Les sept rites sacrés des Sioux Lakota (alias Lakota Oyate) sont les observances spirituelles de la nation amérindienne Sioux qui maintiennent leur relation avec le Grand Mystère/Grand Esprit Wakan Tanka, la puissance supérieure créatrice et unificatrice de l'univers. Les rites sont au cœur des croyances religieuses des Sioux.
Les rituels sont considérés comme ayant été donnés aux Sioux Lakota dans un passé lointain par l'entité surnaturelle Femme Bison Blanc qui arriva à une époque où les Sioux avaient perdu leur lien avec le Grand Esprit et, par conséquent, l'équilibre. Les sept rites sacrés rétablirent cet équilibre et, selon les dires de la Femme Bison Blanc, le maintiendraient tant que les rituels seraient observés. Les sept rites sacrés sont les suivants:
- La conservation de l'âme (conservation et libération de l'âme)
- Le rite de purification
- La quête de vision
- La danse du soleil
- La création de liens de parenté
- Le passage à l'âge adulte des jeunes filles
- Le lancer de la balle
Chaque rituel est considéré comme d'égale importance et maintient la communion entre le peuple et le Créateur, leur passé et les uns aux autres. Les pratiques religieuses amérindiennes, y compris les sept rites, furent interdites par le gouvernement des États-Unis dans les années 1890, mais continuèrent à être pratiquées en secret jusqu'à ce que les lois ne soient assouplies dans les années 1920 et 1930. Ce n'est qu'en 1978, avec l'adoption du American Indian Religious Freedom Act (loi sur la liberté religieuse des Indiens d'Amérique), que toutes les restrictions sur les pratiques religieuses amérindiennes furent levées.
La Femme Bison Blanc et les sept rites
La Femme Bison Blanc (Ptesan-Wi) est parfois considérée comme une déesse amérindienne ou un esprit divin, mais quelle que soit la manière dont elle est comprise, elle est reconnue comme une puissante force d'équilibre et d'harmonie dans l'univers. L'histoire raconte qu'à une époque où les Sioux avaient perdu leur équilibre individuel et communautaire, elle leur est apparue pour leur donner le calumet cérémoniel sioux et les sept rites sacrés dans lesquels il serait utilisé. Le grand saint homme et visionnaire sioux Black Elk (1863-1950) raconte comment les sept rites sont arrivés dans la nation sioux:
Les Indiens étaient au camp et ils se sont réunis pour envoyer des éclaireurs tuer des bisons. Les éclaireurs se trouvaient au sommet d'une colline et, alors qu'ils regardaient au loin vers le nord, quelque chose apparut. Ils auraient dû se mettre en route, mais ils voulaient savoir ce que c'était. Ils continuèrent à regarder et finalement la chose se rapprocha; ils découvrirent alors qu'il s'agissait d'une femme. L'un des hommes dit alors : "C'est une femme qui arrive" L'un d'eux eut de mauvaises pensées à son égard et l'un d'eux dit: "C'est une femme sacrée, oublie tes mauvaises pensées."
Elle monta la colline où ils se trouvaient. Elle était très belle, ses longs cheveux pendaient et elle portait un magnifique manteau en peau de daim. Elle déposa ce qu'elle portait et le recouvrit de sauge. Elle savait ce qu'ils avaient en tête. Elle leur dit: "Vous ne me connaissez sans doute pas, mais si vous voulez faire ce que vous pensez, venez."
L'un dit à l'autre: "C'est ce que je vous ai dit, mais vous n'avez pas voulu m'écouter." L'un des hommes partit et, au moment où il se trouvait face à elle, un nuage vint les recouvrir. La belle femme sortit du nuage et resta là. Puis le nuage se dissipa et l'homme n'était plus qu'un squelette rongé par les vers. C'est ce qui lui arriva parce qu'il avait été méchant.
Elle se tourna vers l'autre et lui dit: "Tu rentreras chez toi et tu annonceras à ta nation que je viens. Au centre de ta nation, ils construiront un grand tipi et c'est là que je viendrai." Cet homme partit immédiatement et il eut très peur, car son ami était un squelette.
Il raconta à la tribu ce qui s'était passé, et tous s'enthousiasmèrent et préparèrent immédiatement un endroit pour qu'elle vienne. Ils construisirent un tipi en plein centre et elle s'y installa. Elle plaça ce qu'elle portait face à l'est. Tous les gens se rassemblèrent à cet endroit. Elle chanta une chanson en entrant dans le tipi:
"Je marche avec un souffle visible.
J'envoie une voix en marchant.
Je marche d'une manière sacrée.
Je marche avec des traces visibles.
Je marche d'une manière sacrée."
Puis elle présenta le calumet au chef. C'était un calumet ordinaire, mais un bisonneau était sculpté sur l'un des côtés et douze plumes d'aigle étaient attachées avec une herbe qui ne se casse jamais. Elle dit : "Voyez ceci, car vous vous multiplierez grâce à cela et vous serez une bonne nation. Vous ne tirerez que du bien de cette pipe, c'est pourquoi je veux qu'elle soit entre les mains d'un homme bon et que les bons aient le privilège de la voir."
Ce calumet est toujours en possession des Sioux. Le premier homme à l'avoir gardée s'appelait High Hollow Horn. La pipe est transmise de fils en fils.
Elle leur apprit à "garder les esprits" et si le fils d'un homme meurt, l'homme garde un morceau de cheveux de son fils. Cette femme était en réalité un bison blanc. D'où le respect pour le bison blanc. Elle leur dit que, lorsqu'il n'y avait pas de nourriture, ils devaient offrir ce calumet au Grand Esprit, et qu'ils sauraient grâce à ce calumet s'ils allaient avoir des problèmes. Le calumet s'allonge à certains moments, ce qui signifie que les temps seront durs. Lorsqu'il devient court, les temps sont bons.
Après être revenue, elle chanta une autre chanson. Lorsqu'elle sortit du tipi, tout le monde vit un bison blanc lever ses pattes arrière et partir à toute vitesse, en s'ébrouant.
(Black Elk Speaks, 293-295)
Selon certaines versions de l'histoire, les sept rites ont été donnés par la Femme Bison Blanc à ce moment-là, tandis que pour d'autres (dont celle de Black Elk), seuls six ont été donnés et le dernier, le Lancer de la Balle, eut lieu plus tard. L'ordre des sept rites sacrés diffère également selon la version de l'histoire racontée ou la nation tribale qui les observe, et la signification réelle des rites n'est connue que de ceux qui comprennent la tradition.
Le sacré, comme dans de nombreuses civilisations et cultures, n'est connu que de ceux qui ont été initiés aux rites, tandis que le banal peut être connu de ceux qui ne possèdent pas le même niveau de compréhension. Les définitions suivantes des rites doivent donc être considérées comme banales en ce sens qu'elles ne représentent pas la compréhension d'un Amérindien élevé dans ses traditions.
Conservation de l'âme
Le rite de la conservation de l'âme (Wanagi Yuhapi) reconnaît la nature éternelle de l'esprit de l'individu ainsi que le concept de destin et le fait qu'il y a un moment déterminé pour la mort. La définition la plus courante de la garde de l'âme est qu'une "mèche de cheveux" est prélevée sur le défunt, mais cette "mèche" est généralement une longue tresse de cheveux, et non une simple mèche, qui est ensuite enveloppée dans un "paquet d'âme" et conservée dans un endroit spécial de la maison. La personne qui accepte de "conserver l'âme" purifie les cheveux à la fumée de sauge ou de foin d'odeur et, pendant la période convenue, honore l'âme par des offrandes et s'abstient de tout comportement susceptible de déshonorer la mémoire du défunt. Au terme de la période convenue, généralement un an - mais cela peut être plus long -, l'âme du défunt est libérée au cours d'un rituel qui lui permet de parcourir le chemin spirituel à travers la Voie lactée jusqu'à l'éternité et à l'union avec Wakan Tanka. Si une âme est souillée par de mauvais choix faits pendant son séjour dans le corps, elle peut s'attarder - tenter éventuellement de bonnes actions en vue d'une rédemption - jusqu'à ce qu'elle ne se purifie et ne soit autorisée à poursuivre son chemin vers une demeure éternelle. Il n'y a pas de concept d'enfer ou de "punition éternelle" dans la pensée religieuse amérindienne.
Le rite de purification
Le rite de purification (Inipi) est associé à l'origine de la hutte de sudation et, en fait, le terme amérindien inipi ("revivre") est le nom donné à la hutte de sudation. La hutte de sudation est utilisée pour se débarrasser des impuretés physiques et non physiques, ainsi que de l'ignorance et des distractions. La hutte est généralement une structure basse, sans fenêtre, avec une seule entrée/sortie, souvent orientée vers l'est. Au centre de la hutte, des pierres chaudes sont placées dans un trou qui, lorsqu'elles sont arrosées, produisent la vapeur qui sert d'agent purificateur. La pipe et le tabac de cérémonie, la sauge ou le foin d'odeur, les tambours et le "paquet sacré" ou "sac médicinal" - une poche ou un sac contenant des objets spirituels puissants - jouent tous un rôle dans le rituel dirigé par une personne choisie par les anciens de la nation et reconnue pour sa connaissance des traditions du peuple et son pouvoir spirituel personnel. La loge est considérée comme importante en soi, mais aussi comme un préalable nécessaire aux rituels de l'appel de la vision et de la danse du soleil.
La quête de vision
La quête de vision (Hanbleceyapi) est une pratique qui consiste à rechercher auprès du monde des esprits des conseils et des orientations pour sa propre vie et pour l'amélioration de la communauté dans son ensemble. L'individu demande d'abord l'avis et le conseil d'un "homme-médecine" ou d'une "femme-médecine" - une personne sacrée - et lui offre une pipe remplie de tabac. Les Amérindiens n'inhalent pas la fumée du calumet, mais la portent à leur bouche et la libèrent pour qu'elle porte les prières jusqu'au Grand Esprit. La personne sacrée oriente ensuite le chercheur vers le rituel de la hutte de sudation - que la personne construit généralement elle-même - et le purifie avant de partir seul avec seulement une pipe et du tabac sacré, sans nourriture ni eau, pour prier en vue d'une vision. La vision peut se présenter sous différentes formes - ou ne pas se présenter du tout - mais, si c'est le cas, le chercheur retourne à la hutte de sudation pour se purifier à nouveau avant de raconter sa vision à la personne sacrée, qui l'aide à interpréter et à comprendre le message de la vision.
La danse du soleil
La danse du soleil (Wiwanyang Wacipi) est un rituel observé pour réveiller la Terre après l'hiver, remercier le soleil et les dons du Grand Esprit, renouveler la communauté et demander au Grand Esprit de répondre à ses besoins. La cérémonie met l'accent sur la gratitude pour ce que l'on a reçu et sur le sacrifice personnel pour rendre au Créateur ce qu'il a reçu. Le rituel dure au moins quatre jours, mais peut se prolonger plus longtemps. Il est reconnu comme un devoir du peuple, non seulement pour remercier officiellement le Grand Esprit de sa vie, de sa famille et de sa communauté, mais aussi pour aider la Terre à maintenir son équilibre.
Une hutte temporaire est construite et les participants, qui se sont purifiés par un passage dans la tente de sudation, le jeûne et la privation d'eau ou de sommeil, dansent autour du mât central (ou, dans le passé, se faisaient percer la poitrine et étaient suspendus au mât par des cordes) pour produire des visions, qui seront ensuite interprétées par une personne sacrée et qui ont généralement trait au bien de la communauté. Elle a généralement lieu en juin et, de tous les rites sacrés, c'est le seul auquel tout le monde participe. Comme pour les autres, la pipe cérémonielle (chanunpa) et le tabac sacré jouent un rôle dans le rituel, qui comprend également des chanteurs et des joueurs de tambour. Le rituel se termine par l'interprétation des visions, un festin et le démontage de la hutte, à l'exception du poteau central qui reste debout pour commémorer l'événement. Bien que tous les rites sacrés soient considérés comme d'égale importance, la danse du soleil revêt une signification particulière en tant qu'acte formel d'action de grâce et de communion avec le monde des esprits, la Terre et le Créateur.
La création de liens de parenté
L'établissement de liens de parenté (Hunkapi) a pour but d'établir des relations pacifiques avec les autres. Les participants se peignent le visage pour symboliser la renaissance et les nouveaux départs et, par le biais d'un rituel impliquant le calumet de cérémonie et le tabac sacré, officialisent des relations plus étroites avec d'autres personnes - généralement celles d'une autre nation - en les faisant devenir membres de leur propre famille. Selon la tradition, ce rituel fut d'abord pratiqué entre les Lakota et les Ree afin d'assurer une coexistence pacifique. Black Elk note que ce rituel, qui consiste à réunir dans une même famille des personnes qui étaient auparavant considérées comme des étrangers, reflète la relation que le peuple entretient avec Wakan Tanka:
Dans ce rite, nous établissons une relation sur terre, qui est un reflet de la relation réelle qui existe toujours entre l'homme et Wakan Tanka. De même que nous aimons toujours Wakan Tanka en premier lieu et avant toute autre chose, de même nous devrions aimer et établir des relations plus étroites avec nos semblables, même s'ils sont d'une autre nation que la nôtre.(Pipe sacrée, 101)
Les détails précis de ce rituel varient, mais la motivation et le but sont toujours les mêmes: reconnaître la similitude essentielle de chaque être humain et l'appartenance universelle de tous à une seule famille qui doit vivre en harmonie.
Le passage à l'âge adulte des jeunes filles
Le passage à l'âge adulte des jeunes filles (Isnati Awicalowanpi) est un rituel qui reconnaît et célèbre les premières règles d'une femme comme un événement sacré. Black Elk note:
C'est à ce moment qu'une jeune fille devient une femme, et elle doit comprendre la signification de ce changement et être instruite des devoirs qu'elle doit désormais remplir. Elle doit comprendre que le changement qui s'est produit en elle est une chose sacrée, car elle sera désormais comme la Terre-Mère et pourra porter des enfants, qui devront également être élevés d'une manière sacrée.(Pipe sacrée, 116)
Au cours de cette cérémonie, une hutte spéciale ou un tipi est construit pour la jeune femme qui prend place à l'intérieur. Elle est censée fabriquer quelque chose au cours du rituel - une ceinture, une pochette, ce qui lui plaît - et doit l'achever avant la fin de la cérémonie. Si elle n'achève pas son projet, on considère que c'est le signe qu'elle n'achèvera jamais rien d'autre. Le calumet de cérémonie est utilisé pour offrir des prières à la jeune femme, et du foin d'odeur est brûlé pour la purification. Autrefois, un crâne de bison était au centre du rituel, symbolisant la vie. Il était peint en rouge pour évoquer l'énergie de la terre et en bleu pour l'énergie du ciel, les deux se rejoignant dans le symbole de la vie. À la fin du rituel, une grande fête est organisée et des cadeaux sont offerts aux invités par la famille de la jeune femme, représentant les dons qu'ils ont reçus gratuitement de Wakan Tanka.
Le lancer de la balle
Le lancer de la balle (Tapa Wankayeyapi) est le plus énigmatique des rites, uniquement parce que, après que le gouvernement des États-Unis eut interdit les pratiques religieuses des Amérindiens dans les années 1890, une grande partie de ce rituel a été oubliée, y compris les chants sacrés qui en faisaient partie. Le rite impliquait une jeune fille, une balle, une "cour" et quatre groupes d'autres filles aux quatre coins de la "cour". La jeune fille prenait la balle - autrefois en peau de buffle, mais aujourd'hui généralement en perles - et la lançait vers le groupe à l'ouest, où elle était rattrapée et lui revenait. Elle la lançait ensuite vers l'est, le nord et le sud, et à chaque fois elle était rattrapée et lui revenait. Elle la lançait ensuite directement en l'air et la rattrapait. La fille représente la pureté et la balle Wakan Tanka. En lançant la balle dans les quatre directions, la jeune fille reconnaît symboliquement la présence de Wakan Tanka partout, et en la rattrapant à la fin, elle reçoit les bénédictions du Créateur et, par extension, celles de tous les autres participants et de leur peuple.
Selon Black Elk, le jeu original était très différent de celui pratiqué à son époque. Il semble qu'il y ait eu (ou qu'il y ait encore) une version de ce rituel dans laquelle, à la fin, la fille fait rouler la balle au centre du "terrain" et la direction qu'elle prend - à droite ou à gauche - est censée prédire le sexe du premier enfant qu'elle mettra au monde.
Conclusion
Après le massacre de Wounded Knee en 1890, au cours duquel l'armée américaine tua plus de 250 Sioux, hommes, femmes et enfants, le gouvernement des États-Unis chercha à briser davantage l'esprit et l'unité culturelle du peuple en interdisant ses pratiques religieuses. Même si, comme on l'a vu, beaucoup ont continué à pratiquer les rituels en secret et à maintenir la langue vivante, certains aspects - comme les chants du lancer de la balle - ont été perdus. Comme l'observe Black Elk à propos du lancer de la balle:
Nous sommes peu nombreux aujourd'hui à comprendre pourquoi ce jeu est sacré, ou ce qu'il était à l'origine, il y a bien longtemps, lorsqu'il ne s'agissait pas vraiment d'un jeu, mais de l'un de nos rites les plus importants.(Sacred Pipe, 127)
Cependant, depuis le milieu du XXe siècle, et plus encore depuis l'adoption en 1978 de l'American Indian Religious Freedom Act, les Sioux - et d'autres nations amérindiennes - sont libres de pratiquer leurs rituels, plus ou moins, comme ils l'avaient fait par le passé pendant des milliers d'années, en maintenant ainsi l'équilibre entre eux, la Terre et ses habitants, et le Créateur.