Périple du Pont-Euxin

Article

Carole Raddato
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 19 décembre 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol
Écouter cet article
X
Imprimer l'article

Le Périple du Pont-Euxin (Circumnavigation de la mer Noire) est une description des routes commerciales le long des rives de la mer Noire écrite par Arrien de Nicomédie (Lucius Flavius Arrianus), un historien et philosophe écrivant au début du IIe siècle de notre ère. Ce traité géographique fournit des informations précieuses sur la géographie, la culture et le commerce de la région de la mer Noire, connue sous le nom Pont-Euxin dans l'Antiquité, avec des notices sur les rivières, les ports et les tribus sous la supervision de rois clients.

The Periplus of the Euxine Sea, c. 130 CE
Le périple du Pont-Euxin, c. 130 de notre ère
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Contexte

Le contrôle de la région de Lazica (Colchide) fut transféré en 81 de notre ère par l'empereur Domitien (r. de 81 à 96 de notre ère) à la province romaine de Cappadoce, située dans l'est de l'Anatolie, à la frontière de l'Arménie. La Cappadoce était une province frontalière dotée de légions, de camps de légionnaires et d'une chaîne de postes frontières garnis de troupes auxiliaires. En 130 après J.-C., l'empereur romain Hadrien (r. de 117 à 138 ap. J.-C.) nomma son ami de toujours et proche conseiller, Lucius Flavius Arrianus, gouverneur romain de la Cappadoce. Arrien (né en 86 de notre ère) était originaire de Nicomédie, capitale de la province romaine de Bithynie, ville située à l'extrémité d'une baie de la Propontis (mer de Marmara) sur la rive asiatique. Arrien faisait partie de l'élite littéraire grecque (élève d'Épictète) et de l'administration impériale romaine. Sa carrière politique et publique culmina sous Hadrien, où il devint consul en 129 ou 130 de notre ère et exerça les fonctions de gouverneur de la Cappadoce de 130/1 à 136/7 de notre ère.

Supprimer la pub
Publicité
Le Périple du Pont-Euxin se présente sous la forme d'une série de lettres d'Arrien à Hadrien, son ami et empereur, lui fournissant un relevé géographique et topographique de la côte de la mer Noire.

Le gouverneur avait pour mission de protéger la frontière et de maintenir un état de défense très efficace des forts et des camps. Arrien commandait deux légions stationnées en Cappadoce, la XIIe Fulminata basée à Mélitène et la XVe Apollinaris à Satala, qui protégeaient les voies d'accès au territoire romain depuis l'Arménie et l'Empire parthe voisin. La force militaire cappadocienne était également chargée d'assurer la garnison du territoire de Lazica (Colchide) sur la côte orientale de la mer Noire jusqu'à Dioscurias et d'aider le royaume allié de l'Ibérie caucasienne. En outre, la flotte pontique (Classis Pontica), dont le quartier général se trouvait à Trapezous (connue plus tard sous le nom de Trébizonde et Trabzon de nos jours), assurait la sécurité de la région sud-est de la mer Noire et protégeait l'approvisionnement en céréales de la Crimée (connue historiquement sous le nom de Tauride). Trois des œuvres d'Arrien qui ont été conservées appartiennent à la période de son mandat, dont le Périple du Pont-Euxin, un rapport unique composé en 131 de notre ère, au cours de la première année de son mandat.

Forme et objectif

Le Périple du Pont-Euxin se présente sous la forme d'une série de lettres d'Arrien à Hadrien, son ami et empereur, lui fournissant un relevé géographique et topographique de la côte de la mer Noire. Probablement commandé par l'empereur en personne, le Périple fut rédigé en grec comme complément littéraire d'un rapport d'Arrien rédigé en latin, la langue appropriée pour les expéditions militaires. Le récit grec était destiné à l'empereur philhellène sur un ton plus personnel, comme un ami à un ami. Le rapport officiel en latin n'a pas survécu.

Supprimer la pub
Publicité

Periplus of the Euxine Sea by Arrian
Périple du Pont-Euxin par Arrien
UB Basel (Public Domain)

Peu avant qu'Arrien ne prenne ses fonctions de légat de Cappadoce, Hadrien avait inspecté cette partie de l'Empire romain, visitant les camps de l'armée romaine le long de la frontière orientale avant de se concentrer sur d'autres régions. La mission d'Arrien était de poursuivre la tournée d'inspection d'Hadrien le long de la frontière orientale de la mer Noire et du Caucase. L'objectif de ce voyage était à la fois militaire et diplomatique: vérifier les garnisons militaires et les points d'ancrage en cas d'expédition militaire dans la région et renforcer l'influence de Rome sur les tribus et les royaumes clients. Le Périple se concentre également sur les informations stratégiques et topographiques. Il sert de guide maritime, indiquant les routes de navigation, les ports et les sites remarquables le long des côtes de la mer Noire, en mettant l'accent sur les activités économiques et les ressources. La flotte d'Arrien était probablement composée de liburnes à deux rangs et de grandes trières. Elle partait tôt le matin de l'embouchure des fleuves.

Arrien calqua son style d'écriture sur celui du philosophe et historien Xénophon du IVe siècle avant notre ère, ce qui lui valut le surnom de "second Xénophon". Comme Xénophon avant lui, Arrien atteignit l'angle sud-est de la côte de la mer Noire, à Trapezous. Le premier passage de son Périple fait référence au passage le plus célèbre de l'Anabase de Xénophon, le cri de joie des Dix Mille,"Thalatta ! Thalatta!" ("Mer ! Mer !"). Arrien commence par ces mots adressés à Hadrien:

Supprimer la pub
Publicité

Arrien, à l'empereur César Trajan Hadrien Auguste, salutations. Nous sommes venus à Trapezous, ville grecque, comme le dit Xénophon, fondée sur la mer, colonie des Sinopéens, et c'est avec plaisir que nous avons contemplé le Pont-Euxin depuis le même endroit que Xénophon et vous. (1.1)

L'itinéraire décrit

Le Périple d'Arrien est divisé en trois sections, consistant en trois voyages distincts dans un parcours discontinu autour de la mer Noire dans le sens inverse des aiguilles d'une montre: le long de la côte de Trapezous jusqu'à Sébastopolis (chapitres 1-11), du Bosphore thrace jusqu'à Trapezous (chapitres 12-17), et de Sébastopolis jusqu'à Byzance (chapitres 18-25). Seule la première partie peut décrire un réel voyage d'Arrien en tant que fonctionnaire du gouvernement romain. C'est la partie la plus longue et la plus intéressante du Périple, écrite à la première personne. Les deux autres voyages furent peut-être effectués par des personnes différentes, ce qui explique la discontinuité des mouvements spatiaux et le style impersonnel de la narration. Une grande partie du Périple est consacrée à des listes de fleuves, de ports et de villes, avec les distances qui les séparent, ainsi que des sanctuaires et des tribus de personnes vivant dans la région. Arrien fait également allusion à l'histoire locale et aux récits de la mythologie grecque (Jason et les Argonautes, Médée, Prométhée) et cite souvent Homère.

Recreation of a Roman Port
Re-constitution d'un port romain
Ancient History Magazine / Karwansaray Publishers (Copyright)

Partie 1: Tour de la Colchide: De Trapezous à Sébastopolis (1-11)

Arrien commence son voyage d'inspection à Trapezous avant de naviguer vers l'est et le nord le long de la côte, s'arrêtant à des forts militaires et passant les troupes en revue. À Trapzous, le gouverneur visite le sanctuaire local consacré au dieu grec Hermès et au culte impérial, qui, selon lui, est tombé en ruine. Il commente la statue d'Hadrien, construite dans une pose orientée vers la mer : "Votre statue ne ressemble en rien à l'original, et l'exécution n'est à d'autres égards qu'indifférente. Envoyez donc une statue digne d'être appelée la vôtre" (1.3-4). Il n'est pas impressionné non plus par les autels en "pierre brute" et commente l'inscription, qui est "mal écrite, comme il arrive souvent chez les peuples barbares" (1.2).

Trapezous était le point de départ du système de défense ponto-caucasien qui s'étendait le long de la côte de Colchide. En naviguant vers l'est, Arrien atteint d'abord la ville portuaire d'Hyssou Limen, située à 180 stades de Trapezous (34 km), où se trouve une petite garnison militaire. Il fait faire aux soldats des exercices militaires avec une démonstration de lancer de javelot, évoquant les observations et le discours d'Hadrien à Lambèse, en Numidie, en 128 de notre ère.

Supprimer la pub
Publicité

The Caucasian Frontier of the Roman Empire
La frontière caucasienne de l'Empire romain
David Breeze and Kurt Schaller (CC BY-NC-SA)

La flotte d'Arrien jette ensuite l'ancre au sanctuaire grec d'Athéna à Athènes, où il assiste à une violente tempête de tonnerre et d'éclairs qui dure deux jours et détruit une trière. À la forteresse d'Apsarus, il paie les soldats (il y avait cinq cohortes, soit environ 2 500 hommes) et inspecte leurs armes et leurs provisions. Apsarus contrôlait une importante route est-ouest et était mieux défendue que d'autres avant-postes militaires sur cette frontière. Quelques années plus tard, en 135 de notre ère, Arrien devrait déployer les légions cappadociennes et mener une marche pour protéger la province contre l'invasion des Alains. Il fit d'Apsarus son poste de commandement. Arrien attribue le nom de ce lieu à Absyrtus, le frère cadet de Médée, qu'elle aurait assassiné à cet endroit et dont on pouvait encore voir la tombe.

Remains of the Apsarus Roman Fort
Vestiges de la forteresse romaine de Gonio-Apsarus
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Arrien s'écarte ensuite de son récit pour énumérer tous les fleuves qui se jettent dans la mer Noire entre Trapezous et Phasis et les distances qui les séparent. En partant d'Apsarus, Arrien atteint Phasis (colonie grecque de Milet) à l'embouchure du fleuve du même nom, soit un voyage de 360 stades (67 km / 46 mi). Il rapporte qu'il fit construire un fossé pour protéger le mouillage et la colonie civile qui s'était développée autour du fort.

View of the Black Sea towards Phasis
Vue sur la mer Noire en direction de Phasis
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Arrien décrit également les propriétés inhabituelles de la rivière Phasis, dont la couleur est claire et changeante et qui est exceptionnellement douce et sucrée. Le Phasis, qui coule à travers les montagnes du Caucase, était le fleuve le plus important de Colchide, divisant l'Europe de l'Asie sur la carte du monde d'Anaximandre. À Phasis, on montra à Arrien l'ancre en fer du navire de Jason, l'Argo, mais il exprima son scepticisme quant à l'authenticité de cette relique qui semblait trop récente, et il ajouta qu'"aucun autre monument ne se trouve maintenant à cet endroit de la fabuleuse histoire de Jason." (9.2-3).

Supprimer la pub
Publicité

Anaximander World Map
Carte du monde d'Anaximandre
Bibi Saint-Pol (Public Domain)

De Phasis, Arrien se rend à Dioscurias (une autre colonie milésienne), "aujourd'hui appelée Sébastopolis" (10.4), le dernier camp en territoire romain lorsqu'il longe la côte orientale de la mer Noire. Alors que sa tri+re s'approche du mouillage, Arrien aperçoit le plus haut sommet des montagnes du Caucase, "appelé Strobilus" (11.4), où Prométhée avait été attaché. Selon le mythe, Zeus avait puni Prométhée pour avoir donné le feu à l'humanité en enchaînant le Titan à un rocher et en demandant à un aigle de manger son foie. Comme le foie repoussait chaque nuit, l'aigle revenait le manger le lendemain. La montagne était le mont Elbrouz, dans le nord-ouest du Caucase, bien que le mont Kazbek, dans l'est de la Géorgie, soit également considéré comme l'endroit où Prométhée fut enchaîné. Dans le folklore géorgien, le mont Kazbek est associé au puissant héros Amirani (alias Amiran), la version géorgienne de Prométhée, qui fut enchaîné sur la montagne pour les mêmes raisons.

Mount Kazbeg in the Caucasus Mountains, Georgia
Mont Kazbeg dans les montagnes du Caucase, Géorgie
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

À Sébastopolis, Arrien paie les soldats et regarde la cavalerie bondir sur les chevaux. Il visite les malades, vérifie les réserves de céréales et, soucieux de la sécurité et de la menace d'invasion, contrôle les murs de la ville et le fossé pour s'assurer qu'ils sont adéquats pour la défense. Arrien avait calculé que Sébastopolis se trouvait à environ 2 260 stades (422 km) de la base navale de Trapezous. Arrien donne ensuite une liste séquentielle des tribus indigènes de la côte orientale de la Colchide dirigées par des chefs soumis à Rome (11.3-3). Sous Trajan (r. de 98 à 117 de notre ère) et Hadrien, les Romains établirent des relations avec les tribus colchiques. Il nomme les trois souverains clients reconnus par Hadrien: Malassas de Lazique, Rhezmegas d'Abasgie et Spadaga des Sanniens. Après avoir inspecté Sébastopolis, Arrien retourne avec son escadron à Trapezous.

Partie 2 : Du Bosphore thrace à Trapezous (12-17)

La deuxième partie du Périple contient un guide détaillé des lieux et des rivières entre l'embouchure du Bosphore et Trapezous. Elle couvre ce qui aurait dû être la première partie d'une circumnavigation conventionnelle de la mer Noire. Il n'est pas certain que cette section ait été écrite à partir de l'expérience personnelle de l'auteur. Toutefois, certains spécialistes pensent que ce chapitre est le résultat des examens qu'il effectua lors de son voyage à Trapezous, lorsqu'il prit ses fonctions en Cappadoce. En outre, en tant que natif de Bithynie, il aurait eu l'occasion de se familiariser avec les habitants et les villes de la rive sud de la mer Noire. Environ un tiers de cette côte appartenait à la Bithynie. Dans cette section, Arrien fait constamment référence à son héros préféré, Xénophon, et à la marche des dix mille mercenaires grecs de Trapezous à Byzance le long de cette côte.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Bust of Xenophon
Buste de Xénophon
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Parmi les villes et les ports énumérés dans la deuxième partie du Périple figurent Héraclée du Pont, "une ville grecque dorienne, une colonie des Mégariens" (13.3) à l'embouchure du Lycos; Tios, "une colonie des Milésiens" (13.5) à l'embouchure du fleuve Billéos; Amastris, une ville grecque située à 90 stades du fleuve Parthénios dans les limites de la Paphlagonie "où il y a un port pour les navires" (14.1); Sinope, "une colonie des Milésiens" (14.5) ; Amisos, "une ville grecque et une colonie athénienne" (15.3) entre les deltas des fleuves Halys et Iris; et Cotyora, que Xénophon avait mentionnée en tant que colonie des Sinopiens. Hérodote rendit le fleuve Halys célèbre en tant que frontière du royaume de Crésus, qui régnait sur tous les peuples vivant à l'ouest du fleuve. Au chapitre 15, Arrien mentionne également le Thermodon, "sur les rives duquel les Amazones auraient vécu" (15.3). Le fleuve se jette dans la mer Noire à environ 50 km à l'est d'Amisos. En tant que dieu du fleuve, Thermodon était le fils d'Océan et de Thétis. Il est représenté au revers d'une médaille en bronze d'Antinoüs frappée à Amisos.

Fortifications Walls of Sinope
Murs de fortifications de Sinope
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

En 123 de notre ère, Hadrien s'arrêta dans certains de ces ports après avoir inspecté la frontière de la Cappadoce et visité Trapezous. Au chapitre 16 du Périple, il mentionne la construction d'un nouveau port à Trapezous: "Là, vous construisez un port, car auparavant, il y avait un mouillage que l'on ne pouvait fréquenter que l'été". (16.5). C'est l'un des seuls commentaires personnels d'Arrien.

Partie 3 : De Dioscures à Byzance (18-25)

La troisième et dernière partie du Périple complète le circuit de la mer Noire, reprenant le récit là où il avait été laissé à la fin de la première section, commençant à Sébastopolis et continuant jusqu'à Byzance. Cette troisième partie est la plus longue portion du littoral de la mer Noire. Arrien n'a pas entrepris ce voyage car la côte nord était une zone échappant au contrôle romain. Cependant, après avoir appris la mort de Cotys II, roi client d'Hadrien dans le Bosphore cimmérien, Arrien jugea utile d'inclure des informations sur le voyage vers son royaume. Tiberius Julius Cotys, qui régna de 123/4 de notre ère jusqu'à sa mort en 131/2, se vit remettre sa couronne par l'empereur, et son successeur devait être formellement reconnu par Rome. Le royaume du Bosphore était un client important de Rome, avec des villes marchandes prospères qui fournissaient du blé, des vêtements, du vin et des esclaves à l'Empire et le protégeaient des tribus de pillards telles que les Alains.

Gold Coin of Bosporan king Cotys II
Pièce d'or du roi du Bosphore Cotys II
The Trustees of the British Museum (CC BY-NC-SA)

Naviguant vers le nord depuis Sébastopolis, Arrien longea la côte montagneuse au-dessous du Caucase. Pityus fut le premier mouillage au nord-ouest, à 350 stades (environ 65 km), où un détachement de la Legio XV Apollinaris était stationné. À ce stade, au chapitre 18, Arrien note que cette vaste étendue de la côte de la mer Noire et des montagnes adjacentes était gouvernée par un peuple tribal appelé Zilches, dont le chef, Stachemphax, avait été reconnu comme roi par Hadrien. Arrien décrit ensuite la côte en nommant les villes, les ports, les îles, les fleuves et les distances qui les séparent, depuis le royaume de Bosphore (Crimée) jusqu'à l'embouchure du Danube. La côte sud de la péninsule de Crimée était parsemée de villes grecques: Panticapaeum, Theodosia, Cercinitis et Chersonesus. Panticapaeum se trouve à 60 stades (11 km) du fleuve Tanaïs, qui se jette dans le lac Maeotis (mer d'Azov) et dont on dit qu'il "sépare l'Europe de l'Asie" (19.1). Cependant, Arrien rappelle le passage de la tragédie grecque Prométhée délivré du dramaturge Eschyle dans lequel ce n'est pas le Tanaïs mais le Phasis qui est appelé la frontière de l'Asie (19.2).

Greek Colonies of the Northern Black Sea
Colonies grecques du nord de la mer Noire
MapMapster (GNU FDL)

Chersonesus
Chersonèse (Chersonesos)
Alexxx1979 (CC BY-SA)

Poursuivant sa route vers l'ouest, Arrien mentionne une autre ville grecque, Olbia, située sur la rive occidentale du fleuve Borysthène (Dniepr), près de son embouchure. Vient ensuite Odessus, une colonie commerciale établie par la ville grecque d'Histria, où il y avait un port pour les navires. Au nord de la première embouchure de l'Ister (Danube) se trouvait l'île d'Achille, également connue sous le nom de Leuke (probablement l'île aux serpents en Ukraine). L'île abritait un temple d'Achille avec une statue en bois à l'intérieur, car "on dit que Thétis a cédé cette île à son fils Achille, qui l'a habitée" (21.1). Le temple contenait également de nombreuses offrandes et des inscriptions en grec et en latin en l'honneur d'Achille et de Patrocle. Arrien ajoute que les gens viennent sur l'île et sacrifient ou libèrent des animaux en l'honneur d'Achille et explique qu'Achille apparaît à ceux qui passent par l'île sous forme d'hallucinations ou dans leurs rêves.

Achilles Tending to Patroclus
Achille soigne Patrocle
ArchaiOptix (CC BY-SA)

De l'embouchure de l'Ister, la côte de la mer Noire se prolonge au sud vers la Moésie et la Thrace voisine. Elle est bordée de villes et de ports: Histria, Tomis, la plus célèbre colonie grecque de la côte ouest de la mer Noire où Auguste (r. de 27 av. J.-C. à 14 av. J.-C.) bannit le poète Ovide, Callatis, le port des Cariens, Odessos " où il y a une route pour les navires " (24.4). Ensuite, les ramifications orientales du mont Hémus, la chaîne balkanique de la Bulgarie centrale, s'approchent très près du rivage avant d'atteindre Apollonia, une colonie des Milésiens autrefois remarquable pour sa statue colossale d'Apollon, et Salmydessos. À propos de Salmydessos, Arrien note que Xénophon y fit campagne contre Seuthès le Thrace et que la ville ne disposait pas d'un bon port.

Histria
Histria
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

À l'approche de l'étroit détroit du Bosphore thrace se trouvent les îles Cyanées, une paire de rochers (également connus sous le nom de Symplégades) autrefois réputés pour s'entrechoquer à chaque fois qu'un navire les traversait. Arrien rapporte que l'Argo, qui transportait Jason en Colchide, les traversa. Arrien termine son récit du tour de la mer Noire à Byzance après avoir mentionné le temple de Zeus Ourios (Zeus, qui accorde les vents favorables), où Jason et les Argonautes dédièrent un autel aux douze dieux lors de son voyage de retour de Colchide.

Supprimer la pub
Publicité

Questions & Réponses

Qu'est-ce qu'un Périple ?

Un Périple est un guide de navigation ou une description écrite d'une route maritime, comprenant des détails sur les points de repère, les ports et les distances qui les séparent. Il était couramment utilisé par les marins et les commerçants dans l'Antiquité pour la navigation maritime.

Qui a écrit le Périple du Pont-Euxin ?

Le Périple du Pont-Euxin fut écrit par Arrien de Nicomédie, un historien et philosophe grec qui vécut au IIe siècle de notre ère. Arrien est reconnu comme l'un des auteurs les plus renommés de l'Empire romain pour ses nombreux travaux sur Alexandre le Grand.

Comment s'appelle aujourd'hui le Pont-Euxin ?

Le Pont-Euxin est aujourd'hui connu sous le nom de mer Noire. Le nom Euxin vient du mot grec "Euxeinos" et le nom grec complet de la mer Noire était "Pontos Euxeinos", ce qui signifie "la mer hospitalière". Cependant, avant de coloniser la région, les Grecs appelaient la mer Noire "Pontos Axeinos", "la mer inhospitalière", en raison de la difficulté de navigation et de l'hostilité des tribus (Strabon 7.3.6).

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Carole Raddato
Carole gère le célèbre blog photo d'histoire ancienne "Following Hadrian" ("Sur les pas d'Hadrien") dans lequel elle relate ses voyages à travers le monde à la suite de l'empereur Hadrien.

Citer cette ressource

Style APA

Raddato, C. (2023, décembre 19). Périple du Pont-Euxin [Periplus of the Euxine Sea]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2344/periple-du-pont-euxin/

Style Chicago

Raddato, Carole. "Périple du Pont-Euxin." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 19, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2344/periple-du-pont-euxin/.

Style MLA

Raddato, Carole. "Périple du Pont-Euxin." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 19 déc. 2023. Web. 21 nov. 2024.

Adhésion