Les Splendeurs de l'Algérie Romaine

Article

Carole Raddato
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 02 mars 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais
Écouter cet article
X
Imprimer l'article

L'Algérie, le plus grand pays d'Afrique, s'étend du littoral méditerranéen jusqu'à l'intérieur du désert saharien. Ce pays possède certains des sites romains les plus admirables et les plus variés, notamment Timgad et Djémila, tous deux bien préservés et classés par l'UNESCO. Interdite d'accès pendant des décennies, l'Algérie est en train de devenir la destination nord-africaine préférée de nombreux voyageurs occidentaux et un paradis pour les passionnés d'histoire.

Roman Theatre of Timgad
Théâtre romain de Timgad
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Brève introduction à l'Algérie romaine

Le territoire correspondant à l'Algérie a toujours été au carrefour de l'histoire. Les Phéniciens, célèbres navigateurs et commerçants de la côte syro-libanaise, débarquèrent à Carthage au IXe siècle avant notre ère. Ils établirent des ports et des comptoirs commerciaux le long de la côte nord-africaine. Au 6e siècle avant notre ère, les Phéniciens étaient présents à Tipaza (à l'est de Cherchell), Hippo Regius (l'actuelle Annaba) et Rusicade (l'actuelle Skikda).

Supprimer la pub
Publicité
Les soulèvements berbères étaient fréquents. En réponse, Trajan (r. de 98 à 117 de notre ère) fit construisire des forts autour des montagnes de l'Aurès.

Les commerçants phéniciens peuplaient le littoral, tandis que les tribus berbères nomades et semi-nomades habitaient l'intérieur de l'Algérie. Les Berbères commerçaient avec les Phéniciens, et l'agriculture devint une caractéristique dominante de la société berbère. Au IVe siècle avant J.-C., Carthage contrôlait la côte nord-africaine et développait les routes commerciales. Les liens commerciaux avec les tribus locales allèrent de l’avant, une petite poignée d'États berbères gagnèrent en puissance et des royaumes émergèrent. Les deux sociétés locales les plus importantes étaient les Mauri, qui s'unirent pour former la Maurétanie (une région correspondant au Maroc moderne) et les Numides, qui occupaient les régions situées entre les Mauri et la cité-état de Carthage.

L'expansion carthaginoise et romaine provoqua des conflits, et les hostilités éclatèrent lors des guerres puniques (264-146 avant notre ère). Les tribus numides soutinrent différents camps dans cette guerre. Un roi, Masinissa (r. d’environ 202 à 148 av. J.-C.), s'allia à Rome et prit part à la bataille de Zama (202 av. J.-C.), qui mit fin à la guerre avec la défaite de Carthage. La fin de la troisième guerre punique et le pillage de Carthage marquèrent le début de la présence romaine en Afrique du Nord.

Supprimer la pub
Publicité

La première province de Rome, l'Africa (correspondant approximativement à la Tunisie moderne, au nord-est de l'Algérie et à la côte de la Libye occidentale), fut établie. Utique (près de Bizerte en Tunisie) était sa capitale administrative. Avec le soutien des Romains, Masinissa établit son propre royaume de Numidie, à l'ouest de Carthage, avec Cirta (Constantine) comme capitale. La Numidie s'épanouit sous son règne et celui de son fils Micipsa (r. d’environ 148-118 av. J.-C.).

Statue of Juba II
Statue de Juba II
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Lorsque Bocchus II de Maurétanie mourut en 33 avant J.-C., il légua son royaume à Rome. Cependant, Auguste (r. de 27 av. J.-C. à 14 ap. J.-C.) choisit de ne pas annexer le pays, et la Maurétanie devint un royaume client. Il protégea la frontière occidentale de Rome en nommant Juba II (de 50 av. J.-C. à 24 de notre ère) roi de Maurétanie. Juba II était un érudit de renom, marié à la fille de Cléopâtre et Marc-Antoine, Cléopâtre Séléné II (40 av. J.-C. à environ 5 av. J.-C.).

Supprimer la pub
Publicité

Après le meurtre du fils de Juba, Ptolémée de Maurétanie (r. de 20 à 40 de notre ère), le royaume fut divisé en deux provinces: Mauretania Tingitana à l'ouest (dans l'actuel Maroc) et Mauretania Caesariensis à l'est (dans l'actuelle Algérie), avec sa capitale à Césarée (Cherchell). Des villes furent fondées ou bien se virent accorder un statut plus élevé, et une présence militaire contrôlait les territoires conquis. Au milieu du IIe siècle de notre ère, des vétérans romains avaient fondé des colonies à Tipasa (Tipaza), Cuicul (Djémila), Thamugadi (Timgad) et Sitifis (Sétif). Lambaesis était le siège de la troisième légion augustéenne. Cette armée était chargée de protéger les villes et de construire des routes, apportant avec elle la civilisation romaine dans diverses régions d'Afrique du Nord.

Roman Rule in North Africa (146 BCE to 395 CE)
Domination romaine en Afrique du Nord (146 av. J.-C.- 395 de notre ère)
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

La culture romaine s'épanouit et les provinces d'Afrique du Nord connurent quatre siècles de prospérité. L'agriculture était en plein essor, l'Afrique fournissant plus de 60 % des besoins en céréales de l'Empire romain. La plupart des animaux sauvages utilisés dans les spectacles de l'amphithéâtre provenaient des ports africains, de même que l'or, l'huile d'olive, les personnes réduites en esclavage, l'ivoire et la sauce de poisson (garum). Les Africains romains commencèrent à influencer Rome, et certains Berbères obtinrent même la citoyenneté romaine.

Cependant, les soulèvements berbères étaient fréquents. En réponse, l'empereur romain Trajan (r. de 98 à 117 de notre ère) fit construire des forts autour des montagnes de l'Aurès, tandis que son successeur Hadrien (r. de 117 à 138 de notre ère) se rendit en Afrique du Nord en 128 de notre ère pour inspecter l'armée. À la fin du IIe siècle de notre ère, une nouvelle province de Numidie fut créée sous l'empereur Septime Sévère (r. de 193 à 211 de notre ère), un empereur romain d’origine africaine.

Supprimer la pub
Publicité

Portrait of Septimius Severus from Djemila
Portrait de Septime Sévère de Djémila
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

De nombreux habitants romains et berbères embrassèrent le christianisme, et les schismes doctrinaux mirent ensuite en avant l'un des plus grands Pères de l'Église chrétienne, Augustin d'Hippone (354 - 430 de notre ère). La Numidie resta une province romaine après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476 de notre ère. Cependant, la présence romaine s'affaiblit avec la conquête des Vandales germaniques sous Genséric (r. de 428 à 478 de notre ère) en 429. Malgré les tentatives de l'armée byzantine de contrôler les provinces d'Afrique du Nord après les défaites des Vandales, les envahisseurs arabes au 7e siècle mirent fin à l'histoire romaine de l'Afrique du Nord.

Basilica of Saint Augustine in Annaba, Algeria
Basilique Saint-Augustin d'Annaba, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Les Français, qui colonisèrent l'Algérie en 1830 et la gouvernèrent jusqu'en 1962, entreprirent d'importantes fouilles et restaurations des vestiges romains. Certains sites archéologiques importants nous sont parvenus dans un très bon état de préservation.

Tipasa (Tipaza)

Le site du patrimoine mondial de l'UNESCO de Tipasa est situé à environ 70 km (43 mi) à l'ouest sur les rives de la Méditerranée. Tipasa était un comptoir phénicien et punique sur la route maritime entre Carthage et les piliers d'Hercule (détroit de Gibraltar). De cette période, il ne reste que des traces de nécropoles datant du VIe siècle avant J.-C..

Supprimer la pub
Publicité

Tipasa fut conquise par Rome au 1er siècle de notre ère et était une municipalité avec des droits latins sous Claude (r. de 41 à 54 de notre ère) et une colonie sous Hadrien ou Antonin le Pieux (r. de 138 à 161 de notre ère). Les 2e et 3e siècles de notre ère furent une période de grande prospérité pour Tipasa, avec la construction d'une vaste enceinte. Comme tant d'autres villes côtières, Tipasa embrassa le christianisme dans la première moitié du IVe siècle de notre ère, avec la construction de basiliques chrétiennes. Elle déclina peu à peu partir du 6ème siècle de notre ère avec l'invasion arabe.

Cardo Maximus in Tipasa
Cardo Maximus à Tipasa
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le site principal de Tipasa est aujourd'hui un parc archéologique boisé dont les vestiges s'étendent sur 70 ha. L'entrée mène à un amphithéâtre, au-delà duquel un chemin conduit au cœur de la ville antique, où se rejoignent les deux rues pavées principales, le cardo maximus et le decumanus. Les bâtiments civils se trouvent à l'est du cardo, et comprennent le Forum, une zone pavée de 25 m sur 50 m qui, à l'origine, avait des portiques sur trois côtés et le capitole sur le quatrième. C'est là que se trouvent la curie (assemblée municipale) et la basilique civile. Des maisons se dressent le long du rivage, dont la villa dite des Fresques, une vaste demeure de 1000 m² construite au milieu du IIe siècle de notre ère. Les pièces s'ouvrent sur des péristyles et sont parfois décorées de mosaïques et de fresques.

Villa of the Frescoes in Tipasa
Villa aux fresques de Tipasa
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Longeant la côte à l'ouest, un complexe religieux développé par les chrétiens comprend deux basiliques, des tombes et des bains. La grande basilique à sept nefs était le plus grand bâtiment chrétien d'Afrique du Nord lorsqu'elle fut achevée au 4ème siècle de notre ère. À l'intérieur se trouve un théâtre et une fontaine semi-circulaire monumentale sur le decumanus.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Great Christian Basilica of Tipasa
Grande basilique chrétienne de Tipasa
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le petit musée à l'extérieur du parc présente diverses stèles funéraires puniques et chrétiennes ainsi qu'une mosaïque représentant une famille de captifs accroupis, les mains liées.

Mosaic of the Captives, Tipaza
Mosaïque des captifs, Tipaza
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Mausolée royal mauritanien

Le mausolée royal de Maurétanie, près de Tipaza, fut construit en 3 avant J.-C. par Juba II de Numidie et son épouse, Cléopâtre Séléné II. Cette tombe pourrait avoir été leur dernière demeure, mais leurs restes n'ont toujours pas été retrouvés.

Royal Mausoleum of Mauretania, Algeria
Mausolée royal de Maurétanie, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le mausolée au sommet de la colline rappelle d'autres tombes numides. Cependant, il s'inspire également du mausolée d'Auguste à Rome, construit vers 28 avant notre ère. Le mausolée royal a une base circulaire et était à l'origine surmonté d'une pyramide ou d'un cône. Le monument mesurait environ 60 m de diamètre et 40 m de hauteur.

Césarée (Cherchell)

Cherchell, en Algérie, est une ville côtière dotée d'un port de pêche très actif, située à 20 km au-delà de Tipaza. Elle fut fondée vers 600 avant J.-C. comme comptoir phénicien et s'appelait Iol, mais les constructions ultérieures ont effacé les traces préromaines. La ville prit de l'importance sous le règne de Juba II, qui la rebaptisa Césarée en l'honneur d'Auguste.

À l'époque impériale romaine, elle devint la capitale de la Mauretania Caesariensis, avec plus de 20 000 habitants. Tout comme Tipasa, la ville adopta le christianisme (Augustin d'Hippone s'y rendit en 418 de notre ère) et devint la cible des Vandales. Après avoir connu une brève résurgence sous les Byzantins, Césarée sombra dans l'obscurité avant que des réfugiés musulmans d'Andalousie ne la fassent revivre au 14ème siècle.

Ancient Theatre of Iol Caesarea, Algeria
Théâtre antique d'Iol Césarée, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Césarée possédait un cirque, un amphithéâtre, un théâtre, des thermes romains, de nombreux temples et des bâtiments civils comme une basilique et un aqueduc. Il ne reste pas grand-chose, mais la gloire de Césarée se perpétue dans le musée archéologique de Cherchell, construit en 1908.

Archaeological Museum of Cherchell, Algeria
Musée archéologique de Cherchell, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Les points forts du musée comprennent les bustes en marbre de Juba II et de Cléopâtre Séléné, une statue colossale d'un empereur romain, probablement Auguste ou Claude, et une statue d'Apollon nu (copie d'un original grec du Ve siècle av. J.-C.), probablement réalisée par le maître Phidias (fl. 490-430 av. J.-C.). La collection de mosaïques comprend une représentation du Triomphe de Dionysos, des Trois Grâces et des Travaux des champs.

Triumph of Dionysus Mosaic from Caesarea in Mauretania
Mosaïque du Triomphe de Dionysos de Césarée en Maurétanie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Cuicul (Djémila)

Le site du patrimoine mondial de l'UNESCO de Djémila ("belle" en arabe) est également connu sous son nom berbère, Cuicul. Située à 900 m au-dessus du niveau de la mer, entre deux profonds ravins, Djémila, avec ses rues bordées de maisons ouvragées, un forum, des temples, des marchés et des arcs de triomphe, est un exemple bien préservé de l'urbanisme romain adapté à sa situation en montagne.

View of Cuicul (Djémila) in Algeria
Vue de Cuicul (Djémila) en Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Cuicul était une colonie de vétérans fondée sous Nerva (r. de 96 à 98 de notre ère). C'était une ville commerciale prospère au cours du 2ème et du début du 3ème siècle de notre ère, dépassant son mur défensif d'origine et atteignant une population de plus de 12 000 habitants. Sous la dynastie des Antonins (96-192 de notre ère), la ville possédait un forum, un capitole, plusieurs temples, une curie (hôtel de ville), un marché et un théâtre romain. Sous la dynastie des Sévères (193-235 de notre ère), de nouveaux quartiers furent aménagés autour d'un nouveau forum. Cuicul devint une ville où les soldats retraités jouissaient d'un style de vie confortable.

Cardo Maximus in Cuicul (Djémila)
Cardo Maximus dans Cuicul (Djémila)
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le christianisme arriva très tôt à Cuicul, le premier évêque ayant été recensé en 255 de notre ère. Les édifices religieux apparurent à la fin du 4ème siècle de notre ère dans l'extension sud de la ville, connue aujourd'hui comme le quartier chrétien, avec ses baptistères, ses chapelles et ses basiliques. La ville tomba aux mains des Vandales, et connut une brève renaissance sous les Byzantins pendant la première moitié du 6e siècle, avant d'être abandonnée après l'invasion arabe de l'Afrique du Nord.

Roman Theatre of Cuicul (Djemila), Algeria
Théâtre romain de Cuicul (Djémila), Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le Musée de Djémila est situé à l'intérieur du site et contient de magnifiques dallages romains en mosaïque trouvés sur le site. Ils couvrent environ 1700 m², soit la quasi-totalité de l'espace mural du musée. Les points forts comprennent une mosaïque de scène de chasse - la mosaïque dite de l'âne et de la toilette de Vénus, longue de 10 mètres (32 pieds).

Museum of Djémila, Algeria
Musée de Djémila, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Castellum Tidditanorum (Tiddis)

Tiddis est située sur une colline escarpée de terre rouge avec une vue dominante sur un profond canyon. Elle fut construite en tant que castellum (petit fort romain) défensif, faisant partie d'une série de villages fortifiés entourant le grand établissement de Cirta (Constantine) et protégeant son territoire. Il y avait un établissement sur ce site depuis des temps très anciens, au moins depuis les Berbères néolithiques, mais les Romains développèrent la ville.

Castellum Tidditanorum (Tiddis), Algeria
Castellum Tidditanorum (Tiddis), Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

L'installation militaire romaine établie à l'époque d'Auguste (27 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.) finit par devenir civile, adaptant leur règle d'urbanisme à la topographie en pente, avec des rues serpentant jusqu'au sommet. Des colonnades, un arc de triomphe, un petit forum, un mithraeum, un quartier chrétien et le cardo maximus sont parmi les vestiges de ce centre impérial de la culture romaine.

Forum of Castellum Tidditanorum (Tiddis), Algeria
Forum de Castellum Tidditanorum (Tiddis), Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Tiddis était la demeure de Quintus Lollius Urbicus, fils d'un propriétaire terrien berbère numide. Quintus avait combattu avec les 2e et 22e légions en Allemagne avant d'être nommé consul puis gouverneur de la Bretagne romaine entre 139 et 142 de notre ère. Quintus fit ériger un mausolée familial circulaire, qui se trouve toujours à l'extérieur de la ville, sur ce qui était très probablement le domaine familial.

Mausoleum of the Lollii, Tiddis
Mausolée des Lollii, Tiddis
Reda Kerbush (CC BY-NC-SA)

Thamugadi (Timgad)

Timgad est souvent décrite comme la Pompéi de l'Afrique. Ce site de l'UNESCO possède tous les éléments d'une grande ville romaine: un plan quadrillé orthogonal et deux rues principales orientées, un grand forum, des thermes, des marchés, une bibliothèque, un théâtre et un imposant capitole. Certains bâtiments sont en bon état de conservation.

Située sur le versant nord des monts Aurès, Timgad, ou "Colonia Marciana Ulpia Traiana Thamugadi", fut construite par Trajan vers 100 de notre ère pour les vétérans de la Legio III Augusta stationnés près de la ville. Elle s'étendit au-delà de la grille d'origine (de 12 ha à 50 ha ou 29 acres à 123 acres), ajoutant de nouveaux quartiers au cours des 300 années suivantes, pour un total de 111 blocs, chacun de 20 m² (215 sq ft). Une inscription dans le forum résume la vie à Timgad: "venari lavari ludere ridere occ est vivere" ("chasser, aller aux bains, jouer, rire: c'est vivre").

Timgad, Algeria
Timgad, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le christianisme prévalait à Thamugadi au 4e siècle de notre ère, et c'était l'un des centres donatistes les plus importants, une secte chrétienne qui conduisit à un schisme dans l'Église catholique. Les Vandales détruisirent la ville en 430 de notre ère. Les Byzantins la récupérèrent jusqu'à ce que l'invasion arabe n'accable la région.

Arch of Trajan in Timgad
Arc de Trajan à Timgad
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le musée à l'entrée du site contient une collection de plus de 80 mosaïques, dont la mosaïque de Neptune sur son char, Artémis et Actéon, et Vénus sur le dos d'un centaure marin.

Timgad Museum
Musée de Timgad
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Lambaesis (Tazoult)

Lambaesis était l'emplacement du quartier général de la Legio III Augusta, la seule légion romaine en Afrique à l'ouest du Nil, chargée de défendre la région, de contrôler le trafic et de collecter les taxes le long de l'importante route commerciale. La légion établit deux camps successifs à Lambaesis, le premier en 81 de notre ère et un plus grand à la fin des années 120 de notre ère, pendant le règne d'Hadrien, qui visitait l'Afrique et inspectait l'armée romaine. Une ville civile se développa autour du camp militaire. Lorsque la province de Numidie fut créée en 197-198 de notre ère sous Septime Sévère, Lambaesis devint sa capitale. Avec le départ de la légion en 392 de notre ère, la ville antique déclina.

Principia of the Legionary Base at Lambaesis
Principia de la base légionnaire à Lambaesis
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

La ruine la plus visible du camp légionnaire romain est l'arc quadrilatère, souvent appelé praetorium (résidence du commandant) mais qui est en fait la groma, entrée monumentale de la principia (bâtiment du siège) située en plein centre du camp, à la jonction de la via principalis et de la via praetoria. L'amphithéâtre, situé à 200 mètres, fut construit en 169 sous Marc Aurèle (121-180 de notre ère) et pouvait accueillir 12 000 personnes.

Les vestiges de la ville, en bordure du village actuel, comprennent deux arcs de triomphe (dédiés à Septime Sévère et à Caracalla), plusieurs temples romains, dont un Capitolium et un sanctuaire d'Asclépios, des thermes et des maisons privées.

Arch of Septimius Severus at Lambaesis, Algeria
Arc de Septime Sévère à Lambaesis, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Le petit musée de Lambaesis au centre de la ville moderne de Tazoult possède un beau jardin épigraphique rempli d'inscriptions sur l'histoire de Lambaesis.

Mosaic of the Nymph Cyrene
Mosaïque de la nymphe Cyrène
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Thubursicum (Khamissa)

Thubursicum est le plus grand site de l'est de l'Algérie. Il est situé dans une région montagneuse à une altitude de 950 m (3 116 ft) près de la source de la rivière Medjerda. Thubursicum était à l'origine une colonie d'une tribu berbère indigène de Numidie. Sous la domination romaine, la ville devint une municipalité vers 100 de notre ère et une colonie avant 270 de notre ère. Thubursicum devint le siège d'un évêché, et Saint Augustin s'y rendit deux fois.

Roman Theatre of Thubursicum, Algeria
Théâtre romain de Thubursicum, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Les ruines de Thubursicum comprennent un théâtre romain bien préservé, considéré l'un des plus beaux et des mieux conservés d'Afrique du Nord, un complexe de sources, deux forums, une porte de ville et des bains publics.

Spring Complex in Thubursicum, Algeria
Complexe de sources à Thubursicum, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Madauros (M'daourouch)

Madauros était une ville numide dirigée successivement par les rois africains Syphax (r. d'environ 215 à 203 avant J.-C.) et Massinissa (r. de 202 à 148 av. J.-C.). C'était une importante colonie romaine à l'époque flavienne, et le philosophe et rhétoricien platonicien Lucius Apuleius (alias Apulée, vers 124 à après 170 de notre ère) y résida.

Market and Byzantine Fortress of Madauros, Algeria
Marché et forteresse byzantine de Madauros, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Les monuments visibles comprennent le forum romain, un théâtre, deux thermes, des basiliques, de nombreuses maisons, des églises, une forteresse byzantine et d'importants établissements de pressage d'huile.

Hippo Regius (Annaba)

Les ports naturels et les défenses d'Annaba, la proximité de l'eau douce et l'arrière-pays fertile attirèrent les Phéniciens et assurèrent la prospérité continue de la ville. Numides, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Ottomans et Français, tous succombèrent aux charmes du site. La colonie d'origine, Hippo Regius, connue plus tard sous le nom d'Hippone, se trouve à 1,6 km (1 mi) au sud de la ville actuelle. C'est sous les Romains qu'elle prospéra le plus, devenant une municipalité sous Auguste; elle fut élevée au rang de colonie sous Trajan. Hippo Regius était un important centre de commerce qui expédiait le blé qui alimentait Rome.

Saint Augustin choisit d'y vivre ses dernières années. Peu après sa mort en 430 de notre ère, Hippo Regius tomba aux mains des Vandales et devint la capitale du royaume vandale de 435 à 439 de notre ère. Hippo Regius passa à l'empereur byzantin Justinien en 533, et environ deux siècles plus tard, elle fut envahie par les Arabes. La colonie fut déplacée sur le site actuel d'Annaba.

Forum of Hippo Regius, Algeria
Forum d'Hippo Regius, Algérie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Les ruines d'Hippo Regius, surplombées par l'imposante basilique Saint-Augustin de l'époque coloniale, sont parmi les plus évocatrices d'Algérie. Le forum est l'un des plus grands d'Afrique du Nord. Il comporte une inscription qui s'étend sur deux lignes sur toute sa largeur. Dans le quartier chrétien se dresse une basilique de 42 mètres de long, encore recouverte de mosaïques. Il pourrait s'agir de la basilique dont Saint Augustin était le célèbre évêque.

Le musée contient une bonne collection de sculptures, de mosaïques et l'unique trophée de bronze de 2,44 m de haut, une impressionnante pièce d'armure en bronze coulé accrochée à un poteau en bois pour célébrer une victoire militaire.

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Carole Raddato
Carole gère le célèbre blog photo d'histoire ancienne "Following Hadrian" ("Sur les pas d'Hadrien") dans lequel elle relate ses voyages à travers le monde à la suite de l'empereur Hadrien.

Citer cette ressource

Style APA

Raddato, C. (2023, mars 02). Les Splendeurs de l'Algérie Romaine [The Splendours of Roman Algeria]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2179/les-splendeurs-de-lalgerie-romaine/

Style Chicago

Raddato, Carole. "Les Splendeurs de l'Algérie Romaine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 02, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2179/les-splendeurs-de-lalgerie-romaine/.

Style MLA

Raddato, Carole. "Les Splendeurs de l'Algérie Romaine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 02 mars 2023. Web. 20 nov. 2024.

Adhésion