l'égard de l'avortement sont présentes dans plusieurs œuvres de la littérature romaine, notamment dans les satires d'Ovide (43 avant J.-C. à 17 après J.-C.) et de Juvénal (vers 55-138 après J.-C.). Ces œuvres s'attachent à vanter les méfaits d'une sexualité féminine incontrôlée. Par exemple, Sénèque (4 av. J.-C. à 65 ap. J.-C.) et Favorinus (vers 80-160 ap. J.-C.) critiquèrent l'avortement en l'associant à la décadence et à la promiscuité. Certains médecins grecs estimaient que l'avortement ne devait pas être pratiqué sur les femmes qui commettaient l'adultère et voulaient cacher les grossesses extraconjugales, reflétant ainsi les mêmes craintes d'immoralité sexuelle. Au début de l'Empire romain, les lois visant les femmes qui faisaient commerce de magie et de médicaments empoisonnés étaient parfois utilisées pour poursuivre les sages-femmes qui pratiquaient des avortements.

Les enfants non désirés

Pour diverses raisons, il arrivait que des parents de la Grèce antique et de l'Empire romain choisissent d'abandonner des enfants non désirés dans des lieux publics ou dans la nature. Cette pratique, appelée aujourd'hui "exposition des enfants", était répandue dans de nombreuses sociétés antiques. L'exposition des enfants était motivée par des pressions religieuses, sociales et économiques. L'une des motivations les plus courantes de l'exposition des enfants était la pauvreté. Le fait de devoir subvenir aux besoins d'un membre supplémentaire du foyer pouvait signifier la famine pour les foyers pauvres, faisant de l'exposition des nourrissons une stratégie de survie. Pendant les périodes de famine, de peste ou de troubles sociaux, l'exposition des nourrissons devenait plus courante. Dans les circonstances les plus extrêmes, l'État fournissait une aide monétaire et alimentaire aux familles afin d'empêcher l'abandon ou la vente généralisée des enfants.

La stigmatisation sociale liée à la naissance d'un enfant hors mariage pouvait ruiner la réputation d'une femme.

La pression sociale était une autre raison pour laquelle certains enfants étaient abandonnés. Malgré l'existence de l'avortement et de diverses formes de contrôle des naissances, de nombreuses femmes étaient incapables de prévenir les grossesses non désirées. La stigmatisation sociale liée à la naissance d'un enfant hors mariage pouvait ruiner la réputation d'une femme et, dans certaines cités grecques, menacer son statut juridique. Les hommes qui soupçonnaient leur femme d'adultère pouvaient choisir d'abandonner un enfant dont la paternité était incertaine, afin d'éviter d'élever l'enfant d'un autre homme ou de lui laisser un héritage. Les personnes réduites en esclavage pouvaient également être contraintes d'abandonner leurs enfants selon le bon vouloir de leur propriétaire.

Un autre motif qui est largement débattu par les historiens modernes est l'abandon ou l'infanticide présumé d'enfants présentant des anomalies physiques. L'ampleur de cette pratique dans des cités-états telles que Sparte a été grandement exagérée, mais il est vrai que les nourrissons présentant des défauts physiques étaient parfois exposés. Les enfants nés avec des anomalies évidentes étaient considérés comme des présages de punition divine et, à ce titre, étaient parfois rejetés par la communauté.

Les nourrissons exposés connaissaient souvent un triste sort, mais les parents pouvaient espérer qu'ils seraient recueillis par quelqu'un d'autre. Les parents antiques avaient autant d'amour et d'affection pour leurs enfants que leurs homologues modernes, mais ils vivaient dans un contexte sociétal très différent. En abandonnant leurs enfants à un destin inconnu, ils pouvaient éviter la culpabilité de commettre directement un infanticide. Certains enfants trouvés étaient adoptés par des familles, tandis que d'autres étaient réduits en esclavage. Les complications potentielles qui pouvaient survenir lorsque la véritable identité d'un enfant abandonné était connue plus tard dans la vie étaient un trope populaire dans les drames grecs. L'exposition des nourrissons joue également un rôle central dans les traditions mythologiques et légendaires, comme la légende romaine de Rémus et Romulus ou l'histoire d'Atalante dans la mythologie grecque.

Romulus & Remus
Rémus et Romulus
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

L'exposition des nourrissons était également pratiquée dans les classes supérieures, soit pour protéger l'honneur de la famille d'une grossesse illégitime, soit pour éviter qu'un héritage ne soit divisé entre un trop grand nombre d'héritiers. En 8 de notre ère, Auguste ordonna l'exposition de son petit-fils nouveau-né parce qu'il était le fruit d'une liaison extraconjugale avec sa fille Julia Minor (19 avant J.-C. à 29 de notre ère). Claude (r. de 41 à 54 de notre ère) rejeta de façon controversée la fille de Plautia Urgulanilla, son ancienne épouse et fit exposer le nourrisson.

Il est possible que les hommes aient préféré l'exposition du nourrisson à l'avortement, car cela leur permettait d'avoir un plus grand contrôle sur le résultat. Si l'avortement et la contraception étaient contrôlés par les femmes, la décision d'élever ou non un enfant revenait au père. Des preuves archéologiques et littéraires indiquent que dans certaines parties de la Grèce et de l'Égypte hellénistique, les filles étaient peut-être plus souvent abandonnées que les fils, une préférence motivée par la structure patriarcale de la société grecque.

Antiquité tardive

Les attitudes à l'égard de la contraception et de la planification familiale commencèrent à changer au cours des 2e et 3e siècles de notre ère, à mesure que le christianisme se répandait dans l'Empire romain. La conception chrétienne de la sexualité humaine en tant que péché conduisit à une condamnation générale des contraceptifs par les autorités religieuses. Malgré cela, les femmes chrétiennes et païennes continuèrent à utiliser la contraception par préférence et par nécessité.

Les premières réactions chrétiennes à l'avortement étaient contrastées. Les théologiens débattaient du moment où la vie commençait et des circonstances dans lesquelles l'avortement était religieusement autorisé. Beaucoup faisaient des exceptions lorsqu'il était nécessaire de protéger le bien-être de la mère, conformément à la doctrine juive établie. L'avortement précoce était souvent toléré, car de nombreux Pères de l'Église considéraient que les fœtus n'étaient pas vivants tant qu'ils n'étaient pas complètement formés, faisant ainsi écho aux croyances philosophiques grecques antérieures.

Augustine of Hippo
Augustin d'Hippone
Fr Lawrence Lew, O.P. (CC BY-NC-ND)

L'apologiste chrétien Tertullien (c. 155-220 de notre ère) est considéré comme le premier auteur à condamner l'avortement à tous les stades de la grossesse. Cependant, la rhétorique de Tertullien sur l'avortement variait considérablement en fonction du contexte, ce qui rendait ses opinions réelles quelque peu opaques. Augustin d'Hippone (354-430 de notre ère) condamne l'avortement, mais fait une distinction entre les avortements précoces et les avortements tardifs, seuls ces derniers impliquant selon lui un meurtre.

L'exposition des nourrissons resta très répandue dans l'Empire romain, car l'Église décourageait les autres méthodes visant à limiter la taille des familles. Reconnaissant que les enfants non désirés constituaient un problème social, des tentatives furent faites pour mettre fin à cette pratique. Malgré les objections religieuses et morales à l'abandon des enfants, le soutien social en place était insuffisant pour s'occuper d'eux. En 313 de notre ère, Constantin Ier (r. de 306 à 337 de notre ère) tenta de réduire le nombre d'enfants non désirés en rendant légale la vente d'enfants à l'esclavage et en empêchant les parents qui avaient exposé leurs enfants de les récupérer. L'exposition des nourrissons fut finalement rendue illégale dans l'Empire romain en 374 de notre ère, mais elle resta suffisamment répandue pour que Justinien (r. de 527 à 565 de notre ère) décide d'interdire l'esclavage des nourrissons exposés en l'an 529.

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Questions & Réponses

Le contrôle des naissances existait-il dans la Grèce et la Rome antiques ?

Il n'y avait pas ou très peu de réglementations empêchant l'accès au contrôle des naissances dans la Méditerranée antique. Les femmes utilisaient une grande variété de méthodes contraceptives, allant de la magie et des remèdes populaires aux traitements médicaux prescrits par un médecin. Les méthodes anciennes étaient tout aussi efficaces que les contraceptifs ultérieurs jusqu'au milieu du 19e siècle.

L'avortement était-il légal dans la Grèce et la Rome antiques ?

L'avortement était légal dans la Méditerranée antique, avec très peu de restrictions. Les seules restrictions légales connues concernaient l'approbation du mari. Dans ces cas, l'avortement était criminel parce qu'il privait un mari d'un héritier sans son autorisation, et non parce qu'il était considéré comme un meurtre.

Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Arienne King
Arienne King est une étudiante et rédactrice indépendante passionnée d'histoire, d'archéologie et de média numérique. En plus d'animer le blog Muses & Mayhem, elle occuppe le poste d'éditrice média au sein de l'Ancient History Encyclopedia.

Citer cette ressource

Style APA

King, A. (2022, juin 30). Planification Familiale dans l'Antiquité Gréco-Romaine [Family Planning in Greco-Roman Antiquity]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2024/planification-familiale-dans-lantiquite--greco-rom/

Style Chicago

King, Arienne. "Planification Familiale dans l'Antiquité Gréco-Romaine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 30, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2024/planification-familiale-dans-lantiquite--greco-rom/.

Style MLA

King, Arienne. "Planification Familiale dans l'Antiquité Gréco-Romaine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 30 juin 2022. Web. 21 déc. 2024.

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