Bataille de Friedland

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Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 25 juillet 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais
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La bataille de Friedland (14 juin 1807) fut une bataille décisive des guerres napoléoniennes (1803-1815), livrée par les armées des empires français et russe. Grande victoire française, cette bataille poussa les Russes à demander la paix, ce qui aboutit aux traités de Tilsit et à la fin de la guerre de la Quatrième Coalition (1806-1807).

Battle of Friedland
Bataille de Friedland
Horace Vernet (Public Domain)

Contexte

En octobre 1806, la guerre de la quatrième coalition débuta lorsque la Prusse, désireuse de réaffirmer son autorité en Europe centrale, déclara la guerre au Premier Empire français. L'empereur Napoléon Ier (r. de 1804 à 1814; 1815), dont la puissante Grande Armée de 180 000 hommes hivernait dans le sud de l'Allemagne, ne tarda pas à réagir. Le 8 octobre, les Français pénétrèrent en Saxe, où ils battirent la principale armée prussienne lors des batailles d'Iéna et d'Auerstedt (14 octobre). Pendant les heures qui suivirent la bataille, les soldats prussiens qui battaient en retraite furent impitoyablement poursuivis et fauchés par la réserve de cavalerie française sous les ordres du maréchal Joachim Murat. Le 25 octobre, les soldats français entrèrent dans la capitale prussienne de Berlin, forçant le roi Frédéric-Guillaume III de Prusse (r. de 1797 à 1840) à se réfugier à Königsberg, en Prusse orientale (l'actuelle Kaliningrad, en Russie). Bien que les Prussiens aient refusé d'admettre leur défaite, ils furent mis hors de combat.

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Napoléon envahit la Pologne occupée par la Prusse et entra dans Varsovie le 19 décembre, où il fut salué en tant que libérateur.

Napoléon envahit ensuite la Pologne occupée par la Prusse et entra dans Varsovie le 19 décembre, où il fut salué en tant que libérateur. Les trois partages de la Pologne (1772, 1793 et 1795) avaient privé la Pologne de son statut de nation, ses terres ayant été partagées entre la Prusse, la Russie et l'Autriche. Bien que Napoléon se soit gardé de faire des promesses explicites, il se réjouit de son rôle de libérateur de la Pologne et vit l'intérêt d'établir un État client français loyal en Europe de l'Est. Il établit une entité politique provisoire, semi-autonome, composée de six départements polonais et gouvernée par un conseil de sept nobles polonais. Il jeta ainsi les bases du Grand-Duché de Varsovie qui serait créé l'année suivante.

Après s'être assuré le soutien des patriotes polonais, Napoléon ordonna à ses hommes de traverser la Vistule pour affronter les armées de son prochain ennemi, la Russie. L'Empire russe étaitt en guerre contre la France depuis 1805. Malgré une défaite cuisante à la bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805), le tsar Alexandre Ier de Russie (r. de 1801 à 1825) avait choisi de continuer à se battre. Alors que l'armée russe n'avait pas été en mesure de soutenir la Prusse avant sa rapide défaite, elle se préparait maintenant à sauver la guerre en empêchant les Français de prendre Königsberg ou d'avancer sur le territoire russe.

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Le 23 décembre, alors qu'ils traversaient la rivière Wkra, les soldats français se heurtèrent aux Russes lors de la bataille de Czarnowo, qui fut suivie par les batailles plus importantes de Pułtusk et de Gołymin, toutes deux livrées le 26 décembre. Malgré leur coût élevé en vies humaines, aucun de ces engagements ne s'avéra décisif. Avec l'arrivée d'un hiver polonais glacial, les armées française et russe se retirèrent dans leurs quartiers d'hiver.

Bataille d'Eylau

Alors que Napoléon passait l'hiver dans la ville de Varsovie (où il entamait une célèbre liaison avec la jeune et belle comtesse Marie Walewska), ses pauvres soldats grelottaient dans leurs cantonnements le long de la Vistule. Au début du mois de janvier 1807, les réserves du VIe corps d'armée français, commandé par le maréchal Michel Ney, s'amenuisaient dangereusement. Bien qu'il ait reçu l'ordre strict de rester sur place jusqu'au printemps, Ney décida de sortir son corps de ses quartiers d'hiver et d'attaquer le nord, dans l'espoir de s'emparer du dépôt de ravitaillement situé près de Königsberg.

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Ney tomba sur l'armée russe le 17 janvier. Les Russes avaient quitté leurs quartiers d'hiver pour lancer une attaque surprise contre les Français et se déplaçaient vers l'ouest à travers la forêt de Johannisberg, utilisant les bois denses pour dissimuler leurs mouvements aux yeux des éclaireurs français. Ney en informa rapidement Napoléon qui ordonna à la Grande Armée de marcher immédiatement vers le nord. L'empereur français y vit l'occasion de piéger l'armée russe; en se déplaçant plus à l'ouest, les Russes exposeraient inévitablement leur flanc à une attaque française. Cependant, le commandant en chef de l'armée russe, le comte Levin August von Bennigsen, d'origine allemande, apprit rapidement la contre-attaque prévue par Napoléon et fit reculer son armée au-delà de la rivière Alle. Les Français les poursuivirent et les deux armées s'affrontèrent le 7 février 1807, dans la ville de Preussisch-Eylau.

Battle of Eylau
Bataille d'Eylau
Antoine-Jean Gros (Public Domain)

La bataille d'Eylau commença probablement par accident: des soldats français qui étaient entrés dans la ville pour s'abriter et se ravitailler avaient rencontré une patrouille russe, et une petite escarmouche se transforma en une véritable bataille alors que les deux camps envoyèrent de plus en plus de soldats dans la mêlée. Des milliers d'hommes furent tués ou blessés dans une lutte sanglante près du cimetière d'Eylau, mais à la tombée de la nuit, Eylau était aux mains des Français, les Russes s'étant repliés sur les hauteurs à l'est de la ville. Une violente tempête de neige commença à minuit et se poursuivit toute la matinée, alors que le deuxième jour de combat s'ouvrait sur un duel d'artillerie entre les deux armées. Dans l'espoir d'immobiliser les Russes jusqu'à l'arrivée de renforts supplémentaires, Napoléon envoya les corps des maréchaux Jean-de-Dieu Soult et Charles-Pierre Augereau à l'assaut des lignes russes. Les deux corps furent sévèrement malmenés et repoussés à Eylau.

Les Russes poursuivirent les Français dans la ville et Napoléon fut presque capturé dans les combats de rue à rue. La journée fut sauvée par le maréchal Murat qui mena une impressionante charge de cavalerie de 11 000 hommes qui perça le centre russe. Les combats se poursuivirent tout au long de la journée, mais l'arrivée du corps de Ney, composé de 14 500 hommes, convainquit finalement Bennigsen de se retirer. Bien que le champs de bataille ait été aux mains Napoléon, la bataille était une impasse sanglante; aucun des deux camps n'avait pris l'avantage et chaque armée avait perdu environ 25 000 hommes. La réaction de Ney le lendemain matin résume parfaitement ce résultat: "Quel massacre! Et sans résultat!" (Roberts, 445). Après Eylau, les deux camps se replièrent dans leurs quartiers d'hiver: les Français le long de la rivière Passarge, les Russes le long de l'Alle.

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La campagne reprend

C'est à Eylau que la Grande Armée connut pour la première fois autre chose qu'une victoire totale, et les troupes françaises étaient sévèrement abattues. Au lieu des cris de triomphe familiers de"Vive l'Empereur", Napoléon fut accueilli par des soldats frustrés qui réclamaient"Pain et paix". L'empereur fit de son mieux pour leur remonter le moral en réquisitionnant du seigle, du blé, du pain, de la viande, des chevaux et, surtout, des chaussures auprès de ses alliés polonais et allemands les plus proches. Mais les soldats souffraient toujours et Napoléon savait qu'il devait leur offrir une victoire dès la reprise de la saison des combats. Il fit appel à ses alliés pour obtenir des renforts, levant de nouvelles levées de 10 000 Bavarois, 15 000 Espagnols et 6 000 Polonais. Napoléon appela également les conscrits français de la classe 1808 avec un an d'avance.

Napoléon fixa au 10 juin la date du début de son offensive, mais les Russes le devancèrent.

Le 24 mai 1807, après des mois de stagnation, Napoléon reçut une bonne nouvelle: la ville prussienne de Dantzig (Gdańsk) était tombée aux mains des troupes françaises du maréchal François-Joseph Lefebvre. Heureux de faire connaître une victoire dont il avait grand besoin, Napoléon ordonna que l'on chante des Te Deum à Paris et décerna à Lefebvre le titre de "duc de Dantzig". L'empereur français était désormais prêt à reprendre la campagne. Disposant d'environ 123 000 fantassins, 30 000 cavaliers et 5 000 artilleurs, Napoléon fixa au 10 juin la date du début de l'offensive. Mais, comme en janvier, les Russes le devancèrent. Le 5 juin, Bennigsen attaqua le corps de Ney à la bataille de Guttstadt-Deppen. Avec l'aide de trois autres corps français, Ney parvint à repousser l'assaut russe, bien que le maréchal Jean Bernadotte ait été blessé à la tête par une balle de mousquet.

Bataille d'Heilsberg

Napoléon ne connaissait toujours pas les effectifs et les intentions de Bennigsen; la seule chose dont il était certain était que les Russes utilisaient Königsberg comme base. Dans l'espoir de couper Bennigsen de Königsberg, Napoléon permit à un messager d'être capturé par les Russes; il porta de fausses dépêches affirmant que 40 000 soldats français se préparaient à attaquer les arrières russes. Trompés par la ruse, les Russes se replièrent sur leur campement bien fortifié de Heilsberg, le long de l'Alle. Napoléon se lança à leur poursuite; dans sa hâte, il crut que seule l'arrière-garde russe se trouvait à Heilsberg et que le gros de l'armée de Bennigsen se repliait vers Königsberg. Le matin du 10 juin, Napoléon ordonna une attaque et apprit qu'il ne faisait pas seulement face à l'arrière-garde ennemie, mais à toute l'armée de Bennigsen, soit 53 000 hommes.

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Les hauteurs de chaque côté de l'Alle étaient fortement fortifiées et occupées par les neuf divisions de Bennigsen. Le maréchal français Murat ouvrit la bataille de Heilsberg en menant sa réserve de cavalerie vers les positions russes; bien qu'il ait repoussé les postes avancés russes, sa charge s'enlisa sous les bombardements de l'artillerie russe. Le corps du maréchal français Soult monta à l'assaut, mais il fut lui aussi soumis au feu nourri des canons russes sous les ordres du grand-duc Constantin, frère du tsar. Napoléon arriva en personne sur le terrain à 15 heures, furieux contre ses subordonnés qui avaient bâclé l'attaque et perdu trois étendards de l'Aigle impérial. À 22 heures, le Vème corps du maréchal Jean Lannes tenta un assaut nocturne et paya chèrement son imprudence par la perte de 2 200 hommes. La bataille s'acheva une heure plus tard, les Français ayant perdu 10 000 hommes sans prendre l'avantage. Les Russes subirent environ 8 000 pertes.

Levin August von Bennigsen
Levin August von Bennigsen
George Dawe (Public Domain)

Bien que la bataille d'Heilsberg ait été une victoire tactique pour les Russes, ils n'auraient guère le temps de se réjouir de leur succès. Pressé par les corps français de Louis-Nicolas Davout et d'Édouard Mortier qui approchaient, Bennigsen fut contraint de se retirer avant d'être encerclé, et le 12 juin, les Français occupèrent les hauteurs de Heilsberg tachées de sang. Ne voulant pas laisser les Russes s'échapper, Napoléon envoya 60 000 hommes s'emparer de Königsberg, tandis qu'il ramenait les 80 000 autres à Eylau. Le 13 juin, les éclaireurs de Lannes rapportèrent avoir vu un grand nombre de troupes russes traverser l'Alle à la ville de Friedland (aujourd'hui Pravdinsk, Russie), une "ville de taille moyenne nichée dans le coude en U" de la rivière, située à environ 50 kilomètres au sud-ouest de Königsberg (Roberts, 451). Exemple parfait de l'efficacité du système des corps d'armée, le maréchal Lannes engagea le combat avec les Russes dans l'intention de les maintenir en place jusqu'à l'arrivée de l'armée principale. Pendant neuf heures, les hommes de Lannes luttèrent contre les Russes, tandis que Bennigsen déversait davantage d'hommes sur l'Alle pour le déloger. À 18 heures, 3 000 cavaliers russes finirent par repousser Lannes loin du village.

Bien que la majeure partie de l'armée de Bennigsen se soit désormais trouvée du mauvais côté de la rivière, il restait persuadé qu'il pourrait écraser Lannes le lendemain matin et retraverser l'Alle avant que Napoléon n'arrive d'Eylau, à quelque 25 kilomètres de là, mais en sous-estimant la vitesse de Napoléon, il commit une grave erreur.

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Début de la bataille de Friedland

Le champ de bataille de Friedland est décrit par l'historien Andrew Roberts:

L'Alle s'enroule autour de Friedland, enveloppant la ville au sud et à l'est, tandis qu'un lac la borde au nord. L'Alle est profonde et coule rapidement, ses berges mesurant plus de 30 pieds de haut. Devant la ville s'étendait une vaste plaine fertile de près de trois kilomètres de large, couverte de blé et de seigle jusqu'à la taille, bordée d'une forêt dense connue sous le nom de "bois de Sortlack". Le lac, dont les rives sont également abruptes, divise la plaine. (451)

À 3 h 30 du matin, le 14 juin 1807, Bennigsen avait construit quatre ponts enjambant l'Alle et faisait passer des hommes à toute vitesse, mais Lannes reprit bientôt son attaque pour coincer autant de Russes qu'il le pouvait. À peu près au même moment, les premiers éléments de l'armée principale de Napoléon commencèrent à arriver sur les lieux - les grenadiers du général Nicolas Oudinot arrivèrent pour s'emparer du village périphérique de Posthenen, suivis de près par les dragons français sous les ordres du général Emmanuel de Grouchy. Les batteries russes accueillirent ces nouveaux arrivants à grands renforts de canonnades, mais les hommes d'Oudinot se réfugièrent dans le bois de Sortlack, où ils entamèrent des escarmouches avec les troupes russes.

Battle of Friedland, 1807
Bataille de Friedland, 1807
Horace Vernet and Jacques François Swebach (CC BY)

Alors que l'aube commençait à poindre, l'objectif de Lannes était toujours de maintenir le plus grand nombre possible de troupes russes sur la rive gauche de la rivière; il remarqua que les ponts de pontons russes se trouvaient bien au-delà du flanc gauche de Bennigsen, ce qui signifiait que s'il pouvait couper les Russes des ponts, ils seraient piégés à Friedland entre l'armée française et la rivière Alle. Ce qu'il lui fallait maintenant, c'était du temps. À 7 heures du matin, Lannes envoya Grouchy sécuriser l'arrière des Français en s'emparant de la ville de Heinrichsdorf, ce que Grouchy réussit à faire après avoir repoussé les défenseurs russes. Le reste de la matinée ne fut marqué que par des combats sporadiques, Lannes plaçant une épaisse ligne de tirailleurs parmi les hautes cultures, faisant marcher le reste de ses troupes dans et hors des bois pour exagérer la taille de son corps; il ne dispose encore que de 9 000 fantassins et 8 000 cavaliers contre six divisions russes qui étaient occupées à se déployer autour de la rivière. La force de Bennigsen comptait entre 50 et 60 000 hommes.

À 9h30, alors que les troupes de Bennigsen finissaient de se déployer et se préparaient à attaquer, le VIIIe corps du maréchal français Mortier arriva, portant les effectifs de Lannes à 35 000 hommes. En moins d'une demi-heure, 40 000 Français étaient sur le terrain. Bennigsen prit alors conscience de la gravité de la situation; Napoléon ne tarderait pas à arriver. Son nouveau plan consistait à tenir les Français à distance jusqu'à la tombée de la nuit, après quoi il espérait pouvoir retraverser la rivière.

Napoléon prend le commandement

Peu avant midi, Napoléon et son état-major arrivèrent pour relever Lannes de son commandement. Les Français comptaient désormais 80 000 hommes et étaient plus nombreux que les Russes. Une accalmie s'installa dans la bataille et l'état-major de l'empereur était divisé sur la question de savoir s'il fallait reprendre l'attaque le jour même ou attendre le lendemain matin. Napoléon repéra une erreur dans le déploiement de Bennigsen; le flanc gauche russe serait vulnérable s'il était poussé contre la rivière. De plus, l'armée russe était pratiquement coupée en deux par le lac, ce qui signifiait qu'il était peu probable qu'une aile puisse soutenir l'autre. L'empereur refusa donc de reporter son attaque, faisant remarquer: "l'ennemi ne fera jamais deux fois la même erreur" (Roberts, 454). Le 14 juin était le septième anniversaire de la victoire de Napoléon à la bataille de Marengo et, enclin aux superstitions, Napoléon fut vu faisant les cent pas, frappant les hautes herbes avec sa cravache et marmonnant: "Jour de Marengo. Jour de la victoire"(ibid).

Napoleon at Friedland
Napoléon à Friedland
Edouard Bernard Debat-Ponsan (Public Domain)

À 17 heures, la bataille reprit. L'empereur ordonna une attaque concentrée sur la gauche russe vulnérable. Ney dut traverser le bois de Sortlack pour attaquer le flanc russe et reçut l'ordre de détruire deux des ponts en ponton. Lannes dut continuer à tenir le centre tandis que Mortier se déployait près de Heinrichsdorf, menaçant le flanc droit de l'ennemi. 20 salves de l'artillerie française signalèrent le début de l'attaque de Ney. À la tête de 10 000 hommes, Ney déferla sur Sortlack, qu'il nettoya en moins d'une heure.

La vue des troupes françaises émergeant des bois alarma les Russes; comme le décrivit un observateur à la vue des milliers de baïonnettes françaises, "l'horizon semblait être délimité par une profonde ceinture d'acier étincelant"(ibid). Les hommes de Ney s'attaquèrent à la gauche russe, poussant des dizaines de Russes dans la rivière. Espérant sauver sa gauche, Bennigsen lança une contre-attaque de cavalerie, mais avant que le corps de Ney ne se brise, il fut renforcé par le Ier corps français dirigé par le général Claude-Victor Perrin.

Ney's French Troops Are Attacked by Russian Cavalry at Friedland
Les troupes françaises de Ney sont attaquées par la cavalerie russe à Friedland
Rougeron-Vignerot & Charles Morel (Public Domain)

La contre-attaque de Victor obligea la cavalerie russe à reculer vers l'infanterie qui se trouvait en position désordonnée le long de la péninsule. Remarquant la masse des Russes agglutinés les uns aux autres, Victor ordonna l'avancée de ses canons. Menés par le général d'artillerie Sénarmont, les canons français avancèrent dans une véritable "charge d'artillerie"; les canons de Sénarmont commencèrent à 1 450 mètres, puis avancèrent jusqu'à 550 mètres où ils se dégarnissaient et tiraient avant de se remettre en place et d'avancer jusqu'à 275 mètres. Ce processus se poursuivit jusqu'à ce que les canons de Sénarmont ne soient plus qu'à 55 mètres des troupes russes regroupées. La cavalerie russe chargea l'artillerie mais fut déchirée en lambeaux sanglants par la mitraille; en 25 minutes, quelque 4 000 cavaliers russes périrent.

Couvert par l'artillerie de Sénarmont, Ney parvint à rallier son corps et à percer le flanc gauche des Russes, fonçant sur Friedland même. De violents combats au corps à corps s'engagèrent dans les rues de Friedland qui ne tarda pas à prendre feu. Lannes et Mortier, entre-temps, avaient repoussé une attaque désespérée du centre russe et avaient contrechargé, repoussant les Russes contre la rivière. À ce stade, trois des quatre ponts en ponton avaient été détruits et de nombreux Russes se noyèrent en tentant de s'enfuir. Cependant, certains Russes découvrirent un gué, ce qui permit à un nombre suffisant d'entre eux de traverser la rivière pour établir une batterie sur la rive droite. Cette batterie fournit un feu de couverture, permettant à Bennigsen d'évacuer autant d'hommes qu'il le put à travers le gué. À 23 heures, la bataille était terminée; les soldats français épuisés ne les poursuivirent pas, préférant piller Friedland pour trouver de la nourriture.

Suites

La bataille de Friedland fut la victoire française décisive que n'avait pas été Eylau. Si les Français perdirent environ 8 000 hommes, les Russes subirent entre 18 et 20 000 pertes, soit 30 % de l'armée de Bennigsen. Quatre jours plus tard, le tsar Alexandre demanda un armistice que Napoléon accorda volontiers. Les traités de Tilsit, signés un mois plus tard, mirent fin à la guerre de la Quatrième Coalition et établirent une inconfortable alliance franco-russe. Malgré la méfiance mutuelle entre les deux empires, la France et la Russie resteraient en paix pendant cinq ans, jusqu'à ce que la détérioration des relations ne conduise à l'invasion de la Russie par Napoléon en 1812.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que la bataille de Friedland ?

La bataille de Friedland fut une bataille décisive des guerres napoléoniennes. Elle opposa la Grande Armée de Napoléon à une armée russe dirigée par le comte Levin August von Bennigsen.

Quand eut lieu la bataille de Friedland ?

La bataille de Friedland se déroula le 14 juin 1807, pendant la guerre de la quatrième coalition, qui fait partie des guerres napoléoniennes (1803-1815).

Où se déroula la bataille de Friedland ?

La bataille de Friedland se déroula dans la ville de Friedland, aujourd'hui Pravdinsk, en Russie, le long de la rivière Alle. Pravdinsk se trouve à environ 50 kilomètres au sud-est de Kaliningrad.

Pourquoi la bataille de Friedland fut-elle importante ?

La bataille de Friedland fut importante car elle mit fin à la guerre de la quatrième coalition. Un armistice fut signé après la bataille, ce qui donna lieu aux traités de Tilsit, signés entre la France, la Russie et la Prusse en juillet 1807.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2023, juillet 25). Bataille de Friedland [Battle of Friedland]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2259/bataille-de-friedland/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Bataille de Friedland." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 25, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2259/bataille-de-friedland/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Bataille de Friedland." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 juil. 2023. Web. 20 nov. 2024.

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