La Réforme aux Pays-Bas et la Guerre de Quatre-Vingts Ans

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Article

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 06 juillet 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais
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La Réforme protestante aux Pays-Bas fut l'une des plus violentes et des plus destructrices de toutes les régions au cours des 50 premières années du mouvement. Elle finit par conduire à la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), mais causa des destructions massives et des morts avant ce conflit en raison de l'intolérance religieuse et de l'incapacité des deux factions à faire des compromis.

Iconoclasm in a Church
Iconoclasme dans une église
 Dirck van Delen (Public Domain)

La Réforme arriva pour la première fois dans les Pays-Bas vers 1530 et progressa grâce aux efforts évangéliques de Melchior Hoffman (de 1495 à 1543), d'abord adepte de Martin Luther (de 1483 à 1546) avant d'adopter les vues de Huldrych Zwingli (de 1484 à 1531) et de s'aligner sur les anabaptistes. Hoffman prônait le massacre des "impies" - définis comme étant non seulement les catholiques mais aussi toute secte protestante qui croyait différemment - et fut contré vers 1535 par un autre leader anabaptiste, Menno Simons (1496-1561), et son message de non-violence.

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Ces deux factions - les Melchiorites et les Mennonites - ayant chacune une vision différente du message chrétien, n'étaient que deux des nombreuses sectes protestantes dissidentes dans les Pays-Bas vers 1530-1648, qui comprenaient également les anabaptistes qui n'adhéraient pas strictement à l'une ou à l'autre, les calvinistes (adeptes de Jean Calvin, 1509-1564), les Remontrants (qui soutenaient l'arminianisme de Jacobus Arminius (1560-1609), les Zwingliens et d'autres groupes dissidents influencés par Luther, Andreas Karlstadt (1486-1541), Thomas Müntzer (c. 1489-1525), Martin Bucer (1491-1551) et d'autres.

Les persécutions des "hérétiques", les impôts élevés et le mécontentement général à l'égard de la domination espagnole conduisirent à la guerre de Quatre-vingts ans.

Les Pays-Bas étaient gouvernés par l'Espagne sous le roi catholique Philippe II (r. de 1556 à 1598), fils de Charles Quint, empereur romain germanique (r. de 1519 à 1556), qui poursuivit et élargit la politique anti-protestante de son père. Charles Quint avait introduit l'Inquisition aux Pays-Bas et Philippe II donna aux inquisiteurs et aux magistrats locaux carte blanche pour identifier et détruire ceux qui étaient définis comme des "hérétiques". Ces politiques étaient renforcées par le cardinal Antoine Perrenot de Granvelle (1517-1586), qui dirigea l'Inquisition jusqu'à ce qu'il ne soit rappelé en 1564, puis par Fernando Álvarez de Toledo, troisième duc d'Albe (1507-1582), dont les persécutions, associées à des impôts élevés et à un mécontentement général à l'égard de la domination espagnole, conduisirent à la guerre de Quatre-Vingts Ans.

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Après plus de cent ans de violence, de destruction et de mort, en grande partie au nom de la religion chrétienne, la paix de Westphalie (1648) mit fin à la guerre et établit la République néerlandaise protestante et indépendante, composée de sept provinces au nord, tandis que les provinces du sud restèrent catholiques et sous le contrôle de l'Espagne. Les années de violence, de destruction et de mort qui précédèrent la guerre de Quatre-Vingts Ans différent des persécutions des protestants dans d'autres pays par leur gravité, le nombre de victimes, les politiques gouvernementales encourageant les massacres et le fanatisme religieux des deux camps.

Sectes protestantes et édit de 1556

Les 95 thèses de Martin Luther déclenchèrent la Réforme après leur affichage en 1517, mais dix ans plus tard, le luthéranisme n'était toujours pas implanté dans les Pays-Bas. Les enseignements de Zwingli à Zurich, en Suisse, inspirèrent la création des anabaptistes qui furent les premiers à pénétrer dans les Pays-Bas, principalement en raison de leur acceptation initiale des opinions divergentes et de leur insistance sur l'imminence de la fin du monde, à laquelle tous devaient se préparer. Les prêches apocalyptiques des pasteurs anabaptistes attirèrent un grand nombre de convertis qui craignaient pour l'état de leur âme lors du jugement dernier.

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Melchior Hoffman partageait bon nombre des croyances des anabaptistes et fut finalement baptisé dans la secte en 1530 à Strasbourg. Il arriva ensuite dans les Pays-Bas et fit des convertis à l'anabaptisme à Leeuwarden. Les exécutions d'anabaptistes dans les Pays-Bas commencèrent à Leeuwarden en 1531. L'iconoclasme des anabaptistes melchiorites entraîna la destruction d'églises et de statues catholiques entre 1531 et 1535. De nombreux participants furent emprisonnés ou exécutés, et on estime que 30 000 anabaptistes subirent le même sort entre 1537 et 1547. Hoffman lui-même fut emprisonné pendant cette période et mourut en prison vers 1543, après avoir échoué dans sa prédiction de la "seconde venue du Christ" à Münster en 1533, ce qui contribua largement à la révolte de Münster (1533-1534) et à la perte de vies humaines qui en résulta.

Melchior Hoffman
Melchior Hoffmann
Christoffel van Sichem (Public Domain)

En 1535, Menno Simons, ancien prêtre catholique devenu anabaptiste, publia un traité contre l'usage de la violence, en particulier par des chrétiens contre d'autres chrétiens. Ceux qui acceptaient son point de vue s'identifiaient alors comme mennonites, au moment même où les Melchiorites se séparaient des anabaptistes traditionnels et où d'autres, suivant des leaders différents, en faisaient de même. En 1555, Charles Quint, qui avait essayé de contrôler et de contenir les "hérésies" en rapide expansion dans les Pays-Bas par le biais de l'Inquisition, confia le problème à son fils, qui prit le contrôle de la région avant de devenir roi en 1556. L'un des premiers décrets de Philippe II d'Espagne était une continuation de l'"Édit de sang" de Charles Quint datant de 1550. Publié en 1556, il se lit en partie comme suit:

Nul ne pourra imprimer, écrire, copier, garder, dissimuler, vendre, acheter ou donner dans les églises, les rues ou autres lieux, un livre ou un écrit de Martin Luther, Jean Oecolampade, Huldrych Zwingli, Martin Bucer, Jean Calvin, ou d'autres hérétiques réprouvés par la Sainte Église....ni de briser, ni d'endommager de quelque manière que ce soit les images de la sainte Vierge ou des saints canonisés, ni d'organiser dans sa maison des conventicules ou des réunions illégales, ni d'assister à aucune de ces réunions au cours desquelles les adhérents des hérétiques susmentionnés enseignent, baptisent et forment des conspirations contre la sainte Église et le bien-être général.

En outre, nous interdisons à tous les laïcs de converser ou de disputer au sujet des Saintes Écritures, ouvertement ou secrètement, en particulier sur toute question douteuse ou difficile, ou de lire, d'enseigner ou d'exposer les Écritures à moins d'avoir dûment étudié la théologie et d'avoir été approuvés par une université renommée....ou de prêcher secrètement ou ouvertement, ou d'entretenir l'une quelconque des opinions des hérétiques susmentionnés sous peine, si quelqu'un est trouvé à contrevenir à l'un quelconque des points susmentionnés, comme perturbateurs de notre État et de la tranquillité générale, d'être puni de la manière suivante...

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Ces perturbateurs de la tranquillité générale seront exécutés, à savoir: les hommes par l'épée et les femmes seront enterrées vivantes, s'ils ne persistent pas dans leurs erreurs; s'ils persistent, ils seront exécutés par le feu; tous leurs biens, dans les deux cas, seront confisqués au profit de la couronne...

Nous interdisons à toute personne d'héberger, de recevoir, de fournir de la nourriture, du feu ou des vêtements, ou de favoriser de quelque manière que ce soit toute personne tenue ou notoirement soupçonnée d'être hérétique... et toute personne qui ne dénoncera pas une telle personne que nous avons ordonnée sera passible des châtiments susmentionnés...

Tous ceux qui connaissent des personnes entachées d'hérésie sont tenus de les dénoncer et de les livrer à tous les juges, officiers des évêques ou autres personnes ayant autorité sur les lieux, sous peine d'être punis selon le bon vouloir du juge. De même, tous ceux qui connaissent un lieu où se tiennent ces hérétiques sont tenus de les déclarer aux autorités, sous peine d'être tenus pour complices et punis comme le seraient ces hérétiques eux-mêmes s'ils étaient appréhendés...

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Le dénonciateur, en cas de condamnation de l'hérétique présumé, doit avoir droit à la moitié des biens de l'accusé, s'ils ne dépassent pas cent livres flamandes; s'ils sont plus élevés, alors dix pour cent de tout cet excédent... Si un homme présent à un conventicule secret se présente par la suite et trahit ses compagnons de la congrégation, il recevra un pardon complet. (Lindberg ; Source 11.2 ; p. 196-197)

L'édit de 1556, comme il l'indique clairement, s'adresse à toute secte protestante, mais principalement au calvinisme, établi dans les Pays-Bas dans les années 1540, qui se répandait rapidement et bénéficiait d'un soutien considérable. Les calvinistes étaient arrivés en grand nombre à la suite des persécutions menées en France par le roi François Ier (r. de 1515 à 1547), promulguées en 1534 après l'affaire des Placards, au cours de laquelle des calvinistes avaient affiché des messages anticatholiques dans toute la France. D'autres arriveraient dans les années précédant et pendant les guerres de religion françaises (1562-1598) et formeraient de puissants blocs politiques. Les mennonites étaient également visés, car leurs opinions pacifistes et leur refus de participer aux affaires publiques étaient considérés comme une menace pour l'État qui mit la tête de Menno à prix; il ne fut cependant jamais capturé et mourut de causes naturelles en 1561.

Menno Simons
Menno Simons
Amsterdam Museum (Public Domain)

L'édit, affiché publiquement sur des pancartes dans toute la région en août 1556, encourageait les gens à trahir leurs voisins non seulement dans l'espoir d'un gain personnel, mais aussi par souci de sécurité pour eux-mêmes et leur famille; si l'on trahissait un hérétique à l'Inquisition, on risquait moins d'être soi-même soupçonné d'hérésie. Cela n'empêcha pas cependant la propagation des sectes protestantes (qui remirent leur Confession de la foi belge (Confessio Belgica) à Philippe II en 1562) ni la prolifération des prédicateurs de rue, qui attiraient souvent de grandes foules dans les centres urbains, dans les champs, dans les fermes et sur les places de marché.

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Prédication des haies et persécution

Ces services religieux en plein air, animés en grande partie par des calvinistes, sont connus sous le nom de hagenpreken (sing. hagenpreek, "sermon de haie" ou, plus communément, "prédication des haies"). Dans un rapport adressé en 1566 au gouverneur de l'époque, Marguerite de Parme (1522-1586, fille illégitime de Charles Quint), un fonctionnaire rapporta ce qui suit:

Je suis obligé de dire à Votre Altesse que la nuit dernière, il y a eu deux autres prédications. Le plus grand comptait 4 000 personnes... sur la route de Tournai et était mené par un prédicateur nommé (du moins je le crois) Cornille de La Zenne, un fils de forgeron de Roubaix. Ses croyances ont fait de lui un fugitif depuis un certain temps...Nous craignons qu'aussitôt que la récolte sera faite et les granges pleines (dans deux ou trois semaines), ils s'empareront des campagnes et affameront les villes. Ainsi, ils utiliseront la pauvreté pour forcer les gens à les suivre. Je pense donc qu'il faut rapidement donner des ordres pour trouver un moyen d'arrêter ces réunions. Certains m'ont dit que quelques gentilshommes français étaient prêts à aider la rébellion traîtresse lorsqu'elle se produirait. J'espère que nous pourrons compter sur les nobles des Pays-Bas.

Le dimanche 7 juillet 1566, en dépit des règles, de nouveaux sermons sont prononcés, cette fois à midi, à Stallendriesche. Des milliers de personnes de la ville et de la campagne s'y rendent, y compris des gens du peuple qui n'ont que peu de connaissances de la Bible et des Pères de l'Église. Les prédicateurs ont déclaré que, pour la première fois, la vérité était présentée et l'Évangile prêché correctement. Pour le prouver, les prédicateurs citaient la Bible à haute voix et avec force. Ils encourageaient l'auditoire à vérifier ce qu'ils disaient par rapport à ce qui se trouvait dans leurs Bibles pour s'assurer qu'ils prêchaient en toute vérité. (Lindberg ; Source 11.5, p. 199)

Cette même année, le Grand Iconoclasme (Beeldenstorm, "tempête de statues") se déchaîna tout au long de l'été, au cours duquel des foules calvinistes détruisirent les églises et l'iconographie catholiques. Marguerite de Parme tenta de remédier au chaos par la diplomatie et négocia un accord avec les dirigeants calvinistes, leur accordant la liberté de religion en échange de leur promesse d'accorder la même chose aux catholiques. Cependant, ces dirigeants n'avaient aucun contrôle sur les nombreuses sectes protestantes, qui étaient toutes en désaccord d'une manière ou d'une autre les unes avec les autres et ne trouvaient un terrain d'entente que dans leur haine de l'Église catholique qui, selon leurs croyances, était satanique et ennemie de la Vraie Foi.

The Iconoclasts
Les iconoclastes
Jan Michiel Ruyten (Public Domain)

Le cardinal Granvelle ayant été rappelé, Marguerite confia le problème au stadtholder (administrateur) Guillaume Ier d'Orange-Nassau (1533-1584, également connu sous le nom de Guillaume le Taciturne), qui, bien que catholique à l'époque, avait été élevé dans la foi luthérienne et était favorable à la cause protestante. L'épithète de Guillaume "le Taciturne" n'a rien à voir avec un trouble de l'élocution, mais lui fut attribuée en raison de sa capacité à garder ses pensées pour lui, en particulier en présence d'opinions opposées. Ayant été à la fois protestant et catholique, il était un fervent défenseur de la liberté de religion.

Cependant, avant que Guillaume ne puisse prendre l'affaire en main, Philippe II avait déjà ordonné au duc d'Albe de se rendre dans la région. La persécution des calvinistes par Albe fut immédiate et si dure que Marguerite de Parme démissionna de son poste de gouverneur, ne voulant plus participer à ces atrocités. Les persécutions religieuses d'Albe, qui renforcèrent le programme de l'Inquisition, ainsi que l'édit de Philippe II de 1555, les impôts élevés pour financer les guerres étrangères et l'apparente négligence de l'Espagne à l'égard de la région pour tout ce qui ne concernait pas le massacre des calvinistes, se conjuguèrent pour déclencher la guerre de Quatre-Vingts Ans en 1568.

Conclusion

Guillaume le Taciturne rompit avec l'Espagne et le catholicisme pour commander les forces protestantes jusqu'à son assassinat en 1584, à peu près à la même époque où le duc d'Albe dirigeait les armées catholiques de l'Espagne avec des citoyens des Pays-Bas soutenant l'un ou l'autre. Les protestants et les catholiques néerlandais s'unirent pendant une brève période contre les forces espagnoles lorsque ces dernières se mirent à piller les villes, mais, pour la plupart, ils continuèrent à s'entretuer au nom de leurs visions religieuses respectives. Les États généraux des Pays-Bas avaient déjà rejeté le règne de Philippe II avant le début de la guerre, mais en 1581, l'acte d'abjuration, dont voici un extrait, le rendit officiel:

Que tous les hommes sachent que, compte tenu des questions examinées ci-dessus et sous la pression de la plus grande nécessité, nous avons déclaré et déclarons par la présente, d'un commun accord, décision et consentement, que le roi d'Espagne perd sa seigneurie, sa principauté, sa juridiction et son héritage sur les pays, et que nous avons décidé de ne plus le reconnaître dans aucune affaire concernant la principauté, la suprématie, la juridiction ou le domaine de ces Pays-Bas, ni d'utiliser ou de permettre à d'autres d'utiliser son nom en tant que Seigneur souverain sur eux après ce temps. (Lindberg ; Source 11.13, p. 203)

Les États généraux, sous l'impulsion de Guillaume le Taciturne, offrirent la couronne au noble français François, duc d'Anjou et d'Alençon (1555-1584), qui l'accepta mais laissa sa cupidité le conduire à envahir Anvers en 1583, où il fut vaincu, puis retourna en France. La couronne fut également offerte à la reine Élisabeth Ire d'Angleterre (r. de 1558 à 1603), qui la refusa mais proposa un protectorat anglais comprenant une aide militaire. Au cours de cette même période, les divisions religieuses se poursuivirent, entraînant de nouveaux décès, dont l'assassinat de Guillaume le Taciturne en 1584 par le zélateur catholique Balthasar Gérard, en réponse à la mise à prix de la tête de Guillaume par Philippe II.

William the Silent
Guillaume le Taciturne
Fred Romero (CC BY)

Alors que la guerre faisait rage et que les morts se multipliaient, Philippe II refusa de reconnaître l'Acte d'abjuration ou tout appel au compromis ou à la tolérance religieuse, répondant à cette dernière suggestion par un bref en 1585:

Malgré tout, je regretterais beaucoup de voir cette tolérance concédée sans limites. La première étape [pour la Hollande et la Zélande] doit être d'admettre et de maintenir l'exercice de la seule religion catholique et de se soumettre à l'Église romaine, sans permettre ni autoriser, par quelque accord que ce soit, l'exercice d'une autre foi que ce soit dans une ville, une ferme ou un lieu spécial réservé dans les champs ou à l'intérieur d'un village... Et en cela, il ne doit y avoir aucune exception, aucun changement, aucune concession par quelque traité que ce soit de la liberté de conscience... Ils doivent embrasser la foi catholique romaine et l'exercice de cette seule foi doit être autorisé. (Lindberg ; Source 11.14, p. 204)

Philippe II n'était cependant pas la seule source de dissension et de conflit. Avant même que le ressentiment des Néerlandais à l'égard de la domination espagnole n'éclate en guerre, les gens s'entretuaient dans les Pays-Bas pour des questions de religion. Pendant la période de la guerre de Quatre-Vingts Ans connue sous le nom de Trêve de douze ans (1609-1621), lorsque les hostilités entre l'Espagne et les Pays-Bas avaient cessé, les protestants s'affrontèrent pour des questions de religion, les différentes factions affirmant que les autres avaient trahi la vision de Calvin et n'étaient pas de "vrais chrétiens". Les anabaptistes rejetaient le pacifisme strict des mennonites, les calvinistes rejetaient les anabaptistes et les deux rejetaient les luthériens.

Bien que les politiques décrétées par les rois espagnols aient été dures et aient certainement contribué à la guerre de Quatre-Vingts Ans, Charles Quint, Philippe II et ses successeurs Philippe III (r. de 1598 à 1621) et Philippe IV (r. de 1621 à 1665) adhéraient à un principe catholique formulé au début de la Réforme protestante contre les prétentions de Luther et qui devint plus tard un élément central de la Contre-Réforme catholique (1545 - c. 1700): s'il n'y a pas d'autorité unique pour déterminer la vérité de la fausse croyance en religion, chacun peut prétendre que sa vérité particulière est la vérité ultime sans référence à une norme objective.

Cette affirmation de l'Église s'avéra prophétique dans les cinq années qui suivirent la publication des 95 thèses de Luther, car de nombreuses sectes protestantes se détachèrent de sa vision pour former la leur. Ce paradigme se manifesta en Allemagne dès 1521 et se répéta ailleurs par la suite, mais peut-être nulle part ailleurs avec des pertes humaines et matérielles aussi dévastatrices qu'aux Pays-Bas pendant la période qui précéda et suivit la guerre de Quatre-Vingts Ans.

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Questions & Réponses

Comment la Réforme protestante aux Pays-Bas a-t-elle influencé la guerre de Quatre-Vingts Ans ?

La Réforme protestante aux Pays-Bas contribua à la guerre de Quatre-Vingts Ans en provoquant les divisions religieuses auxquelles l'Espagne répondit par l'Inquisition. Elle continua à influencer le cours de la guerre en encourageant l'intolérance religieuse.

Qu'est-ce que l'édit de 1556?

L'Édit de 1556 est un décret de Philippe II d'Espagne, prolongeant l'"Édit de sang" promulgué par Charles Quint en 1550, qui interdit tout système de croyance chrétienne autre que le catholicisme aux Pays-Bas. Il condamnait les protestants à la peine de mort.

Quelles étaient les principales sectes protestantes aux Pays-Bas au début de la guerre de Quatre-Vingts Ans?

Les principales sectes protestantes aux Pays-Bas étaient les anabaptistes, les melchiorites, les mennonites et les calvinistes, mais il existait également un certain nombre de sectes mineures.

La guerre de Quatre-Vingts Ans a-t-elle résolu les conflits religieux aux Pays-Bas?

La guerre de Quatre-vingts ans n'a pas résolu les conflits religieux aux Pays-Bas qui se sont poursuivis à plus petite échelle par la suite.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2022, juillet 06). La Réforme aux Pays-Bas et la Guerre de Quatre-Vingts Ans [Reformation in the Netherlands & the Eighty Years' War]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2032/la-reforme-aux-pays-bas-et-la-guerre-de-quatre-vin/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "La Réforme aux Pays-Bas et la Guerre de Quatre-Vingts Ans." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 06, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2032/la-reforme-aux-pays-bas-et-la-guerre-de-quatre-vin/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "La Réforme aux Pays-Bas et la Guerre de Quatre-Vingts Ans." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 06 juil. 2022. Web. 15 sept. 2024.

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