La chute de Maximilien Robespierre, ou le Coup du 9 Thermidor, fut une série d'événements qui aboutirent à l'arrestation et à l'exécution de Robespierre et de ses alliés les 27 et 28 juillet 1794. Elle marqua la fin du règne de la Terreur, la fin de la domination des Jacobins sur la Révolution française (1789-1799) et le début de la réaction thermidorienne.
Depuis septembre 1793, Robespierre et le Comité de salut public avaient supervisé le bain de sang qu'était la Terreur, au cours de laquelle des centaines de milliers de citoyens français furent arrêtés parce qu'ils étaient soupçonnés d'activités contre-révolutionnaires; 16 594 de ces "suspects" furent guillotinés, tandis que des dizaines de milliers d'autres furent tués dans des massacres ou moururent en prison en attendant leur procès. La Terreur avait été mise en œuvre pour guider la République française à travers une période particulièrement turbulente. Mais une fois le danger passé, Robespierre refusa d'abandonner le pouvoir, insistant sur le fait que les ennemis intérieurs représentaient toujours une menace. Certains membres de la Convention nationale, craignant d'être désignés puis exécutés, dénoncèrent Robespierre par anticipation et le déclarèrent hors-la-loi le 27 juillet 1794.
Les Robespierristes se réfugièrent à l'Hôtel de Ville, ce qui provoqua un bref affrontement entre la Commune de Paris et la Convention nationale. Mais le pouvoir de la Commune ayant diminué pendant la Terreur, les troupes de la Convention envahirent l'Hôtel de Ville et arrêtèrent Robespierre, Louis Antoine Saint-Just, Georges Couthon et d'autres. Le lendemain, 21 Robespierristes de premier plan furent guillotinés sans procès à Paris. Dans les mois qui suivirent, d'autres dirigeants jacobins furent arrêtés et exécutés dans toute la France pour leur propre rôle dans la Terreur.
Dans les ténèbres de la Terreur
Le 5 septembre 1793, la jeune République française était en grand danger. Aux frontières, les armées de l'Europe despotique empiétaient encore davantage sur le sol français, tandis qu'à l'intérieur du pays, plusieurs villes clés se rebellaient contre le gouvernement révolutionnaire lors des révoltes fédéralistes. L'inflation étaient omniprésente et le chômage endémique; on pensait qu'il s'agissait de l'œuvre de conspirateurs contre-révolutionnaires qui travaillaient sans relâche pour saper la Révolution et ramener la France à un état d'oppression. Sentant que l'étau commençait à se resserrer, des foules de Parisiens avaient envahi la Convention nationale, la législature provisoire de la France, le 5 septembre, réclamant du pain à prix abordable et que leurs ennemis soient démasqués et traduits en justice.
Ce fut l'étincelle qui donna naissance à la Terreur. La Convention nationale répondit à leurs demandes en confiant le pouvoir exécutif à une assemblée de douze hommes, le Comité de salut public, chargé de défendre la République et de démasquer les traîtres intérieurs. Pour donner au Comité l'autorité nécessaire, la Convention nationale accepta de suspendre la nouvelle Constitution républicaine de 1793 et se mit au travail pour superviser l'arrestation et l'exécution de milliers de suspects contre-révolutionnaires. Elle réforma l'armée, ce qui conduisit à des victoires majeures des armées françaises dans la guerre de la Première Coalition (1792-1797) à la bataille de Wattignies et au siège de Toulon. À la fin de l'année 1793, les révoltes fédéralistes furent écrasées, les invasions étrangères contrecarrées et les supposés agents contre-révolutionnaires emprisonnés ou exécutés. La France avait payé de son sang cette nouvelle sécurité, et nombreux étaient ceux qui espéraient que la Terreur pourrait maintenant prendre fin et que la constitution en sommeil serait maintenant mise en œuvre.
Pourtant, le Comité de salut public n'était pas prêt d'abandonner ses pouvoirs exécutifs. Maximilien Robespierre, dont la position dominante au sein du Comité faisait de lui le dirigeant effectif de la France, était convaincu qu'il existait encore des contre-révolutionnaires qu'il fallait démasquer. Autrefois avocat dans la ville d'Arras, Robespierre s'était hissé au premier rang du Club révolutionnaire des Jacobins grâce à sa quête inébranlable d'une république vertueuse, dans laquelle les citoyens faisaient passer le bien commun avant leurs désirs égoïstes. Élève de Jean-Jacques Rousseau, Robespierre croyait fermement que la seule façon de parvenir à une république juste et équitable était d'éradiquer la corruption et la tyrannie présentes dans cette société. Son refus de transiger sur ces convictions lui valut d'être à la fois aimé par ses partisans et considéré comme impitoyable par ses ennemis ; il assimilait ses propres principes à ceux de la Révolution, de sorte que ne pas être d'accord avec lui revenait à être en désaccord avec la Révolution. Dans l'esprit de Robespierre, cela équivalait à de la trahison.
Que Robespierre ait été aussi bien intentionné ou simplement assoiffé de pouvoir, le fait est qu'il consolida son pouvoir au printemps 1794, envoyant à la guillotine les ennemis de sa gauche et de sa droite politiques. Ces luttes de pouvoir au cours du règne de la Terreur virent l'exécution de Georges Danton et de Camille Desmoulins, deux chefs révolutionnaires qui étaient auparavant des amis proches et des alliés de Robespierre, mais qui étaient devenus ses ennemis lorsqu'ils plaidèrent en faveur de la réduction, voire de la fin, de la Terreur. La volonté de Robespierre de sacrifier ses amis pour ses principes prouve qu'il ne reculait devant rien pour atteindre ses objectifs, ce qui amena de nombreux autres dirigeants révolutionnaires à se demander s'ils seraient les prochains sur la liste.
Les maîtres de la France
Et en effet, en juin 1794, il semble que beaucoup d'entre eux aient eu raison de s'inquiéter. Le 8 juin (ou 20 prairial dans le calendrier républicain français), les Jacobins organisèrent une grande fête sur le Champ de Mars pour célébrer le nouveau Culte de l'Être suprême, une religion déiste entièrement conçue et mise en œuvre par Robespierre. Vêtu ostensiblement d'un manteau bleu ciel, d'un pantalon doré et d'une ceinture tricolore, Robespierre jouait le rôle du grand prêtre de ce nouveau culte étrange, prononçant des discours complaisants du haut d'une énorme montagne artificielle. Selon certains témoignages, un demi-million de personnes assistèrent à cette fête, qui marqua le sommet de la popularité de Robespierre. De nombreux députés de la Convention furent troublés par cette évolution, y voyant une tentative de Robespierre de s'affirmer en tant que dictateur. Jacques-Alexis Thuriot, qui avait été un ami du feu Danton, murmura à un compagnon : "Regardez le bougre. Il ne lui suffit pas d'être le maître, il faut qu'il soit Dieu" (Doyle, 278).
Deux jours seulement après la fête de l'Être suprême, Robespierre présenta à la Convention nationale la tristement célèbre loi du 22 prairial. Rédigée par Georges Couthon, un Robespierriste du Comité de salut public, la loi avait été rédigée en réponse à deux tentatives d'assassinat sur Robespierre et son collègue Collot d'Herbois en mai. En fait, la loi intensifia la Terreur en accélérant les procès et en augmentant la probabilité d'un verdict de culpabilité, qui signifiait désormais forcément la mort. Entre l'application de cette loi le 10 juin et le 27 juillet, 1 400 personnes furent guillotinées dans la seule ville de Paris.
Pendant ce temps, Robespierre continua de consolider son pouvoir. Il contrôlait depuis longtemps le très influent Club des Jacobins et dominait désormais également le puissant Comité de salut public. Au sein du Comité, Robespierre forma un triumvirat officieux avec ses partisans Couthon et Louis Antoine Saint-Just ; tous trois élaborèrent la loi du 22 prairial et régnaient désormais en véritables maîtres de la France. Bien sûr, ils ne pouvaient se maintenir au pouvoir sans leurs alliés de la Commune de Paris. Le gouvernement de la ville était contrôlé par Claude Payan, ami de Robespierre, tandis que Fouquier-Tinville, le redoutable procureur général du Tribunal révolutionnaire, était connu pour suivre les ordres de Robespierre. La Garde nationale était commandée par François Hanriot, un sans-culotte grande-gueule qui avait contribué à porter les Jacobins au pouvoir en provoquant la chute des Girondins l'année précédente. En juillet 1794, Robespierre et ses partisans semblaient être sur la voie d'une dictature permanente ; si on ne les arrêtaient pas, la France s'enfoncerait encore plus au plus profond de la Terreur.
Les conspirateurs se rassemblent
On ne devient pas le dictateur virtuel d'un régime de Terreur sans se faire d'ennemis. Et un homme aussi moralisateur que Robespierre s'en était certainement fait plus d'un. Joseph Fouché, représentant en mission, avait été rappelé dans la capitale par Robespierre en raison de sa politique athée et de sa répression particulièrement brutale de la révolte de Lyon. Paul Barras, qui avait supervisé le siège de Toulon, fut également rappelé après avoir été accusé de s'être enrichi à la suite du siège. Jean-Lambert Tallien se sentit lésé lorsque Robespierre ordonna l'arrestation de sa maîtresse de 21 ans. Marc-Guillaume Vadier, membre éminent du Comité de sûreté générale qui avait lui-même joué un rôle important dans la Terreur, se retourna contre Robespierre lorsque celui-ci lui retira une grande partie de son autorité sur la police. Tous ces hommes avaient des raisons de croire qu'ils étaient les prochains sur la liste des traîtres de Robespierre.
Se sentant acculés, ces hommes, connus plus tard sous le nom de Thermidoriens, devinrent beaucoup plus dangereux par le fait que leur vie était en jeu. Ils furent involontairement aidés par Robespierre en personne, qui se retira de la vie publique le 18 juin et ne réapparut que très rarement jusqu'au 26 juillet. La raison de ce retrait est inconnue; on a supposé que sa santé était défaillante, car il était devenu visiblement plus frêle depuis son accession au pouvoir dix mois auparavant. D'autres ont avancé l'idèe qu'il était fatigué, ou que les exécutions de Danton et de Desmoulins pesaient encore lourdement sur sa conscience.
Quoi qu'il en soit, son absence donna à ses ennemis le temps de se rassembler et de planifier leur attaque. Ils parlèrent ouvertement à la Convention de la tyrannie de Robespierre, le qualifiant d'"assassin" et dénonçant son comportement égocentrique à la fête de l'Être suprême. Ils furent aidés dans leur argumentation par les réalités de la Terreur, qui continuait de s'intensifier ; au mois de Messidor, 26 personnes en moyenne furent exécutées chaque jour. Selon les mots de Fouquier-Tinville, "les têtes tombaient comme des ardoises du toit" (Davidson, 222). Si tous les ennemis de Robespierre ne souhaitaient pas nécessairement mettre fin à la Terreur, une grande partie de la France s'était lassée de cette effusion de sang, ce qui joua en faveur des conspirateurs.
Retour de Robespierre
Le 8 thermidor (26 juillet), Robespierre sortit de sa retraite pour se défendre des attaques politiques. Il prononça un discours de deux heures devant la Convention nationale, discours qu'il commença par une déclaration grandiose:
La Révolution française est la première qui ait été fondée sur la théorie des droits de l'humanité et de la justice. Les autres révolutions n'ont exigé que de l'ambition ; la nôtre impose la vertu. (Scurr, 344).
Mais ce qui avait commencé comme un hommage inoffensif à la Révolution se transforma peu à peu en une mise en garde contre une vaste conspiration contre-révolutionnaire destinée à renverser la République. Il se défendit contre les accusations d'aspirations dictatoriales, se demandant qui pouvait vraiment croire qu'il souhaitait voir la Convention "se couper la gorge de ses propres mains" (Scurr, 345). Les vrais "monstres", déclarait-il, se faisaient passer pour des patriotes dévoués, se cachant à la fois dans la Convention et dans le Comité de la sécurité publique. Il prétendait posséder une liste de traîtres, qui seraient bientôt démasqués et traduits en justice. Il ne cita aucun nom, à l'exception, curieusement, de celui de Pierre Cambon, chef du Comité des finances, et se contenta de laisser le reste des députés se demander lesquels d'entre eux étaient des traîtres.
Dans un premier temps, le discours semble avoir été chaleureusement accueilli. Georges Couthon proposa un vote sur l'opportunité de l'imprimer et de le distribuer aux provinces, comme il était d'usage pour les discours de la Convention. La Convention semblait prête à suivre aveuglément le protocole, jusqu'à ce que Cambon ne se lève timidement, réalisant probablement que s'il ne parlait pas maintenant, il serait sûrement conduit à la guillotine. N'ayant plus rien à perdre, Cambon déclara qu'"il est temps de dire toute la vérité : un homme paralyse la Convention nationale ; cet homme est celui qui vient de faire un discours ; c'est Robespierre !" (Scurr, 349). (Scurr, 349).
Cambon fut bousculé par les alliés de Robespierre, mais il était trop tard ; comme une inondation jaillissant d'un barrage fissuré, les députés se levèrent et demandèrent à Robespierre de citer les noms de ceux qu'il accusait. Robespierre refusa. La Convention, en plein tumulte, vota contre la publication du discours de Robespierre. Le soir même, Robespierre, plein de défi, relit son discours au club des Jacobins, où il fut accueilli par des applaudissements nourris. Collot d'Herbois et Billaud-Varenne, deux rivaux de Robespierre au sein du Comité de salut public, furent chassés du club par des Jacobins déchaînés, qui criaient "à la guillotine !". Robespierre conclut son discours en promettant, comme à son habitude, qu'il donnerait volontiers sa vie pour le bien de la patrie. Il n'avait aucune idée de la rapidité avec laquelle cette promesse allait se concrétiser.
Thermidor
Quatre ans plus tôt, Louis Antoine Saint-Just était un garçon inconnu qui avait écrit avec enthousiasme une lettre de fan à son idole, Robespierre. Aujourd'hui, à 26 ans, il était l'un des hommes les plus puissants de France, dont la position, et la vie, dépendaient de sa capacité à défendre l'homme qu'il avait idolâtré. Il avait passé toute la nuit à préparer le discours qu'il s'apprêtait à prononcer devant la Convention nationale, en cette belle matinée ensoleillée du 27 juillet 1794. Mais à peine prononça-t-il sa première phrase qu'il fut conspué par une cascade de voix.
Tallien l'accusa de prononcer un discours non approuvé, tandis que Billaud-Varenne raconta comment il avait été chassé des Jacobins la veille. Collot d'Herbois, qui exerçait ce jour-là la funeste fonction de président de la Convention, ne fit rien pour arrêter la folie. À la tribune, Saint-Just resta figé, sans voix, incapable de lancer l'une des contre-attaques enflammées qui avaient fait sa réputation. Robespierre prit la défense de Saint-Just, ce qui lui valut d'être bruyamment hué et chahuté par les députés réunis, qui crièrent : "A bas le tyran !". Les députés se moquèrent des tentatives désespérées de Robespierre de parler par-dessus l'agitation, l'un d'eux criant : "C'est le sang de Danton qui l'étouffe !". À cela, Robespierre éleva suffisamment la voix pour rétorquer : "Danton ! C'est Danton que vous regrettez ? Lâches ! Pourquoi ne l'avez-vous pas défendu ?" (Scurr, 352).
Brandissant un poignard, Tallien demanda l'arrestation de Robespierre et de ses alliés dont Saint-Just, Couthon, Philippe-François-Joseph Le Bas, et Hanriot, commandant de la Garde nationale, ce dernier n'étant pas présent. Cette motion fut adoptée à une large majorité. Augustin, le jeune frère de Robespierre, demanda à être arrêté avec eux, ce qui lui fut accordé. Mais l'arrestation des Robespierristes provoqua la colère de la Commune et du Club des Jacobins, qui menacèrent de se révolter contre la Convention. Hanriot ordonna aux prisons de Paris de refuser de recevoir les prisonniers livrés sur ordre de la Convention nationale. Par la suite, à la tombée de la nuit, les cinq prisonniers étaient libres et se cachaient à l'Hôtel de Ville. Il semble que le décor ait été planté pour une bataille décisive entre la Commune de Paris et la Convention nationale.
Épreuve de force
En fait, le soulèvement promis par Hanriot et les Jacobins n'eut jamais lieu. Ironie du sort, le pouvoir de la Commune et des sans-culottes parisiens avait été grandement diminué par la Terreur, les sections parisiennes ayant été infiltrées par des agents fidèles à la Convention. De plus, les communications et les mouvements de troupes furent entravés par une soudaine tempête nocturne. Alors que l'insurrection peinait à s'organiser, la Convention déclara que les Robespierristes en fuite étaient des hors-la-loi, les privant ainsi de leur droit à un procès. Le 28 juillet à 2 heures du matin, des soldats à la solde de Paul Barras pénétrèrent dans l'Hôtel de Ville, après avoir passé les gardes nationaux de Hanriot en devinant le mot de passe assez prévisible:"Vive Robespierre".
Pendant que les soldats montaient les escaliers, Robespierre était en train de signer un décret appelant officiellement la Commune aux armes. Lorsque les soldats firent irruption dans la pièce où les Robespierristes étaient réunis, ce fut le chaos le plus total. Augustin Robespierre tenta de s'échapper par une fenêtre, se faufilant le long d'un rebord jusqu'à ce qu'il ne glisse et n'atterrisse dans la rue en contrebas ; il serait ramassé plus tard, à moitié mort. Couthon, qui se déplaçait en fauteuil roulant, tomba dans un escalier et se fendit la tête. Le Bas sortit deux pistolets, en remit un à Robespierre et utilisa l'autre pour se suicider. Robespierre, qui n'avait jamais manipulé d'arme à feu de sa vie, essaya peut-être de faire de même ; si tel est le cas, la tentative fut bâclée et la balle ne fit que lui briser la mâchoire. Selon une autre version de l'histoire, Robespierre aurait été touché par l'un des gendarmes à la gâchette facile. Seul Saint-Just resta immobile, acceptant stoïquement son sort.
Exécution
Entre 2 et 3 heures du matin, Robespierre, blessé, fut transporté au Comité de salut public, allongé sur une planche. Quelqu'un noua un bandage blanc autour de sa mâchoire qui saignait abondamment. Robespierre passa la dernière nuit de sa vie à perdre et à reprendre conscience, et ce dans d'atroces souffrances. À 9 heures du matin, Robespierre, Couthon et Saint-Just furent enfin conduits devant le Tribunal révolutionnaire ; le cadavre mutilé de Le Bas et Augustin Robespierre à l'agonie furent également amenés, ainsi que Hanriot, Payen et 16 autres fonctionnaires fidèles à Robespierre. Ils furent tous condamnés à mourir ce jour-là et furent emmenés à la guillotine. Robespierre était assis dans la charette, les yeux fermés, les traits masqués par ses bandages. Alors qu'ils roulaient dans les rues vers l'échafaud, on entendit une femme crier : "Va maintenant, méchant, descends dans ta tombe chargée des malédictions des épouses et des mères de France" (Scurr, 357).
Certains des condamnés durent être portés jusqu'à la guillotine, mais Robespierre monta les marches sans aucune aide. Il enleva sa veste tachée de sang avant que le bourreau ne lui arrache les bandages du visage pour permettre à la lame de la guillotine de tomber librement. Cet acte causa à Robespierre une douleur atroce dans ses derniers instants ; il poussa un cri aigu et primitif qui ne fut étouffé que par la chute de la lame. La mort de Robespierre, le dixième de son groupe à être exécuté, provoqua des applaudissements nourris de la part de la foule, qui durèrent apparemment 15 minutes. Avec lui s'éteignaient la Terreur et la domination de l'idéologie jacobine, qui serait supprimée lors de la réaction thermidorienne qui suivrait.